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le Président - Madame ROSSLER, après la profondeur, la hauteur ? (Rires)

DE SCHÉMA RÉGIONAL DE COHÉRENCE ÉCOLOGIQUE (Rapport n°2)

M. le Président - Madame ROSSLER, après la profondeur, la hauteur ? (Rires)

Mme ROSSLER - Je veux déjà remercier les intervenantes et intervenants pour la qualité de bien des interventions.

Je ne vais pas reprendre tout ce qui a été dit, vous me pardonnerez, mais je vais faire quelques compléments, donc il y aura quelques redondances, et j’apporterai quelques précisions.

Un point de précision quant aux chasseurs, pêcheurs et agriculteurs : ils font évidemment partie du Comité régional trame verte et bleue, donc ils ont eu leur mot à dire, comme tous les autres. Ils ont été associés aux différentes concertations.

Je précise d’ailleurs qu’ils font aussi partie du comité du Système d’information sur la nature et les paysages. Ils le sont de manière réglementaire mais nous avons fait le choix également de les intégrer au comité de pilotage de l’ORB. C’est un choix délibéré de la Région.

Quant aux espèces envahissantes, c’est un vrai sujet. Je crois que c’est la troisième cause de perte de biodiversité. J’ai récemment entendu dire que c’était peut-être la cinquième, donc les avis ne sont pas unanimes, mais cela fait partie des cinq premières.

Il est vrai que certaines espèces envahissantes deviennent rares et vice versa. Cela montre combien la nature a une capacité de résilience importante et nous pouvons nous en réjouir… quand on y met les moyens ! Dans l’autre sens, une espèce peut aussi disparaître rapidement.

Il existe un plan d’actions spécifique dans les politiques régionales, que vous voyez passer chaque année dans nos rapports, donc une attention particulière sera portée à ce sujet important.

Vous avez parlé de la nécessité d’adaptation quant aux espèces envahissantes : j’ajoute qu’il sera nécessaire d’avoir une attention quant à l’adaptation au dérèglement climatique.

Gilles DEGUET, les politiques climatiques travaillent dessus. Le CESER a également été saisi de ce sujet que nous suivrons de près et qui aura fatalement des incidences sur les espèces de notre région et les espaces. En fait, c’est déjà le cas.

La question des infrastructures est importante, on parle aussi de trames grises. Le rapport précise qu’une analyse plus précise est nécessaire.

Je veux apporter un complément quant aux autoroutes. Évidemment, notre SRCE ne s’arrête pas aux frontières de notre région ; la continuité avec les régions périphériques, notamment vers l’Île-de-France et au Nord-est, représente un enjeu important. Quelques concessionnaires autoroutiers évaluent actuellement l’état des continuités dans les fragmentations dues aux autoroutes. Nous avons besoin, à l’avenir, de prendre en compte le coût réel de ces infrastructures et de leur impact. Comme l’a dit Alain BEIGNET, on peut se poser la question de l’opportunité de certaines d’entre elles, indépendamment de ce sujet, mais il doit être pris en compte systématiquement. Parfois, des mesures préventives existent.

C’est en fonction de cela que l’on doit faire ou non ce type d’équipements.

Je voudrais faire un petit laïus sur l’agriculture. Il en a été question à plusieurs reprises mais pas dans une vision globale.

Force est de constater que le discours des agrobusinessmen est de plus en plus controversé ; je fais référence à un article du Monde que quelques-uns d’entre vous ont peut-être vu : certains sont taxés de conflit d’intérêts à la tête de plusieurs syndicats agricoles. Ce discours tranche clairement avec la pratique des vrais agriculteurs sur le terrain.

Dans la sylviculture et dans l’agriculture, comme ailleurs, on sait parfaitement, et il est inutile de faire des recherches supplémentaires – bien que l’on puisse approfondir si on le souhaite –, que diversité rime avec productivité, dans ce domaine comme dans d’autres, et santé des écosystèmes.

Je veux simplement rappeler que le sol est un milieu vivant. En termes de biodiversité, un sol en bonne santé représente 8 tonnes de poids vif de vie dans les premiers 50 centimètres à l’hectare. Or, on mesure aussi l’effet de l’agriculture intensive ; il est bien connu et il est désastreux. Avec la monoculture, c’est moins 40 % de biodiversité et avec l’usage des pesticides, c’est moins 80 % de vie dans les sols. Comment peut-on faire pousser la vie dans un sol mort ?

Au passage, je veux dire que l’état des sols de la planète se révèle très inquiétant.

Les spécialistes nous disent que nous avons passé le Peak Soil, en référence au Peak Oil, c’est-à-dire que la productivité des sols mondiaux décline désormais.

À ce sujet, le plan Ecophyto prévoyait une réduction de moitié des pesticides d’ici à 2018. Entre 2009 et 2012, on n’a pas diminué du tout, on a peut-être même augmenté. Les collectivités sont censées arrêter leur usage d’ici 2020 et les particuliers d’ici 2022. Il reste beaucoup de travail à faire dans ce domaine.

Tout cela pour dire, Madame MAINCION, qu’il me semble que vos propos vont dans le sens de ce que nous défendons régulièrement. Si j’ai bien compris, vous déplorez un soutien suffisant à l’agriculture biologique et aux éleveurs, comme nous.

Quant aux mesures qui figureront dans le FEADER, c’est le moment ou jamais d’accélérer encore, notamment sur l’agro-écologie et autres.

