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Chapitre III PARTIE EXPERIMENTALE

1. Genèse du projet

3.2. Les médecins

Nous avons souhaité limiter notre population aux médecins prescripteurs les plus éclairés sur les démences : les spécialistes. Par ailleurs, les connaissances des médecins généralistes sur la prise en charge orthophonique des malades Alzheimer ont fait l’objet d’un mémoire en 200519. Il nous a paru d’autant plus intéressant d’orienter notre étude vers une médecine plus spécifique.

Nous avons donc retenu la spécialisation en gériatrie ou neurologie comme critère d’inclusion, que celle-ci ait fait l’objet d’une formation initiale ou complémentaire d’exercice. Notre échantillon a ainsi été constitué de gériatres et de neurologues. Nous n’avons apposé aucun critère d’exclusion à cette population. Songeant que la contribution de tout gériatre ou neurologue, quelles que soient ses conditions d’exercice, pourrait étayer notre problématique. Ainsi, nous avons ouvert notre population aux médecins exerçant dans toutes les structures pouvant accueillir des personnes atteintes de démences, en établissement comme en libéral.

Nous pouvons en décliner neuf types : • consultation mémoire • HDJ • CS • SSR • USLD 19 BOURSEZ, H. (2005).

• EHPAD

• service de médecine • en libéral

• autres

La constitution de notre population de médecins s’est révélée plus compliquée que celle des orthophonistes. Pensant pouvoir passer également par des listes de diffusion, nous avons fait appel aux ordres départementaux des médecins de la région Lorraine. Malheureusement, notre requête n’a pu aboutir. Non seulement les ordres ne disposaient que de peu d’adresses électroniques, mais surtout ils n’étaient pas en droit d’y avoir recours pour transmettre notre questionnaire. Nous avons donc établi, par le biais du site Internet de l’ordre national des médecins20, la liste de tous les médecins répertoriés exerçant les disciplines, principales ou complémentaires, de gériatrie et neurologie en Lorraine. En plus des noms, prénoms et disciplines d’exercice, une adresse d’exercice était donnée. A partir de là, nous avons entrepris de téléphoner aux différents établissements listés afin de récupérer le plus d’adresses électroniques de praticiens qu’il nous était possible. Cette démarche, laborieuse, n’a pas apporté les résultats escomptés. Bien que nous ayons pu obtenir les adresses électroniques de nombreux spécialistes, celles-ci ne correspondent qu’à la moitié environ des praticiens retenus. En effet, plusieurs problèmes se sont posés :

• lespersonnesquenousavionsautéléphonenesavaientpasforcémentoùtrouver lesadressesdesmédecinsetplusieursadressesincorrectesnousontétédonnées,

• les secrétariats voulaient le plus souvent en référer aux médecins eux-mêmes, afin qu’ils donnent leur accord, ou nous enjoignaient à demander l’autorisation aux instances administratives comme le service de direction, des ressources humaines, etc.

• dans de nombreuses structures plus petites, telles que des maisons de retraites, une adresse électronique professionnelle n’avait pas été attribuée au personnel médical,

• dans certains établissements, le médecin chef était le seul à répondre à ce genre d’enquête et les questionnaires ne pouvaient être diffusés aux autres praticiens, • des refus de remplir notre questionnaire ont été formulés d’emblée et parfois

simplement de les envoyer par courriel.

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Souhaitant adresser notre questionnaire au plus grand nombre, nous avons également fait appel à deux gériatres, l’un exerçant en Moselle, le second en Meurthe-et-Moselle, afin qu’ils le transmettent à leurs confrères. Des questionnaires papier ont par ailleurs été expédiés, notamment aux médecins libéraux, afin de couvrir tout mode d’exercice. Une enveloppe libellée et affranchie était jointe à chaque questionnaire dans le but de faciliter son retour.

Au final, notre population est composée de quarante et un médecins spécialistes, exerçant une activité libérale ou mixte en Lorraine21. Une inégalité importante dans le nombre de retour est observable entre gériatres et neurologues : nous comptons trente-trois gériatres et seulement huit neurologues. Cette différence de chiffres importante respecte néanmoins la pratique puisque :

• la proportion de gériatres est presque trois fois plus importante que celle des neurologues sur le territoire lorrain,

• tout gériatre est amené à prendre en charge des PAD tandis que les neurologues peuvent voir leur pratique limitée à certaines pathologies neurologiques autres que les démences, telles que l’épilepsie, la maladie de Parkinson, les troubles du sommeil, etc.

Nous avons défini cinq variables lors de l’établissement de cet échantillon : • l'ancienneté dans la profession, de moins de 9 ans à plus de 20 ans, • les différents diplômes d’exercice,

• la sensibilisation au rôle de l’orthophonie, dans la prise en charge d’un patient atteint d’une MAD, au cours du cursus universitaire,

• le département d'exercice, • la structure d’exercice.

