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Chapitre IV PRESENTATION DES RESULTATS

2. Données recueillies auprès des orthophonistes

2.2. Pratique des orthophonistes

Nous allons nous pencher maintenant sur la pratique orthophonique telle qu’elle est proposée dans la réalité du terrain.

2.2.1. Expérience avec les personnes Alzheimer ou démentes

apparentées

Tout d’abord, nous avons voulu savoir si tous les orthophonistes avaient une expérience de l’intervention orthophonique dans le cadre d’une MAD (QO 9).

90 % de notre population a pris en charge au moins une fois dans sa carrière un de ces patients. En revanche, pour 10 % des orthophonistes, leur opinion repose uniquement sur des fondements théoriques. Aucune expérience personnelle n’a donc pu venir conforter ou remettre en question leur position.

Graphique 32 : Répartition des orthophonistes selon qu’ils aient ou non suivi au moins une fois une PAD

90% 10%

Oui Non

2.2.2. Part de la prise en charge des personnes Alzheimer et

démentes apparentées

Ensuite, nous avons souhaité connaître l’importance de l’intervention auprès de ces patients sur l’ensemble des prises en charge orthophoniques. Nous avons décomposé notre analyse en trois temps.

Dans un premier temps, les orthophonistes ont été séparés selon qu’ils recevaient ou non au moment de remplir le questionnaire une ou plusieurs PAD (QO 10). 64 % déclarent suivre au moins un patient, ce qui constitue un pourcentage relativement faible.

Graphique 33 : Répartition des orthophonistes selon qu’ils aient ou non dans leur patientèle une PAD

64%

36%

Oui Non

Dans un second temps, nous avons sollicité les thérapeutes afin qu’ils estiment la part de leur patientèle correspondant aux PAD (QO 11). Les résultats ne sont guère encourageants. Ces patients constituent une part importante de la patientèle seulement pour 8 % des orthophonistes et faible pour 15 %. La part la plus fréquente est très faible, représentant 58 % des orthophonistes. 15 % reconnaît même ne pas recevoir ces patients.

Graphique 34 : Répartition des orthophonistes selon la place qu’occupent les PAD dans leur patientèle 15% 58% 19% 8% 0% Nulle Très faible Faible Importante Très importante

Dans un troisième temps, les orthophonistes ne prenant que peu voire pas du tout ces patients en charge, soit 92 % de notre population, ont été invités à nous en exprimer les raisons (QO 12). Seul 77 % des ces thérapeutes apportent une réponse.

Une raison principale domine, et de loin, toutes les autres : les orthophonistes n’ont pas ou très peu de demandes. Ce constat est très préoccupant, d’autant plus qu’il est repris par 88 % des orthophonistes ayant répondu, soit 64 % de l’ensemble de notre population. Quelques thérapeutes font l’hypothèse que « les médecins ne sont peut-être pas assez

informés de l'utilité de l'orthophonie dans ces pathologies ». Un autre déplore que les

médecins, en centre de réadaptation selon son expérience, « ne font pas assez appel à une

prise en charge orthophonique tant qu’il n’y a pas de troubles du langage « observable » ; ces patients sont envoyés chez les ergothérapeutes après le bilan de la consultation mémoire ». Les médecins prescripteurs « ne nous donnent pas assez cette place ».

Graphique 35 : Répartition des orthophonistes selon les raisons pour lesquelles ils ne suivent pas ou peu de PAD

2 21 88 2 2 6 6 0 6 2 2 2 10 0% 20% 40% 60% 80% 100%

Par manque de conviction quant à l’utilité d’une telle prise en charge Vous ne vous sentez pas assez formé(e) dans ce domaine

Vous n’avez pas, ou très peu, de demandes Vous préférez vous limiter à un faible quota

Vous occupez un poste salarié où vous travaillez déjà avec des patients Alzheimer et souhaitez diversifier votre activité Vous travaillez en cabinet et l’un de vos collaborateur ou associé se sent plus à l’aise face à cette prise en charge Vous avez énormément de demandes pour d’autres pathologies et leurs donnez la priorité

Vous trouvez la charge de travail trop importante par rapport à la reconnaissance pécuniaire qui est faite La rééducation est très prenante

La rééducation est trop dure à gérer émotionnellement

Vous avez vécu une expérience personnelle trop douloureuse par rapport à la maladie Vous ne vous retrouvez pas dans cette prise en charge

Autres

Un orthophoniste sur cinq reconnaît par ailleurs ne pas se sentir suffisamment formé. Cela est à déplorer vu le nombre croissant de formations qui sont accessibles aux orthophonistes dans ce domaine. De plus, la littérature ne cesse de s’enrichir à ce sujet. En outre, les orthophonistes diplômés après 2002, qui pourtant ont bénéficié d’un enseignement adapté, sont même un peu plus nombreux à en faire référence (54 %). L’expérience du terrain acquise au cours des années contribue vraisemblablement à contrebalancer les connaissances en offrant plus d’assurance aux orthophonistes ayant plus d’ancienneté. 6 % des orthophonistes ayant répondu reconnaissent effectivement que ces prises en charge sont lourdes à gérer et très prenantes.

Graphique 36 : Répartition des orthophonistes ne se sentant pas suffisamment formés selon leur année d’obtention du diplôme

54%

46%

Diplômés après 2002 Diplômés en 2002 ou avant

Des orthophonistes déclarent également donner la priorité à d’autres pathologies pour lesquelles ils reçoivent beaucoup de demandes. Il est à redouter qu’une notion de pathologies

« socles » persiste dans l’esprit de quelques orthophonistes.

Par ailleurs, un orthophoniste pose le problème des déplacements en milieu rural auquel s’ajoute le faible nombre d’orthophonistes par habitants dans ces zones.

2.2.3. Type de la prise en charge

Par l’item 13, nous avons cherché à savoir quels types de prises en charge sont proposés aux PAD dans la pratique (QO 13). A cette question encore le taux de non réponses

est relativement important (25%). Il est vrai qu’il était difficile d’y apporter une réponse

« chaque patient [ayant] une vie privée très différente, un vécu différent, une famille différente, avec des demandes et des besoins différents ».

Pour beaucoup, les orthophonistes déclarent ne pas utiliser une prise en charge spécifique mais « piocher parmi les différentes thérapies ce qui paraît le plus adapté au

patient, à sa maladie et à son entourage ». Toutefois deux thérapies ressortent : la thérapie

cognitive (46 %) puis la thérapie écosystémique (32 %).

Il est surprenant de constater que près d’un tiers des orthophonistes recourt à la thérapie cognitivo-comportementale alors que seulement 11 % juge que l’orthophonie peut se poursuivre jusqu’au décès du patient. En effet, Thierry ROUSSEAU dans son approche traite d’un « arrêt éventuel d’une prise en charge « directe » » uniquement, l’intervention pouvant toujours se poursuivre en direction de l’entourage.

Graphique 37 : Répartition des orthophonistes en fonction de la prise en charge proposée 4% 6% 4% 46% 32% 7% 1% 14% 7%