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D.10 Effets sur les populations à risque D.10.a Fœtus

VII Cannabis

VII. D.10 Effets sur les populations à risque D.10.a Fœtus

Il n’existe en France aucune donnée épidémiologique concernant la consommation de cannabis durant la grossesse. Le THC s’accumule au niveau des testicules, des glandes mammaires et des ovaires.

Les cannabinoïdes passent la barrière placentaire et les concentrations sanguines qui atteignent le fœtus in utero sont au moins égales à celles de la mère.

VII.D.10.a.1) Malformations

Il existe une toxicité embryonnaire, fœtale et des malformations tératologiques chez l’animal de laboratoire. Une augmentation de la mortalité fœtale et néonatale et de la prématurité a été retrouvée chez l’animal. Les capacités de reproduction des mâles exposés pendant la vie fœtale sont altérées.

La prise de cannabis entrainerait une diminution de la perfusion utéroplacentaire et serait à l’origine de l’échec d’implantation embryonnaire, de polyhydramnios, de fausses couches spontanées, de placenta praevia, de contractions, de complications pendant le travail obstétrical. La consommation de cannabis pourrait même interférer avec les anesthésiants nécessaires au travail. On peut retrouver un retard de croissance intra utérin, une hypotrophie, une diminution de taille, une diminution du périmètre crânien, une prématurité. (251) Le risque de malformations congénitales ventriculaires et abdominales est augmenté.

La consommation maternelle de cannabis serait un facteur de risque de mort subite. (252) VII.D.10.a.2) Altérations cognitivo-comportementales

Il a été mis en évidence des altérations cognitives et comportementales significatives chez les sujets exposés in utero à des consommations importantes et régulières de cannabis. (251) Les nouveau-nés présentent des tremblements, une atténuation de la réponse visuelle aux stimuli lumineux, des pleurs inconsolables et des troubles du sommeil, des troubles de l’attention, des troubles des fonctions exécutives, une diminution de la réponse aux tests visuels et aux stimuli lumineux. (253)

Goldschmidt et al. (254) ont suivi une cohorte d’enfants exposés au cannabis en prénatal.

A trois ans, des altérations cognitives touchant la mémoire à court terme, les capacités d’abstraction, les capacités attentionnelles et le raisonnement verbal ont été retrouvées chez les sujets exposés régulièrement au cannabis in utéro.

Entre cinq et six ans, on retrouve des déficits attentionnels et mnésiques, une hyperactivité, une grande impulsivité surtout chez les garçons exposés in utero.

A dix ans, on retrouve un plus grand niveau de délinquance. Des troubles des apprentissages, touchant la lecture, la compréhension et les performances scolaires ont été à l’origine de la chute des résultats scolaires chez des enfants exposés à au moins une cigarette de cannabis par jour in utero.

Jusqu’à l’âge de douze ans, les exposés in utero au cannabis ont présenté des altérations des fonctions exécutives regroupant l’attention, l’intégration visuelle, la planification, les capacités de jugement et le déficit de l’inhibition, fonctions nécessitant l’intégrité du cortex préfrontal et de ses connexions avec les régions cérébrales plus postérieures. La configuration adulte du cortex préfrontal est en place dès le septième mois de vie intra utérine mais la myélinisation et le développement final de cette région s’achèvent plus tardivement que les autres régions cérébrales, autour de l‘adolescence, comme pour le cervelet.

Les enfants de treize à seize ans ont présenté de faibles performances aux tâches impliquant la mémoire visuelle, l’analyse et l’intégration de données.

Les atteintes se développant pendant la grossesse, ne deviennent significatives que lorsque l’enfant a besoin de les utiliser ou même seulement à l’âge adulte.

Une exposition prénatale au cannabis favoriserait l’installation d’un usage nocif voire d’une dépendance au cours de l’adolescence.

Le déficit de l’inhibition et les comportements impulsifs favorisés par l’exposition in utero au cannabis induisent des comportements sociaux inadaptés aux conséquences non négligeables.

VII.D.10.b Adolescent

L’adolescence est l’âge de l’expérimentation. La violation de l’interdit tente de nombreux jeunes. La consommation de cannabis durant l’adolescence, alors que le cerveau n’a pas terminé sa maturation neuronale et ses processus de réarrangements tels que la myélinisation, la sélection neuronale, la plasticité dendritique, la maturation du système de neurotransmetteurs tels que le système endocannabinoïde central, a des effets neurotoxiques. (242)

Les adolescents réagissent différemment des adultes aux stimulations avec les pairs et les stimuli agréables. Leur striatum dorsal, région généralement associée à l’apprentissage et la formation des habitudes, est très sensible à la récompense, et s’active plus que celui des adultes. (255) Le lobe frontal, qui permet l’anticipation dans l’avenir, n’est mature qu’au début de l’âge adulte. L’adolescent n’a donc pas les structures nerveuses en place pour anticiper et se projeter dans l’avenir. Il vit dans le moment présent, sans réfléchir aux conséquences de ses actes.

Les sujets ayant une consommation élevée de cannabis durant l’adolescence, au moins hebdomadaire, présentent le risque maximal d’addiction aux drogues après 20 ans et deviennent davantage des consommateurs persistants à l’âge adulte. (242)

Les consommateurs de cannabis ayant démarré leur consommation durant l’adolescence ont davantage de diminution QI que les consommateurs adultes. (242) Les effets sont particulièrement importants sur les fonctions exécutives et le QI verbal.

Les facteurs tels que l’immaturité, la passivité sont des facteurs de vulnérabilité face au cannabis. L’utilisation importante du cannabis le week-end augmente le risque de dépendance. L’utilisation compulsive et le craving sont plus fréquents qu’avec l’alcool. (242)

Le cannabis stoppe la maturation cérébrale nécessaire au passage dans le monde adulte.

VII.E

Prévention

La société doit prendre des mesures plus drastiques sans attendre une catastrophe épidémiologique plus importante. Une prévention, un dépistage, une information à grande échelle doivent être mis en place par les politiques et les professionnels de santé éclairés par les données de la science. Un discours unique et cohérent doit être diffusé.

Le médecin généraliste, convaincu de ces données, doit être la clé de voute de ce système d’information. Il doit dépister et informer des dangers du cannabis, comme il le fait pour le tabac. Son action auprès des jeunes patients doit être soutenue par des campagnes de prévention globales.

Des outils de dépistage et des structures de prise en charge existent.

VII.E.1

Questionnaire

Le questionnaire Cannabis Abuse Screening Test (CAST) (256) a été mis au point pour dépister les consommateurs à usage problématique. Il est facilement utilisable en consultation de médecine générale.

Un score de 3 ou plus évoque un abus, voire une dépendance au cannabis.

VII.D.2

Structures

Des structures d’accueil, d’information et d’aide à la réduction des usages de cannabis existent dans les centres pour toxicomanes, les hôpitaux ou les associations spécialisées proposent des consultations spécialisées financées depuis 2005. Très peu de jeunes ont demandé de l’aide pour réduire ou arrêter leur consommation. (232) Seuls 4,9% des fumeurs quotidiens en ont déjà parlé à leur médecin, 4.1% à leur famille, 2,8% ont consulté dans un centre. Le rôle du médecin généraliste est primordial dans le dépistage et la prévention, puisque c’est vers lui que les jeunes se tournent le plus facilement.

Il est nécessaire de mieux prendre en compte dans la lutte globale contre les addictions, les effets de la déscolarisation et des formations scolaires courtes ou professionnalisantes.

VII.D.3

Populations à risque