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Pratiques cliniques en lien avec l’accessibilité aux services 24

Chapitre 1 Introduction 1

1.4.   Caractéristiques organisationnelles en lien avec l’accessibilité aux services de

1.4.2.   Pratiques cliniques en lien avec l’accessibilité aux services 24

Certaines pratiques cliniques ont été identifiées dans la littérature scientifique comme étant des stratégies pouvant permettre de gérer des listes d’attente. Par contre, peu d’études ont précisément examiné l’effet de ces pratiques cliniques sur le temps d’attente. Certaines d’entre elles sont présentées dans les prochaines sous-sections.

1.4.2.1. Séances d’information/éducation auprès des patients en attente

De brèves séances d’information et d’éducation auprès des patients en attente de services pourraient permettre de limiter la détérioration de la condition de ces patients. Des séances d’éducation sur l’ergonomie au travail, par exemple, pourraient aussi améliorer l’utilisation de stratégies de gestion de la douleur [129]. Les résultats d’une revue systématique de Liddle et al. [130] supportent l’utilisation de conseils (p. ex. rester actif) pour les lombalgies aiguës, mais les auteurs reconnaissent que ce type d’intervention n’est pas suffisant pour les lombalgies chroniques. Une autre revue systématique publiée dans la Cochrane Library a conclu qu’il n’y avait peu ou pas d’évidence quant à l’efficacité des interventions d’éducation destinées aux patients souffrant de cervicalgie et que les études sont de faible qualité méthodologique [131].

 enseignement d’exercices, de conseils posturaux, de modification d’activités,  éducation au sujet de la neurophysiologie de la douleur,

 stratégies de gestion de la douleur et du stress,

 l’effet néfaste des pensées catastrophiques et de la kinésiophobie et  modifications des fausses croyances et des attitudes négatives [132-135].

Remettre un dépliant d’information à un patient représenterait une intervention assez simple qui pourrait avoir un effet positif sur les croyances du patient ainsi que sur sa perception de son incapacité [136, 137]. Une étude a démontré que des patients ayant reçu des conseils par téléphone avant leur prise en charge en physiothérapie ont exprimé une plus grande satisfaction que des patients n’ayant pas bénéficié de ces conseils [134]. Selon les chercheurs de cette étude, il pourrait s’agir d’une pratique prometteuse afin d’améliorer l’accessibilité aux services. Dans le contexte des patients en attente de services en physiothérapie, cette stratégie pourrait réduire les effets néfastes associés aux longs délais avant la prise en charge et même, dans certains cas, entrainer une amélioration de la condition du patient [138].

1.4.2.2. Enseignement de stratégies d’autogestion

L’enseignement de stratégies d’autogestion a été rapporté comme étant une stratégie de gestion des listes d’attente en physiothérapie [21, 22]. Selon les résultats d’une revue systématique [139], les physiothérapeutes sont des professionnels de la santé qui peuvent être impliqués dans l’enseignement de stratégies d’autogestion auprès des patients de par la durée de leurs contacts avec les patients lors des séances thérapeutiques, particulièrement dans un contexte de soins ambulatoires. Les stratégies d’autogestion permettraient, entre autres, de réduire les perceptions d’incapacité en lien avec le travail [129]. De plus, une intervention en physiothérapie composée de recommandations et de conseils permettrait de limiter le risque d‘absence au travail et aurait un impact sur les symptômes et les coûts de santé chez une population souffrant de lombalgie [140]. L’enseignement véhiculé peut porter sur la compréhension de la condition de santé,

l’activité physique, la gestion de la douleur et de la fatigue, les modifications des facteurs de risque et les conseils posturaux [139]. Par exemple, un court programme axé sur la gestion de la douleur par l’éducation, l’identification d’objectifs fonctionnels et quelques exercices aurait engendré une réduction significative des incapacités chez les personnes souffrant de lombalgie subaiguë [132]. De surcroît, un tel programme dispensé par un physiothérapeute aurait des effets équivalents à la physiothérapie conventionnelle en termes d’incapacité physique et de satisfaction des patients avec lombalgie [132, 141]. Dans une étude réalisée par Fashanu et Rastall [142], 58 patients en attente pour des services de physiothérapie avaient bénéficié d’une évaluation qui incluait des conseils d’autogestion et des exercices avant de retourner sur la liste d’attente pendant six semaines. Ce groupe de patients était comparé à un groupe contrôle composé de patients sur la liste d’attente. Selon les résultats de cette étude, une évaluation initiale (early one- off assessment) incluant de l’enseignement de stratégies d’autogestion et d’exercices favoriserait une réduction de la douleur et une meilleure satisfaction des patients [142].

