• Aucun résultat trouvé

4 Partie discussion

4.2 Hypothèses concernant les comparaisons entre groupes cliniques

4.2.2 Comparaisons entre les populations TSDL et dyslexique

théorie de l’esprit.

En ce qui concerne le dernier point, nous n’observons pas de corrélations entre les résultats obtenus dans les tâches morphosyntaxiques et celles évaluant la mémoire de travail verbale, à l’inverse de ce que nous avons observé chez les enfants avec TSDL. Ainsi, les performances morphosyntaxiques des enfants du sous-groupe TSA ne semblent pas être en lien avec celles en mémoire de travail verbale. Ce résultat peut toutefois être expliqué par la taille réduite de notre sous-groupe. En effet, celui-ci est composé de 16 enfants, or une population d’au moins 20 participants serait préférable. Cependant, lorsque nous réalisons ces mêmes corrélations avec le groupe entier d’enfants avec TSA, c’est-à-dire en comprenant également les enfants ne présentant pas de difficultés morphosyntaxiques avérées, nous retrouvons, comme chez les TSDL, une corrélation significative entre la tâche de mémoire de travail de l’empan envers et celle de production des ACC3 (Annexe XI). Néanmoins, nous n’observons pas de corrélation entre cette tâche de mémoire de travail et celle de production des ACC1, des difficultés dans la production de ces derniers pouvant être expliquées par des difficultés de théorie de l’esprit, qui, comme nous l’avons décrit précédemment, occupe une place importante dans cette tâche.

En conséquent, ces informations indiquent que certains enfants avec TSA présentent tout de même, sur certains aspects, des difficultés plus sévères et atypiques en comparaison à celles observées chez les enfants avec TSDL.

4.2.2 Comparaisons entre les populations TSDL et dyslexique  

Les résultats obtenus pour les populations TSDL et dyslexiques sont synthétisés dans le tableau XVIII.

                       

  Tableau XVIII

Comparaisons des résultats obtenus entre les populations TSDL et dyslexique.  

TSDL vs DYS Similarités Différences

Performances définis sur les ACC3 en jugement

déficit phonologique moins important

corrélation entre les performances dans une tâche de mémoire de travail verbale (WISC envers) et celles réalisées dans une tâche morphosyntaxique (BILO-3C)

Nous réalisons également une comparaison des populations TSDL et dyslexique dans le cadre de l’hypothèse H7. Pour cela, nous avons utilisé la même procédure que celle explicitée dans l’hypothèse H6 et nous avons dès lors constitué un sous-groupe de 14 enfants dyslexiques.

De surcroît, le même sous-groupe de 16 enfants avec TSDL présentant des difficultés morphosyntaxiques avérées a été utilisé. Les deux sous-groupes ne différent pas pour ce qui est de l’âge et du niveau de raisonnement non verbal.

4.2.2.1 Similarités entre TSDL et dyslexiques  

Plusieurs similarités sont observables entre les populations TSDL et dyslexique. En effet, étant donné que les différents sous-groupes ont été constitués sur la base d’un score inférieur ou égal à -1 écart-type à l’épreuve du BILO-3C, nous pouvons conclure que ces deux populations présentent toutes deux des difficultés morphosyntaxiques. Cette observation confirme ce qui est décrit dans la littérature (Fry et al., 1970). De même, nous observons que les enfants du sous-groupe dyslexique présentent des performances similaires à celles des enfants avec TSDL dans les tâches impliquant les articles définis, confirmant ainsi l’hypothèse H7A. En effet, tout comme les enfants avec TSDL, les enfants appartenant au sous-groupe dyslexiques présentent une bonne maîtrise des articles définis comme l’avaient également constaté Zachou et ses collaborateurs (2013).

