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Promouvoir un partage équilibré des tâches familiales entre

2.3 Mise en contexte

2.3.5 Promouvoir un partage équilibré des tâches familiales entre

Les tâches effectuées au cours d’une journée par un homme ou une femme sont

en-core inégalement réparties dans tous les pays européens. Les enquêtes européennes

harmonisées sur l’utilisation du temps (HETUS) permettent de quantifier le temps

consacré par la population à différentes activités, notamment le travail rémunéré, les

tâches ménagères et les responsabilités familiales, les soins personnels, le bénévolat,

la vie sociale, les voyages et les loisirs. La deuxième vague d’interviews, c’est-à-dire

HETUS 2010, a été réalisée par 18 pays européens entre 2008 et 2015

14

. Parmi

les 19 pays sélectionnés dans ce chapitre, 9 sont disponibles sur HETUS avec la

décomposition par type de ménages. HETUS fournit des informations sur l’activité

principale et sur l’activité secondaire ou parallèle que les individus font pendant

cha-cune des 144 plages de 10 minutes dont une journée se compose. C’est la personne

14

Les dates d’entretiens sont les suivantes : 2008-2009 : Italie, Autriche ; 2009-2010 : Estonie,

Espagne, France, Hongrie, Finlande ; 2012-2013 : Allemagne ; 2014-2015 : Royaume-Uni.

Figure 2.19: Taux de participation aux tâches ménagères et familiales, personnes

en couple*, activité principale, de 2008 à 2015 (en%)

Source :Statistiques HETUS 2010 de la base de données d’Eurostat *Personnes en couple dont le plus jeune enfant a moins de 6 ans.

interrogée qui décide quelle est l’activité principale et quelle est l’activité secondaire.

Le graphique 2.19 présente le taux de participation

15

aux tâches ménagères et

fa-miliales (en activité principale) pour des hommes et des femmes en couple, dont

le plus jeune enfant a moins de 6 ans

16

. Dans les 9 pays, les femmes participent

plus que les hommes. La différence de participation entre femmes et hommes est

plus grande en Italie (une différence de 14,8 points de pourcentage) et plus faible

en Finlande (2,9 points de pourcentage).

15

Le taux de participation est la proportion de personnes par jour ayant consacré du temps

aux différentes activités.

16

Nous avons choisi ce seuil de 6 ans (comparé à celui des 7-17 ans) car ce sont surtout les très

jeunes enfants qui demandent le plus d’attention et de soins.

Figure 2.20: Taux de participation au nettoyage du logement, personnes en couple*,

activité principale, de 2008 à 2015 (en %)

Source :Statistiques HETUS 2010 de la base de données d’Eurostat *Personnes en couple dont le plus jeune enfant a moins de 6 ans.

Les graphiques 2.20, 2.21 et 2.22 confortent l’idée selon laquelle la division

tradi-tionnelle des tâches pour les personnes en couple est encore présente dans tous les

pays.

En effet les femmes participent davantage aux tâches ménagères telles que le

nettoy-age du logement et le repassnettoy-age. La différence entre femmes et hommes est

partic-ulièrement grande pour ces deux activités en Italie et en Autriche et est moins élevée

en Finlande et au Royaume-Uni. Les hommes au contraire sont plus actifs pour

les activités de construction et de réparations, notamment en Finlande et en France.

Le graphique 2.23 montre qu’en moyenne dans les 9 pays européens, 9 femmes sur

10, en couple et dont le plus jeune enfant a moins de 6 ans, effectuent des

activ-ités de garde d’enfants (hors enseignement, lecture et conversation avec un enfant)

contre près de 6 hommes sur 10. La participation des pères est particulièrement

basse en Italie (42,7%), en Estonie (49,8%) et en Hongrie (50,2%). Elle est plus

forte en Finlande (72,2%), au Royaume-Uni (63,9%) et en Allemagne (66,4%). Les

femmes effectuent donc plus de tâches ménagères et familiales que les hommes et ce

même lorsqu’elles travaillent à temps-plein, c’est ce que montre le graphique 2.24.

Néanmoins d’après ce graphique, l’écart entre femmes et hommes est en moyenne

Figure 2.21: Taux de participation au repassage, personnes en couple*, activité

principale, de 2008 à 2015 (en %)

Source :Statistiques HETUS 2010 de la base de données d’Eurostat *Personnes en couple dont le plus jeune enfant a moins de 6 ans.

Figure 2.22: Taux de participation aux tâches de construction et réparations,

per-sonnes en couple*, activité principale, de 2008 à 2015 (en %)

Source :Statistiques HETUS 2010 de la base de données d’Eurostat *Personnes en couple dont le plus jeune enfant a moins de 6 ans.

moins élevé. En Allemagne et au Royaume-Uni, les hommes travaillant à

temps-plein participent même plus que les femmes à temps temps-plein. L’écart est en revanche

toujours aussi grand en Italie.

Ainsi si les femmes ont massivement investi le marché du travail, comme nous l’avons

vu dans une partie précédente, elles doivent encore effectuer la majeure partie de

la production domestique et familiale. C’est particulièrement le cas des femmes en

couple avec des enfants en bas âge. Celles qui ont une activité professionnelle, et

en particulier à temps plein, effectuent alors « une double journée de travail », via

leur travail salarié et leur travail domestique.

Figure 2.23: Taux de participation à la garde d’enfants, personnes en couple*,

activité principale, de 2008 à 2015 (en%)

Source :Statistiques HETUS 2010 de la base de données d’Eurostat

*Personnes en couple dont le plus jeune enfant a moins de 6 ans. Garde d’enfants sauf enseignement, lecture et conversation.

Figure 2.24: Taux de participation aux tâches ménagères et familiales, personnes

travaillant à temps plein, activité principale, de 2008 à 2015 (en %)

*Personnes en couple dont le plus jeune enfant a moins de 6 ans.

Dans cette partie de mise en contexte, nous montrons que les enjeux des politiques

familiales sont très variés. Les effets de ces politiques peuvent avoir des

répercus-sions sur la vie privée des familles, en favorisant, du moins en partie, le travail

et/ou la fécondité des femmes ou encore la répartition des tâches ménagères et

fa-miliales. Le slogan « le privé est politique » prend alors tout son sens lorsque l’on

s’intéresse aux politiques familiales. Tous les pays ne formalisent pas forcément

ces objectifs très clairement. D’après Julien Damon (2018), « il n’existe pas dans

tous les pays une politique familiale cohérente et explicite ». En effet, certaines

politiques familiales peuvent ne pas être cohérentes dans le sens où elles visent des

objectifs qui pourraient sembler contraires comme la hausse du taux de fécondité

et la participation des mères au marché du travail. Néanmoins dans la partie

suiv-ante nous présentons en détails les différents systèmes de politiques familiales dans

différents pays européens, ainsi que la littérature associée. L’objectif est d’avoir un

aperçu précis des différentes politiques familiales mises en place pour comprendre

la complexité et la grande diversité des dispositifs disponibles.