• Aucun résultat trouvé

On prouve par cc principe les révélations pri- pri-vées, ou négativement, c'est-à-dire que l'on n'y

trouve rien, du

côté

de la matière, par où on ne les puisse recevoir comme divines; ou positivement, c'est-à-dire qu'elles sont réellement de Dieu. La prcu•.-e négative est solide, parce ,1uc l'uni<tuc moyen de prouver du côté de la matière 11uc ces ré-vélations ne sont point divines, est le manquement de vérité, ou d'honnêteté en ce qu'elles enseignent;

car le manquement d'utilité, qui est un autre moyen ,le le connailre, regarde la fin, d'où l'on tire l'uti-lité, selon la doctrine du Docteur AngélÎfJUC; el lm, rêvélalions privées étant des choses surnaturellt!s cl .des secrets cad1és à l'Cgard des mystères de la

reli-gion chrétienne, cl de. la direction des mœnrs dans celle mt•me religion; on ne iaurait prouver ce que

Cl'S révélations manifestent tic faux ou de contrain~

aux bonnes Olll'UN, que par la doctrine de l'~~glise, ou }l..1r ce que les Pères et les docteurs catholique:-îll~ignenl unanimcna~nt que l'on doit reccrnir sui-v,mt cctlt~ doctrine lie la même Église, ou par les ronlrarielt's que ces révélations renft:•nnenl : c'est

pourquoi ces sortes de révélations, se trouvant en tout conformes à la doctrine de l'Église, en la ma-nière que nous venons d'expliquer, et sans cette contrariété, il n'y a rien du côté de la matière qui puisse empêcher qu'on _ne les reçoive pour di-vines.

La forme positive introduit seulement une per-suasion probable , fondée sur la doctrine des sainls et des docteurs mystiques. Celte persuasion se forme en celte manière : La révélation privée que l'on assure ayoir reçue, ne peut avoir qu'une de ces trois causes pour auteur principal: ou Dieu, qui la com-111u11ique; ou le démon, qui, transfiguré en ange de lumièl'e, veut tromper; ou le propre esprit de celui qui dit l'avoir reçue, lequel ou l1affecte étant trompé, ou la feint voulant tromper; ainsi, si l'on prnuvait de quolques révélations privées qu'elles ne sont ni fabriquées par le démon, ni affectées ou feintes de propos délibéré par le propre espril de celui qui assure les avoir reçues, I1on serait per-suadé qu1elles seraient de Dieu. Or quand les révé-lations privées ( étant

de

ce genre que nous avons dit, et en si grand nombre d1une même personne, qu'elles font des volumes entiere) se conforment en tout à la doctrine de l'Église, sans rien enseigner, ni directement, ni indirectement qui y soit opposé, ni en ce qui regarde la foi, ni en ce qui regarde les bonnes mœurs, et sans aucune contrariété

incon-106

ciliable, l'on prouve de là qu'elles ne sont ni du -démon ni du propre esprit.

25. On prouve qu'elles ne sont point du démon par la commune doctrine des Pères, qui enseignent que comme cet

esprit

rebelle ne cherche que notre mal , bien qu'il commence parfois par enseigner de bonnes choses pour nous rassurer sous les apparences do bien, il y joint toujours les mauvaises auxquelles

il

prétend nous porter. C'est ce dont saint Ambroise nous avertit :

Soient ,'l'{Jiritus immundi,

dit-il,

fal-lacite,· quasi per imitationem .dicere bona, et inter

hœc mper inducere prava, ut per hœc quœ bona mnt, accepta ferantur et mata.

Et l'auteur de l'ouvrage imparfait entre les œuues de saint Chry-sostome, remarque que , si le démon dit quelque vérité,

il

ne le fait que pour introduire par ce moyen

son me!lsonge :

Diabolus interdum vera dieil, ut

mendacium suum r11r:1i. vf"'Ïtate commende!.

El il dit même souvent plusieurs 'Vérités, -pour tromper à la fin l'àme par un mensonge, comme nous le dit saint Grégoire:

Sole! mùlta vera·prœdicere, ut ad

extremum vale,it animam ex una aliqua falsitale laqueare. C'est le motif qu'il a, dit saint Augustin , en enseignant quelque bien, de rassurer l'âme, pour y introduire ensuite le mal : Transfigurat se, sict,t scriptum est,

velue

in angelum lucù;, ad hoc,

Hl

cum

illi

manifcstis bonis creditum fuerit, seducnt

. ad

.sua;

Il arrive de là, que bien qu'au

commence-ment de sa communication trompeuse . .il dise des vérités ou enseigne des vertus,

il

y mêle toujours à la fin la semence de ses maux : Malus angelus, dit saint Thomas,

in principio quidem p1'œtendit bona;

sed postmodum volens explc,·e desiderium suum, el quod intendit, insligat ad mala. C'est pour cela que, qudques apparences de piété qu'aient ses œuvres, on y trouve toujours le mélange de son poison infernal, selon la remarque de saint Léon :

