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Expérimentation n˚ 2 : Phase hypnique

3.1. Introduction

Dans la section précédente, nous avons vu que la procédure d’induction permettait de moduler efficacement l’état émotionnel préhypnique de manière congruente aux caractéristiques émotionnelles de la séquence visionnée. La section ci-dessous vise à étudier l’influence de ces états induits sur les caractéristiques du sommeil, au niveau central et périphérique.

En effet, des données de plus en plus nombreuses tendent à montrer que les expériences émotionnelles diurnes peuvent affecter plusieurs caractéristiques de l’architecture du sommeil. Cependant, cette influence reste incertaine, en particulier pour les émotions positives. En outre, l’impact de ces expériences sur l’activité neurovégétative durant le sommeil a reçu peu d’attention, bien que certaines études rapportent une activation différentielle des systèmes nerveux sympathique et parasympathique durant le sommeil en fonction des stades. Pourtant, étant donné le rôle du système neurovégétatif, et particulièrement de sa composante sympathique, en tant qu’indice de l’activation émotionnelle, il apparait judicieux d’étudier l’évolution de variables neurovégétatives lors de la période de sommeil. En bref, ces variables pourraient indicer des traitements hypniques en rapport avec les états émotionnels préhypniques.

La présente étude a ainsi deux objectifs : 1/ identifier les effets potentiels des états émotionnels préhypniques sur l’architecture de la période de sommeil subséquente ; 2/ mettre en évidence l’influence des états sur l’activation des systèmes sympathique et parasympathique au cours de la même période de sommeil.

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La partie suivante sera ainsi focalisée sur la phase hypnique de l’expérimentation n° 2.

3.2. Matériel et méthodes

3.2.1. Rappel de l’étude

Douze participants japonais (groupe n° 3, décrit section II.1.1.) ont pris part à l’expérimentation n° 2 et ont dormi 10 nuits sous enregistrement polysomnographique. La première nuit était une nuit de familiarisation. Les 9 nuits suivantes étaient regroupées en 3 sessions, réparties sur 3 semaines consécutives. Chaque session était constituée de 3 nuits successives : la première servait à l’enregistrement du niveau de base des différentes mesures (nuit de référence, Réf) ; la deuxième permettait l’induction d’un état émotionnel préhypnique particulier (nuit expérimentale, Exp) ; la troisième servait à observer une possible persistance (nuit de récupération, Réc) des effets induits durant la deuxième nuit.

Quelle que soit la nuit, à minuit, le participant était invité à aller se coucher, et l’enregistrement du polysomnogramme commençait. Le participant était réveillé 8 heures après l’extinction des lumières (Figure III.9 ; détails section II.4.2).

3.2.2. Traitement des données

 Données neurocognitives

L’enregistrement du polysomnogramme permettait d’extraire les paramètres de sommeil suivant : la période de sommeil totale (Total Sleep Period : TSP), le temps total de sommeil (Total Sleep Time : TST), la latence d’endormissement (Sleep Onset Latency : SOL ; calculée entre le moment où la lumière était éteinte et le premier signe d’entrée en stade NREM2), le nombre d’éveils après endormissement (Wake After Sleep Onset : WASO), l’efficacité du sommeil (Sleep Efficiency : SE = TST/TSP) ; le pourcentage des

Figure III.9 : Phase hypnique des sessions.

La phase hypnique démarrait à minuit, heure à laquelle les lumières de la chambre expérimentale étaient éteintes. Cette phase était dédiée au sommeil, sous enregistrement polysomnographique. Durant la nuit, l’activité électrodermale et l’activité cardiaque étaient également enregistrées.

stades NREM1, NREM2, NREM3 et REM et d’éveil à partir de l’endormissement; la latence d’entrée en stade NREM3 et REM, et le nombre de cycles de sommeil (voir section II.5.3)

L’ensemble de ces variables a été extrait pour la nuit complète (c’est-à-dire entre l’endormissement et le dernier cycle complet) et pour chaque demi-nuit.

 Mouvements oculaires rapides

Le nombre et la densité de REM ont été mesurés lors de la période de sommeil totale, ainsi que pour chaque demi-nuit (voir section II.5.4).

 Données neurovégétatives

Comme indiqué précédemment, l’amplitude et la fréquence des RED ont été mesurées lors de la période de sommeil (voir section II.5.5.1). Aussi, le rythme moyen de l’activité cardiaque, sa variabilité, la puissance des fréquences, ainsi que le ratio entre les puissances des basses et hautes fréquences ont été calculés, pour la même période (voir section II.5.5.2).

 Analyse statistique

Dans un premier temps, l’absence de variations significatives des points de référence (c’est-à-dire, à l’arrivée des participants lors des nuits de Réf et Exp) entre les différentes conditions a été contrôlée, ainsi qu’entre ces deux nuits.

Concernant le décours de l’effet des séquences inductrices, outre les effets d’induction, les effets de persistance et de récupération ont été analysés.

L’effet de la moitié de nuit a été analysé par comparaison des différences entre les mesures effectuées durant la première et la seconde moitié de la période de sommeil.

L’effet de la SVI a été analysé par comparaison des différences entre les mesures effectuées avant et après les séquences vidéo. Les effets de valence et d'activation ont été testés.

3.3. Résultats

3.3.1. Effet de l’état émotionnel préhypnique sur la distribution des stades

Que ce soit concernant la nuit complète ou les moitiés de nuit, l’analyse n’a révélé aucune variation significative concernant la SOL (tous les F1,11 < 0,21, p > 0,65), le TST (tous les F1,11 < 0,98, p > 0,34), le WASO (tous les F1,11 < 3,36, p > 0,09), le SE (tous les F1,11 <3,79, p > 0,07), la latence d’entrée en stade NREM3 (tous les F1,11 < 2,60, p > 0,14), ou en stade REM (tous les F1,11 < 2,53, p > 0,14). Seule la distribution des stades variait significativement en fonction de la nuit et de la condition émotionnelle.

L’analyse préliminaire (mesures à l'arrivée des participants) des nuits Réf n’a pas révélé de différences significatives entre elles suivant la condition émotionnelle : NREM2 (54,4 ± 9,0 %, F2,22 = 0,18, p = 0,84), NREM3 (20,3 ± 6,0 %, F2,22 = 0,30, p = 0,74) et REM (20,6 ± 4,9 %, F2,22 = 2,25, p = 0,13). Par ailleurs, la comparaison entre les deux moitiés de nuit confirme certaines données connues concernant la dynamique de la distribution des stades durant la nuit. Durant la première partie de la nuit, il y avait moins de stade NREM2 (51,6 ± 11,2 %), plus de stade NREM3 (31,1 ± 10,5 %), et moins de stade REM (12,5 ± 6,0 %) que durant à la seconde (NREM2: 57,3 ± 10,5 %, F1,11 = 4,33, p = 0,06; NREM3: 9,5 ± 5,3 %, F1,11 = 62,31, p < 0,01; REM: 28,7 ± 7.9 %, F1,11 = 62,31, p < 0,01).