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Application du modèle d’Edwards (2006) aux pays du groupe d’Agadir

CHAPITRE II : MONNAIE, TAUX DE CHANGE ET INFLATION DANS LES PAYS

3. Pouvoir de transmission du taux de change nominal aux prix et ajustement des effets

3.4. Application du modèle d’Edwards (2006) aux pays du groupe d’Agadir

Dans le cadre de notre travail de recherche, l’accent est mis sur les effets des variations anticipées et non anticipées du taux de change nominal dans les pays du groupe d’Agadir. À ce stade, il est important de souligner la distinction entre les deux types de variations. Dans le premier cas, nous étudions le pouvoir de transmission du taux de change nominal et sa capacité d’absorption des effets des chocs. Le taux de change nominal est manipulé par les autorités monétaires. Il s’agit donc de fluctuations du taux de change nominal anticipées et gérées par les autorités monétaires. Elles sont menées dans le but d’être transmises aux prix et de contrecarrer les effets inflationnistes des chocs103. En d’autres termes, en accord avec la théorie économique, l’évolution attendue du taux de change nominal s’explique par l’évolution des variables macroéconomiques fondamentales, notamment les prix.

Les pays du groupe d’Agadir ont d’ores et déjà engagé la transition à terme vers une politique monétaire de ciblage de l’inflation104. Par ailleurs, une forte transmission des mouvements du taux de change nominal aux prix peut entraver l’implantation d’une politique de ciblage de l’inflation dans les économies émergentes (Boughrara, 2007). La réaction de la Banque Centrale par la hausse du taux d’intérêt à court terme en réponse à l’inflation transmise par les mouvements du taux de change nominal peut se révéler problématique. Ainsi, un faible pourvoir de transmission du taux de change nominal aux prix procure plus de liberté aux autorités monétaires et facilite l’implantation d’une politique de ciblage de l’inflation. Dés lors, l’étude du rôle du taux de change nominal dans les économies émergentes du groupe d’Agadir devient incontournable.

Dans le deuxième cas, les mouvements volatils non anticipés du taux de change nominal traduisent des chocs de change. Il convient donc d’analyser les vulnérabilités et les réponses des variables aux chocs de change. Ce volet sera traité dans le cadre de l’étude empirique.

103

Un courant de recherche précise que les mouvements attendus du taux de change nominal sont liés aux comportements et anticipations des agents (par exemple : Kandil et Mirzaie, 2003).

104 Rappelons que les périodes de transition vers l’implantation effective du ciblage de l’inflation varient au

sein du groupe d’Agadir. Elles varient de 1 à 2 ans pour l’Égypte à plus de 5 ans pour la Tunisie (FMI, 2006 b).

Le taux de change nominal constitue un outil performant dans l’absorption des effets inflationnistes des chocs seulement si les mouvements du taux de change nominal sont fortement transmis aux prix des biens échangeables et faiblement transmis aux prix des biens non échangeables. Dans ce contexte, étudier si le taux de change nominal est actif en tant qu’outil d’ajustement des effets des chocs dans les pays du groupe d’Agadir revient à examiner la capacité de transmission des mouvements du taux de change nominal aux prix domestiques des biens échangeables et non échangeables dans ces pays.

Nous avons consciemment opté pour l’approche d’Edwards (2006) en raison de sa ventilation des prix en prix des biens échangeables et prix des biens non échangeables. Le travail de l’auteur permet d’isoler la sensibilité des prix des biens échangeables aux mouvements du taux de change nominal de celle des prix des biens non échangeables. Cette approche est pertinente dans le sens où la littérature existante s’accorde sur le fait que, dans la mesure où les biens échangeables ont une plus forte teneur en inputs importés, ces biens sont plus réactifs au taux de change nominal {Campa et Goldberg (2006 a) et Bacchetta et van Wincoop (2003)}.

