• Aucun résultat trouvé

II Perturbateurs endocriniens

II. H.6 Hydrocarbures, éthers de glycols, aldéhydes

Les hydrocarbures, éthers de glycols, aldéhydes se trouvent dans les livres et magazines neufs. Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sont contenus dans la fumée de tabac, de diesel et de combustion du bois.

Ces substances ont des effets nocifs sur la reproduction et le développement des enfants et sont des perturbateurs endocriniens. (64)

II.H.7

Bisphénol A

Le bisphénol A ou 4,4-isopropylidènediphénol a été initialement produit comme œstrogène de synthèse pour lutter contre l’infertilité mais avait été supplanté par le distilbène. Il est moins persistant que d’autres perturbateurs endocriniens mais son utilisation est tellement généralisée que beaucoup d’humains y sont exposés. (41)

Il provient du polycarbonate utilisé comme monomère pour la fabrication industrielle par polymérisation de plastiques de type polycarbonate et synthèse de résines époxy. Il est également

utilisé comme antioxydant dans les plastifiants et le PVC ((chlorure de polyvinyl) et comme inhibiteur de polymérisation dans le PVC. Il est aussi présent à forte dose et non fixé sur les reçus de caisse et facturettes appelés papier thermosensible. Il est interdit dans les biberons depuis mars 2010, mais présent dans les assiettes et bols en plastique rigide, boîtes de conserve, canettes en aluminium, bouteilles plastiques en polycarbonate. On le retrouve aussi dans les tuyaux d’approvisionnement en eau potable, les eaux urbaines et surtout industrielles mais il est bien dégradé par les systèmes de boues activées. Il est également présent dans les composites en pansements dentaires, les disques compacts, les lunettes, les dispositifs médicaux.

Un phénomène de dépolymérisation est favorisé par le chauffage lors de la stérilisation des aliments, par le nettoyage répété des récipients alimentaires, par le contact avec des composés acides ou alcalins d’autant plus que l’âge des récipients est élevé.

Il est actuellement classé comme reprotoxique de catégorie 3 selon la classification CMR, jugé préoccupant pour la fertilité de l’espèce humaine en raison d’effets toxiques possibles mais non démontrés sur la reproduction chez l’homme.

Le bisphénol A est deux mille fois moins puissant que les œstrogènes, mais il est biologiquement actif à des concentrations infimes de l’ordre de quelques parties par milliard. (45) La période critique des effets du BPA se situe juste après la naissance. (59)

Les mesures de bisphénol effectuées dans le sang, l’urine, le lait maternel et d’autres tissus indique que plus de 90% des personnes vivant dans les pays occidentaux sont exposés à des niveaux détectables de bisphénol. (46) Des taux détectables ont été retrouvés dans le placenta, le liquide amniotique et le fœtus chez le rongeur et dans l’espèce humaine. (46) Le bisphénol A passe donc la barrière placentaire.

Il a une action d’agoniste faible oestrogénique pouvant se lier aux récepteurs nucléaires des oestrogènes a et b (ERa et b). Il a aussi des effets anti androgéniques et peut se lier aux récepteurs des androgènes (AR). Il se lie aux récepteurs thyroïdiens et inhibe la synthèse de gènes médiée par ce récepteur. (60)

Le fonctionnement cérébral est altéré par le BPA mais la direction des changements dépend du sexe, de l’espèce et de la dose. (59)

II.H.8

Phtalates

Les phtalates sont omniprésents dans l’industrie du plastique, on en fabrique 3 millions de tonnes par an dans le monde. (61) Ce sont des plastifiants utilisés pour rendre le PVC plus souple et flexible. Ce sont des agonistes oestrogéniques et des anti-androgènes indirects agissant sur la stéroïdogenèse. (57) Ils sont le produit d’estérification d’un acide phtalique avec un ou plusieurs alcools.

Ce sont des liquides organiques visqueux transparents qui n’émettent que peu de vapeurs dans l’atmosphère car ils sont très peu volatils, ils sont très peu solubles dans l’eau et ont une forte affinité pour les graisses et les alcools lourds. Ils se lient aux polymères comme les PCB de manière non covalente ce qui leur confère leur structure souple et facilite leur mise en forme. Ils

peuvent donc facilement migrer dans les matériaux d’emballage et être relargués dans le milieu environnant en particulier lorsqu’ils sont soumis à des températures élevées.

Il n’y a pas de bioaccumulation chez l’homme du fait de l’élimination relativement rapide de quelques heures à quelques jours mais l’exposition ubiquitaire conduit à une présence permanente dans l’organisme. Le DEHP est le plus couramment utilisé malgré son interdiction dans de nombreux usages.

Les effets des phtalates diffèrent selon la molécule utilisée.

