1 CHAPITRE I : REVUE DE LITTÉRATURE
2.3 Contexte géologique
2.3.3 Description des séquences pédologiques retrouvées au droit des gisements étudiés
2.3.3.1 Sites de Torodi et Tillabéry
2.3.3.1.1 Torodi
À Torodi, la roche mère ayant abouti à la formation des sols latéritiques est un granite. Il
s’agit donc de sols résiduels. Nous constatons une succession de nombreux horizons
structuralement bien distincts (Figure 2-9 - Torodi). Sur le profil, la partie sommitale est
constituée d’un horizon sableux surmontant une cuirasse latéritique à pisolithes. Les
échantillons étudiés ont été prélevés dans cet horizon. En dessous, on retrouve un horizon
sableux de transition entre la cuirasse et l’argile schisteuse verdâtre sous-jacente. Cet horizon
d’argile correspond à une concentration de kaolinite peu ferritisée, c’est la zone de lessivage.
En profondeur, se trouvent les horizons granitiques altérés et la roche granitique saine.
2.3.3.1.2 Tillabéry
Le site de Tillabéry se positionne à l’aplomb des granites syntectoniques du Liptako à
passages graphiteux sombres et poudreux. Ces granites se sont mis en place au sein des
formations métamorphiques birimiennes lors des phases de plissements de l’orogénèse
éburnéenne (Milési et al, 1989 ; Soumaïla et Konaté, 2005). Ils occupent plus de la moitié du
Liptako nigérien et se poursuivent vers le Sud-ouest au Burkina Faso. Ils apparaissent en trois
gros massifs séparant les formations métamorphiques birimiennes. Les horizons retrouvés sont
peu différenciés. La cuirasse latéritique est nodulaire et moins épaisse, environ 2,00 m. En
dessous de la cuirasse se trouve l’horizon de schiste verdâtre surmontant le socle altéré et alterné
de passages de filon de quartz.
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Le socle rocheux granitique constituant ici la roche mère se trouve en dessous d’une
formation andésitique peu fracturée à priori sans lien direct avec la cuirasse latéritique. Cette
formation andésitique est probablement à l’origine d’accidents structuraux ayant permis la mise
en place des modelés actuels (Figure 2-9 - Tillabéry). La différenciation en horizons est le fait
de la combinaison d’un gradient vertical de concentration et de déshydratation des sesquioxydes
de fer et d’une tendance à la nodulation à partir des centres privilégiés.
Figure 2-9 : Profils latéritiques des sites situés sur le socle du Liptako (Torodi et Tillabéry).
2.3.3.2 Sites de Ouallam, Dosso et Guéchémé
Les sites de Ouallam, Dosso et Guéchémé reposent sur le CT3 constitué de la série des
grès argileux et sables fins du moyen-Niger. Les grès sont siliceux et peu cimentés, plus ou
moins argileux, plus ou moins consolidés, avec des grès massifs à « faciès termitière ». Le
complexe Continental Terminal (CT) couvre environ 150.000 Km
2(Dubois et Lang, 1981) et
présente une puissance atteignant 450 m dans la région de Dogondoutchi (Figure 2-7). Les
résultats des forages profonds de reconnaissance, apportent quelques précisions sur le contenu
lithologique des séries définies par Greigert (1966). Ainsi, il identifie la couche d’oolithes
ferrugineux associée à la partie supérieure du CT1. Les études de Lang et al. (1980), Dubois et
Lang (1981), Bui et al. (1990), Salard-Cheboldaeff et al. (1995) apportent des précisions sur le
concept du CT en se basant sur des informations micro-paléontologiques et palynologiques.
Ainsi, pour ces auteurs, la série sidérolithique de Greigert (1966) d’âge Eocène inférieur à
moyen constitue une entité transitionnelle qui clôturerait la série marine du Paléocène–Eocène
et dont le sommet détritique annoncerait le sidérolithique.
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Figure 2-10 : Profils latéritiques des sites du Continental Terminal 3 (Ouallam, Dosso et
Guéchémé).
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Pour ces sites situés dans le bassin des Iullemmeden, seul le forage de Guéchémé a permis
d’atteindre le socle rocheux mais la cuirasse latéritique ne semble pas avoir de lien génétique
avec la roche mère. L’ensemble des cuirasses situées dans le CT3 sont des formations
sédimentaires détritiques c’est-à-dire que le dépôt s’est effectué après transport (Figure 2-10).
Les horizons sont moyennement différenciés et les niveaux de cuirassement sont absents. Les
horizons latéritiques au sein desquels les sols ont été échantillonnés pour notre étude sont des
oolithes argilo-sableuses faiblement indurés.
