Cela fait maintenant cinq ans que l’Université de Grenoble réserve un accueil aux
étudiants brésiliens dans des formations de différents niveaux tels : Master, Doctorat et
Diplôme d’Ingénieurs. Entre 50 et 75 étudiants brésiliens viennent chaque année à Grenoble
dans le cadre d’un échange international avec la France. Le but de ces étudiants est
d’enrichir les connaissances et le curriculum vitae par le biais d’une expérience dans une
université étrangère. Le programme Grenoble-Brésil n’offre pas de bourse mais facilite
l’accès aux universités grenobloises, aide à trouver facilement un logement et permet de
recevoir un cours intensif de français au Centre Universitaire d’Études Françaises (CUEF)
durant la période qui précède la rentrée universitaire. Outre le programme Grenoble-Brésil,
d’autres accords spécifiques entre universités brésiliennes et françaises ont fait l’objet
d’échanges qui ont vu leur nombre augmenter considérablement. Ces étudiants qui viennent
étudier en France constituent donc le public cible de notre investigation. Nous cherchons à
savoir quelles ont été les principales expériences et difficultés linguistiques et
interculturelles rencontrées par ces étudiants. Par la même occasion, nous cherchons à
comprendre le rapport existant entre ces difficultés et les représentations qu’ils avaient de la
France et des Français avant leur arrivée. Nous nous interrogeons aussi sur leurs sentiments
en arrivant en France et les modifications personnelles vécues après cette expérience.
Le public est constitué de dix-sept étudiants brésiliens, soit onze filles et six garçons.
Vingt-et-un étudiants ont été contactés, mais quatre d’entre eux n’ont pas pu participer à
l’entretien, pour des raisons diverses. Parmi ces dix-sept étudiants, douze ont répondu à
l’entretien en face à face avec l’enquêtrice et cinq ont répondu aux questions par e-mail. Le
niveau des étudiants est un niveau Master ou Doctorat, dans des domaines bien différents,
et leur temps de domiciliation en France varie entre 4 mois et 3 ans.
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Les étudiants interviewés ont entre 21 et 45 ans. Cette variété d’âges met en avant
l’une des caractéristiques du système éducatif de l’enseignement supérieur au Brésil. Tout
d’abord, la Licence au Brésil a une durée de 4 à 5 ans, les étudiants se dirigent alors dans une
Spécialisation ou un Master après l’âge de 22 ou 23 ans. Il n’est pas rare de trouver des
personnes qui préfèrent finir la Licence et commencer à travailler pour reprendre les études
en Master ou Doctorat après avoir déjà bénéficié d’une certaine expérience dans le monde
du travail. C’est pour cette raison que la tranche d’âge des Brésiliens qui font un Master ou
un Doctorat est aussi large.
Le nom des participants, ainsi que les prénoms cités pendant l’entretien, ont été
modifiés dans le but de préserver l’identité des participants. Tous les noms sont donc des
noms fictifs. Une autre question importante concerne la variété des opinions représentées,
car les interviewés viennent de diverses régions du Brésil. Les différences culturelles varient
énormément d’un bout à l’autre du Brésil et, par conséquent, ces différences vont aussi se
refléter dans les sentiments envers la France et les difficultés culturelles ici ressenties. Ce
sentiment est explicité par Ricardo quand il parle des aspects qui pour lui sont différents en
France :
(...) lá no sul do Brasil a influência européia é muito forte, então a gente tem muita coisa parecida. E eu, por ser descendente de italiano e português bem próximo, tem muita coisa em comum. Acho que isso aí [as diferenças culturais] é mais marcante pro pessoal mais do norte do Brasil…
(...) au sud du Brésil l’influence européenne est très forte, on a beaucoup de choses semblables. Et moi, je suis descendent d’italiens et de portugais, donc il y a plusieurs choses en commun. Je pense que les différences culturelles sont plus marquantes pour ceux qui viennent du nord du Brésil…
Toutefois, sans négliger l’importance de ces différences internes, nous ne
chercherons pas à approfondir cette question. On prendra en compte les difficultés
générales, ressenties par l’ensemble du groupe de Brésiliens qui est venu en France, sans
déterminer si cette difficulté a été ressentie parce que l’interviewé vient du sud ou du nord
du Brésil, sauf quand le changement comportementale est vraiment attaché à la région d’où
vient l’interviewé.
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1) Daniela, 24 ans
Master 2 Communication multimédia - Université Stendhal
82) Ricardo, 29 ans
Doctorat Spécialité nano et microélectronique - Grenoble INP, EEATS
3) Eduardo, 25 ans
Master 1 Sciences politiques - Technique, sciences et démocratie – Université Pierre
Mendès France
4) Bruna, 27 ans
Doctorat Sciences de l’Information et de la Communication - Université Stendhal
5) Rafael, 22 ans
Master Recherche Informatique – Université Joseph Fourier
Master en Ingénierie Informatique – Grenoble INP – ENSIMAG
6) Beatriz, 21 ans
Master 2 Diffusion de la Culture – Lettres et Arts – Université Stendhal
7) Carla, 29 ans
Master 1 Français Langue Étrangère – Université Stendhal
8) Felipe, 26 ans
Doctorat Informatique - INRIA (Institut National de Recherche en Informatique et
Automatique)
9) Ana, 28 ans
Master Didactique des langues et ingénierie pédagogique multimédia -Université Stendhal
10) Victor, 29 ans
Master 2 Droit (Sorbonne - Paris)
11) Pedro, 22 ans
Master Recherche Informatique – Université Joseph Fourier
12) Marisa, 24 ans
Master 2 de Management, Spécialité ingénierie de l'Innovation - IAE, Université Pierre
Mendès France
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La presque totalité des participants de l’entretien fréquente le pôle de recherche et d’enseignement supérieur « Université de Grenoble » qui regroupe 5 établissements : Université Joseph Fourier, Université Pierre Mendès France, Université Stendhal, Grenoble INP et l’Institut d’études politiques de Grenoble, exception faite de Victor, qui est passé par Grenoble mais a démenagé ensuite à Paris, vers l’Université de la Sorbonne, et Felipe, qui fait ses études à l’Institut National de Recherche en Informatique et Automatique.