La contamination peut se faire par ingestion, inhalation par aérosols ou contact avec l’air ou l’eau. Ils ne sont pas liés au plastique et peuvent donc être libérés et absorbés par les enfants qui mettent les jouets à la bouche. L’ingestion via l’alimentation est estimée à 0,25mg/j. (61) Comparés aux adultes, les enfants présentent des concentrations urinaires 3 à 5 fois plus élevées. (46)

On les trouve dans les plastiques souples des barquettes et films alimentaires, ils migrent des contenants aux aliments. Ils composent jusqu’à 40% des revêtements en vinyl. Ils sont présents dans des milliers de produis courants en PVC : couches, chaussures, bottes, textiles imperméables, cuirs synthétiques, jouets, consoles de jeux, encres d’imprimerie, détergents, solvants, matériaux de construction, d’ameublement ou de décoration. Ils renforcent l’effet des adhésifs et des pigments de peinture. Ils sont utilisés en cosmétologie comme fixateurs de parfum, vernis à ongle, déodorants, laques, gels, lotions après rasage, lubrifiants. Ils sont présents dans des médicaments et les plombages dentaires. On les trouve aussi dans certains matériels médicaux, comme les poches de perfusion. Leur utilisation au cours de l’accouchement principalement les césariennes augmente la quantité dosée dans le sang des nouveau-nés. (48) Des moyens de substitution sont recherchés par les industriels pour remplacer les molécules les plus toxiques.

II.H.9

PCB

Les PCB (polychlorobiphényles) ou pyralène sont des huiles synthétiques employées dans l’industrie à de multiples titres surtout isolants dans les condensateurs. Ce sont des dérivés chimiques aromatiques chlorés regroupant 209 substances apparentées qui n’ont pas les mêmes effets. Ils sont stables chimiquement et peu biodégradables, classés parmi les polluants organiques persistants.

Ils sont interdits de fabrication et d’utilisation depuis 1987 dans les pays occidentaux mais ils continuent à diffuser des appareils qui en contiennent comme les transformateurs. Ils sont présents dans les produits ignifuges et les transformateurs électriques pour leurs propriétés isolantes et utilisés pour leur stabilité physique et chimique dans les encres et peintures. Ils devaient être éliminés par les entreprises spécialisées en France avant le 31/12/2010. On estime à 100 000 tonnes la quantité présente dans la biosphère. (57)

Les PCB adhèrent à la moindre particule organique qui est brassée par les courants et se dépose dans les sédiments en eaux profondes et est assimilée par les poissons qui y vivent. Ils s’accumulent dans l’environnement en particulier dans des réservoirs comme les sédiments

marins ou de rivière. Les produits chimiques persistants se concentrent énormément dans les chaînes alimentaires marines, exposant les animaux qui vivent longtemps à une contamination élevée. Ils sont lipophiles, s’accumulant dans les tissus graisseux des animaux et adipeux humains. Ils pénètrent très facilement dans l’organisme. La vulnérabilité des mammifères marins est accrue par leur épaisse couche de graisse qui joue à la fois le rôle d’isolant contre le froid et de réserve de nourriture. Les énormes quantités de polluants relâchés dans la nature pendant le siècle passé continueront longtemps de circuler dans les océans et les chaînes alimentaires augmentant les niveaux de contamination. (45) On les retrouve dans 86% des aliments. Les produits de la pêche représentent la principale source de contamination.

Les PCB se font passer pour des oestrogènes. Ils perturbent les hormones thyroïdiennes qui contribuent à coordonner les étapes du développement du cerveau, car elles stimulent la multiplication des cellules nerveuses et guident leur migration jusqu’aux zones appropriées du cerveau.

II.H.10

Dioxines

Les dioxines ou PCDD polychlorodibenzo-p-dioxines sont des composés aromatiques polycycliques chlorés et sont libérées par des processus de combustions incomplètes, des pyrolyses de composés organiques, des événements naturels comme des éruptions volcaniques ou des feux de forêt. On les retrouve à proximité des raffineries de pétrole, des industries du chlore et métallurgiques lors des processus de combustion industrielle, des centrales thermiques, des moteurs automobiles, des feux de cheminée ou de forêt, des incinérateurs d’ordures ménagères. La France possède le parc d’incinération des ordures ménagères le plus grand d’Europe.

La contamination humaine se fait par voie alimentaire par la consommation de produits d’origine animale mais aussi les poissons et crustacés. Les dioxines s’accumulent ensuite dans l’organisme. La demi-vie des dioxines est de sept ans. Leur seuil d’activité toxique est relativement bas. Ce sont des molécules très stables thermiquement, non volatiles, très solubles dans les graisses. La dioxine inhibe les oestrogènes. (45) Elle se fixe sur le ligand AhR qui est un anti-œstrogène, inhibe la transcription des gènes cibles de l’oestradiol tels que ERb, le récepteur de la prolactine, le récepteur de la progestérone, la catepsine D et l’activateur tissulaire du plasminogène. (57) La barrière hématoméningée s’oppose à leur passage.

II.H.11

Pesticides

Le terme de pesticide vient du latin pestis : épidémie, fléau et caedere : tuer. Plus de 600 produits permettant de tuer les nuisances d’origine biologique regroupent les insecticides, fongicides, herbicides, acaricides, mais aussi d’autres substances pour lutter contre les limaces (molluscicides), les rongeurs (rodenticides), les nématodes (nématocides) désinfecter le sol (fumigants)…

Ils sont vendus paradoxalement comme produits phytosanitaires, étymologiquement qui « soignent les plantes ». Plus de 60% des herbicides sont des perturbateurs endocriniens. (62)

Les pesticides provoquent une inquiétante surmortalité chez les abeilles, diminuant ainsi leur rôle pollinisateur indispensable pour la survie de nombreuses espèces végétales.

Tous les pesticides reçoivent une Autorisation de Mise sur le Marché par le ministère chargé de l’agriculture dans le respect du règlement européen du 21 octobre 2009.