• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 1 : TROUBLES DU SPECTRE DE L’AUTISME

2. Définitions et situation actuelle

2.2 Principales comorbidités associées aux TSA

Les troubles du spectre de l’autisme sont très fréquemment associés à certaines comorbidités, tant médicales que psychiatriques (Guinchat, 2014 ; Tobias, 2009). Des études de prévalence montrent qu’environ 70% des individus ayant un TSA présentent au moins une comorbidité (Simonoff et al., 2008) et ce pourcentage est accru pour les personnes ayant un TSA associé à une déficience intellectuelle (Mannion, Leader, & Healy, 2013). Pour plusieurs auteurs, ces comorbidités font partie intégrante du tableau clinique des TSA et ne doivent pas constituer des facteurs d’exclusion dans la composition d’échantillons d’individus ayant un TSA, afin que ces échantillons soient véritablement représentatifs de la population étudiée (Geurtz,

Sinzig, Booth, & Happé, 2014 ; O’Nions et al., 2014). Nous ne détaillerons ci-après que quelques unes des principales comorbidités associées au TSA.

2.2.1 Trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité

Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) est un trouble neurodéveloppemental caractérisé par une inattention majeure et invalidante pouvant s’accompagner de symptômes d’hyperactivité, d’impulsivité et de troubles du sommeil (APA, 2013). Son association avec les TSA varie très fortement selon les critères d’inclusion des participants dans les études : de 14 à 78% des cas, selon Gargaro et al. (2011). Bien que les manifestations cliniques et les profils neuropsychologiques soient bien différents entre les individus ayant un « TSA pur » et ceux ayant un « TDA/H pur », la pose d’un diagnostic univoque est en pratique rarement si simple. Plusieurs recherches ont mis en évidence que les adolescents diagnostiqués TSA et TDA/H avaient des risques accrus d’intimider leurs pairs (Montes & Halterman, 2007) et de présenter des troubles oppositionnels (Guttmann- Steinmetz, Gadow, & DeVincent, 2009). Enfin, dans de nombreux cas d’enfants présentant un TDA/H, un traitement médicamenteux à base de méthylphénidate (RitalineMD en France ou RitalinMD au Québec) ou de sels d’amphétamine

(AdderallMD ou VyvanseMD) est proposé, seul ou en parallèle d’un suivi

psychothérapeutique (recommandé par la HAS). Si ces médicaments sont généralement efficaces pour les individus avec TDA/H, leurs effets sur le comportement et le fonctionnement adaptatif des jeunes ayant un TSA n’est pas clairement décrit et peut varier considérablement selon les adolescents et les doses prescrites (Kim et al., 2017). Des recherches complémentaires sont donc nécessaires pour préciser ces catégories cliniques et ajuster au mieux les accompagnements proposés aux jeunes présentant un double diagnostic.

2.2.2 Troubles psychiatriques

Troubles anxieux. Les troubles anxieux constituent la principale comorbidité

al., 2008). Une récente méta-analyse (van Steensel, Bögens, & Perrin, 2011) fait état d’un taux de 39,6% de jeunes avec TSA de moins de 18 ans présentant un ou plusieurs troubles anxieux. La phobie spécifique est la plus fréquemment rencontrée (29,8%), suivie des troubles obsessionnels-compulsifs (17,4%) et de la phobie sociale (16,6%). Dans l’étude de Simonoff et al. (2008), réalisée auprès de 112 jeunes de 10 à 14 ans, c’est l’anxiété sociale qui est la plus retrouvée, avec un taux de prévalence de 29,2%. Enfin, parmi les études ayant recueilli le point de vue de ces jeunes concernant leur vécu de l’inclusion scolaire au secondaire, à l’aide d’entretiens ou de focus groupe, l’anxiété est l’une des thématiques récurrentes mentionnées par les participants (Connor, 2000 ; Fayette & Bond, 2017 ; Humphrey & Lewis, 2008 ; O’Hagan & Hebron, 2017).

