1 CHAPITRE I : REVUE DE LITTÉRATURE
1.11 Amélioration des propriétés des latérites par l’ajout d’un produit industriel ou naturel
1.11.1Amélioration à la chaux
La chaux vive ou la chaux éteinte peuvent être utilisées ; la chaux vive étant évidemment
plus efficace que la chaux éteinte, mais pose des problèmes de sécurité et d’hydratation en pays
humide. Selon les recommandations de (Lyon Associates, 1971 ; CEBTP, 1984 ; Bagarre,
1990), le matériau doit avoir une plasticité supérieure à 10, et un pourcentage de mortier
(passant à 0,425 mm) supérieur à 15. On doit obtenir un CBR minimal de 60 pour 95% du poids
volumique maximal à l’OPM après 3 jours de cure à l’air et 4 jours d’immersion. Les exemples
de traitement à la chaux de graveleux latéritiques sont surtout Kenyans, Ougandais mais des
opérations du même type ont été envisagées dans plusieurs autres pays qui ont la possibilité de
produire de la chaux (Congo, Cameroun, Sénégal…). Les pourcentages de chaux utilisés pour
l’amélioration des performances mécaniques sont le plus souvent compris entre 4 et 7%.
1.11.2Amélioration au ciment
La technique d’amélioration des couches de chaussée en graveleux latéritiques améliorés
par l’ajout de ciment a fait l’objet de nombreuses études dans plusieurs pays se situant en zones
tropicales et intertropicales (Wooltorton, 1947 ; De Graft-Jonhson & Irwin, 1959 ; Autret,
1980 ; Gense, 1984 ;). Le pourcentage de ciment ajouté varie dans de larges proportions en
fonction des caractéristiques géotechniques du sol latéritique à améliorer et des performances
mécaniques escomptées.
Pour que le résultat soit acceptable, les caractéristiques des graveleux latéritiques devront
être les suivants :
teneur en matières organiques < 1,5%,
passant à 80 µm < 35%,
indice de plasticité < 30,
module de plasticité (m* x IP) < 2 500.
Avec m: le passant à 0,425 mm
1.11.3Amélioration aux nodules latéritiques (litho-stabilisation)
L’évaluation de la dureté des nodules sur les sols résiduels utilisés en construction routière
est une notion qui pendant longtemps a fait l’objet de recherche. Mais jusqu’à l’époque
contemporaine, la question sur l’impact réel de ces nodules sur le sol latéritique compacté n’est
pas résolue. Aucun procédé universel n’est utilisé pour l’évaluer (Tockol, 1993).
En Côte d’Ivoire, il a été adopté l’utilisation de l’essai Los Angeles standard pour évaluer
la dureté des nodules. Un coefficient Los Angeles inférieur à 50 a été retenu comme critère de
validité de l’aptitude des matériaux en utilisation routière.
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Novais-Ferreira & Correia (1965) avaient tenté de mettre au point un essai permettant
d’évaluer la dureté des nodules contenus dans les graveleux latéritiques. Cet essai consiste à
déterminer le « Hardness Index » ou indice de dureté, qui est le rapport entre la somme des
refus sur les tamis suivants : 25 mm ; 20 mm ; 12,5 mm ; 10 mm ; 5 mm ; 0,8 mm ; 0,40 mm ;
0,080 mm avant et après un essai Los Angeles modifié, c’est-à-dire sans utilisation de boulets
en imprimant 200 à 300 tours à la machine. Un indice de dureté de 0,80 serait la limite inférieure
acceptable. Mais cet essai n’a pas été normalisé.
Au Ghana, Lyon Associates (1971), c’est « l’Agregate Impact Value » qui est utilisé pour
déterminer la dureté des nodules. Une valeur inférieure à 40 est requise pour les bons matériaux.
En inde, par exemple, pour qu’un sol amélioré aux nodules latéritique ait un comportement
satisfaisant, on exige que son coefficient Los Angeles soit inférieur à 48 et son Agregate Index
Value inférieur à 47 (Gidigasu & Yeboa, 1972 ; Gidigasu, 1980).
Afin de mieux se rapprocher de la réalité, on a tendance de plus en plus à utiliser l’essai
de compactage pour évaluer la dureté des nodules (Lompo, 1980 ; Tockol, 1993). Le même
principe que l’essai de Novais-Ferreira & Correia est appliqué pour déterminer l’indice de
dureté, mais cette fois-ci en considérant les granulométries avant et après compactage. La
plupart des rares études portées sur les sols latéritiques « lithostabilisés » ont été entreprises
dans le but d’évaluer leur impact sur les performances mécaniques et géotechniques.
Cependant, peu d’études ont été consacrées à une recherche fine et poussée sur les
modifications microstructurales des graveleux latéritiques contenant un fort taux de nodules
après compactage. La teneur en nodules pouvant éventuellement avoir des effets sur les
performances mécaniques, une analyse de la microstructure permettrait de mieux interpréter les
résultats géotechniques. On pourrait également tenter de mettre en relation l’aspect
microstructural et l’aspect mécanique avant et après mélange et compactage.
