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Chapitre 4 : Résultats : la nordicité

4.2 Analyse Nordicité

4.2.3 Pratiques

Figure 17 : Nordicité – Pratiques Source : (Marie-Hélène Roch 2018)

Comme il a été démontré précédemment, la nordicité se comprend à la fois par ses aspects physique et mental, mais également par les pratiques, qu’elles soient sociales, culturelles ou sportives. Les participants évoquent deux dimensions fortes qui influencent leurs déplacements à vélo l’hiver, soit le fait de demeurer actif à l’année et d’augmenter leur appréciation de la saison hivernale.

Figure 18 : Cyclistes et piétons

Source : (Atelier mobile à vélo, P3 – photo 1 2017). Reproduction autorisée par l’auteur

4.2.3.1 Demeurer actif l’hiver

Unanimement, les participants évoquent les avantages de demeurer actifs à l’année grâce à leurs déplacements quotidiens à vélo. Pour quelques-uns les bénéfices s’observent dans la continuité de leur pratique au gré des saisons. Les propos de P6 illustrent bien ce point : « Il y a une forme de plaisir d’être au froid, de courir dans la neige, de bouger dehors l’hiver. Quand tu es cycliste l’hiver ça te fait encore plus apprécier l’été. L’hiver c’est forçant, en été t’embarques sur ton vélo tu as l’impression de voler ». Il soutient aussi que de faire de l’exercice a un effet énergisant, dans un contexte où les journées sont plus courtes et où il y a un manque de luminosité.

Mentionnons que certains participants sont déjà adeptes de sports ou d’activités d’hiver et que le vélo s’ajoute à cette liste, comme P7 (« Je joue au hockey à l’extérieur, je fais du ski de fond, je pars en expédition à l’extérieur de la ville. Je prends part aux festivals : Montréal en Lumières, Igloofest ») et P11 (« J’aime le plein-air, donc été comme hiver je dois sortir dehors. J’ai besoin de ma dose d’extérieur »). Ce dernier confie que son rapport à l’hiver se vit surtout par le biais d’une pratique sportive (ski, patin).

D’un autre côté, il y a des participants qui à travers le temps ont redéfini la perspective de demeurer actif l’hiver. P12 a par exemple durant les dernières années pratiqué moins d’activités différentes que le vélo l’hiver : « Habituellement je faisais beaucoup de ski de fond, du patin et de la raquette. Faut dire qu’avec le vélo, en terme d’intensité ça prend tellement de place que les soirées ou le week-end je me repose, j’ai moins d’énergie. Rendu au mois de mars je me sens plus fatigué ». P4 fait cadre d’exception en laissant savoir ceci : « Moi je déteste l’hiver, je n’aime pas tant faire de sports d’hiver ». Il parvient cependant à entrevoir les bénéfices en s’initiant pour la première année au vélo d’hiver : « Ce que j’aime avec le vélo l’hiver c’est le défi physique. Tu réveilles des muscles que tu ne travailles pas habituellement ».

4.2.3.2 Amour de l’hiver augmenté par la pratique du vélo

De manière générale, les participants expriment assez clairement aimer l’hiver. Bien que la plupart soient conscients des irritants que cette saison peut provoquer dans la vie quotidienne, l’idée de « faire avec », de ne pas la subir, améliore la relation entretenue avec celle-ci et le meilleur moyen d’embrasser l’hiver se fait surtout grâce à la pratique. Dans ce sens, P1 affirme que l’hiver est une saison qu’il affectionne particulièrement et « cet amour se développe encore plus avec la pratique du vélo ». Cela rejoint P8 qui mentionne que « [g]râce à la pratique du vélo d’hiver et de passer plus de temps dehors, j’ai l’impression de faire plus d’activités. Plus je passe de temps à l’extérieur, plus j’apprécie l’hiver ». C’est une façon pour lui de s’approprier la ville en hiver, tout comme P7 qui confesse attendre cette saison avec impatience : « J’essaie de faire de l’hiver une expérience positive ». Cette approche, P7 la maintient même devant des éléments de l’hiver redoutables comme la « slush » : « Je me réconcilie avec la « slush » en faisant du vélo. Moi je suis vraiment bien équipé. À la limite j’arrive à destination, je suis plein de « slush », mais il y a quelque chose que je trouve beau là-dedans ». Le vélo serait donc une des stratégies trouvées dans sa vie pour diminuer les conséquences négatives de l’hiver. Nous l’observons selon une autre dimension chez P4 : « Je n’aime pas particulièrement l’hiver en ville. La pratique du vélo

change quand même ma relation. Je n’aime pas plus l’hiver, mais au moins j’en profite plus. Ça permet de mieux apprécier que je puisse continuer à faire du vélo dans ces conditions ». Cette idée de continuité dans la pratique vient apaiser le fait que P4 n’apprécie pas vraiment l’hiver. Enfin, chez certains participants, cet amour de l’hiver par la pratique du vélo est marqué positivement par le contexte urbain montréalais : « À Montréal, ma relation positive avec l’hiver se vit surtout à vélo en étant dehors » (P12); « Là à Montréal, je vis avec l’hiver, plus que j’endure l’hiver » (P9).

En résumé, la présentation du profil général des participants des entretiens semi-dirigés et l’analyse des expériences vécues des cyclistes d’hiver à Montréal en fonction du concept de nordicité, permettent de dégager cette proximité entre la nature et la culture, que ce soit à travers les dimensions physiques et mentales ainsi que les pratiques associées. De plus, ceci nous laisse croire que la pratique du vélo d’hiver pourrait renforcer le sentiment d’appropriation de cette saison vécue en ville.

CHAPITRE 5 : RÉSULTATS : PERCEPTIONS ET IMAGIBILITÉ DE