1 CHAPITRE I : REVUE DE LITTÉRATURE
1.6 Processus de cuirassement des massifs latéritiques et types de structure mis en place
Le processus de cuirassement de certains horizons des sols tropicaux s’intéresse
essentiellement au dynamisme des hydroxydes. Le cuirassement des sols en milieu tropical ne
peut pas être confondu avec les phénomènes de latéritisation (Maignien, 1954). La latéritisation
n’exclut pas cependant une mise en mouvement des hydroxydes; mais l’accumulation demande
dans ce cas des millénaires, tandis qu’elle peut être rapide et ne réclamer que quelques décades
dans le cas du cuirassement.
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Les conditions nécessaires et suffisantes pour qu’il puisse y avoir cuirassement sont :
présence d’une source d’hydroxydes ;
mobilisation et transport de ceux-ci ;
concentration et induration.
Les cuirasses qui ont été longtemps considérées comme irréversibles, peuvent s’altérer à
la suite de l’installation de la végétation. Les apports organiques amènent une dissolution des
ciments et un ameublissement de la masse. En effet la matière organique a une action
dissolvante sur les hydroxydes. Ceux-ci, mis en solution, sont entraînés par gravité soit dans un
sens vertical, soit plus fréquemment par lessivage oblique ou latéral (Maignien, 1954).
1.6.1 Cimentation
Elle n’affecte que les substrats grossiers jusqu’aux sables y compris. Les oxydes de fer
s’introduisent dans le milieu par le moyen des eaux de gravité (rapide) et précipitent lors de la
dessiccation, que favorise la taille des pores. Selon la proportion des oxydes de fer, la
cimentation peut comporter de simples points de soudure entre les éléments, un enrobage
complet de ceux-ci ou l’obturation totale des pores (Maignien 1954 ; Alexandre, 2002). Ce
processus de cuirassement conduit le plus souvent à un faciès conglomératique (Figure 1-8).
Ce faciès se définit de
lui-même. La quantité de fer
nécessaire pour assurer la
cohésion, n’est pas
nécessairement importante
grâce à une structure
intertextique.
Figure 1-8:Faciès conglomératique.
1.6.2 Imprégnation
Elle se produit sur des substrats à grains plus fins que le sable. La propagation plus lente
des oxydes de fer est favorable à une diffusion à partir des lignes de moindre résistance où l’eau
coule plus librement. La dessiccation est aussi plus malaisée et, comme cela se passe déjà dans
les sables, il peut exister un délai relativement long entre le dépôt et l’induration par
cristallisation, à telle enseigne que les termites peuvent y creuser des galeries (Alexandre,
2002). Ce type de cuirassement aboutit à la mise en place d’un faciès lamellaire (Figure 1-9).
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Dans les exemples choisis, cet aspect met
en relief les perturbations mécaniques que
subissent les éléments de la future cuirasse
sous l’impulsion des termites. La roche
diversement imprégnée (2 et 3), est percée
de galeries dont certaines suivent la
stratification. Les galeries ont facilité une
attaque préalable du fer (4). Un enduit
léger s’est ensuite développé à partir de la
surface de la cuirasse (5 et 6). Certaines
galeries ont été comblées, après utilisation,
par les termites (7), tandis que d’autres
contiennent de petites boulettes, vestiges
de leur passage récent (9).
Figure 1-9: Faciès lamellaire.
1.6.3 Concrétionnement
Le concrétionnement désigne la concentration du fer en certains points. Il peut se produire
dans les sables et dans les substrats de granularité plus fine.
Il s’agit en fait d’une imprégnation se produisant par la fixation sur les cristaux de fer.
Mais, un début de cristallisation, a rarement eu lieu à ce moment précis (Alexandre, 2002 ;
Nguetnkam, 2006).
Le concrétionnement est un phénomène qui peut se produire aussi bien dans les sols
ferrugineux que dans les sols ferralitiques (Faure, 1962). Il se produit par concentration,
précipitation ou dépôts de films de sesquioxydes autour de nucleus variés (grains de quartz,
débris de minéraux).
Les concrétions tiennent de l’imprégnation et de la cimentation, mais le phénomène est
très concentré, d’où il résulte la formation de produits plus ou moins arrondis qui sont
individualisés les uns par rapport aux autres.
Le concrétionnement peut également se réaliser par induration des sesquioxydes ségrégés
d’un matériau plus argileux.
On peut aussi signaler la formation de pseudo-sables (liaisons étroites entre argiles et
sesquioxydes). Le faciès généralement mis en place est gravillonnaire (Figure 1-10).
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Des concrétions sableuses de
deux générations : la première (1)
a été dégagée de l’horizon tacheté
où elle s’est formée par le
ruissellement : la seconde (2)
contient des éléments fins
provenant du Précambrien
sous-jacent et leur remontée implique
le travail des termites,
responsables des galeries (4). Un
léger enduit (3) forme des ponts
entre les concrétions, dans une
structure intertextique.
Figure 1-10: Faciès oolithique ou concrétionnaire.
1.6.4 Le recouvrement
C’est la précipitation d’oxydes de fer à l’air libre ou en connexion avec la surface par des
diaclases. Une partie du dépôt est constituée d’oxydes de fer assez purs, souvent en pellicules
successives lui conférant un aspect rubané. Des éléments détritiques fins peuvent se déposer en
même temps que le fer ou en alternance avec lui, soulignant ainsi la fine stratification
(Alexandre, 2002). Le cuirassement type « recouvrement » conduit à la mise en place d’un
faciès vermiforme (Figure 1-11).
Dans un contexte de faciès
nodulaire (n et m), nombreux
tubules perpendiculaires entre
eux (1 et 2). Dans les tubules, un
produit blanchâtre (3), éliminé
partiellement par les termites (4
et 6) et quelques fois remplis à
nouveau par un mélange de
produit blanc (5).
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1.6.5 La métasomatose
Il s’agit d’une épigénie qui affecte les minéraux originels qui sont dissous et remplacés
particule par particule par des oxydes de fer tout en préservant la forme du minéral par la
structure originelle. Ce processus constitue, entre autres, une alternative pour expliquer les
dépôts d’oxydes de fer dus au recouvrement (Alexandre, 2002). Ce processus de cuirassement
donne lieu à un faciès massif (Figure 1-12).
Un sable grossier (1)
traversé de lentilles
silteuses (2) et présentant
des stratifications
entrecroisées faiblement
visibles (3). Traces d’un
âge ancien : fentes de
dessiccation (4) et
fragments de roche altérés
(5). Remplissage de
tubules postérieurs (6).
Figure 1-12:Faciès massif.
Dans le document
Caractérisation et valorisation des matérieux latéritiques utilisés en construction routière au Niger
(Page 60-64)