La question de la transmission des mouvements du taux de change nominal aux prix des biens échangeables et non échangeables dans les pays d’Agadir est difficile à traiter. D’une part, les données sur les prix des biens non échangeables sont rares, en particulier pour les pays émergents.

D’autre part, il est important de noter que dans les pays de l’accord d’Agadir, le taux de change nominal est une variable dont les mouvements ne sont pas tolérés. Il constitue l’ancrage de la politique monétaire en Jordanie depuis 1996, en Égypte jusqu’à la fin de 2002 et, à titre modéré, souple et implicite, en Tunisie jusqu’à la fin de 2004. Ces différents régimes sont résumés dans le tableau 5 (chapitre 1) et sont illustrés par le graphique 30. De plus, dans les pays du groupe d’Agadir, certains prix continuent à être administrés par les autorités monétaires105. Devreux et Yetman (2002) soulignent que la faible incidence des

105

variations du taux de change sur les prix est imputable à la rigidité des prix et aux caractéristiques structurelles du commerce international. Par conséquent, la combinaison entre l’ancrage du taux de change nominal et l’administration des prix risque d’affaiblir le pouvoir de transmission du taux de change nominal aux prix (Billmeier et Bonato, 2004).

Graphique 30

-1.2

-1.0

-0.8

-0.6

-0.4

-0.2

0.0

0.2

0.4

86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06

DNERAEGY

DNERAJOR

DNERAMAR

DNERATUN

Variation annuelle du taux de change nominal (1unité monnaie

domestique/USD) dans les pays du groupe d'Agadir

Dans le but de pallier ces deux difficultés, en premier lieu, en raison de l’absence des données sur les biens échangeables et non échangeables, à l’image d’Edwards (2006), nous avons choisi d’utiliser des variables de substitution («proxies»). L’indice des prix à la consommation (CPI) représente le niveau des prix des biens non échangeables et l’indice des prix à la production (PPI) représente le niveau des prix des biens échangeables. Certes, cette méthode apparaît inhabituelle. Toutefois, contrairement aux pays industrialisés, les prix des services n’existent pas pour les pays émergents. En outre, dans la littérature, plusieurs auteurs tels que Campa et Goldberg (2006 a) et Bacchetta et van Wincoop (2003) ont eu recours à l’approximation des prix des biens non échangeables par le CPI. De même, les économistes du FMI (2005 d) étudient la relation dynamique entre le taux de change nominal et les prix en Égypte, avec un cloisonnement entre l’indice des prix à la consommation (CPI) et l’indice des prix de gros (WPI).

Dans le même ordre d’idées, Ito et Sato (2006) soulignent que dans un contexte où le taux de change nominal jour le rôle d’outil de correction des déséquilibres, la transmission des mouvements du taux de change nominal aux prix des importations ou aux prix de gros (WPI) est favorable, tandis que celle aux prix à la consommation (CPI) est nuisible. Ce raisonnement rejoint celui d’Edwards (2006), dans la mesure où une forte transmission aux PPI et un faible transmission au CPI implique que le taux de change agit en tant qu’instrument d’absorption des effets des chocs, notamment sur les prix.

Dans la section précédente, en suivant l’approche de Gerlach et Gerlach-Kristen (2006), nous avons formulé des conclusions quant au pouvoir du taux de change nominal à absorber les effets inflationnistes des chocs. Néanmoins, ces conclusions s’appuient sur une relation entre le taux de change nominal et l’inflation basée sur le CPI. Or, dans la littérature existante, il est présumé que le pouvoir de transmission du taux de change nominal à l’indice des prix des importations et au PPI est plus fort qu’au CPI. C’est pourquoi, l’approche d’Edwards nous paraît appropriée dans le sens où elle permet de prolonger et de compléter le courant de recherche entamé par l’approche de Gerlach et Gerlach-Kristen (2006).