1.11.4Comportement mécanique des assises traitées au liant hydraulique ou
à la chaux
Le CBR du matériau traité, pour une densité correspondant à 95% de la densité maximale
à l’OPM et après 3 jours de cure à l’air et 4 jours d’immersion devra être au moins égal à 100.
Compte tenu de la très grande rigidité des matériaux traités aux liants hydrauliques ou à la
chaux, les contraintes verticales transmises au sol support sont très faibles.
En revanche, l'assise traitée subit des contraintes de traction-flexion qui s'avèrent
déterminantes dans le comportement de la chaussée. L'interface couche de roulement / couche
de base et la partie supérieure de la couche de fondation constituent des zones sensibles qui
supportent des contraintes normales et de cisaillement importantes et qui peuvent présenter des
caractéristiques plus faibles que le reste de la structure en raison des conditions de mise en
œuvre; celles-ci entraînent une plus grande sensibilité de cette zone aux agressions du trafic et
du climat.
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Les assises traitées aux liants hydrauliques sont sujettes au retrait thermique et au retrait
de prise. Le retrait provoque des fissurations transversales qui, sans dispositions constructives
sérieuses (par exemple l’utilisation de géo-membranes ou géo-grilles pour reprendre les efforts
de traction à l’interface couche de fondation et couche de base), remontent à travers la couche
de roulement. Celles-ci apparaissent en surface avec des espacements réguliers et une ouverture
variant avec la température entre quelques dixièmes de millimètres et quelques millimètres.
Souvent franches lors de leur apparition en surface, les fissures de retrait tendent à se dédoubler
et se ramifier sous l'effet du trafic. En l'absence de colmatage de ces fissures, l'eau pénètre dans
la structure et provoque une diminution de la qualité du collage entre la couche de roulement et
l'assise. Il s'en suit une aggravation de la fissuration puis de la dégradation de la partie
supérieure de l'assise.
Ces phénomènes s'accompagnent d’une remontée de boues puis d'affaissements et de nids
de poule. En outre, la faible capacité de déformation de ces assises les rend très sensibles aux
mouvements, même faibles. Ceci conduit à la fissuration de l'assise (tassements, retrait hydrique
du sol ...). Quant au revêtement, il est de même nature que pour les chaussées souples et l'on
assiste pratiquement aux mêmes phénomènes. Cependant, sa faible épaisseur amplifie ces
phénomènes et peut conduire à une dégradation rapide de la surface de la chaussée.
1.11.5Effets de l’amélioration des performances de sols latéritiques sur les
couches de chaussées
Lorsque l’on ajoute une certaine quantité de concassé caillouteux (exemple : nodules
latéritiques) à un graveleux latéritique, on renforce son squelette. On agit donc sur l’angle de
frottement interne du matériau que l’on améliore. L’ajout de liant hydraulique ou de la chaux
transforme le produit naturel en un matériau plus raide en mettant à profit l’affinité chimique
de ses fines pour le liant.
D’après les études de De Graft-Jonhson & Irwin (1959), O’Reilly & Baker (1963),
Bagarre (1990), Adewuyi & Okosun (2013) selon la nature et le pourcentage de liant utilisé, on
distingue :
les sols améliorés au ciment ou à la chaux, lorsque la teneur est faible (2 à 3%),
les sols stabilisés au ciment : 4 à 6%,
les sols ciments : bétons latéritiques maigres (10 à 12%).
Selon la rigidification apportée, le comportement de la couche traitée sera différent. Tant
que le module est relativement faible, la chaussée reste souple, le rapport de modules de la
couche améliorée et de son support n’entrainant pas le développement de fortes contraintes de
traction. Lorsque le rapport des modules devient plus important, supérieur à 4, la couche traitée
se comporte comme une dalle (Bagarre ; 1990); la répartition des pressions verticales est très
réduite sur la couche support et des contraintes de traction élevées apparaissent à la partie
inférieure de la couche traitée et peuvent entrainer sa rupture. Le mode de calcul de la chaussée
n’est plus alors celui d’une structure souple.
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Notons que, des études de Bagarre (1990), il en ressort que les graveleux latéritiques
traités au ciment ou à la chaux subissent souvent des fissurations qui conduisent à un maillage
de la couche traitée que l’on ne peut plus considérer rigoureusement comme un milieu
parfaitement continu et élastique.
1.11.5.1 Couche de fondation
On peut être amené à traiter la couche de fondation lorsque son matériau est un peu trop
plastique ou s’assèche mal. L’utilisation de la chaux, lorsqu’elle est produite dans le pays, ce
qui n’est malheureusement pas fréquent en Afrique, permet d’abaisser les teneurs en eau
(d’environ 1% par 1% de chaux) et de renforcer sa cohésion ; les conditions de compactage et
la portance se trouvant améliorées.
1.11.5.2 Couche de base
Le traitement de la couche de base aux liants hydrauliques est le procédé le plus classique.