Troubles dépressifs. Selon plusieurs auteurs (Carrington & Graham, 2001 ;

Ghaziuddin, Weidmer, & Ghaziuddin, 1998 ; Hedley & Young, 2006), les adolescents ayant un TSA seraient particulièrement à risque de développer une dépression, notamment lorsqu’ils présentent un bon niveau de fonctionnement intellectuel, comme dans le cas du syndrome d’Asperger. Les troubles dépressifs sont souvent retrouvés chez les adultes avec TSA, présentant une qualité de vie généralement moins satisfaisante que leurs pairs typiques (Browning et Osborne, 2009). Selon Hedley et Young (2006), il existe une corrélation entre la survenue de la dépression et le processus de comparaison sociale chez les adolescents ayant un TSA.

2.2.3 Troubles « dys »

La comorbidité des troubles « dys » (dyspraxie, dyslexie, dyscalculie et dysphasie) avec le diagnostic de TSA n’est pas aussi clairement établie que pour les troubles précédemment cités, notamment parmi les individus présentant un TSA sans déficience intellectuelle (Williams, Botting, & Boucher, 2008). Toutefois, MacNeil et Mostofsky (2012) rapportent que la dyspraxie pourrait être une condition fréquente chez les enfants et adolescents avec TSA.

2.2.4 Autres comorbidités

Bien qu’elles ne soient pas détaillées dans ce travail, d’autres comorbidités sont régulièrement, voire très fréquemment, associées aux troubles du spectre de l’autisme. La déficience intellectuelle (DI) fait partie des comorbidités qui ont longtemps été considérées comme accompagnant majoritairement les TSA, avec des taux de prévalence pouvant dépasser 70% (Guinchat, 2014 ; Levy et al., 2010). Des études récentes suggèrent toutefois que ces taux ont été surestimés et que la DI concernerait moins de la moitié des individus avec TSA (Dachez, 2016 ; Mottron, 2004). L’épilepsie, dont les taux de prévalence varient fortement en fonction de la présence ou non d’une DI associée, les troubles du sommeil, les troubles alimentaires ou encore la dysphorie de genre font partie des comorbidités couramment associées au TSA ou, tout au moins, plus fréquemment rencontrés dans la population TSA que dans la population générale (De Vries, Noens, Cohen-Kettenis, van Berckelaer- Onnes, & Doreleijers, 2010 ; Huke, Turk, Saeidi, Kent, & Morgan, 2013 ; Simonoff et al., 2008).

Notons enfin que la présence de comorbidités peut venir compliquer significativement le tableau clinique et avoir des répercussions importantes sur le fonctionnement global de l’individu. Concernant les traitements médicamenteux, outre le méthylphénidate destiné à améliorer les symptômes attentionnels dans le cas d’un diagnostic de TDA/H, d’autres molécules sont régulièrement prescrites aux enfants, adolescents et adultes avec TSA :

- Des antipsychotiques visant à diminuer les troubles des conduites, l’irritabilité ou l’agressivité des jeunes avec TSA, tels la rispéridone (ou Risperdal®) ou l’olanzapine (Zyprexa®) ;

- Des antidépresseurs (de type inhibiteurs de recapture de la sérotonine) en cas de troubles dépressifs, d’anxiété importante ou de troubles obsessionnels-compulsifs, telles la fluoxetine (Prozac®), la fluvoxamine (Luvox®) ou la clomipramine (Anafranil®) ;

- D’autres molécules généralement utilisées pour le traitement des troubles bipolaires ou de la schizophrénie, tels les thymorégulateurs (Dépakote®) ou encore des antipsychotiques atypiques administrés à faibles doses pour le traitement de l’anxiété ou des troubles du sommeils (Xeroquel®).

Ces traitements, s’ils peuvent s’avérer très aidants dans certains cas, ne sont toutefois pas exempts d’effets secondaires et peuvent avoir des répercussions importantes sur les plans cognitif, social ou physiologique. Le comportement et le fonctionnement de l’adolescent au secondaire peuvent s’en trouver affectés et devraient être pris en compte (Cravero et al., 2017).