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Nous présentons dans les sections suivantes un panorama des méthodes de modélisation d’en- treprise. Ces méthodes seront plus détaillées en annexe C de ce mémoire.

96 CHAPITRE 7. MODÉLISATION D’ENTREPRISE

7.5.1 La suite IDEF

La suite IDEF (Icam DEFinition) a été développée dans les années 70 par l’US Air Force dans un projet nommé ICAM (Integrated Computer Aided Manufacturing). Ce projet a permis la définition des trois vues suivantes :

1. IDEF0 : Utilisée pour obtenir un « point de vue fonctionnel ». Le point de vue fonctionnel est la représentation structurée des fonctions, activités ou process du système modélisé ou du sujet d’étude ;

2. IDEF1 : Utilisée pour obtenir un « point de vue informationnel » ;

3. IDEF2 et IDEF3 : Utilisées pour obtenir un « point de vue dynamique ». Le point de vue dynamique représente les caractéristiques comportementales par rapport au temps du système modélisé ou du sujet d’étude.

7.5.1.1 IDEF0

IDEF0, plus connue sous le nom SADT en France, est une méthode très employée pour la modélisation du point de vue fonctionnel. Elle repose sur un graphe simple où :

– les nœuds sont les activités du système. Ces activités permettent la transformation d’un flux intrant en un flux extrant (réalisation d’une tâche). Cette transformation se fait à partir de directives de contrôle (conditions exigées pour produire la sortie correcte) en s’appuyant sur des mécanismes (moyens mis en œuvre pour exécuter l’activité) ;

– les flèches sont les flux intrants et sortants des activités précédemment décrites.

Le résultat de cette représentation (fig. 7.6) s’organise par une suite de diagrammes, textes, et glossaires imbriqués.

Fig. 7.6 – Le modèle SADT/IDEF0

7.5.1.2 IDEF1

La méthode IDEF1 a été conçue pour développer des modèles reflétant l’intégration de l’en- semble des informations de l’entreprise. L’approche d’IDEF1 est la suivante :

1. établir un modèle informationnel, 2. concevoir la base de données du modèle,

La méthode IDEF1 offre un ensemble de règles et procédures pour la création des modèles informationnels.

Elle incorpore les graphiques, le texte et les formes nécessaires pour la meilleure description du modèle. Il existe deux composants fondamentaux dans cette représentation :

– les diagrammes : les caractéristiques du modèle informationnel, représentées selon un ensemble de règles et de procédures,

– le dictionnaire : chaque élément du modèle est décrit textuellement pour obtenir une définition explicite.

7.5.1.3 IDEF2

IDEF2 est un langage de modélisation du comportement d’un système basé sur le principe des files d’attentes. C’est une méthode complémentaire à SADT/IDEF0 qui vise à répondre aux lacunes du point de vue analyse des aspects dynamiques d’un système. Cette méthode est basée sur quatre modèles : système physique, flux des entités, contrôle du système et gestion des ressources. IDEF2 aborde donc de façon privilégiée les vues informationnelles et ressources sur des niveaux d’abstraction proches de l’exécution.

7.5.1.4 IDEF3

La méthode IDEF3 est proposée en 1992 pour dépasser les limites d’IDEF0 en matière de modélisation du comportement de l’entreprise, donc la représentation des processus opéra- tionnels.

IDEF3 modélise, comme IDEF0, les processus sous forme d’un enchaînement d’étapes, appe- lées unités de comportement, connectées par des boîtes de jonction et des liens. L’avantage, par rapport à l’utilisation d’IDEF0, est la possibilité de décrire un flux de contrôle du proces- sus de manière plus complexe. Par exemple, les boîtes de jonctions permettent de représenter, à l’aide de connecteurs logiques (AND, OR ou XOR), les différents flux, les phénomènes de séquencement, de parallélisme ou de synchronisation d’activités.

7.5.2 La méthode GRAI

La méthode GRAI (Graphes à Résultats et Activités Interreliés) impose une démarche origi- nale, puisque le point d’entrée dans la conception du modèle est la partie décisionnelle d’un système (Guy Doumeingts, 1984) et (Michel Roboam, 1993).

La méthode GRAI définit un centre de décision comme le croisement d’une fonction de l’en- treprise et d’un horizon/période de décision (fig. 7.7).

La grille GRAI permet de différencier les liaisons de dépendance fonctionnelle (double flèche, transmission d’une consigne ou d’un objectif) des liaisons informationnelles (simple flèche, transmission d’un flux informationnel) entre centres de décisions.

Pour compléter la grille, la mise en œuvre de la décision est détaillée en réseau d’activités. Ce réseau (fig. 7.8) permet de différencier les activités « d’exécution » de celles de « décision ». Au début des années 90, la méthode GRAI a donné naissance à la méthodologie GIM (GRAI Integrated Methodology). GIM propose un cadre conceptuel basé sur la norme ENV 40003 (di- mensions d’abstraction et de généricité) et utilise les méthodologies suivantes pour représenter différents points de vue :

98 CHAPITRE 7. MODÉLISATION D’ENTREPRISE

Fig. 7.7 – Exemple de grille GRAI

Fig. 7.8 – Réseau d’activités

– les formalismes MERISE (entité-relation) pour la vue informationnelle, – la méthodologie IDEF0/SADT pour la vue physique et la vue fonctionnelle, – la grille et le réseau GRAI pour la vue décisionnelle.

