• Aucun résultat trouvé

2. U NE INTERPRÉTATION DE L ’ ENSEMBLE DES SITUATIONS : QUELQUES CONSTATS EN

2.3 Des interventions de l’adulte adaptées au jeu de chaque enfant

Comme défini dans le cadre conceptuel, la présence de l’adulte dans le jeu est une autre des conditions favorables. En effet, l’adulte occupe un rôle important dans le jeu des enfants (Périno, 2008; Baillargeon, 2005). En assurant une présence sécurisante en classe, cela permet aux enfants de se sentir en confiance et ils peuvent ainsi se prêter au jeu (Raby et Charron, 2010). Lorsque les enfants sont en action, l’adulte peut les observer pour voir ce qu’ils font avec le matériel et, par conséquent, être en mesure d’adapter ses interventions. Celles-ci doivent tenir compte des intérêts et des besoins de tous les enfants (Baillargeon, 2005). L’adulte arrive à soutenir et à enrichir le jeu des enfants en devenant un partenaire de jeu et en l’étayant. C’est ce dont nous traiterons dans les prochains paragraphes.

2.3.1 Devenir partenaire du jeu des enfants

Rappelons-nous que l’adulte peut adopter certains rôles qui encouragent et qui soutiennent le jeu des enfants, soit celui d’observatrice, de metteuse en scène, de cojoueuse et de leadeuse de jeu (Johnson, Christie et Wardle, 2005). Nous remarquons qu’à travers nos situations de jeu, l’adulte a privilégié certains rôles plutôt que d’autres, en considérant les besoins du jeu des enfants. Dans la situation #1, l’adulte opte pour un rôle d’observatrice, et ce, afin de questionner les enfants et voir comment ils jouent dans le coin médecin. Au cours de cette situation de jeu, l’adulte se fait attribuer un rôle de secrétaire

par un enfant; elle a donc eu un rôle de cojoueuse. Elle a saisi cette occasion pour prendre part à leur jeu puisque le moment était propice. Plus tard dans le jeu, un autre enfant dit à l’adulte d’aller attendre à côté, dans la salle d’attente. Cette fois-ci, le moment était opportun pour quitter le jeu des enfants voyant qu’ils étaient capables de poursuivre leur jeu sans l’adulte. C’est également ce qui ressort de la situation de jeu #3. Toujours au coin médecin, l’adulte opte pour un rôle d’observatrice. Nous constatons que les enfants arrivent parfois à jouer seuls, sans que l’adulte se glisse dans leur jeu ou qu’elle ait besoin d’intervenir. De fait, l’adulte intervient lorsque cela est nécessaire.

Au début de la situation de jeu #2, nous relevons que l’adulte décide de s’installer derrière la caisse enregistreuse au coin épicerie. Son intention est claire, elle veut montrer aux enfants comment une caissière agit, en modélisant certaines actions. À ce moment-là, l’adulte est leadeuse de jeu. Cela amène une enfant à manifester le désir d’être caissière à son tour. C’est alors qu’elle imite les gestes de l’adulte dans son propre jeu. Réalisant que le moment est bon pour quitter le jeu puisque l’enfant prend sa place, l’adulte décide de se retirer graduellement, adoptant un rôle d’observatrice. C’est alors qu’une enfant jouant au coin médecin vient solliciter l’adulte pour qu’elle la suive jusque dans son jeu. L’adulte a répondu positivement à sa demande en l’accompagnant jusque dans la chambre d’hôpital, parce que c’était un moment propice pour entrer dans le jeu de l’enfant. En d’autres mots, c’est en choisissant les bons moments et en ciblant les besoins des enfants que l’adulte est en mesure d’adapter ses différentes interventions, et ce, en jouant avec eux et en devenant partenaire de leur jeu. Au travers de la situation de jeu #6, l’adulte intervient souvent pour soutenir et enrichir le jeu de chacun des enfants se développant au coin des blocs. Chacune de ses interventions semble être effectuée dans le but de toujours répondre aux besoins de ceux-ci. C’est également ce que nous observons au travers de certaines autres situations de jeu. L’adulte veut intervenir en respectant les choix et les intérêts des enfants. Au cours des prochains paragraphes, nous verrons comment les interventions de l’adulte sont regroupées en fonction du principe de l’étayage expliqué par Cloutier (2012).

