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1 Partie théorique

1.6 Problématique et hypothèses théoriques

Illustration du modèle du continuum entre le TSDL et la dyslexie.

C’est ainsi que Catts, Adlof et Hogan (2005) ont étudié les capacités de conscience phonologique et de mémoire à court terme verbale dans leur étude chez 21 enfants dyslexiques (uniquement), 43 enfants avec un TSDL, 18 enfants présentant à la fois une dyslexie et un TSDL ainsi que 165 enfants au développement typique. Les résultats montrent que les enfants dyslexiques et ceux présentant également un TSDL sont les enfants dont les performances ont été les plus faibles dans les différentes tâches, indiquant la présence de difficultés phonologiques. Les enfants ayant uniquement un TSDL ont quant à eux des résultats plus faibles que les enfants contrôles, indiquant la présence de certaines difficultés phonologiques. Toutefois cette différence n’est pas toujours significative. L’étude de Kahmi et Cats (1996) va également dans ce sens. Des épreuves de répétition de mots et de phrases, ainsi que des épreuves de consciences phonologique, lexicale et morphologique ont été administrées à 36 enfants soit à 12 enfants dyslexiques, 12 enfants avec TSDL et 12 enfants contrôles âgés de 6;2 à 9;2 ans. Les résultats montrent que les enfants dyslexiques et les enfants avec TSDL produisent plus d’erreurs que les enfants contrôles en répétition de mots et de phrases. De plus, la différence entre les performances des enfants dyslexiques et ceux présentant un TSDL n’est pas significative. En ce qui concerne les épreuves de conscience phonologique, lexicale et morphologique, les enfants dyslexiques et les enfants ayant un TSDL ont des résultats similaires. Ainsi, étant donné que les difficultés phonologiques sont présentes pour ces deux pathologies, un continuum pourrait alors être établi avec à l’une des extrémités les enfants avec TSDL présentant les difficultés les plus sévères et à l’autre extrémité, les enfants dyslexiques avec des difficultés plus légères.

1.6 Problématique et hypothèses théoriques  

Comme discuté précédemment, les enfants présentant un TSDL ont des difficultés morphosyntaxiques avérées (Comblain, 2004). En conséquent, nous émettons l’hypothèse H1 selon laquelle les enfants avec TSDL auront des difficultés dans une épreuve standardisée

évaluant ces capacités. Les enfants avec TSDL ont également des difficultés phonologiques (Gathercole et Baddeley, 1990), c’est pourquoi nous supposons dans l’hypothèse H2 qu’ils auront des performances inférieures à celles d’enfants contrôles dans une épreuve évaluant les capacités phonologiques.

Les articles définis sont syntaxiquement peu complexes. En conséquent, ceux-ci n’engendrent pas de difficultés en compréhension ni en production hormis lorsque des difficultés syntaxiques de base sont présentes. A l’inverse, les pronoms clitiques accusatifs 3ème personne (ACC3) sont considérés comme marqueurs d’un TSDL (Tuller et al., 2011). Ils sont syntaxiquement plus complexes que les articles définis en raison des mouvements syntaxiques impliqués dans leur élaboration. De ce fait, selon l’hypothèse H3 dans laquelle nous allons analyser les performances et comparer le traitement des ACC3 à celui des articles définis (Jakubowicz et al., 1998), nous attendons chez les enfants avec TSDL de bonnes performances dans les tâches impliquant les articles définis (H3A). Cependant, de par la complexité syntaxique du pronom clitique accusatif, nous émettons l’hypothèse selon laquelle les enfants avec TSDL auront des difficultés dans les tâches impliquant les ACC3 en rapport aux enfants contrôles (H3B). Comme nous l’avons mentionné plus haut, les ACC3 sont syntaxiquement plus complexes que les articles définis. Ainsi, nous émettons l’hypothèse selon laquelle les enfants avec TSDL présenteront de meilleures performances dans les tâches impliquant les articles définis comparativement à celles impliquant les ACC3 (H3C).

De plus, les pronoms ACC3 étant également syntaxiquement plus complexes que les pronoms ACC1 en raison des propriétés syntaxiques supplémentaires qu’ils possèdent (Tuller et al., 2011), nous formulons l’hypothèse H4 dans laquelle nous attendons de meilleures performances lors de la production des ACC1 que lors de celle des ACC3 chez les enfants avec TSDL.

Enfin, étant donné que plusieurs études ont mis en avant la présence d’un lien entre la mémoire de travail verbale et les capacités morphosyntaxiques, notamment chez les enfants avec TSDL (Masson & Savioz, 2012), nous émettons l’hypothèse H5 selon laquelle une corrélation entre les tâches évaluant les capacités en mémoire de travail verbale et celles évaluant les capacités morphosyntaxiques est attendue pour le groupe d’enfants avec TSDL.

L’intérêt principal de notre étude est d’évaluer dans quelle mesure les profils syntaxiques de nos trois populations cliniques convergent. Comme nous l’avons décrit plus haut, plusieurs hypothèses explicitant les liens entre les enfants avec TSDL et les enfants avec TSA, ainsi qu’entre les enfants avec TSDL et ceux présentant une dyslexie, ont été proposées, notamment les hypothèses d’un continuum et d’un recouvrement. Etant donné que la

littérature décrit la présence de troubles langagiers comparables à ceux observés chez les enfants avec TSDL pour certains enfants avec TSA (Kjelgaard & Tager-Flusberg, 2001), nous émettons l’hypothèse H6 selon laquelle nous nous attendons à ce qu’un sous-groupe d’enfants atteints de TSA présente le même profil langagier que celui mis en avant chez les enfants avec TSDL.

De même, en raison des difficultés langagières observées dans la littérature chez certains enfants dyslexiques (notamment Catts, Adlof, Hogan & Weismer, 2005) nous émettons aussi l’hypothèse H7 selon laquelle un sous-groupe d’enfants dyslexiques aura le même profil langagier que les enfants avec TSDL. En conséquent, afin d’investiguer la présence d’un recouvrement entre les populations TSDL et dyslexique, nous pouvons également émettre l’hypothèse exploratoire H8 selon laquelle un sous-groupe d’enfants avec TSDL aura les mêmes performances que les enfants dyslexiques dans une tâche de lecture (Catts, Adlof, Hogan & Weismer, 2005).

 

2 Partie méthodologique