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1. Traitement préventif

1.4. Lutte contre les tiques

Outre les mesures de protection individuelles que nous venons de décrire, la lutte contre les tiques s’organise autour d’une prévention plus globale des populations. Ainsi, tout récemment en 2017, plusieurs projets ont vu le jour. Ils sont encadrés, la plupart du temps, par l’INRA en association avec des CHUR114.

L’aménagement de notre environnement immédiat fait aussi partie des pistes prometteuses à développer pour l’avenir.

1.4.1. Renforcer la surveillance vectorielle

Cette prise de conscience des risques liés aux tiques et surtout aux microbes qu’elles transmettent est récente. Des actions menées par la Fédération française contre les maladies vectorielles à tiques (FFMVT), regroupant les malades, les médecins, les associations de malades et les chercheurs (représentés par le Conseil Scientifique et d’autres collèges) ont amené la France à se doter à l’automne 2016 d’un plan de lutte national contre la maladie de Lyme et autres maladies transmissibles par

les tiques.

Ce dernier, lancé par le Ministère des Solidarités et de la Santé, s’est articulé autour de cinq axes stratégiques allant notamment de l’amélioration de la surveillance vectorielle et des mesures de lutte contre les tiques dans une démarche « One Health - une seule santé » (Axe stratégique n°1) jusqu’à une plus grande mobilisation de la recherche sur les maladies transmissibles par les tiques (Axe stratégique n°5) en passant par le renforcement de la prévention de ces pathologies (Axe stratégique n°2).

Le plan a notamment conduit à l’élaboration du protocole national de diagnostic et de soins (PNDS), qui sera publié cette année par la Haute Autorité de Santé, suite au dialogue entre la FFMVT, la SPILF et les autres sociétés savantes concernées (405).

Dans ce contexte, le projet « OH !Ticks » orienté sur la physiopathologie des maladies transmissibles par les tiques a démarré en 2016.

Ce projet de recherche, coordonné par l’Inra, avec le réseau Sentinelles, des CHUR et l’institut Pasteur a pour but de mieux connaître les agents pathogènes transmis par les tiques afin de proposer des tests de diagnostic adaptés.

113 Le vaccin est commercialisé sous le nom de LYMErix par la société GlaxoSmithKline. 114 CHUR = centres hospitaliers universitaires régionaux

Leurs recherches s’orientent notamment sur des méthodes de séquençage haut débit pour identifier d’éventuels nouveaux microbes (234).

Les deux programmes suivants, lancés par l’INRA en 2017, ont l’originalité d’être des projets de recherche participative fonctionnant sur le partenariat. Ils permettent non seulement d’obtenir des données indispensables à la recherche scientifique, mais aussi de contribuer à améliorer le dialogue entre les scientifiques et les malades.

Ainsi, le projet Citicks (rebaptisé CiTIQUE en juillet 2017) implique des volontaires souhaitant participer à l’effort de recherche dans la lutte contre les tiques et les maladies qu’elles transmettent. L’application Signalement-Tique, inspirées des applications suisse Zecke et allemande Tekenbeet qui connaissent un grand succès, peut être téléchargée par chaque personne souhaitant s’informer et prendre part à la collecte d’informations. Seulement un mois et demi après sa mise en ligne, le coordinateur du projet nous informe qu’elle a déjà été téléchargée 23 643 fois et que 3 162 signalements ont été effectués. Au-delà des besoins en connaissances nouvelles, l’un des objectifs de CiTIQUE est de permettre aux chercheurs et aux citoyens d’apprendre les uns des autres et de faire tomber les préjugés.

En avril 2017, l’INRA et le CHU de Clermont-Ferrand ont mis en place le projet LymeSnap en Auvergne. Son objectif est d’obtenir une meilleure estimation du nombre de nouveaux cas de maladie de Lyme en Pays des Combrailles, dans le Puy-de-Dôme, grâce à l’auto déclaration des patients.

1.4.2. Agencement de l’environnement

Afin de limiter la prolifération des tiques, quelques actions simples peuvent être réalisées dans notre environnement immédiat.

J-F. Cosson, chercheur en écologie de la santé à l’INRA, insiste sur le fait qu’en Europe de l’Ouest, 30 % à 50 % des piqûres de tique ont lieu dans les jardins privés et les parcs municipaux115. Il prodigue les conseils suivants :

• Au jardin, évitez l’ombre et l’humidité

Il est possible de réduire leur présence en enlevant les tas de feuilles, en coupant la végétation puis en brûlant ou compostant ce qui a été coupé. En cas de proximité avec une forêt, il est judicieux de créer une barrière avec cet espace, comme montré ci-dessous.

Figure 40. Aménager son jardin et les aires de jeux pour diminuer la présence des tiques (229)

115 Cette information a été tirée de l’article de Jean-François Cosson sur le site de l’Inra, à l’adresse suivante :

110 • Déparasitez les animaux domestiques

Les animaux domestiques peuvent ramener des tiques adultes qui pourront pondre des milliers d’œufs dans nos parcs et jardins.

• Favorisez les ennemis naturels des tiques

Comme nous l’avons dit plus haut, les poules et pintades semblent être de redoutables mangeuses de tiques dans nos jardins.

Les tiques font partie des écosystèmes naturels et, comme pour d’autres arthropodes nuisibles, il faut que l’homme apprenne à vivre avec.

Face à leur présence continue et croissante dans l’environnement, différentes approches sont nécessaires pour contrôler leur densité et les maladies qu’elles transmettent. Celles-ci reposent sur une lutte intégrée qui utilise aussi bien des insectifuges que des vaccins et tient compte des connaissances sur la biologie et l’écologie des tiques prédisant leur dynamique. En parallèle, la recherche fondamentale à leur sujet et sur les maladies à tiques progresse.

Il ne reste plus qu’à trouver les moyens d’exploiter efficacement l’ensemble de ces résultats afin de réduire l’impact des tiques sur la santé humaine et animale. Toutefois, lorsque la maladie se déclare de manière symptomatique, une prise en charge thérapeutique est nécessaire le plus précocement possible afin de multiplier les chances de guérison.