En deuxième lieu, compte tenu de la dominance de l’ancrage du taux de change nominal unilatéral (par rapport au USD) dans le groupe d’Agadir, nous avons opté pour un taux de change nominal multilatéral dont les mouvements sont plus volatils : le taux de change effectif nominal (voir les écarts-types dans le tableau 8). Dans le même ordre d’idées, Al- Mashat et Billmeier (2007) concluent qu’en Égypte, à l’opposé du taux de change nominal unilatéral par rapport au USD, le taux de change effectif nominal amplifie le pouvoir de transmission d’un choc de politique monétaire aux prix. Ces auteurs expliquent le faible pouvoir de transmission du taux de change nominal unilatéral par l’ancrage de facto de la livre égyptienne au dollar. Neaime (2007) a étudié les mécanismes de transmission de la politique monétaire dans les pays du MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) à l’aide de modèles SVAR. Toutefois, étant donné que l’auteur a choisi la variable taux de change nominal unilatéral par au dollar, il trouve qu’en Jordanie, la réponse des prix aux mouvements du taux de change nominal n’est pas significative. Ce résultat n’est pas surprenant dans la mesure où la politique monétaire de la Jordanie repose sur l’ancrage ferme du taux de change nominal par rapport au dollar.

Par ailleurs, certains économistes soulignent que dans le but de mesurer la dévaluation de la monnaie des pays en voie de développement, le taux de change en termes effectifs est plus approprié que le taux de change unilatéral {Rana et Dowling (1985) et Bahmani-Oskooee et Malixi (1992)}.

Une analyse comparative entre le taux de change nominal unilatéral (par rapport au USD) et le taux de change effectif nominal des pays membres du groupe d’Agadir est corroborée par les graphiques suivants (graphiques 31 à 34).

Graphique 31

-1.2

-1.0

-0.8

-0.6

-0.4

-0.2

0.0

0.2

86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06

DNERAEGY

DNEERAEGY

Variation annuelle du taux de change nominal (1EGP/USD) et

du taux de change effectif nominal en Egypte

En Égypte, jusqu’à fin 2002, la cible intermédiaire de la politique monétaire était le taux de change nominal unilatéral par rapport au dollar (USD). En revanche, nous pouvons constater une volatilité du taux de change nominal en termes effectifs, avec un accroissement notable depuis 2001. À partir de 2003, année officielle de l’introduction du flottement libre, la politique monétaire de jure cible des agrégats monétaires (FMI, 2004 d et 2005 a). Toutefois, nous remarquons un retour à l’ancrage du taux de change nominal par rapport au USD dés 2004, confirmé par la classification du FMI (2006 d)106.

106 Rappelons que, depuis la rupture de l’ancrage du taux de change nominal en 2003, la classification du

régime de politique monétaire de l’Égypte est controversée (voir la classification des politiques monétaires des pays du groupe d’Agadir, chapitre 1).

Graphique 32

-.8

-.6

-.4

-.2

.0

.2

86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06

DNERAJOR

DNEERAJOR

Variation annuelle du taux de change nominal (1JRD/USD) et

du taux de change effectif nominal en Jordanie

Il semblerait que durant toute la période de notre étude 1986-2006, implicitement ou explicitement, la politique monétaire jordanienne repose sur l’ancrage du taux de change nominal unilatéral par rapport au USD. L’évolution de l’ancrage nominal intermédiaire de la politique monétaire en Jordanie montre que durant la période 1986-1995, bien que le régime monétaire officiel soit l’ancrage de la masse monétaire, parallèlement au ciblage implicite du taux de change par rapport à un panier monétaire, le taux de change effectif nominal affiche une volatilité modérée, voire de même ampleur que celle du taux de change nominal par rapport au USD (supposé flotter avec plus de flexibilité). Il apparaît donc que l’ancrage du taux de change effectif nominal n’était pas ferme. À partir de 1996, la tendance est inversée : suite à l’adoption du ciblage intermédiaire du taux de change

nominal unilatéral par rapport au USD, on assiste à un ancrage ferme et clair de la nouvelle cible intermédiaire. Le taux de change nominal est solidement ancré au dollar et affiche une stabilité parfaite, alors que la volatilité du taux de change effectif nominal s’accroît.

