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Charles FOURNIER - Merci, Monsieur le Président

Chers collègues, quelques mots en complément notamment de l’intervention de Jean DELAVERGNE. Auparavant, je peux entendre les désaccords sur la stratégie qui est proposée ici. Sur certains aspects, nous devrions même aller plus loin.

En revanche, je n’ai pas entendu d’autres propositions, une autre vision de la formation pour notre région, en dehors du développement de l’apprentissage, sujet qui vous tient particulièrement à cœur, nous le savons, mais qui ne fait pas une politique en matière de formation, une politique d’anticipation des évolutions nécessaires de l’économie. Il serait utile que vous nous apportiez des précisions ; j’entends bien les problèmes de réglementation, je suis tout à fait d’accord, des choses doivent évoluer de ce côté-là.

Au-delà, qu’est-ce qui est proposé ?

Ce rapport, même si certains engagements existent déjà et que l’on n’est pas obligé de faire tout le temps du neuf, met en exergue une cohérence d’intervention. C’est de cela dont nous pouvons débattre « proposition/contreproposition » et pas simplement des postures.

Il faudrait pouvoir les déplacer.

Pour ce qui est de l’apprentissage, je dirai un petit mot tout de même. Quand on regarde les chiffres, oui, il y a une diminution mais elle concerne essentiellement les entreprises de moins de 11 salariés. En revanche, selon les chiffres que j’ai à ma connaissance, c’est une augmentation pour les entreprises de plus de 11 salariés.

Vous faites un lien entre la baisse de la prime et l’état de l’apprentissage de notre région. Or, la prime n’a concerné que les entreprises de plus de 11 salariés, là où il s’est produit une augmentation. Le lien de cause à effet n’est donc absolument pas démontré, même s’il reste sans doute des efforts à réaliser.

Je reviens de la région Languedoc-Roussillon où je faisais une intervention. Ils ont mis en place un très bel outil qui s’appelle « la bourse de l’apprentissage ». C’est un site Internet qui permet de mettre en relation employeurs potentiels, jeunes qui postulent pour l’apprentissage mais aussi tous les CFA. Ce site connaît un usage de plus en plus conséquent d’année en année, c’est un très bel outil. Quand on se déplace, on peut ramener la coopération entre les Régions et de belles idées dans nos régions, tout comme on peut en exporter, puisque nous en avons aussi.

Au-delà, ce rapport est l’occasion pour moi de souligner l’importance de la loi du 5 mars, portant sur l’emploi, la formation professionnelle et la démocratie sociale. Je n’en partage pas forcément tous les aspects, mais elle va engager un changement profond et réaffirmer les principes de la loi de 1971, c'est-à-dire que la formation n’est pas simplement un instrument au service de l’entreprise et des employeurs, elle est aussi un outil au service des parcours, des trajectoires individuelles et de la sécurisation de ces parcours. Elle est aussi au service de notre société, plus largement, puisque la formation contribue à l’élévation des qualifications et des connaissances, etc.

Le compte personnel de formation est un changement en profondeur. On ne le mesure pas encore, il faut attendre les 37 décrets en préparation pour sa mise en œuvre mais cela va changer profondément la façon dont nos concitoyens vont s’approprier les questions de formation. Le compte personnel est une façon de redonner la main aux salariés et aux demandeurs d’emploi sur leur formation ; c’est extrêmement important.

Je voudrais d’ailleurs signaler que nos Régions ont travaillé depuis fort longtemps sur des bases d’information sur l’offre de formation. Il en existe dans toutes les régions. Il vient d’être décidé que ce compte personnel contiendrait également un flux d’information sur l’offre.

Demain, le salarié se connectera à son compte et aura une vue de ce à quoi il a droit ; en parallèle, il aura une connaissance de l’offre de formation presque en temps réel, avec de la géolocalisation ; c’est assez extraordinaire. Cela ne supprimera pas les besoins en accompagnement parce que tout le monde n’aura pas une aisance avec ces outils, mais demain il y aura 40 millions de comptes personnels de formation et je pense que l’on n’a pas encore appréhendé tout l’intérêt de cette mesure. En tout cas, je la soutiens très fortement.

Tout comme je soutiens le conseil en évolution professionnelle qui est un complément indispensable. Un nouveau métier se définit : il faut accompagner les salariés, les demandeurs d’emploi dans une vision de leur parcours qui ne sera pas rectiligne et supposera plusieurs interventions. L’orientation, telle qu’elle était, doit dépasser le cadre de la connaissance des métiers. L’orientation, c’est aussi la connaissance des territoires, ce qui s’y vit, les dynamiques. Il faut croiser toutes ces dimensions. Le conseil en évolution professionnelle me semble être de bon augure. Il est en lien étroit avec le SPRO. Tout cela forme une cohérence et j’en soutiens pleinement la mise en œuvre dans notre région.

