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1.4 Le Système d’Information et le génie industriel

2.1.2 Couverture logicielle

Les éditeurs de logiciels ont régulièrement modifié leur offre afin de proposer aux entreprises des moyens informatisés pour cadrer avec l’évolution de leur besoin. Les technologies informatiques ont progressé dans le traitement des informations, mais également dans les communications entre machines, ouvrant une large perspective aux éditeurs. Mais ces outils ont au moins autant évolué d’un point de vue fonctionnel que d’un point de vue architectural.

Sur la figure suivante (fig. 2.2), nous proposons un positionnement de l’offre qui est calqué sur l’évolution des modes de gestion.

Fig. 2.2 – L’évolution des modes de gestion et des courants de pensée

2.1.2.1 De la GPAO à l’ERP

Au cours des années 60-70, les premiers systèmes de GPAO (Gestion de Production Assis- tée par Ordinateur) sont apparus sur le marché. Il s’agissait de produits de niche par leur couverture limitée et par rapport aux secteurs industriels cibles.

Les outils de GPAO sont composés de modules qui correspondent à des fonctions importantes du processus global de gestion : la gestion des approvisionnements, la gestion des stocks et la planification. Ce contenu correspond à l’implémentation d’un MRP au cœur de l’applica- tion. Cette famille d’outils a su évoluer au cours du temps pour introduire des capacités de planification hiérarchisée, puis des liens vers des ressources multiples.

D’une offre de niche recouvrant les besoins d’un domaine spécifique à un métier (processus verticaux), comme la comptabilité par exemple, nous sommes passés progressivement à une situation de forte intersection des offres, avec des solutions recouvrant plusieurs domaines de l’entreprise. Jusqu’au début des années 1990, seules la gestion de la production avec la GPAO et la gestion de la conception et fabrication de produit avec la CFAO, avaient ce trait caractéristique de chercher à toucher des processus transversaux. L’arrivée des ERP a changé la donne.

L’ERP a une large couverture fonctionnelle. L’intégrité des données y est affichée comme une garantie. La gamme des traitements d’information a une homogénéité telle qu’on peut effec- tivement y gérer des ressources de nature différente de façon cohérente. Jean-Louis Lequeux définit un ERP comme une application ayant au minimum les modules suivants :

– gestion commerciale,

– GPAO (Gestion de Production Assistée par Ordinateur)1, – gestion comptable et financière,

– ressources humaines, – gestion client, – gestion planning.

2.1.2.2 Du CIM à l’entreprise intégrée

Apparu au début des années 19702, le concept de CIM (Computer-Integrated Manufacturing) a très vite été dépassé. Le terme était associé à une conception utopique de l’usine sans homme,

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seulement pour les entreprises industrielles

22 CHAPITRE 2. PROGICIELS DE GESTION INDUSTRIELLE

Fig. 2.3 – CIM et outils complémentaires

et fondé sur l’hypothèse que les techniques de l’automatique et de l’informatique permettraient de conduire les systèmes avec une autonomie presque totale. Les réalités sociales, humaines, économiques ont très vite réduit les ambitions du CIM.

Le CIM est un ensemble de méthodes, de techniques et de moyens informatiques au service de la technique de production, visant à accroître la productivité dans la conception, la fabrication et la gestion des produits fabriqués par une entreprise. Cet ensemble est généralement construit autour de la base de données techniques (Product Data Management) décrivant les gammes et les nomenclatures de produits. Un noyau central est connecté, alimenté, et/ou fournit des données aux outils suivants :

– conception et Fabrication Assistée par Ordinateur (CAM/CAD Computer-Aided Manu- facturing - Computer-Aided Design),

– outil de calcul numérique (CAEA - Computer Aided Engineering Analysis),

– gestion des ateliers et des capacités machines (CAPP - Computer-Aided Process Plan- ning),

– GPAO (Gestion de Production Assistée par Ordinateur) (CAMM - Computer-Aided Management and Manufacturing),

– simulation, – robotique,

– la maîtrise de la qualité totale (TQC - Total Quality Control).

En parcourant cette liste d’outils, nous nous rendons bien compte qu’il est peu probable qu’un éditeur propose une solution complète et homogène afin de répondre à toutes les dimensions de l’ingénierie des produits et des procédés. Les outils de CIM, par leur complexité fonctionnelle, ont été obligés de développer des architectures originales, ouvertes sur les échanges et la collaboration. Tout un courant de standardisation a été nécessaire pour progresser dans cette voie.

Or, si les outils de type ERP sont généralement proposés sous forme de module, pour que chaque utilisateur puisse choisir son niveau d’intégration dans une architecture intégrée et ho- mogène, on constate que la solution ne peut aujourd’hui émaner que d’un concepteur unique. Une architecture intégrée permet de connecter progressivement les différents modules suivant l’évolution du besoin fonctionnel. L’architecture homogène certifie, quand à elle, que les élé- ments constitutifs sont de même nature et peuvent travailler de concert (entre chaque module, les interfaces homme-machine sont harmonisées par exemple).

Force est de constater que l’évolution conjointe des mœurs industrielles, des moyens informa- tiques et des architectures de Système d’Information projette le CIM à nouveau sur le devant de la scène. La notion d’entreprise intégrée est au cœur de l’actualité, et se positionne comme une ambition (un peu mythique) de progrès pour les Systèmes d’Information.

Ce que l’on retire de ce constat, c’est que la course à l’intégration est un exercice de style où deux écoles s’affrontent. Le tableau 2.11 résume les approches de ces deux écoles. La pre- mière colonne est typique de la stratégie d’un éditeur unique avec une offre complète et de grande qualité. La seconde colonne s’inspire davantage d’une intégration tirée de la diversité en imposant simplement des règles du jeu. La gestion du projet de Système d’Information n’a évidemment pas du tout les mêmes caractéristiques dans chacun des cas.

De Vers

Intégration standardisée Intégration flexible

Système fermé Système ouvert

Management autocratique Management horizontal Tab. 2.1 – Deux styles différents pour l’intégration