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Chapitre 3.   Conception et application d’une méthode générique de construction participative de

2.   Application de la démarche à la 2 ème région d’étude : la région Picardie 97

2.1.   Identification et enquêtes des principaux acteurs 97

Trois types d’acteurs, jugés importants localement pour leurs connaissances et leur influence sur la culture du colza, ont été enquêtés : (1) des acteurs du développement et du conseil agricole (deux conseillers de Chambres d’Agriculture et un conseiller d’Agro Transfert Ressources et Territoires) ; (2) un ingénieur du CETIOM local et (3) des acteurs de la collecte et de la distribution (Tableau 3.5). Deux Organismes de Collecte et de Stockage ont été enquêtés : un négoce et une coopérative, collectant respectivement 9000 et 25000 ha de colza, soit environ 30 000 et 89 000 tonnes de colza respectivement (sources : négoce Hubau, coopérative Noriap).

Lors de la deuxième étape, les acteurs enquêtés (Tableau 3.5) ont identifié l’ensemble des acteurs importants pour la culture du colza et la gestion du phoma. Les acteurs enquêtés ont ainsi identifié les moyens d’action et le degré de concernement des différents acteurs importants vis-à-vis de cette thématique, puis les ont placés sur un schéma localisant les acteurs importants en fonction de ces deux caractéristiques.

Type d’acteur Etape 2

Enquêtes Etape 3 Construction schémas Etape 4 Construction scénarios Etape 61 Discussion résultats simulations Acteurs décisionnels Agriculteurs 0 0 0 0/0 Coopératives et négoces 2 3 3 3/2 Sélectionneurs - 1 1 1/1 CETIOM 1 1 1 1/1 Services de développement 3 3 3 4/3 Décideurs publics - 1 0 0/1 Autres acteurs Chercheurs - 3 3 3/2 Total 6 12 11 12/10

Tableau 3.5. Types et nombre d’acteurs ayant participé aux différentes étapes de la méthode de construction de scénarios auxquelles les acteurs sont associés.

Les différentes étapes de la méthode de construction des scénarios sont présentées dans la Figure 3.2. Seules les étapes ayant impliqué la participation d’acteurs sont présentées dans ce tableau. 1Les deux chiffres indiqués dans le tableau correspondent aux deux réunions de restitution collectives réalisées en Picardie (voir § 2.5 de ce chapitre).

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Figure 3.9. Vision des principaux acteurs locaux sur les degrés de concernement et moyens d’action vis-à-vis de la gestion du phoma, par les acteurs de la région Picardie interviewés.

Ad : pouvoirs publics/administratifs (Ministères, voire Europe) ; CA : Chambre d’Agriculture ; CETA : Centre d’Etudes Techniques Agricoles ; Né : négoce ; C : coopérative ; Na : national ; Lo : local. Cetiom Semenciers Agriculteurs CA,CETA Agence Eau Coopératives Négoces C Ad Ad Degré de concernement Moyens d’action Na Lo Chambre d’Agriculture 1 Chambre d’Agriculture 2 Cetiom et AgroTransfert Coopérative Diversité

Diversité des pouvoirs publics

Négoce LEGENDE

99 Les visions des différents acteurs enquêtés sur le degré de concernement et les moyens d’action par rapport au phoma des différents porteurs d’enjeux sont très diverses (Figure 3.9). Les six acteurs enquêtés expriment un point de vue commun sur le positionnement de nombreux acteurs sur le schéma, ainsi que sur les raisons de ce positionnement, pour :

- le faible degré de concernement de l’Agence de l’Eau et des instances administratives et publiques en général, qui sont davantage concernées par des questions environnementales portant sur la qualité de l’eau (ex. gestion des nitrates) ;

- le degré de concernement intermédiaire des structures de conseil agricole (CETA53, GEDA54 et CA). Ces structures sont concernées par le phoma du fait de l’impact de la maladie sur les revenus des agriculteurs et de leur rôle direct dans le conseil sur les pratiques auprès des agriculteurs ;