De même, nous n’observons pas de différence significative entre les enfants du sous-groupe dyslexique et les enfants avec TSDL dans les tâches impliquant les ACC3 confirmant alors H7B. Ainsi, une faiblesse lors de la production et le jugement des ACC3 est également constatée chez les enfants dyslexiques, tout comme chez les enfants avec TSDL. Cette

difficulté avait déjà été observée par Zachou et ses collaborateurs (2013). Notons que le pronom ACC3 étant considéré comme un marqueur d’un développement langagier atypique (Tuller et al., 2011), cela confirme la présence de difficultés langagières chez les enfants dyslexiques. Tout comme chez les enfants avec TSDL, nous observons chez les enfants du sous-groupe dyslexique un écart significatif entre la production des ACC3 et celle des articles définis en faveur de ces derniers, confirmant partiellement H7C. Cette supériorité des articles définis avait été décrite par Zachou et ses collaborateurs (2013). Celle-ci est expliquée par l’importante complexité syntaxique des ACC3 comparativement aux articles définis malgré leur homophonie. En conséquent, les difficultés observées sont effectivement d’ordre morphosyntaxique et non pas phonologique alors qu’il s’agit de l’hypothèse majoritaire concernant la dyslexie. En effet, selon cette hypothèse, un déficit phonologique sous-tendrait les difficultés en lecture. De surcroît, Ramus et ses collaborateurs (2003), décrivent quant à eux que 100% des enfants dyslexiques ayant participé à leur étude présentaient un trouble phonologique.

De plus, la présence d’un écart significatif entre la production des ACC3 et celle des ACC1 en faveur de ces derniers est mise en évidence, comme dans la population TSDL. Ce phénomène peut être expliqué par l’existence de propriétés syntaxiques supplémentaires chez les ACC3 les rendant ainsi plus complexes que les ACC1 (Tuller et al., 2011).

Enfin, nous observons chez 53% des enfants avec TSDL des difficultés en lecture confirmant H8. Effectivement, les scores obtenus par ces enfants sur des indices de précision et de vitesse de lecture ne différent pas significativement de ceux obtenus par les enfants dyslexiques. Notons toutefois, la présence d’une importante variabilité inter individuelle chez les enfants avec TSDL sur l’indice mesurant la vitesse de lecture. Plusieurs auteurs, tels que McArthur et ses collaborateurs (2000) avaient déjà montré chez 51% d’enfants avec TSDL la présence de difficultés en lecture.

Ainsi, 63% des enfants dyslexiques présentent des performances similaires à celles d’enfants avec TSDL présentant des difficultés morphosyntaxiques avérées. De plus, 53% des enfants avec TSDL présentent également des difficultés en lecture similaires à celles des dyslexiques. Ces résultats soutiennent l’hypothèse d’un recouvrement entre ces deux populations.

4.2.2.2 Différences entre TSDL et dyslexiques  

Malgré de très fortes similarités, des différences entre les populations TSDL et dyslexiques sont néanmoins mises en évidence. En effet, nous ne retrouvons pas l’écart

significatif constaté chez les enfants avec TSDL dans les tâches de jugement des ACC3 et des articles en faveur de ces derniers étant donné que le sous-groupe d’enfants dyslexique plafonne dans les deux tâches de jugement (hypothèse H7B partiellement confirmée). Les enfants du sous-groupe dyslexique ont comme les enfants avec TSDL de bonnes performances dans la tâche de jugement des ACC3. Celles-ci peuvent être expliquées par la simplicité de la tâche comme susmentionné et la possibilité de la réaliser via une stratégie de déduction. Nous n’observons pas de différence significative entre les enfants avec TSDL et les dyslexiques dans cette tâche de jugement des ACC3, toutefois, graphiquement, une légère supériorité est constatée en faveur des enfants dyslexiques. Il est par conséquent possible qu’en raison de cette tendance, les scores obtenus dans cette tâche ne diffèrent plus de ceux des articles définis. Les dyslexiques présenteraient donc des difficultés morphosyntaxiques légèrement moins importantes que celles des enfants avec TSDL.

Nous constatons également des difficultés phonologiques moins importantes chez les enfants du sous-groupe dyslexiques que chez les enfants avec TSDL infirmant ainsi l’hypothèse H7E. Ce résultat va dans le sens de l’étude de Talli, Stavrakaki et Sprenger Charolles (2010) qui a montré que les enfants avec TSDL présentaient des performances inférieures à celles des enfants dyslexiques dans des tâches évaluant la phonologie telle que la répétition de logatomes.

