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Chapitre 2.   Matériels et Méthodes 55

2.   Présentation des deux terrains d’étude 72

2.1. Critères de choix des régions d’étude

Compte tenu de la variabilité des pratiques agricoles rencontrées au sein des territoires et de la multiplicité des leviers d’action potentiels, deux terrains d’étude, localisés dans deux régions différentes, ont été choisis dans le cadre de cette thèse. Ces territoires d’étude ont été choisis pour leur diversité concernant plusieurs critères (Tableau 2.5):

- les caractéristiques du parcellaire (taille des parcelles),

- les systèmes de cultures et les techniques culturales appliquées au colza, influençant la maladie : rotation (qui va déterminer la fréquence du colza dans le territoire et impacter les distances moyennes entre parcelles de colza), gestion des résidus, gestion de l’azote automnal, densité et date de semis, variétés et fongicides ;

- l’historique par rapport à l’occurrence d’années marquées par des épidémies de phoma du colza ; - les types d’acteurs ayant une influence sur les pratiques et leur organisation locale (CETIOM, agriculteurs, organismes de collecte-stockage (OS), sélectionneurs, conseillers de Chambre d’Agriculture (CA), etc.).

L’évaluation de ces critères a été réalisée à partir d’avis d’experts techniques (e.g. CETIOM) et/ou scientifiques (INRA UMR Agronomie pour les caractéristiques agronomiques et UMR SADAPT pour l’organisation régionale par les acteurs), ainsi qu’à partir d’informations spatiales (RPG) et statistiques (données SCEES - Enquêtes Pratiques Culturales 2006).

Les deux terrains d’étude sur lesquels a été appliquée la démarche participative de construction des scénarios sont le Centre et la Picardie.

2.2. Présentation des deux régions d’étude

Les deux régions présentent une variabilité en fonction des principaux critères de choix définis (Tableau 2.5). En particulier, la fréquence du colza dans le territoire, la configuration variétale et l’utilisation plus ou moins courante du labour pour la gestion des résidus de colza préfigurent des sensibilités au phoma du colza très différentes. L’organisation des acteurs et leurs enjeux propres par rapport à la culture du colza participent également à différencier ces deux terrains. Les organismes de collecte et de stockage (OS) sont les pourvoyeurs de variétés et influencent les types de culture. Ils participent ainsi à la structuration du territoire : par la disponibilité des différents produits qu’ils proposent, ils vont plus ou moins contraindre les choix des agriculteurs. Par ailleurs, la culture du colza, récente en région Picardie et « traditionnelle » dans les systèmes de culture de la région Centre, est un enjeu fort dans les deux régions, du fait respectivement de son essor en Picardie et de son importance pour la rotation en région Centre. Cet historique de la culture du colza amène par ailleurs une technicité plus élevée en région Centre, avec des pratiques visant d’ores et déjà à la maîtrise du phoma (à l’échelle parcellaire), du fait de l’historique local de la maladie. Concernant le contexte épidémiologique (Tableau 2.5), la région Centre a connu de graves épidémies de phoma jusqu’à la fin des années 1990. La région Picardie n’a connu qu’une épidémie de phoma en 1992, qui a engendré de graves pertes de rendement (source : coopérative Noriap, région Picardie). L’augmentation récente des surfaces en colza dans cette région la rend plus vulnérable par rapport à cette problématique.

Ces deux terrains présentent également des caractéristiques pédologiques et climatiques différentes, la Picardie présentant un climat plus frais et plus humide et des terres plus profondes que la région Centre (cf. Annexes A et C). Les caractéristiques détaillées de ces régions sont présentées dans les Chapitres 3 et 4, les parcellaires utilisés pour réaliser les simulations du modèle SIPPOM-WOSR sont présentés dans la Figure 2.11.

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3. Dispositif de recherche

3.1. Composition des groupes d’acteurs pour l’application de la démarche

participative

Dans chacune des régions, l’ensemble des acteurs susceptibles d’avoir un impact ou d’être concerné par les pratiques agricoles et leur organisation au sein du territoire a été convié (voir liste détaillée pour chacune des régions dans le Chapitre 3) : (i) les sélectionneurs, créateurs des résistances et des variétés, (ii) les chercheurs, qui fournissent des connaissances sur les processus (cycle de la maladie et pratiques a priori favorables à sa gestion), (iii) les structures de développement, porteurs de conseils sur la gestion de la culture du colza, (iv) les coopératives et les négoces, qui à la fois conseillent les choix variétaux, la conduite du colza et peuvent réduire la gamme de choix des agriculteurs pour les variétés, (v) le CETIOM, qui produit des références locales sur les itinéraires techniques ; (vi) les structures administratives/législatives, qui peuvent, à travers les lois/directives, contraindre les pratiques agricoles ; (vii) les agriculteurs, décideurs finaux des systèmes de culture et itinéraires techniques.

D’autres acteurs potentiellement intéressés par l’organisation du paysage (ex. associations écologistes) ont également été conviés mais n’ont pas souhaité participer à cette étude.

3.2. Caractérisation des pratiques agricoles et échelle d’étude

Les pratiques agricoles considérées dans cette étude sont celles ayant un impact sur la gestion du phoma du colza et prises en compte par le modèle SIPPOM-WOSR (Lô-Pelzer et al., 2010a). Elles sont définies à l’échelle du territoire, comme par exemple une fréquence de labour dans le territoire. Les systèmes de culture sont définis par une rotation, qui va déterminer la fréquence annuelle du colza dans le territoire, et les itinéraires techniques appliqués au colza et à la gestion de ses résidus (faisant donc partie de l’itinéraire technique de la culture suivante). Plusieurs systèmes de culture peuvent coexister au sein d’un même scénario (i.e. d’une même simulation) et sont traités de manière indépendante, i.e. les liens entre pratiques au sein d’un système de culture peuvent être explicités et pris en compte. Ces systèmes de culture peuvent être distribués de manière aléatoire (Chapitres 3, 4 et 1ère partie du Chapitre 5) ou selon des règles de décision spatiales (2ème partie du Chapitre 5) aux parcelles du paysage support de la simulation.

3.3. Analyses statistiques

Les sorties du modèle SIPPOM-WOSR analysées sont géntiques, épidémiologiques (structure et taille de la population pathogène) et agronomiques (pertes de rendement). Ces sorties sont analysées par comparaison entre les différentes simulations. Elles sont agrégées à l’échelle de la région. Pour réaliser cette agrégation, la taille de la population est sommée à l’échelle de la région, les pertes de rendement et fréquences d’individus étant moyennés (les surfaces des parcelles sont prises en compte dans les calculs ; voir formules dans le Chapitre 4).Pour identifier l’effet des pratiques culturales mobilisées dans les simulations sur les trois sorties analysées, des régressions linéaires sont réalisées (Chapitre 4 et 1ère partie du Chapitre 5). Ces analyses sont réalisées avec le logiciel R (R Development Core Team, 2005) par groupe de simulations.

Les analyses sont réalisées indépendamment dans les deux régions, du fait de la différence en termes de support de simulation (le parcellaire) de contexte pédoclimatique et agronomique (Chapitres 3 et 4 ; Annexes A à C).

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