La première partie du questionnaire, abordant le cursus de formation, nous informe sur les disciplines d’exercice des praticiens, principales comme complémentaires, ainsi que sur leur ancienneté.

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Tableau 18: Répartition des médecins selon leurs disciplines d’exercice Médecine générale Neurologie Gériatrie - gérontologie Evaluation de la douleur Autres Nombre de médecins 7 8 36 3 5 Pourcentage de médecins 17 % 20 % 88 % 7 % 12 %

Trois médecins de notre population porte le double titre de neurologue et gériatre. Pour ne pas les comptabiliser deux fois dans les tableaux qui vont suivre, tous trois seront considérés uniquement en tant que neurologues.

17 % des médecins interrogés sont diplômés en médecine générale. Tous ces médecins ont reçu par ailleurs une formation en gériatrie. Ils ont donc fait l’expérience d’une médecine généraliste avant de se spécialiser en gériatrie.

Tableau 19 : Répartition des médecins selon l'année d'obtention du diplôme

Diplôme reçu après 2002 Diplôme reçu de 1992 à 2002 Diplôme reçu avant 1992 Nombre de gériatres 5 12 16 Nombre de neurologues 2 2 4 Total de médecins 7 14 20 Pourcentage Total 17 % 34 % 49 %

Les médecins de plus de vingt ans d’expérience constituent presque la moitié de notre population. La tranche des médecins ayant été diplômés après l’entrée des maladies neuro-dégénératives dans le décret de compétences des orthophonistes est minoritaire, avoisinant environ un sixième de notre échantillon.

Nous avons souhaité inclure dans cette partie consacrée au cursus universitaire un item traitant d’une éventuelle sensibilisation au rôle de l’orthophonie dans la prise en charge de PAD.

Tableau 20: Répartition des médecins selon une sensibilisation au rôle de l’orthophonie dans la prise en charge de démences au cours de leur cursus universitaire

Sensibilisés Non sensibilisés

Nombre de gériatres 11 22

Nombre de neurologues 1 7

Total de médecins 12 29

Pourcentage total 29 % 71 %

Très peu de médecins déclarent avoir été sensibilisés à la place de l’orthophonie dans la prise en charge de démences au cours de leurs études. Au nombre de douze, ils représentent moins du tiers de la population. Autrement dit près de trois médecins sur quatre n’ont pas été informés des possibilités orthophoniques qui existent pour ces patients.

Le second volet de notre questionnaire nous amène à répartir les médecins selon leur situation géographique d’exercice.

Tableau 21 : Répartition des médecins selon le département d’exercice

Meurthe-

et-Moselle Meuse Moselle Vosges

Nombre de gériatres 12 5 13 3 Nombre de neurologues 7 0 0 1 Total de médecins 19 5 13 4 Pourcentage total 46 % 12 % 32 % 10 %

L’implantation des médecins, qui ont consenti à participer à notre étude, est majoritairement concentrée sur le département de la Meurthe-et-Moselle puis de la Moselle. Notons que gériatres et neurologues sont des professions beaucoup plus représentées dans les départements de Moselle et de Meurthe-et-Moselle que dans les départements des Vosges et de la Meuse. Toutefois, l’écart dans notre population entre les départements de la Meurthe-et-Moselle et de la Meurthe-et-Moselle est un peu plus accentué que dans la réalité.

Ce déséquilibre est induit par la répartition des neurologues dans notre population, où la Moselle n’est notamment pas représentée. L’absence de neurologue meusien est de moindre conséquence car ils sont très peu nombreux sur le terrain.

La répartition des gériatres dans notre échantillon respecte, elle, globalement l’inégalité du terrain.

De nombreux médecins de l’échantillon pratiquent leur activité au sein de plusieurs structures.

Tableau 22 : Répartition des médecins selon la structure d’exercice

Nombre de gériatres Nombre de neurologues Total de médecins Pourcentage total Consultation mémoire 20 5 25 61 % HDJ 11 2 13 32 % CS 10 0 10 24 % SSR 9 2 11 27 % USLD 10 0 10 24 % EHPAD 14 1 15 37 % Service de médecine 4 1 5 12 % Libéral 1 2 3 7 % Autres 5 2 7 17 %

La distribution des médecins en fonction des institutions où ils exercent est relativement homogène. Nous pouvons néanmoins relever que plus de la moitié des praticiens de notre échantillon travaillent au moins en consultation mémoire.

Les médecins libéraux sont eux peu nombreux. Toutefois, la pratique libérale étant minoritaire dans ces spécialités, cela peut s’expliquer.

Bien que la grande majorité des médecins ayant participé à l’enquête soit constituée de gériatres, la population médicale est assez diversifiée, que ce soit au niveau des structures d’intervention ou de la localisation géographique d’exercice.