7.5.3 OLYMPIOS

L’objectif du modèle OLYMPIOS, (Franck Theroude et al., 2001) et (Christian Braesch, 2002), est de construire le Système d’Information d’un exploitant donné de l’entreprise. À cette fin, l’analyse de plusieurs systèmes est proposée :

– le Système de Traitement de l’Information, qui est un système de gestion d’un processeur capable de mettre en œuvre trois fonctions : utilisation, réalisation et fourniture ; – le Système d’Information Fournisseur/Utilisateur qui a pour rôle la gestion d’échange

entre deux Systèmes de Traitement de l’Information (Fournisseur et Utilisateur) ; – le Système de Gestion des Objectifs, qui définit les missions de chaque Système d’Infor-

mation Fournisseur/Utilisateur dans le but de réaliser un objectif global ;

– le Système de Gestion des Ressources, qui est chargé de qualifier les ressources (perçues sous un aspect informationnel) et de piloter les modes de partage ;

– le Système d’Activation, qui produit un graphe d’activités (plan d’actions) fonction des aspects temporels de l’entreprise.

OLYMPIOS permet de travailler sur plusieurs étapes du cycle de vie d’un Système d’Informa- tion : la spécification, la conception, l’implémentation, la mise en œuvre (et la validation) et la maintenance. Pour l’étape de spécification, le modèle OLYMPIOS s’appuie sur des Spécifi- cations Algébriques de Type Abstrait des données (SATA) pour construire une représentation cohérente de l’existant. Dans le modèle OLYMPIOS, l’étape de conception vise à construire une organisation d’entités structurantes indépendantes d’un langage d’implémentation : les OLym- pios Structured ENtity (OLSEN). L’implémentation, la mise en œuvre et la maintenance sont pour leur part réalisées sur la base de langages de programmation classiques (C++) et de bibliothèques (interfaces, bases de données, etc.).

Une démarche complète d’audit est définie pour permettre la mise en œuvre de la méthodologie OLYMPIOS.

7.5.4 MECI

MECI est une méthode adaptée à l’analyse et la conception des systèmes complexes que sont les entreprises (Claude Pourcel et Didier Gourc, 2001).

La démarche de modélisation se décompose en trois étapes :

– identifier le système à modéliser : l’identification des processus principaux ainsi que les objets industriels primaires ;

– décomposer le système à modéliser : la décomposition des processus principaux en sous- processus ou activités, bien sûr sans oublier de définir les objets industriels liés aux processus et activités ;

– identifier et caractériser les activités d’un processus : l’identification et la spécification des activités et des objets ;

Pour modéliser le système et suivre cette démarche, nous avons à notre disposition un ensemble de formalismes répartis en quatre points de vue ou aspects suivants :

– fonctionnel : mise en évidence des fonctions de l’entreprise dont les objectifs et les rela- tions seront parfaitement identifiés,

– flux : mise en évidence des liens logiques entre deux activités ou deux processus qui permettent la circulation des objets industriels,

– décisionnel : mise en évidence de la nature et du niveau de la décision qui influencent plus ou moins directement la performance des activités,

– organisationnel : mise en évidence de la structure de l’établissement par la définition des composantes de l’organisation.

7.5.5 Synthèse

Nous avons classé les différentes méthodes suivant une des dimensions de la norme ENV 40003, la dimension des points de vue. Nous n’avons pas présenté les méthodes de modélisation d’en- treprise suivant les deux autres dimensions, d’abstraction et de généricité car nous n’aurions obtenu aucune information supplémentaire.

Dans la suite de nos travaux, nous faisons le choix de la méthode GRAI et de la norme ENV 40003. Tout d’abord, parce que la méthode GRAI nous sert de point d’entrée pour la modéli- sation des centres de décision de l’entreprise. Grâce à sa vision macroscopique, nous pouvons appréhender les relations entre les fonctions de l’entreprise, mais aussi les relations entre les

100 CHAPITRE 7. MODÉLISATION D’ENTREPRISE

Méthode Point de vue

Fonc. Infor. Ress. Orga. Décisio.

Suite IDEF

IDEF0 Oui Non Non Non Non

IDEF1 Non Oui Non Non Non

IDEF2 Oui Oui Oui Non Non

IDEF3 Oui Non Non Non Non

Grille GRAI Non Non Non Non Oui

GIM

MERISE Non Oui Non Non Non

IDEF0 Oui Non Non Non Non

Grille GRAI Non Non Non Non Oui

OLYMPIOS Oui Oui Non Non Non

MECI Oui Oui Non Oui Oui

ENV 40003 Oui Oui Oui Oui Non

Tab. 7.2 – Positionnement des différentes méthodes de modélisation d’entreprise

centres de décision. Les fonctions de l’entreprise identifiées peuvent être rapprochées de l’orga- nisation. Pour chacune des fonctions, un service organisationnel lui sera affecté. Nous pouvons rapprocher ces points de vue des types d’architectures présentées (fonctionnelle, logique et physique) dans les chapitres précédents. La méthode GRAI nous permet de modéliser l’archi- tecture logique de notre système. La méthode nous permet d’avoir une meilleure gestion du périmètre, des domaines (métiers, pilotage et support) et une première vision des données à l’aide des informations internes et externes reliées aux centres de décision.

Dans un deuxième temps, nous souhaitons utiliser la norme ENV 40003. Cette norme permet d’avoir une approche structurante dans la modélisation, tout d’abord par la mise en place d’un cadre conceptuel, et par la décomposition du modèle suivant différentes dimensions (généricité, abstraction et points de vue). La norme ENV 40003 apporte un niveau d’abstraction plus important dans la construction des modèles. Nous pouvons utiliser le point de vue fonctionnel pour représenter l’enchaînement des activités que compose un centre de décision. Nous pouvons aussi utiliser le point de vue informationnel pour construire les relations entre les différents objets de l’entreprise.