Selon une enquête réalisée en Ontario, les interventions d’autogestion étaient largement répandues dans les services de physiothérapie en clinique externe : elles étaient utilisées par plus de 80% des milieux et étaient considérées assez efficaces ou très efficaces par plus de 95% des répondants [22]. La popularité de cette stratégie n’est pas étrangère au fait que l’autoresponsabilisation du patient est un des principaux objectifs thérapeutiques de la physiothérapie selon l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec [143]. Cependant, à notre connaissance, l’effet des interventions d’autogestion sur le temps d’attente n’a pas été documenté.

1.4.2.3. Interventions de groupe

Des interventions de groupes correspondent à un mode alternatif de prestation de soins qui permettrait de prendre en charge plusieurs patients en même temps et qui pourrait mener à une réduction des coûts de santé [144]. Ce type d’intervention serait bien perçu

par les patients et favoriserait leur motivation à s’impliquer dans leur réadaptation [145]. Par exemple, des classes d’enseignement sur la gestion de la douleur combinées à des exercices en groupe ont démontré des résultats bénéfiques auprès d’un échantillon de 69 sujets souffrant de lombalgie chronique [133]. Les effets rapportés dans cette étude étaient une amélioration des incapacités, de la douleur et de la qualité de vie en plus d’une réduction des coûts de santé. Les chercheurs considéraient cette stratégie peu coûteuse comme une alternative aux traitements conventionnels en physiothérapie [133]. Selon Passalent et al. [22], les interventions de groupes en physiothérapie étaient considérées assez efficaces ou très efficaces pour la gestion des listes d’attente par plus de 90% des gestionnaires et des cliniciens. À l’inverse, elles étaient classées parmi les stratégies les moins efficaces selon les résultats obtenus par Rastall et Fashanu [21]. Bien que ce type d’intervention soit utilisé pour gérer les listes d’attente en physiothérapie [21, 22], leur association avec le temps d’attente n’a pas été évaluée.

1.4.2.4. Critères de congé standardisés et fréquence des rendez-vous

La décision de donner congé au patient est souvent laissée à la discrétion du clinicien, mais elle n’est pas toujours basée sur des mesures objectives [13]. Certains milieux utiliseraient l’atteinte des objectifs de traitement ou l’atteinte d’un plateau thérapeutique comme critère de congé. D’autres milieux de soins utiliseraient plutôt un nombre maximal de séances prédéfini (allotted length of stay) dans le but d’uniformiser les suivis des patients par les différents cliniciens et afin de contrôler le débit de prise en charge de nouveaux patients [13]. Le recours à des critères de congé standardisés serait aussi utilisé par les compagnies d’assurances-santé, notamment pour cesser la couverture de la physiothérapie lorsque la condition cesse de s’améliorer [146]. Par contre, l’implantation de tels critères pourrait défavoriser les patients pour qui la physiothérapie vise le maintien des capacités fonctionnelles. Ces patients estiment que de préserver leurs capacités est tout aussi important que les gains fonctionnels réalisés avec d’autres clientèles [147, 148].

La fréquence des rendez-vous est aussi un paramètre à considérer dans l’organisation de la prestation des services. Par exemple, une étude a révélé que dans le cas de la réadaptation post-chirurgie du ligament croisé antérieur, un groupe ayant eu en moyenne sept rendez-vous en physiothérapie et un autre groupe ayant eu 20 rendez-vous pendant une même période de temps (six mois) avaient obtenu des résultats cliniques similaires, malgré une différence notable de la fréquence des rendez-vous [149]. Hanson et al. [150] ont présenté un exemple d’implantation d’un guide de pratique destiné à aider les cliniciens à déterminer la durée de la prise en charge et la fréquence de traitements appropriées dans le contexte des cliniques externes de physiothérapie pédiatrique. Selon les auteurs, l’implantation d’un tel guide de pratique est faisable, mais il est recommandé d’offrir de l’enseignement et du support aux cliniciens afin de faciliter le changement dans leur pratique clinique [150]. Par contre, l’effet sur l’accès aux services et sur la qualité des soins n’a pas été évalué dans cette étude.