Pour moi, ce rapport arrive un peu tôt concernant certains aspects : j’espère que l’on y reviendra. Je le prends comme une préfiguration du futur CPRDFP, puisqu’à la fin de l’année nous devrons en écrire la deuxième génération. Ce qui est dit dans ce rapport pose des bases possibles pour élaborer ce prochain CPRDFP. Dans le dernier rapport sur les cartes de formation, des questions qui nous sont chères sur la transformation écologique de l’économie étaient écrites noir sur blanc. Passons aux actes ! C’est une première pierre mais il faut aller plus loin dans ces domaines.

Je voudrais commenter quelques-uns de ces 23 engagements.

Au sujet de la GPEC et de la GPECT, il est utile de soutenir les phases de l’ingénierie et au-delà. Des plans d’actions découlent de l’ingénierie. Bien souvent, cela peut achopper à ce moment-là. S’il n’y a pas un accompagnement à la mise en œuvre des mesures qui découlent de ce travail de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, la dynamique peut complètement s’arrêter. J’ai des exemples dans le territoire du Loir-et-Cher : autour de la filière bois, il se produit des réflexions ; des PME-PMI se mobilisent sur ces questions mais il faut pouvoir les accompagner au-delà de la phase d’ingénierie.

Je voudrais dire à Madame PICARD qu’il ne faudrait pas opposer branches, filières et territoires.

Vous avez dit que l’on s’enfermait trop dans les filières, mais je ne crois pas que ce soit le cas ; il faut travailler dessus mais également sur les territoires. La GPECT est aussi une façon de ne pas travailler uniquement en filières, c’est une approche territoriale où l’on peut mettre autour de la table des PME-PMI qui travaillent dans beaucoup de domaines différents.

D’ailleurs, un rapport de l’Assemblée nationale invitait les observatoires de territoire à se rapprocher des observatoires de branche pour construire des visions et partager des besoins. C’est déjà en marche, nous l’avons anticipé. Dans notre territoire, nous avons créé un très bel outil qui s’appelle Orium.

J’espère que nous aurons l’occasion de le présenter ici un jour, Monsieur le Président.

Il mutualise les données venant des branches, des acteurs de l’économie, de l’information, des collectivités et autres. Bref, c’est un très bel outil pour faire de la prospective, pour anticiper les changements. Il serait intéressant de montrer que nous nous sommes engagés depuis longtemps dans ces réflexions. Je préside une structure qui y travaille avec ardeur.

La GPECT est aussi une opportunité pour identifier des projets possibles d’économie circulaire. C’est un sujet auquel nous attachons beaucoup d’importance. C’est tout à fait l’exemple d’une démarche engagée dans le Loir-et-Cher par des PME-PMI qui ont créé une association suite à une démarche de GPECT. Par l’échange, elles se sont dit : « Je génère tels déchets, peut-être que toi, cela pourrait t’intéresser. » Grâce à ces dynamiques, on peut faire émerger des projets d’économie circulaire pour que cela ne reste pas qu’un concept. Il faut encourager ces dynamiques dans ces territoires.

Concernant les contrats de filière, je partage complètement. En revanche, le travail de prospective sera déterminant.

Monsieur le Président, le GIP Alfa Centre et l’ORFE en particulier – je vous en ai fait la proposition – peuvent faire un travail d’anticipation des changements dans ces filières. Nous nous mettons à disposition pour travailler en ce sens.

Avec l’engagement 12, lié aux parcours métiers et aux relations avec l’offre de formation pour les demandeurs d’emploi, d’une certaine manière, nous anticipons la loi, puisque la Région assurera la commande de formation pour le compte de Pôle Emploi ; c’est une très belle idée.

J’ai toujours un bémol sur le risque d’une trop grande spécialisation dans les formations des demandeurs d’emploi. Dans la réalité, deux demandeurs d’emploi sur trois n’exercent pas un métier en relation directe avec la formation qu’ils ont suivie. Il faut rapprocher l’offre et la demande mais aussi donner des compétences qui seront transférables dans d’autres domaines parce qu’un parcours, ce n’est pas uniquement à un instant T. Je me méfie toujours des formations-maison qui nous emmènent vers une seule compétence et qui sont difficilement transférables.

S’agissant de la taxe d’apprentissage, j’ai une crainte. Je comprends qu’il faille la centrer sur l’apprentissage, je trouve cela normal, mais j’entends déjà une inquiétude dans nos lycées qui percevaient une part de cette taxe. Je pense au lycée hôtelier où je siège si, demain, la Région n’a plus son rôle d’orientation dans la distribution de cette taxe : il faut sans doute anticiper cet aspect.

Les « campus des métiers » sont une belle initiative. Vous en proposez un sur l’énergie, nous vous en proposons un sur les énergies renouvelables. Ce n’est pas tout à fait la même logique mais nous sommes entièrement disposés à travailler. C’est de l’anticipation.

Enfin, le sujet de la mixité des métiers dans la formation est sur la table depuis longtemps. J’aimerais que vous puissiez nous dire un peu plus concrètement de quelle manière avancer plus sur cette question.

Nous considérons ce rapport comme une étape de préparation du CPRDFP.

Merci.