2.3.2 Intervenir par le biais de l’étayage

Dans le cadre conceptuel, nous avons mentionné comment l’adulte peut intervenir dans le jeu des enfants. En fait, l’adulte intervient de plusieurs façons afin de soutenir leur jeu, et ce, par l’entremise de l’étayage (Cloutier, 2012). À titre de rappel, les interventions de l’adulte peuvent se regrouper en fonction de différents objectifs: complexifier le jeu en questionnant, faire une modélisation, maintenir l’orientation de l’enfant, miser sur les caractéristiques principales du jeu et impliquer les pairs. Donc, nous allons voir les impacts de chacune de ces interventions sur le jeu des enfants.

Certaines interventions de l’adulte amènent les enfants à complexifier le jeu qu’ils sont en train de créer (Ibid.). Justement, dans la situation de jeu #1, l’adulte pose quelques questions à une enfant pour mieux voir ce qu’elle connait par rapport au thermomètre, un instrument médical retrouvé dans le coin médecin. L’adulte profite de ce moment pour lui apprendre un nouveau nom d’outil médical parce que l’enfant ne semblait pas le savoir. Il lui a été possible de réinvestir ce nom dans le scénario qu’elle élaborait, le répétant à voix haute. Alors, c’était un nouvel apprentissage pour elle. Dans les situations de jeu #6, #7 et #9, l’adulte stimule et développe la pensée des enfants en leur posant des questions sur ce à quoi ils sont en train de jouer. Dans la situation de jeu #6, l’adulte demande à une enfant ce qu’elle va faire avec les blocs Légos qu’elle a trouvés dans le bac. Dans la situation #7, elle questionne une autre enfant pour savoir à quoi servira son bricolage garni de brillants. Quant à la situation de jeu #9, l’adulte pose une question aux enfants qui sont présents au coin igloo afin de voir comment ils utiliseront une grande boite de carton vide. En posant toutes ces questions, l’adulte fait réfléchir les enfants quant à leurs idées, ce qui les amène plus loin dans leur jeu.

Aussi, l’adulte peut enrichir le jeu des enfants en faisant des modélisations. C’est d’ailleurs ce que l’adulte fait dans la situation de jeu #2, en imitant le rôle de caissière aux enfants. L’adulte, dans un rôle de caissière, interagissant avec une enfant, dans un rôle de cliente, permet de modéliser aux autres enfants les interactions que peuvent avoir les gens à l’épicerie. Ils peuvent ensuite reproduire ces actions entre eux dans leur jeu. À travers la

situation #6, l’adulte ne souhaitait pas dire à l’enfant comment jouer avec les blocs Légos. Elle a plutôt choisi de lui montrer indirectement comment faire, en commençant à fouiller dans le bac de blocs. Ainsi, cette façon de faire est une forme de modélisation puisque la fillette a commencé à faire de même, et ce, en imitant les gestes de l’adulte, lui permettant de trouver une idée de construction à bâtir. Dans la situation de jeu #9, c’est sensiblement le même impact qui a été observé. L’adulte s’installe près d’une enfant qui ne savait pas à quoi jouer au coin igloo. Le fait qu’elle empile les blocs de manière à créer un igloo géant donne une idée à l’enfant; construire un igloo avec tous les blocs de plastique disponibles. Alors, nous pouvons dire qu’il est possible de soutenir le jeu lorsque l’adulte propose des idées facilement reproductibles aux enfants. Cela permet de les aider et de les encourager dans l’élaboration d’un jeu (Cloutier, 2012).