Enfin, chez le sous-groupe d’enfants dyslexiques, nous ne retrouvons pas les corrélations entre les tâches morphosyntaxiques et celles évaluant la mémoire de travail verbale mises en avant chez les enfants avec TSDL. En effet, seule une corrélation entre l’épreuve du BILO-3C et celle de la WISC envers est observable chez le sous-groupe dyslexique. Ce résultat peut être expliqué par le fait que, contrairement à la population TSDL, les enfants dyslexiques ont été moins confrontés à l’épreuve de l’ELO durant leur prise en charge logopédique. Cette épreuve étant très similaire à celle du BILO-3C, elle peut, comme nous l’avons susmentionné, engendrer de bonnes performances sans nécessairement faire appel à la mémoire de travail en cas d’effet d’entraînement. De plus, lorsque nous effectuons ces corrélations en considérant les performances du groupe entier d’enfants dyslexiques, c’est-à-dire en incluant les participants ne présentant pas de difficultés morphosyntaxiques avérées, nous ne retrouvons pas non plus les corrélations mises en avant chez les enfants avec TSDL (Annexe XI). L’absence de corrélation entre les tâches de mémoire de travail évaluant la production des ACC3 et des ACC1 peut être mise en lien avec le type de tâche utilisée

(empan envers). La tâche de counting-span10 qui est très sensible à la production de structures syntaxiques complexes (Delage & Frauenfelder, 2012), pourrait en conséquent être utilisée.

En somme, certains aspects mis en avant dans le sous-groupe dyslexique ne sont pas similaires à ceux observés chez les TSDL.

4.3 Conclusion générale et perspectives  

Notre étude a permis de confirmer les caractéristiques du TSDL décrites dans la littérature, notamment la présence de déficits morphosyntaxique et phonologique ainsi que la présence d’un lien entre les compétences en mémoire de travail et les performances morphosyntaxiques.

De plus, elle a mis en évidence la présence d’un déficit morphosyntaxique chez 76%

des enfants présentant un TSA ainsi que chez 67% des dyslexiques. En effet, des difficultés sont observables dans la tâche du BILO-3C à partir de laquelle nous avons pu constituer différents sous-groupes. Nous observons également chez les enfants avec TSA des performances similaires à celles des enfants présentant un TSDL dans différentes tâches notamment celles impliquant les ACC3. Toutefois, la population TSA présente un profil comportant des difficultés plus sévères et atypiques caractérisées notamment par la présence de difficultés plus importantes dans les tâches impliquant les ACC3, une mauvaise maîtrise des articles définis et l’absence de décalage entre les ACC1 et les ACC3. De même, la nature des erreurs observées diffère fréquemment de celle décrite chez les enfants avec TSDL ou dyslexiques. Nos résultats globaux étayent toutefois la présence d’un chevauchement entre ces deux populations. Afin de déterminer la présence d’un éventuel recouvrement et d’exclure celle d’un continuum, il serait intéressant, dans une prochaine étude, d’évaluer les compétences pragmatiques des enfants avec TSDL ainsi que celles d’enfants TSA puis d’analyser si celles-ci diffèrent ou non quantitativement mais aussi qualitativement. En effet, selon cette hypothèse du recouvrement, nous nous attendons à ce que certains enfants avec TSDL présentent des performances dans les tâches évaluant la pragmatique, similaires à celles de certains enfants avec TSA.

De même, nous avons mis en avant de nombreuses similarités entre les performances des enfants avec TSDL et les dyslexiques dans les tâches impliquant les articles définis et les ACC3. Nous avons également pu constater la présence d’un déficit en lecture chez les enfants                                                                                                                

10 Tâche dans laquelle des planches illustrant des points sont présentées au participant qui doit les compter et à la fin de l’épreuve, restituer la suite de chiffres correspondant aux nombres de points comptés pour chacune des planches.