Graphique 33

-.2

-.1

.0

.1

.2

86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06

DNERAMAR

DNEERAMAR

Variation annuelle du taux de change nominal 1MAD/USD et

du taux de change effectif nominal au Maroc

Au Maroc, en accord avec la politique monétaire officielle d’ancrage du taux de change par rapport à un panier monétaire, le taux de change effectif nominal est maintenu stable, notamment à partir de 1995, avec certains ajustements ponctuels. En revanche, le taux de change nominal par rapport au USD fluctue librement.

Graphique 34

-.4

-.3

-.2

-.1

.0

.1

.2

.3

86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06

DNERATUN

DNEERATUN

Variation annuelle du taux de change nominal (1TND/USD) et

du taux de change effectif nominal en Tunisie

En Tunisie, le taux de change nominal par rapport au USD varie plus librement que le taux de change effectif nominal. Parallèlement au ciblage de l’agrégat monétaire M2, le taux de change effectif nominal est l’objet d’un semi-ancrage souple et modéré. Il affiche une volatilité maîtrisée. Toutefois, on observe un relâchement de l’ancrage du taux de change effectif nominal à partir de 2000. Cet assouplissement résulte de l’abandon de la règle de stabilisation du taux de change effectif réel dans le cadre d’une optique de transition progressive vers un régime de change plus flexible.

Graphique 35

-1.2

-1.0

-0.8

-0.6

-0.4

-0.2

0.0

0.2

86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06

DNEERAEGY

DNEERAJOR

DNEERAMAR

DNEERATUN

Variation annuelle du taux de change effectif nominal

dans les pays du groupe d'Agadir

Le taux de change effectif nominal (NEER) est une variable qui fluctue en Égypte et en Jordanie (officiellement à partir de 1996). En Tunisie, les mouvements du taux de change effectif nominal sont gérés, à titre souple et modéré, avec un relâchement marqué à partir de 2000107. Au Maroc, le taux de change effectif nominal affiche une certaine volatilité jusqu’en 1995. Par la suite, en raison d’une pratique plus rigoureuse de l’ancrage exclusif

107

En Tunisie, l’ancrage souple et maîtrisé est exercé sur un taux de change nominal multilatéral. Le FMI (2004 d) affirme que le rattachement du taux de change nominal est un taux multilatéral dont les pondérations sont périodiquement ajustées en fonction des différentiels d’inflation avec les pays partenaires et concurrents, ainsi qu’en fonction d’autres variables confidentielles. Dans le cadre de notre travail, nous supposons que le taux de change multilatéral d’ancrage est proche du taux de change effectif nominal.

du taux de change nominal par rapport à un panier monétaire, le taux de change effectif nominal est maintenu quasi-stable108.

L’impact des fluctuations du taux de change nominal sur les prix des biens échangeables et non échangeables peut être modélisé par des VAR structurels (SVAR). Toutefois, ces modèles nécessitent l’imposition de restrictions de court terme et de long terme sur les effets des variations du taux de change nominal sur les prix. Cette étape repose sur des relations complexes entre les variables, confirmées par la théorie économique. C’est pourquoi, bon nombre de chercheurs utilisent la méthode des doubles moindres carrés («Two Stage Least Squares»). C’est également une des techniques choisies afin de répondre à notre question de recherche.

L’équation à estimer par la technique des doubles moindres carrés (ou MCO à deux niveaux) est la suivante :

∆ P

t

= b

0

+ b

1

∆ E

t

+ b

2

P* + b

3

∆ P

t P

+ ω

t

P

t représente respectivement les prix des biens non échangeables et les prix des biens

échangeables. Ils sont remplacés par l’indice des prix à la consommation (CPI) pour les prix des biens non échangeables et l’indice des prix à la production (PPI) pour les prix des biens échangeables. Ainsi, pour chaque pays du groupe d’Agadir, deux équations sont estimées. Dans la première estimation, la variable endogène est la variation des prix des biens non échangeables (

CPI). Dans la seconde, c’est la variation des prix des biens échangeables (

PPI).