- le fort degré de concernement des semenciers, dont les ventes de semences sont en partie liées à la qualité des variétés, notamment en termes de résistance au phoma. Ce degré de concernement peut varier entre semenciers, selon l’opinion des OS55, car il dépend de l’importance stratégique du colza pour le semencier ;

- les moyens d’actions élevés et le faible degré de concernement des agriculteurs. Les moyens de gestion de la maladie sont techniques : choix des cultures, des pratiques et des variétés. Or ces choix sont réalisés par l’agriculteur qui est le « décideur final ». Les agriculteurs de la région Picardie sont peu concernés par ce problème pour deux raisons principales. D’une part le colza n’est pas forcément une culture stratégique pour eux : elle est peu présente dans les rotations, elle n’est pas localement la plus rentable économiquement (par rapport des cultures locales telles que la pomme de terre ou la betterave sucrière par exemple) et elle pourrait être remplacée par une autre culture au sein de la rotation. D’autre part, il n’y a pas eu récemment d’épidémie de phoma importante (pas de pertes de rendement liées à la maladie) ;

- le degré de concernement élevé et les moyens d’actions relativement faibles du CETIOM. Le CETIOM est fortement concerné du fait de sa spécialisation en cultures oléagineuses et de son financement en partie lié à la production quantitative de colza. Ses moyens d’actions sont principalement l’expérimentation et la communication avec les sélectionneurs, les OS et les structures de développement et, dans une moindre mesure, le conseil (ex. site internet). Leurs moyens d’action sont considérés comme relativement faibles du fait de la très faible communication directe envers les agriculteurs : les OS et structures de développement sont les intermédiaires ;

- les moyens d’action relativement élevés des organismes de collecte et de stockage (coopératives et négoces : OS). Ces moyens d’actions concernent principalement la vente de semences (avec un conseil qui oriente le choix de la variété semée), la communication/promotion directe envers les agriculteurs et les expérimentations pour les OS importants (en termes de volume de colza collecté).

Par contre, les visions des acteurs enquêtés divergent sur les moyens d’action et/ou le concernement de certains types d’acteurs (Figure 3.9) :

- sur les moyens d’action des structures de conseil agricole (CETA, GEDA et CA). Leurs moyens d’action sont considérés faibles par ces acteurs eux-mêmes, et intermédiaires par les OS, le CETIOM et Agro Transfert. Ces moyens d’action concernent le conseil technique auprès de groupes d’agriculteurs (préconisations) et la communication, notamment sur les aspects règlementaires ; - sur les moyens d’action des semenciers. Ils sont considérés intermédiaires par le CETIOM et Agro Transfert et élevés par les autres acteurs enquêtés. Les semenciers ne font pas (ou très peu) de communication directement auprès des agriculteurs. Leur moyen d’action principal est la création

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CETA : Centre d’Etudes Techniques Agricoles

54 GEDA : Groupe d’Etude et de Développement Agricole 55 OS : Organismes de collecte et de Stockage

100 Encadré 3.2. La Directive Nitrates et ses conséquences en termes de gestion des repousses (et résidus) de colza en zones vulnérables

La directive Nitrates (Directive 91/676/CEE du 12 décembre 1991) a été émise par le conseil des communautés européennes pour la protection des eaux contre la pollution par les nitrates d’origine agricole. Cette directive demande aux États-membres de l’Union Européenne d’élaborer un code des bonnes pratiques agricoles et d’identifier les zones vulnérables vis-à-vis de la pollution nitrique. Elle est mise en place, en France, par des Programmes d’Actions, qui définissent les mesures et actions nécessaires à une bonne maîtrise de la fertilisation azotée et à une gestion adaptée des terres agricoles. Leur objectif principal est la préservation de la qualité des eaux superficielles et souterraines par rapport aux nitrates. Ces Programmes d’Actions, jusqu’à présent définis à l’échelle départementale sur la base d’orientations nationales, sont en cours de refonte de manière à garantir leur lisibilité et la cohérence territoriale des actions menées. Le principal changement concerne la définition, à partir de 2012-2013, de mesures obligatoires au titre de la directive au sein d’un unique programme d’actions national (Direction de l’Eau – Mission-SIEau, 2011).

