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F.2.d.1) Stimulation du comportement violent et agressif Agressivité

III Télévision

III. F.2.d.1) Stimulation du comportement violent et agressif Agressivité

L’exposition à la violence dans les médias augmente le comportement agressif par l’une des trois voies primaires (éveil, cognition et affects). (99) Les récentes avancées en neurosciences sociales ont montré le rôle de l’exposition aux médias violents sur les composantes cognitives et affectives et leurs bases neurocognitives.

L’exposition des garçons entre 2 et 5 ans à des images télévisées violentes est associée à un comportement antisocial entre 7 et 10 ans. (101)

L’augmentation du nombre d’heures passées devant la télévision à quatre ans est associée à une augmentation de 25% de la probabilité d’être décrit comme agressif par la mère de l’enfant entre 6 et 11 ans. (87)

L’étude de Liebert et Baron (102) dès 1972 sur les effets de la violence télévisuelle en comparant le comportement d’enfants de huit à dix ans qui ont vu un film violent versus un film sportif montrait une plus grande violence hétéro agressive chez les premiers.

La Columbia County Longitudinal Study a démarré en 1960. (103) Elle étudie le retentissement du choix des émissions préférées des enfants de 8 ans sur leur comportement. Des informations ont ensuite été prises en 1970 et 1982. Les résultats ont montré que chez les garçons, les émissions suivies à 8 ans étaient liées à un indicateur d’agressivité onze ans plus tard. Les garçons qui avaient vu beaucoup d’émissions violentes à 8 ans avaient un casier judiciaire plus chargé à 30 ans, les variables classe sociale, fonctionnement intellectuel et style éducatif des parents confondues.

Homicides

L’étude de BS. Centerwall (97) en 1992 a montré que l’évolution des homicides en 40 ans au Canada, aux USA, et en Afrique de sud a doublé, concomitante à l’introduction de la télévision qui a été décalée dans le temps en Afrique du sud car interdite pendant 25 ans. Alors que les homicides ont augmenté au Canada comme aux Etats Unis 10 à 15 ans après l’apparition de la télévision dans les foyers, aucune augmentation n’a été notée dans la population blanche comparable en Afrique du sud.

Joy et al. (104) ont constaté une augmentation de 160 % des agressions physiques et un doublement des incidents verbaux entre le CP et le CE1 dans une petite ville isolée du Canada dès l’introduction de la télévision entre 1973 et 1975. Un tiers des sujets emprisonnés admettait avoir imité des gestes observés à la télévision.

L’étude longitudinale actualisée la plus importante est celle de Johnson en 2002 (105) sur 707 familles de l’Etat de New York de 1975 à 1993. Il a noté une corrélation entre la violence et le nombre d’heures passées devant le petit écran. Il mentionnait 20 à 25 actes violents par heure dans les programmes pour enfants. Les résultats montrent que les enfants qui regardent beaucoup la télévision, plus de quatre heures par jour à l’âge de cinq ans, présentent cinq fois plus de risques d’adopter des comportements violents plus tard. On apprend également que la négligence vis-à-vis de l’enfant, les caractéristiques du quartier, la pauvreté, le niveau scolaire des parents, sont corrélés avec le temps passé devant la télévision. Mais la sélection de programmes violents par des jeunes violents ne suffit pas à expliquer leur niveau d’agressivité.

Contexte dans lequel est exposée la violence

Le contexte dans lequel la violence a lieu est primordial pour faire la différence entre apprendre à propos de la violence et apprendre à être violent. Les films historiques peuvent, malgré la violence des images, avoir un rôle éducatif permettant de comprendre certains faits historiques, apprendre les dangers et la douleur de la violence perpétrée sur autrui. (86) Une guidance parentale efficace doit être associée.

Les images violentes associées aux images sexuelles ou comiques sont particulièrement dangereuses car elles associent des sentiments positifs et d’autres blessants. (86)

Effets des programmes de télévision non violents

Zimmerman et al. (87) ont montré que l’exposition à la télévision en général dans la petite enfance est associée à un comportement violent à l’école, et pas seulement la visualisation de programmes violents.

Il existe un rapport entre le temps passé devant la télévision et l’augmentation de comportements violents chez les enfants. (105)

III.F.2.d.2) Désensibilisation

Non seulement les spectacles de violence stimulent la violence mais ils entraînent aussi un phénomène de désensibilisation, avec banalisation, habituation, et installation d’une passivité et d’une apathie face à des gestes violents. (86) Ils abaissent le seuil de tolérance à des images qui devraient heurter la sensibilité.

Pour certains enfants, le fait de jouer à des jeux violents accroît l’excitation physiologique, augmente les attitudes agressives et diminue les comportements prosociaux. En abreuvant de stimuli violents des jeunes déjà vulnérables en raison notamment de leur environnement familial ou social, ou présentant déjà des signes précurseurs d’un trouble des conduites, les spectacles violents en libre accès et sans limite, déversés par la télévision et les jeux vidéo, majorent l’attrait pour la violence, d’autant que les comportements violents y sont, au mieux, banalisés et déculpabilisés et, au pire, vantés et encouragés. Les médias présentent des héros qui utilisent la violence comme mode de résolution des conflits, utilisent leurs armes et les valorisent comme source de pouvoir personnel.

Il est cependant important de retenir que ce sont les enfants qui ont déjà des problèmes de violence qui risquent d’être le plus affectés par la violence dans les médias. On note une diminution de l’inhibition et de la culpabilité de ces jeunes. Ils acquièrent des modes de résolution de conflits par la violence.

La théorie de l’apprentissage social affirme que l’exposition à la violence médiatique produit excitation et imitation et renforce les jeux agressifs. (94)

L’expérience qui a été réalisée à la télévision en 2010, appelée le Jeu de la mort, (106) illustre bien ce phénomène de désensibilisation : sur 10 candidats adultes, 8 consentaient, lorsque l’animatrice l’ordonnait, à torturer un quidam sur une chaise électrique en allant au bout de l’expérience qui consistait à asséner à un inconnu des courants potentiellement létaux de 460 volts.