Qu

am vis sint in illis quœdam, quœ videnlur habet·e

speciem pietatis; nunquam ta men sunt vacua vene,,.

nis. El, ce poison n'y saurait ètre si caché, qu'on ne le découvre facilement si on les examine avec soin ; comme nous avertit saint Bernard, parlant de son plus grand déguisement, qui est quand il se transfi-gure en ange de lumière :-Sed et tune quoque, dit-il, si diligenter adverUmus, n.unquam nisi amari-tudinis et discordiœ semina spargil. D1

Richard de Saint-Victor conclut que tout ce qui part de ce malin esprit, peut être par quelque endroit convaincu de fausseté :

Quidquid a malo spi-dtu est,

dit-il,

aliqnrr parle falsum deprehendi potest.

Selon cette doctrine si .autorisée, si les révélations privées que quelquë personne assure avoir reçues, sont en grand nombre, et qu'elles soient toutes si conformes

à

la doctr;ine de l'Église, qu'on n'y puisse trouver en nul ~ndroit ni fausseté ni malice; Pon

106

peut clairement inf~rer ,1u'clles ne sont point du ,lémon.

26. On est aussi persundé qu'elles ne ,onl point non plus du propre esprit de la personne qui assure les avoir reçues. Car, quoiqu'il arrive quelqnefois

<1ne les véritables prophète,, par le fréquent usage de prophétiser, disent quclqne chose de leur propre esprit, s'imagimml

qn'e11es

sont

de

Dieu, comme l'R remarqué saint Grégoire : Aliquando proplu:fw

!fn.nrli, dum cmumluntur, ex mayna usu propl1r~

fantU, ,purdam ex :mo ttpiritu proferunt, et sr, hœc ex prophrtiœ !f{Jiritu dicerr, su,rpicantur:

cela ne peut avoir lieu cru'en une ou deux révélations, non en ln multitude qui a

foit

ce fréquent usnge. El en ce cas, comme le véritable prophète n':mrait en lui :mcnne certitude que Dieu lui eût parlé, mais

seule-ment un simple soupc;on, selon que le texte de saint f.régoire le déclare : Ex prophctirr .y,iritu dice1·r

,\'11!f]1Îranlu,.;

il

n 'as~nrerail pa!I non p1us avec fer-meté, que ce qu'il disait f,it c.lc l'Esprit de Dieu;

romme l'a remarqué sAinl AugnStin en sa mère

~ainte l\loniqne, de laquelle il raconte qne parmi les ré,·élation~ vérifahle~, elle avait quelques vision~

de son propre rsprit; el le saint, s'adressant à Dieu, tlit de cellc5-<'i :

Et narrnfmt mihi,

non Mlm fidu<'i,i 'l"a solrbat, rr,m tu tlrmonstrare.,, sed ronlemnn1~

<'a. Et le Seigneur e~t si fidèle envers ses "Véritables srrviteut!-, que, s'ils se trouvent quelquefois dans

celle lrom~rie,

il

les reprend au plus

ü,t

el leur découvre la vériM, a.lin qu'ils se l'élradenl, commt' nous l'enseigne le même saint Grégoire : Srd quirr sancti sunt, per Sanctum Spiritum

cilius

correcti, nb co, quœ uera .runt, amliunl, et

!mmeUp.unr,

qui,, {fll(fl dixerint, reprehm.dunf.; édnircis!lanl l011t eel:1 pnr l'exemple de Nnthnn ( t ). Que si q11clq11'11n assure avec fermeté avoir t·eçu de fréquenlu!l révélations el en grand nornhre, disant qu'cli(·~

!'!ont de Dieu, n'étant vérilahlernent qne rie son propre esprit, cette erreur ne penl nnllrc que d'un rie ces trois principes, scion les docteurs mystiques : Oil d'une imagination trouhM.e pnr qnelrp1e e!\pèr:e de rolie; cl alors il est moralement impossil,le c111'il ne dise des extravagances m:mifüsles pnr 01'1 l'on découVl'irn son erreur; ou d'une enflure d'esprit qui, nlTcctanl el souhaitant des chmu!s n1i.clessus du pouvoir ile ln nnlnre, se f.rotnpe lui-nu1me. Et cellti alTcctation et Cf! cMsir, ,lit i1:1int Vincent Ferrier, ne sauraient 1!lre sims quelrpui 1·:u'.ine d'orgueil •~l de tentation de curiosité Il l't'.giml ,les r.hoi1r.s 1livine!-, ni eans quelque clmnccllmnenl en la foi : et ,m pei n1:

de ce pr.chP. la jui1lice di,·im! almndonnti l'tnne f)IIÎ les affecte cl les défïire, et permet qu'elle tomhe en ,liverses illusion~ et lenl.1liom~ dn di11hle, cl qn'11Il1i

~oit trompée par dc1-1 vii1ions et iles rév~lations fausse!ô :

(t) 11 Rr.it., rn, 4.

108

Tale namque desiderium,

dit le saint,

non potest