Les sols retrouvés ici sont d’origine variée dont les principaux sont :
- Pour Ouallam (Figure 2-10 – Ouallam) : les oolithes du CT2 constituant l’horizon
de prélèvement surmontant les sables et grès du CT2 qui à son tour repose sur les
sables du CH ;
- Pour Dosso (Figure 2-10 – Dosso) : les horizons différentiés sont plus nombreux.
L’horizon de cuirasse latéritique à pisolithes surmontant les sables et silts du CT3
constitue l’horizon de prélèvements des échantillons. Cette cuirasse, peu indurée
est détritique et repose sur des argiles grises à lignites du CT2 reposant sur les grès
sablo-argileux de l’horizon CT2/CT1 indifférencié. En dessous des grès se trouve
un horizon d’oolithes argilo-sableux du CT1 surmontant les sables et grès moyens
du CH.
- Les échantillons du gisement de Guéchémé (Figure 2-10 – Guéchémé) sont prélevés
dans l’horizon des sables et oolithes du CT3 complexés aux formations
sédimentaires du CT2/CT1. Cet horizon surmonte une fine épaisseur de sables et
silts argileux du CT3. En dessous de l’horizon latéritique se trouvent les sables fins
du CT1 et CT2 situés au-dessus des grès et sables moyens-grossiers du CH.
L’ensemble des horizons ci-dessus décrits reposent sur un socle granitique dont la
partie supérieure est altérée. Ces horizons sédimentaires, à priori détritiques ne
semblent pas avoir de lien génétique avec le granite sain situé en profondeur.
2.3.3.3 Site de Say
Le site de Say se situe sur la formation du CT1 représentée par la série sidérolithique de
l’Ader Doutchi. Elle est constituée de sables et d’oolithes du CT2 et CT1 et des grès ferrugineux
plus ou moins oolithiques à oolithes ferrugineux libres ou d’oolithes emballés dans un ciment
de calcite, de sables fins clastiques, de sables fins argileux sénoniens et de sables et grès du CH
(Figure 2-11).
Les horizons précédemment cités se situent sur un socle granitique constituant la roche
mère dont les liens pédologiques ne semblent pas clairs. L’horizon de sables à oolithes dans
lequel les échantillons ont été prélevés pourrait être à la fois d’origine détritique et/ou résiduelle.
Les horizons successifs sont peu différentiés et constituent quasiment des dépôts
continentaux crétacés et tertiaires. La grande partie du matériel sédimenté dans ce secteur
provient des produits d’altération des roches situées tout autour du bassin. Les produits
d’altération sont quasiment détritiques.
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La mise en place de l’horizon latéritique résulterait également de l’accumulation
ascendante d’oxydes de fer provenant de l’altération du socle granitique sous-jacent. Les
éboulis de roches ferrugineuses à structure oolithique et de grès ferrugineux attestent que cette
formation s’est étalée sur des reliefs du Crétacé supérieur situés à l’est de la vallée de la Tarka
et sur le Damergou.
Figure 2-11 : Profil latéritique du site de Say (CT1).
2.3.3.4 Site de Fillingué
Le site de Fillingué est à l’aplomb de la série argilo-sableuse à lignites du CT2,
caractérisée par l’alternance de séries sableuses et argileuses. Les séries sableuses se terminent
fréquemment par des carapaces de grès ferrugineux assez grossiers et les argiles par des niveaux
ferruginisés à oolithes ou pisolithes.
Les argiles contiennent des restes de végétaux (lignite, bois plus ou moins houillifiés et
débris charbonneux). La pyrite y est abondante en grains isolés ou en amas mélangés à l’argile.
La série affleure dans toute la moitié nord du domaine Continental Terminal et présente une
puissance atteignant 100 m dans les environs de Dogondoutchi. Les oolithes de goethite se
rencontrent avec une densité variable dans des sables, des vases ou des argiles à débris végétaux
(Greigert, 1957). La plupart des horizons sont dominés par les sables CT1 et CT2 ainsi que le
niveau argileux sporadiquement recoupé, parfois sous forme de lentilles entre le CT1 et le CT2
(Figure 2-12).
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L’horizon de formation latéritique est complexé à des argiles du CT2 et celle-ci est
détritique car aucun lien génétique n’a été retrouvé entre cet horizon et les horizons
sous-jacents. La formation du niveau ferrugineux est due à une association intime de l’altération
allitique et la ferralitisation en goethite et hématite d’une trame kaolinique aboutissant par toute
une succession d’aspects micromorphologiques, pour lesquels interviennent des mécanismes
de décomplexation et de cristallisation, à l’édification d’une charpente ferrugineuse d’où la
phase argileuse est partiellement éliminée puis remplacée par des sesquioxydes (Figure 2-12).
Figure 2-12 : Profil latéritique du site de Fillingué (CT1).
Dans le document
Caractérisation et valorisation des matérieux latéritiques utilisés en construction routière au Niger
(Page 107-112)