sau-raient se cacher en tout; puisque l'orgueil est d'une telle qualité, qu'il ne peul demeurer longwmps cou-vert; et si dans une action il se cache, il se mani-feste par une autre : Qui etsi aliqua,ndo fictam
spe-ciem humilitat.ls assumunt, se lpsos tamen celare in omnibus nequaquam possunt; quia eorum superbia diu latere non sustinens, cum ex illa tegitur, ex a lia
actione denudatut'. On connaît donc les soldats du roi de l'humilité en leur devise : ils sont toujours sur leurs gardes, et circonspects en tout; ils résistent sans cesse aux mouvements de la vanité; leur plus grand soin dans les combats, est de se préserver des blessures de leur propre estime , et de conserver en eux-mêmes l'humilité : Qui vero sub Rege humili~tatis militant,
conclut saint Gregoire,sernper pavidi, atque ex omni latere circumspecti. ad versus Jacula
elationis pugnant, et quasi contra venientes frtus,solum ma gis
insuo corpore oculum custodiunt, dum
in semetipsis principaliter humilitatem tuentur. A peine trouvera-t.on un saint qui ne porte cette marque comme un asile assuré contre toutes les tromperies du démon. Ce qui arriva à saint Antoine abbé nous doit suffire. Il luifut
représenté en une vision tous )es piéges que l'ennemi avait tendus sur la terre."Alors le saint dit en soupirant : Qui passera tant de périls sans se ·perdre? El il entendit une voix qui lui
i:92-dit :
Humilita$ sala pertransü :
La seule humilité passe sur tous avec sûreté.70. C'est de là que le savant et expérimenté Ger-son dit :
Hoc est primum, et prœcipuum signum inte,· signa, monetœ spiritualis discretivum. ~Joni-tiones omnes itaque inlrinsecœ, ?mnis revelatio , omne miraculum, omnis amor extaticus, omnis con-templatio, omnis 'l'aptus, omnis denique nostra inte--rior, exterforque operatiO, si humilitas prœcedit, et comitetu,·, el sequatur, si nihil eam perimens miscea-tur, c
1rede mihi, signum habcnl, quod a Deo sunl, aut a bono i:jus Angelo: nec falleris :
C'est, dit-il, la première et la principale marque entre toutes les autres, par laquelle on discerne la monnaie spiri-tuelle. Si l'humilité précède, accompagne et suit tous les avis intérieurs que vous recevez, toutes vos ré-vélations, tous vos miracles, tout votre amour exta-tique, toutes Vos contemplations, tous vos ravisse-ments, enfin toutes vos opérations intérieures et extérieures, soyez persuadé que c'est une marque que tout cela est de Dieu ou de son saint ange; que vous ne vous trompez pas, et que vous n'êtes point trompé. Ce docleur est si fort assuré de cette marque de l'humilité, qu'il dit que si- on la découvrait par-faitement, il serait inutile d'en chercher d'autres;puisque, par l'humilité·et par l'orgueil, on distingue suffisamment la bonne monnaie des véritables opérà-tions ~pirituelles d'avec la fauss_e monnaie des
iHu-sions : Hurniütatis ergo S1gnurn, dit-il,
sipe,'(ecte nosceretur, frustra multiplicarenlur alia, quoniam
superbia el humilitas numisma spiritualiumopera-iionurn sufficienter.condi,tinguunt. Afin donc que l'on
connaisse si l'humilité qui précède , accompagne et suit les choses extraordinaires de l'esprit est véri-table, je mettrai ici les principales opérations avec lesquelleg on l'exerce, Je ne parle que des opérations intérieures que l'âme expérimente dans l'élévation, puisque nous ne traitonsici
que de l'intérieur qui qualifie les révélations.7L Or la première opération est le
lTlépris
que l'âme a pour soi-même, s'anéantissant en la présence de Dieu, et connaissant véritablement son néant.C'est celle que saint Grégoire le Grand nous en-seigne, quand
il
dil : Sancli vit'i, dum Divinitatis arcana audiunt, quanta magis contemplandopro-ficiunt, tanto rnagis despiciendo quod sunt, aut nihil.
aut prope
nihilse esse co!Jnoscunt.
Lorsque les personnes saintes, dit-il, entendent les secrets de la Divinité, plus elles s'avancent dans la contempla...:tion , plus elles se méprisent, et connaissent avec plus de clarté qu'elles ne sont rien ou presque rien.
La seconde est la vive connaissance que la plus grande lumière cause en l'âme, de ses propres pé-chés; et par cette lumière elle connait dans l'éléva-tion la perfecl'éléva-tion divine; d'où il s'ensuit qu'elle se reprend avec sévérité de ses péchés, et qu'elle en a
t94
une véritable contrition. Job
(t)
nous donne un illustre témoignage de celle-ci, lorsqu':ryant dità
Dieu .dans une occasion, en laquelle sa divine Ma-jesté luifut
manifestée davantage : Auditu aurisaudivi te, nune autem oculus meus videt te : Mon oreille auparavant vous avait entendu, mais mainte-nant je vous vois de mes propres yeux ; il poursuit :
l d<:irco ipse me reprehendo, et ago
pœnil('1lliam in façil/a et cinere: C'est pourquoi, dit- il, ayant connu mes péchés à la plus grande lumière de votre Ètre divin, je m'en accuse moi-même, et fen fais pénitence dans-la poussière el dans la cendre. C'est le sentiment de saint Grégoire : Quanta magis gra~tiœ
lumen perci'pit, tanto amplius reprehensibilemse esse coguosrit.
La lumière divine est si fidèle, que, ne tendant qu'à perfectionner l'âme, plus elles'y
augmente, plus elle la reprend, la corrigeant de ses plus petites fautes, afin qu'elle se perfec-tionne et qu'elle s'humilie en même temps. Richard de Saint-Victor dit sur ce sujet,.que plus l'âme est illuminée , plus elle connaît ses défauts; et que plus elle est parfaite, plus elle s'abaisse, condamnant en elle-même les plus petites fautes, auxquelles elle ne prenait pas gar<le auparavant:Plus illumina/a,
dit-il,plus defectus .suas cognoscit; et melio1· {ttc/a plus sibi vilescit. Damnai tune pa,·vos defectus, quos
(t) Job, nu, 5.
priu.~ tolenrbat.
Celte seconde opération Je l'humi-lité est suivie de la troisième opération, qui est la sainte crainte; car quand la lumière est divine, l'àme se trouvant dans celte éléYation , à mesure<Ju'elle
fait
une plus grande estime des choses éter-nelles el divines, pnr la plus grande connaissance<1u1elle en a, connaissant sa faiblesse et ses péchés, elle craint toujours plus de les perdre par ses actions temporelles: et comme plus elle connaU la perfection divine, plus elle découvre en elle ce qui n'est pas conforme