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3. Résultats

3.4. Diagnostic clinique

▪ Érythème migrant

Nous avons fait le choix d’analyser séparément des autres symptômes, la présence ou non de l’érythème migrant (EM) par rapport à sa place particulière de signe pathognomonique de la maladie, diagnostiquant de façon formelle une borréliose de Lyme.

Au sein de la population de notre étude, nous notions qu’un EM était apparu pour 15 d’entre eux (25,9 %), fut absent pour 12 (20,7 %) et 31 patients (53,4 %) ne l’avaient pas remarqué ou nous n’avions pas l’information (Tableau 14).

Erythème migrant Pourcentages d'amélioration Total 0 % 30 % 40 % 50 % 60 % 70 % 80 % 90 % 100 % Oui 2 2 4 7 15 Non connu 2 1 1 2 1 2 4 10 8 31 Non 3 2 4 3 12 Total 5 1 1 4 1 6 4 18 18 58

Tableau 14. L’amélioration de l’état de santé des patients en fonction de l’érythème migrant

Lorsque nous observons les pourcentages d’amélioration des 15 patients présentant un EM, la plupart furent améliorés à 100 % (7/15), 4 à 90 % et les 4 autres de manière égale à 50 et 70 % (Tableau 15). Parmi les 12 patients qui étaient sûrs de ne pas avoir vu d’EM, avec ou sans piqûre, on constate qu’ils se répartissent de la manière suivante : 3 n’avaient pas noté d’amélioration de leur santé après traitement, 2 étaient à 70 %, 4 furent améliorés à 90 % et 3 à 100 %.

Erythème migrant

Délai d'amélioration

Total

Aucun Différé Immédiat

Oui 4 11 15

Non connu 2 17 12 31

Non 3 2 7 12

Total 5 23 30 58

Tableau 15. Le délai d’amélioration de la santé des patients en fonction de l’érythème migrant

Dans le tableau ci-dessus (Tableau 15), nous avons étudié le délai d’amélioration de l’état de santé, soit immédiat soit différé. Nous avons constaté que la majorité (11) des 15 patients, ayant remarqué un EM, ont connu une amélioration immédiate, c’est-à-dire que leur état de santé s’est amélioré dans le mois suivant le premier rendez-vous avec le spécialiste. Toutefois, nous observons aussi que pour plus de la moitié des patients sans EM, soit 7 sur 12, l’amélioration est également apparue rapidement. Les cinq restants (sur les 12 sans EM) n’ont pas forcément perçu une amélioration plus tardive ; trois d’entre eux n’ont connu aucune amélioration.

Nous avons cherché à savoir ensuite, s’il y avait une corrélation entre le souvenir d’une piqûre et l’apparition éventuelle d’un EM.

Erythème migrant

Piqûre de tique

Total

Ancienne Non connue Récente

Oui 4 7 4 15

Non connu 13 18 31

Non 6 4 2 12

Total 23 29 6 58

Tableau 16. Fréquence de l’érythème migrant après piqûre de tique

Parmi les 15 patients ayant constaté la présence d’un EM, le tableau ci-dessus nous montre que 53,3 % (8) avaient déclarés une piqûre (Tableau 16). Dans le cas de piqûre ancienne, nous remarquons que seulement 4 patients sur 23 avaient déclaré un EM. Lorsque la piqûre était récente, la majorité (4 sur 6) avait signalé un EM (Graphique 3).

Graphique 3. Proportion de l’érythème migrant selon l’ancienneté de la piqûre de tique

▪ Autres symptômes

Nous avons constaté 2 à 24 manifestations cliniques différentes, avec une moyenne de 8,1 symptômes par patient. La moitié de l’échantillon a signalé la présence d’une quantité inférieure ou égale à six symptômes.

Deux des signes cliniques se dégagèrent par leur fréquence presque systématique (93,1 %) chez les malades (54 sur 58) : il s’agissait de douleurs articulo-musculaires essentiellement migratrices et d’une asthénie profonde et persistante. Cette fatigue était notamment associée à des troubles du sommeil pour 33,3 % des patients asthéniques.

Le troisième symptôme le plus fréquent (56,9 %) fut la survenue de troubles neurologiques, englobant céphalées, raideur de nuque, migraines, douleurs neuropathiques, paresthésies non constantes (engourdissements accompagnés d’une sensation de brûlure) et paralysie faciale.

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Afin de gagner en clarté, nous avons choisi de ranger les symptômes en trois catégories : la triade principale que nous venons de décrire, les cinq groupes de troubles intermédiaires et les cinq derniers groupes de symptômes moins fréquents.

Après la triade, les cinq groupes de symptômes intermédiaires furent retrouvées entre 27 (46,6 %) et 22 fois (37,9 %). Ce sont dans l’ordre décroissant les dysfonctions de la sphère ORL et buccale, digestive, la présence de fièvre et de sueurs, les troubles psychiatriques et cognitifs.

Au sein des manifestations de la sphère ORL et buccale, nous avons retrouvé l’ataxie et l’instabilité dont les vertiges, douleurs dentaires et gingivales, acouphènes, épisodes fréquents de rhinosinusite, des troubles olfactifs et otalgies. Plus précisément, les douleurs dentaires et gingivales associées ou non à des acouphènes ont été retrouvées dans 55,6 % des patients souffrant de troubles ORL et buccaux et dans 25,9 % de l’échantillon global.

