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Le modèle IMACLIM

II. Statique comparative à l'horizon de projection

II.1. Principe général

II.1.1. Prix de production des biens

La formation des coûts de production est fondée sur des consommations de facteurs variant avec les prix relatifs de ces facteurs, et sur une évaluation de la productivité globale normée en référence. Ainsi les prix des deux biens produits nationalement :

pQ = ( pQi αQQ + pEi αEQ + pF (1+τTvaF) FiQ Q + pLQ lQ + pQck kQ ) ΘΦ + pQ πQ (1)52 pE = ( pQi αQE + pEi αEE + pF (1+τTvaF) FiE E + pLE lE + pQck kE ) ΘΦ + pE πE, (2) où l'on retrouve une version étendue du modèle simplifié dont l'analyse a été proposée au chapitre II, soit des prix composés de :

consommations intermédiaires de bien composite (pQi αQQ, pQi αQE), d'énergie

transformée (pEi αEQ, pEi αEE) et d'énergie fossile brute importée (pF (1+τTvaF)

FiQ

Q , pF (1+τTvaF)

FiE

E ) par le biais d'une matrice de Leontief. pQi et pEi sont des prix moyens composés des prix intermédiaires domestiques, formés sur pQ et

pE, et des prix à l'importation (soumis à la TVA); une éventuelle taxe carbone entre dans la composition de pEi en fonction de son contenu carbone γi (variable avec la taxe). pF est exogène, fixé à un niveau quelconque qui ne fait que définir l'unité de mesure du bien F. Les coefficients de la matrice de Leontief sont variables—selon des spécifications calquant les résultats d'un modèle

52 Tout au long de cet aperçu des équations du modèle nous conserverons les numérotations telles qu'elles figurent à l'annexe, les 61 équations d'IMACLIM étant au cœur de ces travaux. Nous y ferons aussi référence par simple mention de leur numéro sans renvoi systématique.

bottom-up, cf. chap. V et annexe IV.1—à l'exception des consommations

unitaires de bien composite : le modèle est principalement conçu pour tester un recyclage dans une baisse des charges sur le travail; sous une telle hypothèse l'évolution du ratio entre prix de l'énergie et prix composite n'est que de second ordre, et le manque de données n'aurait permis que l'application d'une élasticité exogène;

coûts de main d'œuvre (pLQ lQ, pLE lE) et de capital (pQck kQ, pQck kE); les coûts du travail comprennent une part de salaire net, dont l'évolution réelle est liée au taux de chômage (cf. infra) et une part de charges prélevées ad valorem, qui bénéficient le cas échéant du recyclage du produit d'une taxe carbone. Les coûts du capital sont eux-aussi une moyenne pondérée des prix domestique et à l'importation du bien Q (la FBCF se réalise nécessairement en bien composite), augmentés de la TVA. Les intensités en capital et en travail sont variables— toujours selon des spécifications calquées sur les résultats d'un modèle bottom-

up—à l'exception de lE : il est assez contestable, d'un simple point de vue technique, d'envisager des substitutions entre énergie et travail dans la production d'énergie53;

• profit, dans une acception assez large, soit regroupant les marges et les impôts

à la production, dans une proportion du prix que l'on fixe (ce qui revient notamment à envisager un statu quo de l'état de concurrence des marchés); Enfin, l'ensemble des consommations physiques de facteurs—dans une acception large, soit incluant les consommations de capital fixe, qui bien qu'elles ne soient que des écritures comptables représentent fondamentalement l'usure du capital productif—sont modifiées par :

• un coefficient de rendements décroissants Θ, fixé à 1 dans l'équilibre de

référence, et calibré sur une hypothèse simple en fonction de l'éloignement de

Q—que l'on retient comme indicateur de l'activité générale—de sa valeur de

référence (cf. annexe IV.1);

53 Simplification de peu d'influence sur les résultats du modèle, si l'on considère d'une part le faible poids des coûts du travail dans la formation des coûts de l'énergie (environ 14% en France en 1998, contre 29% dans le secteur composite), et d'autre part le pourcentage de la main d'œuvre totale employé dans ce secteur (0,5%).

• un coefficient de progrès technique Φ, lui aussi à l'unité en référence,

représentant l'endogénéisation du changement technique induit par la réforme écofiscale étudiée, selon une spécification détaillée ci-dessous.

II.1.2. Demande des ménages

Les ménages ne consomment pas d'énergie fossile non transformée. La répartition de leur revenu consommé (une part fixe du revenu disponible brut, on considère le maintien du taux d'épargne entre les deux équilibres) se fait donc entre énergie et bien composite. Les termes de l'arbitrage entre les deux biens sont dictés par les conclusions du modèle technico-économique couplé, alternativement

selon le calibrage d'un système linéaire de dépenses (Linear Expenditure System, LES) : Qc = Qb + 1−b pQck (Rcons – pEc Eb – pQck Qb) (16) Ec = Eb + b pEc (Rcons – pEc Eb – pQck Qb) (17)

où les consommations finales (Qc, Ec) sont la somme d'un besoin de base (Qb,

Eb) et d'une proportion fixe (b pour Ec, 1-b pour Qc) du revenu résiduel,

• ou selon une spécification libre les reproduisant le plus fidèlement possible,

selon l'évolution du prix relatif des deux biens (pEc comme pEi comprend la taxation sur le carbone selon son contenu carbone γc).

Le chapitre suivant étudie en détail l'implication du choix de l'une ou l'autre modélisation dans le couplage avec la modélisation bottom-up.

La fonction d'utilité sous-jacente au LES, dite de Stone-Geary, est connue :

u(E, Q) =

(

E − Eb

)

b

(

Q − Qb

)

1-b

(IV.1)

et peut donc a priori fournir des estimations de variation de bien-être, ce qui représente un avantage sur une spécification plus libre. Cet avantage apparent est cependant trompeur : les adaptations techniques induites par la réforme ne peuvent manquer de modifier la fonction d'utilité de référence, dès lors que l'on suppose, comme c'est le cas, qu'elles sont financées par l'épargne, et n'influent donc pas sur le niveau de revenu consommé.

Dans le même ordre d'idée, il est contestable de conserver le même niveau de besoins de base Eb dans l'équilibre de référence et dans l'équilibre dérivé : l'investissement

d'économies d'énergies des ménages QkEc (cf. infra) en suppose de toute évidence la diminution.

C'est pourquoi, dans les résultats de modélisation présentés aux chapitres VI, VII et VIII, l'évolution de la consommation de bien composite des ménages est donnée comme un indicateur par défaut de l'évolution de leur bien-être, avec l'hypothèse sous- jacente que leur consommation d'énergie, malgré sa forte baisse, leur procure une utilité approximativement inchangée grâce aux investissements effectués.