L’adulte peut aider les enfants à persévérer dans leurs idées initiales de jeu (Ibid.). De cette façon, l’adulte suit les intérêts des enfants dans la poursuite de leur jeu. À travers la situation #6, l’adulte mise sur la proposition de l’enfant qui désire ajouter un plafond au château déjà construit. Remarquant que les autres enfants du coin construction ne font pas allusion à son idée, l’adulte décide de réitérer sa demande, en le questionnant sur la façon de bâtir ce plafond. L’enfant trouve une idée, l’adulte l’approuve et l’aide dans la réalisation du plafond. En plus de cela, dans cette même situation, un enfant cherche un volant à ajouter sur un bolide. N’en ayant pas trouvé parmi les blocs et voyant l’intérêt de l’enfant, l’adulte intervient auprès des enfants pour leur demander de l’aide. Ensemble, ils trouvent une idée et le garçon y adhère puisque celle-ci lui convient. Dans la situation #9, une enfant souhaite construire un gigantesque igloo. À deux reprises, il s’écroule et l’enfant doit reconstruire une bonne partie de celui-ci. Afin de l’encourager à poursuivre son igloo, l’adulte lui apporte son aide et des paroles réconfortantes. Cela lui a permis de continuer sa construction d’igloo. Ceci étant dit, nous réalisons qu’il importe de se soucier des intentions initiales de jeu des enfants. En effet, l’adulte gagne à soutenir les enfants dans la continuation d’un jeu qui suit leurs propres choix et intérêts, et ce, en leurs apportant les encouragements nécessaires.

L’adulte peut exercer une autre forme de soutien dans le jeu, précisant aux enfants les différents éléments manquants pour atteindre l’objectif qu’ils ont visé. Ils voient ainsi ce qu’il leur reste à accomplir dans leur tâche (Ibid.). D’ailleurs, c’est ce qui a été observé dans la situation de jeu #6 où l’un des garçons a construit un bolide de course. D’une part, un premier garçon désire construire un bolide. Avec l’aide de l’adulte, il atteint son but. Il peut maintenant jouer avec sa voiture de course. D’autre part, un deuxième garçon veut construire un véhicule semblable. Toutefois, la tâche s’avère plus complexe pour lui, car il y a de moins en moins de pièces identiques. Pour le motiver à poursuivre la création qu’il a commencée, l’adulte lui nomme les éléments manquants afin de diviser la tâche en étapes. En nommant les pièces manquantes une par une, l’adulte aide ce garçon à finaliser la construction de son bolide de course. C’est ainsi qu’en mettant l’accent sur les étapes et les caractéristiques principales de quelconques tâches que l’adulte peut soutenir le jeu des enfants. Il est également possible de solliciter les pairs pour la poursuite d’un jeu. C’est ce dont nous traiterons dans le prochain paragraphe.

L’adulte peut également inviter d’autres enfants dans un jeu déjà en cours afin de le faire évoluer. Ainsi, les pairs peuvent devenir partenaires dans un jeu, ce qui permet à celui-ci de progresser. Dans la situation de jeu #10, l’adulte sollicite l’aide d’une enfant, en lui attribuant la mission d’animer la marionnette de phoque. Le fait de lui suggérer une mission invite cette enfant dans le scénario de jeu qui se développe étant donné qu’elle prend part à ce jeu. Donc, le scénario s’enrichit puisque l’enfant devient partenaire de jeu, en annonçant aux joueurs qu’ils doivent se cacher. C’est alors que le scénario devient une attaque d’extraterrestres et celui-ci se poursuit selon cette idée de jeu.

En somme, les interventions de l’adulte dans le jeu des enfants sont nombreuses et peuvent être favorables pour soutenir et enrichir les scénarios de jeu qu’ils développent. À titre de rappel, il faut que l’adulte tienne compte de leurs besoins en prenant part au jeu ou bien par l’entremise de l’étayage. Comme nous l’avons énoncé plus tôt, en observant les enfants jouer, l’adulte peut cibler ces besoins (Baillargeon, 2005). En plus de cela, le fait d’observer leur jeu lui permet de voir comment les enfants apprennent et se développent

par le biais de celui-ci. Subséquemment, l’enseignante peut comprendre et mieux soutenir le jeu considérant les apprentissages que font les enfants.