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1. Traitement préventif

1.1. Prévention primaire

1.1.1. Mesures de protection mécanique

La prévention primaire est principalement basée sur des mesures vestimentaires simples comme :

• porter des vêtements longs et clairs afin de mieux repérer les tiques ;

• glisser le bas de pantalon dans les chaussettes, voire porter des guêtres ;

• porter des vêtements couvrants et des chaussures fermées ; protection de la tête et du cou surtout chez les enfants.

1.1.2. Répulsifs naturels et de synthèse

Les répulsifs ou insectifuges sont des substances chimiques à application externe (cutanée ou vestimentaire) qui perturbent le système olfactif des arthropodes, les repoussent et les empêchent de piquer l’homme ou l’animal (406). Il faut les distinguer des insecticides/acaricides qui tuent les tiques ou les insectes.

Le choix du répulsif et son efficacité dépendent de différents facteurs comme l’âge de l’utilisateur et les conditions dans lesquelles le produit est utilisé. Dans tous les cas, il convient d’éviter le contact avec les yeux et les muqueuses, de ne pas les appliquer sur des lésions cutanées étendues, et d’éviter leur utilisation en cas d’antécédents d’allergie cutanée.

Sa durée d’efficacité, liée à sa fréquence d’application, sera fonction de la nature et de la concentration en principe actif du répulsif choisi ainsi que des conditions d’utilisation (transpiration, bain, chaleur, frottement). Les personnes susceptibles de développer des effets secondaires sont les nourrissons et les jeunes enfants (moins de 2 ans), les femmes enceintes et les sujets allergiques.

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Aux États-Unis, le DEET (N1,N-diéthyl-m-toluamide) est le répulsif le plus largement employé depuis six décennies. Ce produit, très utilisé avec les moustiques dans la lutte contre le paludisme, serait également considéré comme le plus efficace contre les tiques. En France, le DEET apparaît également dans la liste107 des produits figurant dans les recommandations du plan national de 2016.

Cette substance présente néanmoins quelques inconvénients, car elle altère certains tissus synthétiques (vinyle, rayonne, etc.), des matières plastiques (lunettes…) ainsi que le cuir. Toutefois, compte tenu de sa très large utilisation, peu d’effets indésirables sont rapportés et se limitent souvent à la sphère cutanée (228).

Deux molécules plus récentes, l’IR35/35® et le KBR3023108 (ou Icaridine) pourraient également être utilisées comme répulsifs contre les tiques et seraient moins toxiques que le DEET. L’icaridine est la molécule la plus utilisée dans les produits répulsifs contre les arthropodes en Europe. Elle présente effectivement plusieurs avantages par rapport au DEET : elle n’est pas grasse, peu odorante et n’abîme pas les plastiques.

Après des recherches approfondies sur ces deux substances, l’OMS les recommande dans la lutte antivectorielle personnelle.

Le Citriodiol109 (ou PMDRBO) est un répulsif extrait de l’eucalyptus citronné Eucalyptus

citriodora qui figure aussi parmi les répulsifs cutanés recommandés. D’autres substances naturelles

telles que le géraniol (composant de l’huile essentielle de géranium, palmarosa et citronnelle), l’extrait de Margosa (issu de la graine du Margosier ou arbre à Neem) et l’acide laurique (principal acide gras saturé de l’huile de coco) donnent de bons résultats sur les tiques (407) et sont actuellement en cours d’évaluation par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES).

107 Le tableau 4 récapitulant les répulsifs pour la protection contre les piqûres d’arthropodes se trouve à l’adresse suivante :

http://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/tableau_repulsif_recos_mars_2016.pdf

108 IR35/35® = N-acétyl-N-butyl-β-alaninate d’éthyle et KBR 3023 = sec-butyl 2-(2-hydroxyethyl)pipéridine-1-carboxylate.

Le KBR3023 est aussi appelé Picaridine.

