• Aucun résultat trouvé

La norme ENV 40003 (ENV 40003, 2001) introduit deux notions importantes de la modélisa- tion d’entreprise :

– le glossaire qui fournit une définition des termes de la modélisation d’entreprise, – un cadre normatif qui fournit une approche descriptive et discriminante des modèles.

La norme est postérieure à bon nombre de méthodes et de modèles publiés. Comme dans beaucoup de cas, elle a pour but de rationaliser le domaine d’études, et de partager des connaissances entre plusieurs écoles de pensée. Ce cadre de conception, ou architecture, a permis de rationaliser les différentes contributions et « fournit un cadre général et des points de repère aux utilisateurs en leur indiquant quels aspects de l’entreprise doivent être pris en compte, les relations qui existent entre eux et la terminologie communément admise dans le domaine » (François Vernadat, 1999).

7.4.1 Dimension d’abstraction

La dimension de l’abstraction fait référence à l’utilisation du modèle en introduisant trois types de modèles1 répartis de la manière suivante :

– le modèle de spécification définit les processus opérationnels de l’entreprise pour chaque domaine métier. Les processus sont décrits suivant une terminologie du domaine, liée à des informations, des ressources et une organisation, mais sans aucune référence à une implémentation particulière,

– le modèle conceptuel décrit plus précisément l’enchaînement des activités de chacun des processus opérationnels. Ce modèle renseigne les éléments du modèle : il décrit les attri- buts des entités manipulées, il précise les capacités des ressources... Le modèle conceptuel est dérivé du modèle de spécification en précisant les conditions d’implémentation dans un environnement d’exploitation connu (contraintes liées au matériel et au logiciel d’ex- ploitation),

– le modèle d’implémentation décrit une réalisation concrète adaptée à un besoin (le codage dans un langage particulier).

7.4.2 Dimension de généricité

Cette dimension permet de décliner plusieurs niveaux de détail dans la représentation du système par un modèle. Il y a trois niveaux déclarés :

– le niveau générique représente les primitives de base du langage de modélisation, appelées aussi constructs (§ 7.4.2.1) de base de la modélisation,

– le niveau partiel représente les modèles partiels suivant une typologie d’entreprise (en- treprise de production de biens, entreprise de service...),

– le niveau particulier décrit le fonctionnement spécifique d’une entreprise. Il s’agit d’une spécialisation du modèle générique.

7.4.2.1 Constructs

Un construct est un élément à caractère générique qui permet de représenter, d’une manière textuelle ou graphique, les éléments du modèle.

La norme ENV 12204 (ENV 12204, 1996) explicite ces constructs. Elle fournit une première définition des primitives de base du modèle, de leur mise en place et des possibilités d’applica- tion. Ces travaux trouveront une suite logique dans le programme européen Unified Enterprise

1

La norme ENV 40003 fait référence à sept types de modèles (identification domaine, concepts, besoins, conception, implémentation, réalisation et démantèlement). Dans le cadre de nos travaux et pour la suite du mémoire, nous préférons nous limiter à seulement trois types de modèles (spécification, conception et implémentation).

94 CHAPITRE 7. MODÉLISATION D’ENTREPRISE

Modeling Language qui produira un méta modèle plus élaboré et que nous présenterons ulté- rieurement.

Sur la figure 7.4, nous avons reporté les « constructs » spécifiques à la modélisation d’entreprise (ENV 12204, 1996).

Fig. 7.4 – Relation entre « constructs »

Plusieurs concepts de première importance, et qui font force de loi aujourd’hui en modélisation d’entreprise, sont entérinés par cette norme :

– un objet d’entreprise est une entité élémentaire qui structure la description,

– un objet est doté d’une vue qui met en évidence une partie des informations qui le décrivent et certains types de comportement,

– un objet est qualifié par un cycle de vie constitué d’un ensemble d’états, – le processus métier met à contribution la vue et l’état des objets,

– le processus est composé d’activités qui engagent des ressources et qui obéissent à une logique de changement d’état fixée par une séquence d’événements,

– les objets de l’entreprise sont en relation, ils échangent des flux de toute sorte. À partir de ces concepts, il est possible de raffiner la description avec, par exemple :

– la définition d’une typologie de ressources,

– le renseignement des classes d’objets d’entreprise,

– la déclinaison des formes de relations en fonctions de ces types de classe,

7.4.3 Points de vue

Un point de vue de modélisation, comme son nom l’indique, est une perception particulière de l’entreprise qui met en évidence certains aspects et rend transparent les autres. C’est donc une perspective particulière pour représenter, puis observer, une même entreprise au moyen du modèle.

La norme ENV 40003 reconnaît quatre points de vue :

– la vue fonctionnelle qui fournit une représentation hiérarchisée des fonctions, des flux de l’entreprise grâce aux entrées et sorties de chaque fonction, ainsi que la logique d’en- chaînement de celles-ci dans le temps ;

– la vue informationnelle qui fournit une représentation structurée d’un ensemble d’entités de l’entreprise, qui sont définies par des informations et des relations de dépendance entre ces informations ;

– la vue des ressources qui fournit une représentation de l’organisation des ressources de l’entreprise, c’est à dire de l’ensemble des moyens nécessaires pour mettre en œuvre les activités ;

– la vue de l’organisation qui fournit une représentation de l’organisation structurelle de l’entreprise : les responsabilités des individus et les unités de service au sein de l’entreprise.

Nous pouvons synthétiser ces points de vue, ainsi que les dimensions évoquées avant, en présentant le cadre conceptuel de modélisation d’entreprise sous forme d’un cube (ENV 40003). Ce cadre est effectivement doté de trois dimensions (dimension d’abstraction, dimension de généricité, dimension des vues). Chacune des 36 parties qui composent ce cube et qui décrivent les effets des modalités retenues sur chaque axe forment un élément du modèle.

Chacune des méthodes ne couvre pas l’ensemble du périmètre imposé avec ce cube.

Fig. 7.5 – Cadre de conception de la norme ENV 40003