Pour répondre à Monsieur GODEFROY quant au coût, au prix du vivant, si vous lisez bien les décisions du protocole de NAGOYA, il n’est pas question du prix du vivant ni de monétarisation mais bien de valeur de la nature. La nature a une valeur qui ne s’appréhende pas de manière monétaire. Néanmoins, évaluer la perte économique due à l’effondrement des services que rend gratuitement la nature est une méthode que je ne considère pas comme interdite parce que, lorsqu’on parle d’économie, malheureusement, il faut passer par là.

Par rapport à la diversité dont vous parliez, je voudrais préciser que le trafic d’espèces est désormais sanctionné très sévèrement depuis peu, grâce à un député Europe Écologie - Les Verts.

S’agissant du lien santé et environnement, je n’ai pas grand-chose à ajouter. C’est un sujet majeur. Je peux simplement rappeler qu’il existe des ouvrages formidables sur le biomimétisme et que les process dans la nature sont extrêmement élaborés ; nous nous en inspirons tous les jours. Néanmoins nous perdons énormément de potentialités, notamment thérapeutiques, chaque jour.

Petit point de précision sur les trames vertes et bleues locales : vous demandiez, Madame MAINCION, comment prendre en compte l’évolution. C’est un sujet tout à fait majeur, le SRCE sera révisé dans six ans. C’est un document cadre qui précise les grands équilibres au 1/100 000e, mais il doit ensuite se décliner localement au 1/25 000e ; c’est ce que nous faisons.

C’est tout à fait dynamique et cela ne cesse d’évoluer dans les Pays. Il était peut-être nécessaire de le préciser.

J’apporterai également un petit point de précision à Madame PHILIPPE sur le fonctionnement. Effectivement, certains corridors sont à restaurer et d’autres à préserver, puisque certains sont fonctionnels et d’autres ne le sont pas. C’est peut-être pour cela que quelques-uns ne figurent pas sur la cartographie dont vous parlez. De plus, tout ne figure pas selon l’échelle.

Je rappelle que la concertation a réuni très largement tous les types d’acteurs et leur a permis de faire leurs remarques sur certaines carences, et ce, pendant deux mois après le Comité régional de trame verte et bleue qui a traité de la cartographie. Nous avons pris en compte la plupart de ces remarques, en tout cas lorsque nous avions les éléments scientifiques pour permettre de les intégrer.

Pardonnez-moi, je reviens sur les infrastructures, mais c’est en lien avec le sujet.

Pour ce qui est du nouveau projet, nous disons « pourquoi pas », l’objectif n’est pas de geler tout aménagement nouveau. Il serait plutôt d’envisager l’aménagement du territoire dans un équilibre et de tendre vers un but de « zéro artificialisation nette ». Pourquoi ne pas restaurer des friches industrielles ? Elles sont pléthore. Évidemment, il subsiste la question des moyens, mais lorsque l’on rapporte cela au coût de la dégradation de notre environnement, le coût réel environnemental, il y a évidemment un intérêt à le faire, d’autant que l’artificialisation se fait au détriment des terres naturelles et agricoles, comme vous le savez.

Une intervention était prévue et n’a pas eu lieu sur la place de la nature en ville.

Nous avons les outils dans notre région pour aller beaucoup plus loin. Dans certains pays nordiques notamment, il y a de la végétalisation, des toitures végétalisées, des murs végétalisés et des arbres en ville dont les capacités dépolluantes sont colossales, je le répète.

Nous sommes très en retard en France à ce sujet. Nous avons les outils et les moyens de le faire, donc il faut le faire savoir. Même si parfois certains y vont par obligation ou par intérêt économique, il y a toujours une fierté et un plaisir à se diriger dans cette voie.

Je suis très optimiste, dès lors que nous avons les outils pour le faire sur ces mesures.

Pour conclure, l’heure est évidemment très grave. La terre est un magnifique miracle mais son état est très inquiétant. Les conséquences sur le plan de la santé sont terribles, cela a été dit, ainsi que du bien-être et de l’économie à venir, pour l’avenir que nous sommes en train de dessiner. Il est plus que temps de mettre les bouchées doubles.

On constate que les citoyens le ressentent désormais d’une manière accrue. Le discours, que j’ai envie de qualifier d’irresponsable et incapable de hauteur de certains responsables, pourtant publics, est totalement périmé. D’ailleurs, globalement, les interventions vont en ce sens. Je dois dire que le SRCE a été voté à l’unanimité lundi au CESER.

C’est une très grosse responsabilité collective sur laquelle nous ouvrons enfin les yeux, comme l’a dit Mélanie FORTIER. Je serai vraiment curieuse de voir qui pourrait ne pas voter aujourd'hui ce document à la fois réglementaire et issu du Grenelle de l’environnement.

Qui pourrait affirmer que la nature n’est pas une préoccupation majeure et de notre responsabilité ?

Même si nous sommes éminemment conscients de certains manques dans l’ambition de ce schéma, nous estimons que c’est un point de départ, une étape indiscutable pour avancer vers la préservation de la nature. La pédagogie sera déterminante. Nous avons les moyens de faire en sorte qu’elle soit bien présente dans l’appropriation des enjeux par chacun, autant que dans les actions à mener au service de tous. Cela se fait intelligemment et efficacement dans nos politiques territoriales et nous pouvons vraiment nous en réjouir.

Je vous remercie.