Les signes digestifs regroupaient l’alternance de diarrhée et de constipation, les douleurs abdominales, une gastrite s’expliquant ou non par la présence d’une dysbiose.

Un certain nombre de patients s’étaient également plaint d’une sorte de syndrome pseudo-grippal avec une fièvre, des sueurs permanentes ou seulement nocturnes, des frissons et plus ou moins des bouffées de chaleur.

Les troubles psychiatriques concernaient le même nombre de patients que la catégorie précédente ; ils rassemblaient les troubles de l’humeur (irritabilité, labilité émotionnelle), une anxiété exacerbée, une dépression ainsi que des délires et/ou hallucinations.

Quant aux troubles cognitifs, nous avons relevé des problèmes de concentration et/ou de l’attention, de mémoire (manque de mots), un ralentissement idéomoteur, un brouillard cérébral, une sensation d’ébriété, une confusion (désorientation spatio-temporelle) mais aussi parfois des absences (se rapprochant de troubles épileptiques).

Nous avons ensuite noté l’apparition de cinq autres types de symptômes, un peu moins fréquents (entre 27,6 et 15,5 %) : les troubles oculaires, cardiaques, cutanés, respiratoires et génito-urinaires.

Parmi les troubles oculaires, nous avons essentiellement constaté une baisse de l’acuité visuelle, des troubles de l’accommodation, des douleurs rétro-orbitaires, une sécheresse oculaire et parfois une conjonctivite ainsi qu’une photophobie.

Au niveau des troubles cardiaques, les patients se sont plaints de palpitations, parfois d’hypotension orthostatique pouvant se compliquer de vertiges.

Les troubles cutanés les plus fréquemment rapportés étaient des éruptions urticariennes, un prurit, photosensibilité et une alopécie (perte de cheveux).

Au sein des troubles respiratoires, nous avons retrouvé des douleurs thoraciques pouvant être intenses conduisant à une sensation d’oppression, des phénomènes de dyspnées (difficultés respiratoires) et parfois, une gêne pharyngée chronique.

Les troubles génito-urinaires décrivaient une pollakiurie (envie fréquente d’uriner) et des infections génitales à répétition.

À l’aide des tableaux ci-dessous, nous avons recherché une éventuelle corrélation entre l’amélioration de l’état de santé des patients et le nombre de leurs symptômes (Tableau 17).

% amélioration

Nombre de symptômes Total

2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 21 24 100% 3 3 3 4 1 1 2 1 18 90% 2 4 3 2 3 1 1 1 1 18 70-80% 3 2 1 1 2 1 10 0-60% 1 1 1 1 1 1 1 1 2 1 1 12 Total 3 3 6 12 7 3 5 1 3 2 2 2 2 2 1 1 2 1 58

Sur les 18 personnes considérées en rémission (100 %), on constate pour presque 3/4 d’entre elles (13), cinq symptômes au maximum. Celles ayant perçu 90 % d’amélioration avaient ressenti, pour plus de 3/4 d’entre elles (14), entre quatre et huit signes cliniques. De même, environ les 3/4 des patients améliorés entre 70 et 80 %, eurent entre cinq et dix symptômes. Enfin, les patients du groupe des 0- 60 % d’amélioration eurent pour la même proportion entre 4 et 13 manifestations cliniques.

En analysant de manière plus détaillée le profil des 18 patients ayant eu 100 % d’amélioration, nous nous sommes aperçus que 72,2 % (13) eurent entre un et trois symptômes de la triade principale (douleurs articulo-musculaires, asthénie et troubles neurologiques) accompagnés souvent de 0 à 2 symptômes du groupe des cinq troubles intermédiaires.

Pour ceux ayant atteint 90 % d’amélioration, les 18 patients furent répartis de manière très homogène. Toutefois, il en est ressorti un groupe de 7 (38,9 %) ayant eu 3 symptômes de la triade avec le plus souvent entre 2 et 3 symptômes intermédiaires ainsi qu’1 ou 2 symptômes de la troisième catégorie.

La répartition des 70-80 % fut également très homogène : 4 d’entre eux avaient eu 5 symptômes de la triade auxquels s’étaient rajoutés plusieurs troubles intermédiaires (1, 2, 4 et jusqu’à 8 signes cliniques) et jusqu’à trois symptômes de la 3ème catégorie, mais ce n’était pas systématique.

Les 0-60 % se répartirent de façon étalée et un peu moins homogène : la moitié (6) d’entre eux avaient eu 4 symptômes de la triade puis plusieurs manifestations intermédiaires (0, 2, 3, 4 et jusqu’à 9 et 10 troubles), associées plus ou moins à quelques symptômes de la 3ème catégorie (1, 3 et jusqu’à 7). Par ailleurs, nous avons comparé les 29 patients ayant été en contact avec au moins un pathogène distinct de Borrelia à ceux qui ne l’avaient pas été. Sur les 12 personnes atteintes de 5 symptômes, la moitié avait une sérologie positive à d’autres microbes. Parmi les 7 patients souffrant de 6 symptômes, 5 d’entre eux avaient obtenu une sérologie négative à d’autres microbes contre 2 avec un résultat positif. Pour les 5 sujets ayant rapporté 8 manifestations cliniques, un seul a été en contact avec d’autres agents infectieux et 4 ne l’avaient pas été, à priori.