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Pouvoir de transmission du taux de change nominal : définition et revue de la

CHAPITRE II : MONNAIE, TAUX DE CHANGE ET INFLATION DANS LES PAYS

3. Pouvoir de transmission du taux de change nominal aux prix et ajustement des effets

3.1. Pouvoir de transmission du taux de change nominal : définition et revue de la

Conventionnellement, la littérature existante stipule que le taux de change nominal est pris en considération dans la conduite d’une politique monétaire optimale lorsque ses mouvements affectent les écarts d’inflation ou de production. Cela nous conduit à aborder la notion du pouvoir de transmission du taux de change nominal ou du «Pass-through». Dans le cadre de notre travail, l’accent est mis sur la transmission des mouvements du taux de change aux prix98.

Le pouvoir de transmission du taux de change nominal mesure l’effet des fluctuations du taux de change nominal sur les prix à travers les changements des prix des importations. L’indice des prix à la consommation est affecté directement par les variations des prix des importations et indirectement à travers les effets des mouvements du taux de change sur la demande domestique agrégée99. Conventionnellement une appréciation de la monnaie domestique engendre une baisse des prix domestiques.

En théorie, le pouvoir de transmission du taux de change nominal aux prix est lié à l’orientation de la politique monétaire pratiquée100. Ainsi, on s’attend à ce que la transmission soit faible dans les pays qui se caractérisent par une maîtrise rigoureuse de

98 Dans la mesure où les fluctuations du taux de change entraînent des variations des prix des biens

échangeables et non échangeables, le taux de change réel est affecté et une situation de mésalignement peut apparaître, suivie par un effet sur le gap de production.

99

Les prix à la consommation peuvent ne pas répondre aux mouvements du taux de change nominal si les variations des prix des importations sont absorbées par le canal de distribution des biens importés (FMI, 2007 f). Par ailleurs, la transmission des mouvements du taux de change nominal aux prix à la consommation peut être atténuée en raison de la baisse des prix des producteurs étrangers qui désirent maintenir leur part de marché.

100 Un courant de recherche fondé sur le commerce international {Marazzi et al. (2005) et Bergin et Feenstra

(2007)} souligne que la puissance de transmission du taux de change nominal dépend du régime de change adopté par le pays exportateur principal vers l’économie en question. Une hausse des importations provenant du pays pratiquant un régime de change fixe par rapport à la monnaie domestique réduit la transmission du taux de change aux prix. Ce résultats est obtenu à travers deux effets : 1) l’effet direct de la stabilité du taux de change entre la monnaie du pays d’origine des importations et la monnaie domestique, et 2) l’effet indirect via l’ajustement compétitif des autres pays exportateurs. Dans ce sens, Bergin et Feenstra (2007) concluent qu’il est avantageux pour les États-unis d’augmenter leurs importations provenant de Chine en raison du taux de change fixe USD/yuan.

l’inflation à des niveaux bas et par une volatilité réduite du taux de change. Par contre, dans les pays qui tolèrent de fortes volatilités de l’inflation et du taux de change nominal, il est présumé que la transmission des mouvements du taux de change nominal aux prix est élevée. Le premier cas correspond à une politique monétaire restrictive et le deuxième reflète une politique monétaire expansionniste. Devreux et Yetman (2002) mettent en lumière la nécessité pour la Banque Centrale d’une économie ouverte de tenir compte de l’endogénéité du degré de transmission du taux de change aux prix au moment de concevoir sa politique monétaire.

Dans le but de mettre en évidence la relation entre la transmission des variations du taux de change aux prix et la conduite de la politique monétaire, une illustration théorique simple est présentée.

La règle monétaire suivie par la Banque centrale revêt cette forme :

i

t

= θ + δ π

t

+ µ

t

(1)

i

t est le taux d’intérêt nominal,

π

t est l’inflation et

µ

t est une variation aléatoire du taux

d’intérêt qui rend compte de l’incertitude caractérisant la règle monétaire. La parité des taux d’intérêt non couverte s’écrit comme suit101 :

i

t

= i

*t

+ E

t

s

t+1

- s

t (2)

En combinant les équations (1) et (2), nous obtenons la relation suivante :

θ + δ π

t

+ µ

t

= i

*t

+ E

t

s

t+1

- s

t (3)

101

Rappelons toutefois que la parité des taux d’intérêt se vérifie dans le cas où les détenteurs nationaux d’actifs peuvent acquérir des actifs libellés en monnaie étrangère et échangeables à l’échelle internationale. Or, à l’exception de l’Égypte, dans le reste du groupe d’Agadir, les restrictions sur les mouvements des capitaux sont maintenues et les monnaies domestiques sont semi-convertibles (concernant la Tunisie, voir chapitre 3 de la deuxième partie).

La relation (3) implique l’égalité entre le taux d’intérêt nominal visé par les autorités monétaires et le taux d’intérêt nominal en vigueur, déterminé par la condition de parité des taux d’intérêt. Elle établit une relation entre l’inflation et les valeurs contemporaines et futures attendues du taux de change nominal.

La revue de la littérature traitant du pouvoir de transmission du taux de change aux prix («pass-through») est particulièrement abondante aussi bien pour les pays industrialisés que pour les économies émergentes {Taylor (2000), Goldfajn et Werlang (2000), Calvo et Mishkin (2003), Campa et Goldberg (2005, 2006 a et 2006 b), Edwards (2006), Ito et Sato (2006), Duma (2008)…}. En outre, un courant de recherche imposant sur le pouvoir de transmission dans les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (PSEM) et du Moyen- Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) s’affirme {Choudhri et Hakura (2001), Choudhri et al. (2002), Kandil et Mirzaie (2003), Boughrara (2007), Al-Mashat (2007), Neaime (2007)…}.

Dans le cadre de notre travail, nous étudions la transmission des mouvements du taux de change nominal aux prix dans les pays du groupe d’Agadir. Nous abordons cette question non pas dans un contexte de transmission de la politique monétaire, ni dans une optique d’identification des sources de l’inflation, mais sous l’angle du pouvoir d’ajustement des effets des chocs sur les prix du taux de change nominal.

Le reste de cette section est organisé comme suit : en premier lieu, l’approche empirique de la transmission des fluctuations du taux de change nominal aux prix en Tunisie du FMI (2007 f) est présentée. En deuxième lieu, le courant de pensée d’Edwards (2006) est décrit. Enfin, en troisième lieu, nous appliquons la méthode d’Edwards (2006) aux quatre pays d’Agadir, objet de notre étude.

3.2. Modèle d’estimation de la transmission du taux de change nominal aux prix du