E

t est le taux de change effectif nominal (NEER). Les Statistiques Financières

Internationales du FMI ne fournissent pas de NEER pour l’Égypte et la Jordanie. Ces variables sont construites par nos propres moyens sur la base des poids des échanges

108 Certes les mouvements du taux de change effectif nominal ne sont pas tolérés au Maroc. Cependant, les

autorités monétaires peuvent décider de certains ajustements en réponse aux chocs, exemple : la dépréciation du MAD en termes nominaux effectifs de plus de 5% en 1991.

commerciaux109. En ce qui concerne la Tunisie et le Maroc, le NEER provient directement du CD-ROM du FMI «Statistiques Financières Internationales».

P*

est l’indice des prix étrangers. Il s’agit spécifiquement des indices CPI et PPI américains, obtenus du CD-ROM du FMI «Statistiques Financières Internationales».

P

t P représente la variable prix retardée de p mois. Sur la base des critères Akaike et FPE

(«final prediction error»), le retard p (en mois) est respectivement fixé à 3, 5, 6 et 3 pour l’Égypte, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie.

Les données sont mensuelles et couvrent la période allant de 1986:1 à 2006:12. Les variables sont exprimées en LOG et sont considérées en différence annuelle110. Elles sont présentées sur les graphiques suivants (graphiques 36 à 39).

Dans la mesure où la variable dépendante retardée est une variable explicative dans le modèle, les estimations par la méthode des doubles moindres carrés peuvent être biaisées en raison d’une corrélation des erreurs. Dans ce cas, le test de Durbin-Watson n’est pas approprié pour détecter la présence de ces corrélations. C’est pourquoi, le test des corrélations des séries de Breusch-Godfrey est appliqué. Ce test confirme l’existence de corrélations des erreurs. Par conséquent, l’estimation est menée par la technique SURE («seemingly unrelated regressions estimation»).

109 La conformité des séries a été vérifiée sur la base des séries contenues dans les travaux du FMI (2005 b et

2007 b).

110 Dans le but de mieux capter la dynamique des prix, la différence première annuelle des variables est

Graphique 36

-1.2

-0.8

-0.4

0.0

0.4

86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06

DNEERAEGY

DCPIAEGY

DPPIAEGY

Variation annuelle du taux de change effectif nominal (NEER),

du CPI et du PPI en Egypte

Graphique 37

-.8

-.6

-.4

-.2

.0

.2

.4

.6

.8

86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06

DNEERAJOR

DCPIAJOR

DPPIAJOR

Variation annuelle du taux de change effectif nominal (NEER),

du CPI et du PPI en Jordanie

Graphique 38

-.20

-.15

-.10

-.05

.00

.05

.10

.15

86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06

DNEERAMAR DCPIAMAR DPPIAMAR

Variation annuelle du taux de change effectif nominal (NEER), du CPI et du PPI au Maroc

Graphique 39

-.4

-.3

-.2

-.1

.0

.1

.2

86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06

DNEERATUN

DCPIATUN

DPPIATUN

Variation annuelle du taux de change effectif nominal (NEER),

du CPI et du PPI en Tunisie

Tableau 12. Résultats de l’estimation par la technique SURE de la transmission du taux de change nominal aux prix

