II.I.3.a Troubles de la reproduction
II. J.1 Pouvoirs publics
Dimportants moyens financiers sont dores et déjà mis en uvre au niveau européen et national pour mieux connaître ces molécules, lexposition de la population et les effets en recherche expérimentale et chez lhomme.
Les très nombreuses agences de contrôle qui sont progressivement mises en place tant au niveau européen quau niveau national subissent diverses pressions qui font que leur avis sera repris par le décideur pour favoriser plus souvent les intérêts économiques que la santé publique. (39) Les experts recrutés ont parfois des conflits dintérêt et ne sont pas indépendants.
Le produit formulé est testé seulement pour la toxicité aigue et seule lexposition de lopérateur est évaluée et non son entourage. La toxicité à moyen terme, la toxicité chronique, la toxicité sur la reproduction, la génotoxicité ne sont pas testées. Leffet perturbateur hormonal et limmunotoxicité ne sont pas systématiquement requis. Les effets des combinaisons additionnelles ou synergiques ne sont pas évalués non plus.
Il existe des solutions de remplacement pour la plupart de ces molécules. Reste à convaincre les pouvoirs publics de prendre les décisions nécessaires à la santé de la population.
Il convient de développer la recherche épidémiologique et fondamentale, documenter les expositions du public aux perturbations endocriniennes. Il est nécessaire de discuter des modalités dapplication du principe de précaution pour les nouvelles molécules.
Une modélisation des interactions entre les différentes substances sera nécessaire pour évaluer les effets cliniques.
De nombreuses villes diminuent fortement lutilisation des pesticides dans lentretien des espaces verts publics. Cette impulsion est à poursuivre et à élargir !
II.J.2
Agriculteurs
La question dune limitation des pesticides est posée depuis plus de vingt ans. Les démarches de sensibilisation des agriculteurs et les actions basées sur le volontariat ont marqué leurs limites. Les dispositifs de surveillance de la qualité des eaux ne prennent pas en compte les pics de pollution existant après le traitement des champs. Des techniques correctives, en limitant la dispersion des pesticides lors de lapplication, par le choix des molécules adjuvantes, le type et le réglage du pulvérisateur employé, le respect des conditions météorologiques, pourraient limiter la contamination de lécosystème en pesticides, mais ne serait pas suffisant pour la réduire de manière significative. Il est nécessaire denvisager une réduction dutilisation des pesticides. Les cultures maraîchères, larboriculture fruitière et la vigne, les céréales et le colza sont très consommatrices de pesticides. Les systèmes de cultures spécialisés et intensifs accroissent les risques de développement de bio-agresseurs : la monoculture ou la succession de cultures ayant le même cycle de végétation, labandon du labour favorisent le développement des bio-agresseurs. Mais de grandes quantités de pesticides utilisées favorisent lémergence de résistances.
Les agriculteurs réfléchissent à trouver dautres modes de culture plus respectueuses de lenvironnement et de la santé.
Lagriculture raisonnée a été mise en uvre par le gouvernement en 2002. Mais elle ne prévoit pas de réduction des apports de pesticides
Lagriculture durable utilise des systèmes nettement plus économes en intrants. Les agriculteurs utilisent moins de pesticides, moins dengrais, moins daliments pour le bétail. 3000 agriculteurs participent à ce projet en France.
Lagriculture biologique offre les meilleures garanties en matière de protection contre les pesticides de synthèse car elle se les interdit totalement, et les prélèvements le prouvent bien. Le Bureau Veritas Certification France dépose la marque collective Qualité France sur les produits répondant aux normes de lUnion Européenne. Elle est fondée sur la non utilisation des produits chimiques de synthèse, la non-utilisation dOGM, le recyclage des matières organiques, la rotation des cultures et la lutte biologique, lélevage extensif fait appel aux médecines douces et respecte le bien-être des animaux.
La production intégrée, pratiquée sur les trois quarts de la surface agricole suisse, se sert de certaines méthodes de lagriculture biologique mais a recours à des doses très faibles de pesticides.
Les agriculteurs doivent être conscients du rôle quils jouent sur la santé de la population et doivent être soutenus par les pouvoirs publics dans les choix plus respectueux quils devraient faire dans leur mode dexercice.
II.J.3
Population
II.J.3.a
Maison
Il est recommandé de :
- aérer la maison le plus souvent possible et de limiter les sources de pollution : tabac, barbecue
- ne pas utiliser dinsecticides mais uniquement des répulsifs naturels (citronnelle) ou mécaniques (moustiquaire, pièges collants)
- proscrire les réserves deau stagnante, isoler les aliments et réduire les sources dhumidité - favoriser la présence de prédateurs : chauves souris, coccinelles, hirondelles
- utiliser les écolabels européens qui sont fiables mais prêtent encore à discussion pour certains
- se référer aux étiquettes et demander conseil aux vendeurs et fournisseurs qui se remettront en question (peut être )
- ne pas laisser les enfants jouer avec les tickets de caisse qui contiennent du bisphénol A - enlever les chaussures en entrant dans la maison
II.J.3.b
Alimentation
Il est recommandé de manger des produits non traités. Les produits frais de saison et de proximité sont moins sujets à être traités pour favoriser une bonne conservation. Laver, éplucher, cuire les aliments peut entraîner une baisse de leur teneur en pesticides.
Eviter les matières grasses animales, destination finale des produits chimiques dans la chaîne alimentaire, limiter ou supprimer la consommation de poissons de rivière permet de diminuer lexposition. Une alimentation à base de légumes, de fruits, de céréales, a un effet bénéfique. Soutenir lagriculture biologique est un moyen de préserver leau et lenvironnement. (45)
Il est recommandé de ne pas passer les récipients en plastique au micro-ondes ou au lave vaisselle, ne pas utiliser de films plastiques et ne pas les passer au micro-ondes, utiliser des emballages alternatifs au plastique, utiliser des contenants en verre, en polyéthylène ou en carton, éviter de mettre des aliments gras dans des récipients en plastique car ils accroissent la libération du BPA et ne pas utiliser de détergent puissant pour les laver, ne pas réutiliser un récipient abîmé, éviter les aliments en boîtes métalliques, ou sortir les aliments avant de les réchauffer.
Chacun peut se renseigner sur la qualité de leau bue, latrazine étant un pesticide « sentinelle » : sil est retrouvé, dautres pesticides seront aussi probablement présents. Les risques sont particulièrement grands après épandage dinsecticide ou dherbicide. (45) Leau minérale contenue en bouteille plastique nest pas indemne de contamination.
Se laver les mains régulièrement permet de diminuer lexposition aux toxiques car les contaminants se déposent sur les surfaces.
Lalimentation pour enfants devrait être exempte daliments considérés comme perturbateurs endocriniens comme le soja.
II.J.3.c
Jardin
La meilleur prévention contre la consommation de pesticides dans lalimentation reste de manger et cultiver des fruits et légumes bio dans un potager en nutilisant pas de pesticide.
Planter ses propres légumes garantit une meilleure composition à condition de ne pas les traiter, mais de revenir à des techniques sans retournement de la terre ce qui favorise les lombrics, respecter les saisons, fertiliser la terre, arroser de manière équilibrée, aérer les plantations, effectuer des rotations de culture, laisser des zones sauvages refuges dauxiliaires.
Pailler est une méthode saine de désherbage et diminue les arrosages, réaliser un désherbage manuel ou thermique, utiliser des méthodes mécaniques contre les animaux nuisibles : filets de protection, pièges à limaces, penser aux associations végétales qui sautoprotègent.