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4. L’ ÉTAT DE LA QUESTION

4.4 Pourquoi prendre part au jeu des enfants?

L’étude de Pramling Samuelsson et Johansson (2009) tente de mettre en lumière les raisons qui amènent les enfants à inclure les enseignantes dans le jeu et de mieux comprendre comment les enseignantes contribuent aux interactions quand les enfants jouent. Voulant répondre à ces questionnements, l’étude met aussi l’accent sur le développement de stratégies pédagogiques chez les enseignantes, orientées à la fois sur le jeu et sur l’apprentissage des enfants. D’ailleurs, ce qui ressort de cette étude est le fait que ce sont les enfants qui contrôlent, qui fixent leurs objectifs et qui créent un sens à leur jeu (Pramling Samuelsson et Johansson, 2009). L’étude en question cherche ainsi à mieux connaitre les rôles que les enseignantes assument dans le jeu des enfants ou dans d’autres activités que les enfants ont choisies et qu’ils contrôlent. Les enfants sont au premier plan de l’analyse et les enseignantes en arrière-plan, même si leurs interactions jouent un rôle prépondérant dans les résultats émergents.

Les résultats de l’étude ont été tirés à partir de données provenant d’observations, plus précisément, de vidéos d’enfants de huit groupes, soit un groupe des tout-petits, cinq groupes de frères et sœurs, une classe de préscolaire et une classe du primaire. Toutes les observations vidéos captées sur toute une année, regroupent des situations dans lesquelles les enfants ont pris l’initiative d’interagir avec les enseignantes, les invitant à prendre part à leur jeu. Une fois les observations vidéos filmées, la méthode de transcription consistait à décrire soigneusement la totalité de la situation et de l’interaction en cours, précisant les initiatives des enfants et les réactions des enseignantes. Les résultats analysés se groupent en cinq catégories qui explicitent les raisons pour lesquelles les enfants décident d’inclure et d’impliquer les enseignantes dans leur jeu. Ces catégories ressorties démontrent que les enfants sollicitent les enseignantes pour diverses raisons: 1) pour obtenir de l’aide afin de jouer et apprendre; 2) pour être reconnus comme des êtres compétents; 3) pour les avertir que d’autres enfants changent les règles; 4) pour avoir des informations, ou bien, recevoir des confirmations sur la façon dont certaines choses se passent; 5) pour tout simplement engager les enseignantes dans le jeu et leurs apprentissages. Aussi, les résultats de cette étude montrent que les enfants et les enseignantes semblent être d’accord sur les manières

d’interagir ensemble. Ce qui ressort davantage, est la manière dont les enfants essaient d’inclure les enseignantes dans leur monde afin de les faire participer au jeu. Il importe donc de mentionner que, d’après Pramling Samuelsson et Johansson (2009), s’intéresser au monde des enfants est sans aucun doute l’une des tâches principales des enseignantes. À cet égard, nous nous questionnons sur les façons de prendre part au jeu des enfants, permettant ainsi de mieux accompagner les enfants dans leurs apprentissages.

En résumé, au cours de ce chapitre, le contexte de la problématique professionnelle a d’abord été élaboré, nous amenant à se questionner sur la possibilité, pour une enseignante, d’avoir un double rôle en classe, auprès des enfants d’âge préscolaire. Par la suite, deux approches divergentes à l’éducation préscolaire ont été explicitées, soit celle scolarisante et celle développementale, élaborant davantage sur cette dernière, en mettant l’accent sur les défis à relever en classe. Enfin, quatre études ont été ressorties, en lien avec notre objet de recherche, qui apportent un éclairage sur le rôle de l’enseignante dans le jeu des enfants.

Il est important de continuer à explorer ce domaine d’étude afin d’amener et aider les enseignantes à identifier diverses façons de favoriser l’apprentissage des enfants par le jeu. Notre question générale de recherche est la suivante: quel est le rôle de l’enseignante dans le jeu des enfants à l’éducation préscolaire? Ainsi, nous voulons nous attarder au rôle de l’enseignante dans le jeu des enfants à l’éducation préscolaire afin de mieux comprendre comment l’enseignante et les enfants cohabitent l’espace et le temps.

DEUXIÈME CHAPITRE LE CADRE CONCEPTUEL

Dans le chapitre précédent, nous avons présenté la problématique professionnelle et le problème de recherche. Dans la réalité quotidienne d’une classe de maternelle, nous avons constaté qu’il n’est pas évident de concilier deux rôles en même temps. Rôles que nous avons été amenée à exercer dans notre pratique professionnelle et qui nous a amenée à réfléchir sur l’impact des interventions de l’enseignante à l’éducation préscolaire. Effectivement, nous mentionnions qu’il est difficile d’avoir à la fois un rôle d’enseignante et un rôle de chercheuse qui observe les enfants dans le but de mieux comprendre et soutenir leur développement. Par ailleurs, le problème de recherche a fait état des deux approches distinctes qui font l’objet d’un grand débat dans le monde de l’éducation préscolaire: l’approche axée sur une scolarisation précoce versus l’approche axée sur le développement global des enfants. Celle-ci reconnait que l’enfant « est le principal agent de ses apprentissages. De ce point de vue, les objets d’apprentissage ne sont pas extérieurs à l’enfant; c’est en agissant qu’il se développe et apprend » (Larouche, 2017, p. 9). C’est pourquoi nous privilégions une approche qui met l’enfant au centre de ses apprentissages. Cette approche permet d’observer les enfants, de voir comment ils construisent leur représentation du monde qui les entoure, étant eux-mêmes en action.

Afin de favoriser cette approche de développement global en classe, les enseignantes instaurent une pédagogie par le jeu qui aurait des avantages et possédant même une légitimité inscrite dans les textes et les documents officiels du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (Gouvernement du Québec, 2001). À cet effet, le volet préscolaire, dans le Programme de formation de l’école québécoise (PFÉQ), a une section qui met l’accent sur l’importance de laisser une place au jeu afin de favoriser le développement global des enfants (Ibid.). Le PFÉQ « insiste sur la place privilégiée du jeu comme contexte de réalisation des diverses compétences » (Baillargeon, 2006, p. 1). L’enseignante exerce un rôle fondamental pour mettre en œuvre cette approche pédagogique et c’est sur cet objet que nous concentrerons notre recherche.

Dans ce deuxième chapitre, nous nous intéresserons au jeu qui représente un fondement de l’approche développementale, nous permettant de mieux comprendre en quoi il consiste en définissant ses principales caractéristiques. Puis, nous aborderons le rôle de l’enseignante dans le jeu des enfants. Nous verrons en quoi le principe de l’étayage est bénéfique, un concept permettant à l’enseignante de choisir plus d’une intervention soutenant les enfants vers une saine autonomie (Cloutier, 2011).