Les recommandations de l’ANSM pour l’utilisation des répulsifs appliqués aux tiques sont présentées dans le tableau ci-dessous (Tableau 4).

Âge Substance active Concentration

en PA Noms commerciaux c Nombre maximum d’applications par jour Nourrisson entre 6 et 24 mois

Citriodiola 19 à 25 % Phytosun aroms®

(spray) Nourrisson à âge de la marche : 1 puis de cet âge à 24 mois : 2 IR35/35a

20 % Apaisyl

® (spray)

DEETb Derm’Alpes King® (gel)

Adultes et enfants > 24 mois Citriodiol 19 à 25 % Mosi-guard ® (spray et stick) De 24 mois à 12 ans : 2 puis >12 ans : 3 IR35/35 20 à 35 %

Cinq sur Cinq®

famille/zones tempérées (spray 20/25 %)/ Tropic (lotion 35 %) KBR3023a 20 à 25 % Moustidose® famille (lait 25 %) DEET 20 à 50 % Moustifluid® zones à hauts risques (spray 30 %) Insect Ecran® zones infestées adultes (spray 50 %) Femmes enceintes IR35/35 20 %

Marie Rose® (spray)

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KBR3023 Insect Ecran® famille

DEET Idem nourrisson

Tableau 4. Répulsifs cutanés contre les piqûres de tique classés par tranche d’âge (à partir du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 6 juin 2017, source Santé publique France110)

PA = principe actif ; Ne pas utiliser le citriodiol et le DEET si antécédents de convulsions.

a La substance IR35/35 a été autorisée sur le plan européen au 1er novembre 2015 et les produits qui en contiennent doivent désormais demander une AMM. Le KBR3023 et le Citriodiol sont en cours d’évaluation au niveau européen.

b Le DEET a été autorisé sur le plan européen au 1er août 2012, avec une restriction d’usage émise chez l’enfant de moins de deux ans. Cependant, en cas de risque élevé de transmission d’une maladie vectorielle, il est utilisable sur une période courte à une concentration comprise entre 30 et 50 % en respectant scrupuleusement le nombre d’applications maximum préconisé par le fabricant et les conditions pratiques d’usage chez l’enfant et la femme enceinte.

Attention, le DEET diminue d’environ un tiers l’efficacité des crèmes solaires.

c Seuls quelques noms de produits répulsifs sont donnés afin de ne pas alourdir le tableau. Il en existe un grand nombre dans chaque catégorie.

110http://invs.santepubliquefrance.fr/Publications-et-outils/BEH-Bulletin-epidemiologique-

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Figure 39. Technique de retrait d’une tique à l’aide d’un tire-tique ou à défaut une pince fine (d’après le dépliant Maladie de Lyme et prévention des piqûres de tiques146)

En complément de l’utilisation d’insectifuges cutanés, l’imprégnation vestimentaire par des répulsifs dédiés est aussi recommandée. La perméthrine est la seule molécule d’imprégnation proposée en France contre les arthropodes. Ce produit, à la concentration de 0,5 %, est plus un insecticide de contact qu’un répulsif qui s’applique en pulvérisations uniquement sur la face externe des vêtements. La perméthrine garde son efficacité pendant six semaines.

Néanmoins, il est essentiel de ne pas oublier que les répulsifs sont des produits potentiellement toxiques et qu’il convient de les utiliser avec précaution en se référant aux précautions d’usage indiquées sur la notice du produit.

Aucune mesure de prévention primaire n’est suffisante en elle-même. Par conséquent, il est recommandé, au retour d’une randonnée, d’inspecter minutieusement l’ensemble de son corps. Il convient d’examiner tout particulièrement les localisations préférentielles de la tique telles que les aisselles, les plis derrière le genou, les zones génitales, le nombril, les oreilles et le cuir chevelu, qui se caractérisent par une peau très fine. Il est également conseillé de refaire cet examen le lendemain, car la tique sera plus facilement visible si elle s’est gorgée de sang.