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3.4. Etude 3 : Une étude en devenir

3.4.4. Quand PREV_DEMALS et COSIMAGE se rencontrent

L’intégration du protocole COSIMAGE à cette étude devait permettre de proposer une évaluation plus approfondie de la cognition sociale. Le choix de ces épreuves concorde avec l’hypothèse que la fragilisation des aptitudes de la cognition sociale pourrait survenir de façon plus précoce que pour les fonctions cognitives classiques, en particulier les déficits de TdE, qui constitueraient de potentiels marqueurs à un stade débutant (Adenzato et al., 2010; Torralva et al., 2009), et dont les déficits ont été rapportés avec une grande variété de tests dans la DFT

(Eslinger et al., 2007; Gregory et al., 2002; Lough, Gregory, & Hodges, 2001; Snowden et al., 2003). Ceci a été rendu possible en dégageant des créneaux de 1h15 à 1h30 pendant lesquels différentes tâches furent proposées.

- 170 - Evaluation des connaissances sociales

Pour les connaissances sociales, nous avons utilisé une épreuve imagée permettant d’évaluer explicitement la connaissance des règles sociales (Duclos et al., 2017). La tâche est composée de 44 dessins illustrant des personnages en situations d’interaction sociale dans la vie quotidienne. Chaque situation se passe dans un lieu spécifique, qui définit un contexte particulier (une église, une gare, un musée, un parc public…). Dans un premier temps, la tâche consiste à détecter, en fonction du contexte, si l’activité d’un des personnages est conforme ou transgresse les règles sociales. Précisons que la même activité est intégrée à deux contextes différents, un dans lequel elle respecte les règles sociales et un autre dans elle aboutit à une rupture des règles sociales. Pour les situations que le participant a détectées comme contenant une rupture des règles sociales, il doit alors désigner le personnage fautif avant de justifier sa réponse en l’explicitant. Un score total ainsi que deux sous-scores peuvent être calculés. Le score total (/44) correspond au nombre d’items pour lesquels les situations neutres (sans « faute sociale ») sont correctement identifiées, associé au nombre d’items illustrant une rupture des règles sociales pour lesquels la faute sociale est détectée, le personnage correctement détecté et la transgression de règles bien justifiée. Le premier sous-score correspond au nombre d’items correctement reconnus comme illustrant une transgression des règles sociales (/22). Il s’agit d’un score de détections correctes. Le nombre de situations neutres correctement identifiées correspond au score de rejets corrects. (/22).

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Figure 5. Exemples de dessins de la tâche de connaissance des règles sociales dans laquelle

une même activité (téléphoner) peut, en fonction du contexte (gare ou église), correspondre ou

non à la transgression d’une règle sociale.

Le MASC

Comme évoqué dans l’introduction générale, le MASC est une épreuve permettant d’évaluer en contexte les aptitudes de TdE cognitive et affective selon différents aspects (fausses- croyances de 1er et 2nd ordre, faux-pas, reconnaissance d’émotions, ironie, sarcasme…). Le test

se présente sous la forme d’un film retraçant les interactions entre 4 personnages, un soir de dîner. A plusieurs reprises, le film est interrompu pour permettre au sujet de répondre à des questions à choix multiples concernant les états mentaux d’un des personnages. Dans le cas d’un état mental cognitif, la question est posée comme suit : « qu’est-ce que Michaël pense ? » ou « Pourquoi Michaël dit cela ? ». Pour les états mentaux affectifs, il est demandé « Qu’est-ce que Michaël ressent ? ». Chaque question comprend quatre choix de réponses qui correspondent à un niveau d’analyse différent de la situation.

- 172 - Figure 6. Une scène du MASC.

Dans cet exemple tiré de la version anglophone, Cliff (Ben dans la version française) arrive chez Sandra. Ils discutent ensemble des vacances que Cliff a passées en Suède. Michaël arrive à ce moment et prend en main la conversation, en racontant ses vacances en Grèce, et en s’adressant uniquement à Sandra. A la fin de la scène, Sandra, apparaissant ennuyée par cette attitude, interrompt Michaël et lui demande s’il est déjà allé en Suède.

Il est alors demandé au participant pourquoi est-ce que Sandra dit cela. Le participant choisit parmi quatre propositions :

- Pour intégrer Cliff à la conversation (réponse correcte) - Pour parler à nouveau de la Suède (manque de TdE)

- Pour savoir si Michaël est déjà allé en Suède (absence de TdE) - Pour comparer les deux garçons (excès de TdE)

Le niveau manque de TdE correspond à une réponse qui minimise l’état mental du personnage. Le niveau absence de TdE correspond à une réponse descriptive, qui ne tient pas compte de l’état mental du personnage, tandis que le niveau excès de TdE correspond à une exagération de l’état mental du personnage. La tâche comprend aussi plusieurs questions qui permettent de

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contrôler que le sujet a bien compris, suivi et mémorisé l’histoire du film. Elles nécessitent également d’inférer des faits non sociaux.

La tâche de Pierre et Marie

Le protocole comprend également une tâche originale d’IRMf en activation construite dans notre unité, et dont l’ambition est d’explorer dans une perspective relativement écologique, les bases cérébrales de la TdE affective. Sa construction s’inscrit au carrefour de plusieurs domaines de la littérature scientifique portant sur les émotions sociales, l’influence du contexte sur les processus inférentiels, et la TdE affective. Une publication récente en décrit le design expérimental original (Caillaud et al., 2019). La version implantée dans le cadre de ce protocole a été écourtée (10 minutes) et la consigne changée. Il s’agit de scénettes en noir et blanc faisant interagir deux personnages appelés Pierre et Marie. L’un d’eux porte un brassard rose. La scène présentée est censée provoquer une émotion, soit de l’embarras ou de la fierté (deux émotions self-conscious) chez un des personnages, identifiable par le fait qu’il porte le brassard. Dans les

situations contrôles, la scène n’est pas censée induire une émotion chez le personnage (émotion neutre). Une fois le contexte exposé, une croix de fixation apparaît à l’écran et le participant, à l’aide d’un boitier réponse, doit alors sélectionner la proposition qu’il pense être celle reflétant l’émotion que devrait ressentir le personnage.

Dans l’exemple ci-dessous, c’est Marie qui porte le brassard. Pierre et Marie font un bras de fer. Marie gagne. A la fin du contexte, un gros plan est effectué sur un élément important (les mains qui heurtent la table) pour faciliter la compréhension de la situation. Dans ce cas, on doit comprendre que Marie devrait ressentir de la fierté. Bien qu’elle n’ait pas été exploitée dans le cadre de cette thèse, cette tâche fera l’objet d’une étude spécifique.

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Figure 7. Design expérimental de la tâche de Pierre et Marie.