Plusieurs études ont été consacrées aux graveleux latéritiques améliorés ou stabilisés au ciment
en précisant comment travaillent ces matériaux. L’action intime du ciment au sein des graveleux
latéritiques n’est pas encore bien connue.
Une des premières études fondamentales consacrée à cette question a été réalisée à
l’occasion de l’élaboration de ce travail par Gense (1984). Les expériences ont été effectuées
sur des graveleux latéritiques du Cameroun traités à 3 et 6% de ciment. Les graveleux
latéritiques destinés en couche de base après traitement au ciment ont des caractéristiques
suffisantes pour que les performances que l’on attend du mélange ne soient pas obtenues au
prix d’un pourcentage de ciment trop élevé. Ces graveleux latéritiques ont un CBR voisin de
60, un pourcentage de fines C
80mµn’excédant pas 35 et un indice de plasticité IP inférieur à 25.
Pour un traitement en place, on admet un module de plasticité maximal de 1500 MPa et
pour un traitement en centrale un module de 700 MPa. Les critères habituellement retenus pour
les mélanges sont les résistances à la compression simple à 7 jours avec ou sans immersion (R’7
et R7) et des résistances à la traction obtenues au moyen de l’essai Brésilien (Rt7). Les valeurs
admissibles ont été définies à la suite d’essais effectués sur des moulages CBR ; l’élancement
des éprouvettes est de 1 (Φ = H = 152 mm) et non de 2 selon l’usage courant des essais de
compression et de traction sur les éprouvettes de béton. Les résultats obtenus avec des
éprouvettes d’un élancement de 1 sont généralement plus élevés qu’avec celles d’élancement 2.
Les valeurs ainsi demandées constituent une première approche que l’on vérifie ensuite par le
calcul rationnel pour s’assurer que la chaussée est bien dimensionnée. On requiert les
résistances suivantes obtenues avec des pourcentages de ciment de 3 à 6% :
R
C7: (après 7 jours de cure à l’air) [1,6 MPa < R
C7< 3 MPa],
R’
C7: (3 jours de cure à l’air – 4 jours d’immersion) [R’
C7> 0,5 MPa],
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Pour pallier certains effets néfastes après l’ajout du ciment, Bagarre (1990), stipule que
le compactage soit effectué dans les 2 heures après le malaxage. La circulation doit être interdite
pendant 7 jours et la couche de base doit être protégée d’un enduit de cure répandu moins de
4 heures après la fin du compactage. Ces prescriptions sont souvent négligées, ce qui entraîne
de graves désordres dus à un développement de microfissures consécutives à un défaut de prise
correct du ciment. La prise en compte de la portance comme critère de spécification pour les
graveleux latéritiques traités au ciment est très discutée et certains auteurs (Autret, 1983 ;
Bagarre, 1990) contestent qu’on puisse continuer à le retenir comme tel. Il est certain qu’en
toute rigueur, le poinçonnement d’éprouvettes reflète mal la façon dont travaille une couche
traitée au ciment sous le trafic. D’autre part, pour les valeurs de CBR élevées requises (> 160),
la précision de l’essai n’est pas très bonne. Il n’en demeure pas moins que des corrélations assez
satisfaisantes existent entre le CBR et la résistance à la compression et à la traction, liées aux
modules des matériaux. Il est légitime que pour des raisons pratiques les laboratoires puissent
continuer, dans le cas de faibles dosages, à s’appuyer sur l’essai CBR pour définir les
pourcentages de ciment à ajouter aux graveleux latéritiques à améliorer pour les rendre
acceptables en couche de base. Lorsque les matériaux sont simplement améliorés par l’ajout
d’une faible quantité de ciment (≤ 3%) et qu’ils ne sont pas rigidifiés, c'est-à-dire dans le cas
de chaussées souples, le CBR reste le critère à retenir. En revanche, pour les matériaux stabilisés
(à fort taux de ciment), il est recommandé de prendre en compte les résistances en flexion et la
droite de fatigue obtenues au moyen d’un essai spécial. La portance CBR des graveleux
latéritiques dépend du pourcentage de ciment et de la teneur en eau de compactage. Le CBR de
160 est obtenu pour des teneurs en ciment de 2,5% et 3,5%. Ce dosage peut être réduit de 1%
si l’on augmente la compacité de 95 à 100% de l’OPM. Si on abaisse la teneur en eau, il faut
accroître soit la compacité, soit la teneur en ciment pour obtenir la même portance. On
recommande de compacter le matériau sur chantier à la teneur en eau optimale du Proctor
modifié ou à la teneur en eau un peu plus faible si on est assuré de pouvoir réaliser le
compactage dans des conditions satisfaisantes. On mesure le CBR au laboratoire après 3 jours
de cure à l’air des éprouvettes et 4 jours d’imbibition dans l’eau.
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Dans le document
Caractérisation et valorisation des matérieux latéritiques utilisés en construction routière au Niger
(Page 86-91)