Égypte Jordanie Maroc Tunisie

DCPI DPPI DCPI DPPI DCPI DPPI DCPI DPPI

C 0.0189*** 0.0104*** 0.0068* 0.0169*** 0.0014 0.0173*** 0.0005 0.0122*** (3.0429) (2.8994) (1.6002) (2.9096) (0.4186) (6.3049) (0.3311) (4.2567) (0.0062) (0.0036) (0.0042) (0.0058) (0.0035) (0.0027) (0.0016) (0.0028) DNEER -0.0396*** -0.0334*** -0.2508*** -0.5423*** 0.1128*** -0.0619* -0.0098 0.0016 (4.0123) (3.2789) (21.7036) (13.4496) (3.3179) (1.3183) (1.1807) (0.0652) (0.0098) (0.0102) (0.10115) (0.0403) (0.0342) (0.0469) (0.0083) (0.0244) DPUSD -0.3147* 0.0364 0.2689* 0.0610 0.3044*** 0.1247*** 0.1874*** 0.0827* (1.4305) (0.5105) (1.7886) (0.3944) (2.8805) (2.4447) (3.4619) (1.7207) (0.2216) (0.0713) (0.1503) (0.1548) (0.1056) (0.0510) (0.0541) (0.0481) DP t P 0.8518*** 0.8423*** 0.4751*** 0.2955*** 0.5992*** 0.3665*** 0.8477*** 0.6948*** (25.3939) (25.8087) (17.5072) (6.6004) (13.9803) (6.5132) (27.6726) (15.2987) (0.0335) (0.0326) (0.02714) (0.0447) (0.0428) (0.0562) (0.0306) (0.0454) R2 Ajusté 0.7737 0.7907 0.8858 0.6592 0.5645 0.4475 0.8221 0.4868 Durbin- Watson 1.8232 1.9287 2.0058 2.0373 1.9102 1.7317 1.7922 1.8318

La valeur entre parenthèses de la première ligne correspond à la statistique t en valeur absolue. Celle de la deuxième ligne représente l’écart type. *, **, *** indiquent des niveaux de confiance de 1%, 5% et 10%. Jusqu’à 20%, nous considérons l’estimation significative.

Le tableau 12 résume les résultats des régressions. La transmission des mouvements du taux de change nominal aux prix des biens non échangeables est négative dans le groupe d’Agadir, à l’exception du Maroc111. Elle est significative pour l’Égypte, la Jordanie et le Maroc avec le coefficient de transmission le plus élevé en Jordanie (- 0.2508). Devreux et Yetman (2002) ont trouvé un cœfficient de transmission au CPI identique pour la Jordanie112. Ce résultat a plusieurs explications potentielles. En premier lieu, la transmission aux prix des biens non échangeables (CPI) est plus importante dans les pays qui ont connu des épisodes d’inflation élevée {Taylor (2000), Devreux et Yetman (2002) et Edwards (2006)}. À ce titre, comparés à la Tunisie et au Maroc, la Jordanie affiche des taux d’inflation importants notamment entre 1988 et 1996, avec un pic inflationniste de 32% en 1989 (voir graphique 40). En deuxième lieu, dans le groupe d’Agadir, la Jordanie se caractérise par une contribution dominante des services dans le PIB (voir tableau 4, chapitre 1). En troisième lieu, en accord avec Belaisch (2003), la transmission des mouvements du taux de change nominal au CPI dépend du degré d’ouverture de l’économie. Or, au sein du groupe d’Agadir, la Jordanie est le pays le plus ouvert (tableau 2, chapitre 1).

Notre résultat concluant l’inexistence d’un pouvoir de transmission significatif des fluctuations du taux de change nominal aux prix à la consommation (CPI) en Tunisie concorde avec les travaux empiriques. À cet effet, en étudiant un large échantillon de pays, Choudhri et Hakura (2001) montrent que la transmission du taux de change aux prix est incomplète, y inclut en Tunisie. Devreux et Yetman (2002) notent qu’en Tunisie, la transmission des variations du taux de change au CPI est dérisoire et statistiquement non significative. Dans le même ordre d’idées, Goldfajn et Werlang (2000) trouvent que pour un échantillon de pays émergents, contenant la Tunisie, le pouvoir de transmission du taux de change aux prix dépend essentiellement du