Actuellement, les actions à mener sont définies par le 4ème Programme d’Actions, en cours depuis 2009 et défini à l’échelle départementale. En Picardie, il a été défini pour les trois départements (Aisne, Oise et Somme). Dans les trois départements, le 4ème Programme d’action stipule que le taux de couverture des sols doit être, en 2012, de 100% de la Surface Agricole Utile (SAU) pendant la période à risque de lessivage (source : arrêtés préfectoraux du 30 juin 2009 pour les trois départements). Ces arrêtés stipulent que les repousses de colza doivent impérativement être maintenues pendant au moins trois semaines après la récolte du colza en zones vulnérables. Ceci contraint la gestion des résidus de colza, en particulier l’utilisation des outils de déchaumage, ces techniques ne pouvant donc pas être mises en œuvre juste après la récolte pour gérer les résidus de colza.

101 variétale. Le CETIOM et Agro Transfert considèrent que l’utilisation des variétés est principalement influencée par le conseil et les choix des OS et des agriculteurs et que donc, relativement, les moyens d’action des semenciers sont plus faibles. Aux dires des OS enquêtés, ces moyens d’action peuvent différer entre semenciers, en fonction de l’importance stratégique du colza et des « avancées et choix génétiques » du semencier ;

- sur les moyens d’action des instances administratives et de l’Agence de l’Eau. Ils sont considérés comme élevés par les CA. Ces moyens sont essentiellement financiers pour l’Agence de l’Eau et règlementaires pour les administratifs. D’après les CA, ces deux leviers pourraient « peser sur les pratiques ». Pour les autres acteurs, ces moyens d’action sont considérés comme faibles : l’aspect règlementaire concerne principalement la gestion des résidus du sol (Encadré 3.2). Ceci contraint la gestion des résidus de colza, dont l’utilisation du labour. Cependant, l’usage du labour est, d’après les acteurs enquêtés, d’ores et déjà peu utilisé en Picardie, en particulier après la culture du colza, ce qui limite le moyen d’action des instances administratives et de l’Agence de l’Eau selon les acteurs enquêtés.

- sur le degré de concernement des OS : il va dépendre du volume relatif du colza par rapport à la collecte globale de l’OS (importance stratégique de la culture). Il est considéré élevé par les OS eux- mêmes, dont le contenu du catalogue variétal prend en compte ce critère. Il est jugé intermédiaire par les autres acteurs du fait de la relativement faible importance régionale de la culture du colza.

Au sein des catégories d’acteurs pré-identifiées, certains acteurs enquêtés réalisent des distinctions. Selon la coopérative enquêtée, il est nécessaire de distinguer les OS selon qu’il s’agit de coopératives ou de négoces. Cet acteur considère en effet les coopératives plus concernées par le phoma et la culture du colza en général, les négoces étant considérés comme des « suiveurs » moins concernés (Figure 3.9). Ainsi, selon cet acteur, les coopératives conseillent techniquement les agriculteurs en plus de leur activité de vente de semences et de collecte, alors que les négoces ont une position principale d’acheteur/collecteur. Cet acteur considère également qu’il est nécessaire de distinguer le CETIOM national du CETIOM local concernant la gestion du phoma et la culture du colza. Cette distinction est due à la moindre importance de la culture du colza en Picardie par rapport à la production française. Concernant les semenciers, leurs degrés de concernement et moyens d’action sont considérés variables par les OS.

Lors de ces enquêtes, les différents acteurs ont souligné la diversité des situations de culture en région Picardie, en lien avec les conditions pédologiques principalement. Les systèmes de culture incluant du colza sont également très divers, avec un délai de retour pouvant varier de 3 à 7 ans d’une zone de production à une autre.

2.2. Construction d’une vision partagée du fonctionnement du phoma du colza et