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2. U NE INTERPRÉTATION DE L ’ ENSEMBLE DES SITUATIONS : QUELQUES CONSTATS EN

2.4 Des apprentissages réalisés dans le jeu

2.4.1 Lorsque les enfants manifestent des intérêts, l’adulte va à leur

Lorsque nous allons à la rencontre des enfants22, cela signifie que nous nous plaçons à leur niveau pour voir pourquoi et comment ils jouent. En allant les rejoindre dans le jeu, nous avons constaté qu’il est possible de cerner leurs intérêts. En effet, ils optent pour des

22 L’expression « aller à la rencontre des enfants » est tirée d’un projet de recherche, un Chantier 7, réalisé à

l’Université de Sherbrooke en partenariat avec la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke (CSRS) sur une durée de trois ans. Au fil de ces années, j’ai participé activement à ce projet de recherche. Une telle expression me parle et elle représente bien ma conception de l’observation des enfants d’âge préscolaire, et ce, se rapportant bien à l’approche développementale. C’est pourquoi je réinvestis cette expression « d’aller à la rencontre des enfants » dans mon essai.

jeux avec lesquels ils ont nécessairement le goût de jouer. Pour revenir aux critères du jeu énoncés par Piaget (1976), il y a présence de jeu quand les joueurs éprouvent du plaisir et lorsqu’il y a un intérêt pour celui-ci. Ces critères ont des impacts sur les apprentissages de chaque enfant. Les prochains exemples en témoignent. Dans la situation de jeu #4, trois enfants jouent au coin construction. Ces enfants travaillent des habiletés semblables, mais ils poursuivent différentes intentions de construction, en manipulant les différentes sortes de blocs. Ils sont tous les trois amenés à développer des habiletés motrices23 en explorant, en manipulant et en construisant par l’entremise de blocs avec lesquels ils ont vraiment le goût de jouer. En ayant cette opportunité de les choisir en fonction de ses propres intérêts, chaque enfant fait preuve d’autonomie étant donné qu’il prend des risques, qu’il ose, qu’il agit seul et qu’il persévère (Gouvernement du Québec, 2006). Au fur et à mesure que leur construction respective progresse, un enfant demande à une autre s’il peut jouer avec elle. Il lui exprime son intérêt et son goût de jouer avec elle en faisant valoir son idée d’ajouter un plafond à son château. Cela fait directement référence à la compétence 2 « Affirmer sa personnalité » du programme du préscolaire (Ibid.). Nous constatons ainsi que lorsque les enfants sont intéressés par un jeu quelconque, ils s’engagent et s’investissent dans celui-ci étant donné qu’ils ont du plaisir à le faire. Tranquillement, ces enfants, qui jouaient plutôt de manière individuelle, sont amenés à jouer ensemble et donc ils commencent à élaborer un scénario de jeu où chacun intègre sa propre construction. Cet engagement de la part de chaque enfant crée et maintient l’existence d’un jeu (Besse-Patin, 2016). Les enfants sont également amenés à développer leur sphère affective puisqu’ils expriment leurs intérêts et leurs goûts par l’entremise d’un choix de jeu. Donc, c’est pourquoi il s’avère important de prendre le temps d’aller à la rencontre des enfants, car nous pouvons ainsi découvrir leurs intérêts.

De plus, en allant à la rencontre des enfants dans un jeu, nous arrivons à connaitre leurs intentions. En fait, il est ainsi possible de constater leur démarche d’apprentissage. Il faut se rappeler que quand ils jouent, les enfants peuvent avoir un but précis, mais celui-ci

23 Ici, il est possible de faire un clin d’œil à la compétence 1 « Agir avec efficacité dans différents contextes

sur le plan sensoriel et moteur » tirée du PFEQ. En manipulant les blocs Légos, les enfants développent leur motricité fine (dextérité) et leur motricité globale (coordination œil-main).

n’est pas toujours si précis que cela. Effectivement, selon Brougère (2005), il y a de l’incertitude à travers le jeu étant donné que celui-ci se développe au fur et à mesure que les enfants sont dans le jeu. Aussi, cela fait référence au critère du manque relatif d’organisation de Piaget (1976) énonçant que le jeu n’a pas de structure fixe. En d’autres mots, au fur et à mesure que le jeu évolue, les intentions des enfants se précisent et il est alors possible pour l’adulte d’adapter ses interventions pour respecter leur scénario. Dans la situation de jeu #2, deux enfants jouent au coin épicerie. Au départ, ils veulent faire l’épicerie; c’est ce qu’ils font chacun de leur côté. Au fil du temps de jeu, les enfants commencent à jouer ensemble. Ce n’était pas prévu, mais le jeu à l’épicerie se poursuit et ils en viennent à adopter chacun un rôle. Une devient la caissière et l’autre est un client de l’épicerie. Plus le jeu avance et plus la caissière devient la leadeuse du jeu. Le garçon semble avoir moins d’engagement qu’au début, possiblement parce que ce jeu fait en sorte qu’il s’éloigne de son intention première de jeu. C’est pourquoi il termine son jeu et il choisit d’aller jouer ailleurs puisqu’il commençait à se désintéresser dans le jeu guidé par la fillette, qui elle avait une intention claire de ce à quoi elle voulait jouer; elle voulait être la caissière. En analysant la situation, nous pouvons remarquer qu’encore une fois, les intérêts et les intentions semblent dominer dans le fait de s’engager ou non et de s’investir dans le jeu qui se développe. Toujours en affirmant à quoi ils ont le goût de jouer, les enfants se fixent des buts et font certains choix en fonction d’eux-mêmes et de l’environnement qui les entoure (Gouvernement du Québec, 2006). Dans cet ordre d’idées, ces choix amènent les enfants à prendre certaines décisions qui permettront de faire d’autres apprentissages tout en continuant de faire progresser leur jeu. Ces choix, totalement libres et propres aux enfants, sont parfois surprenants. Dans la prochaine sous- section, c’est ce dont nous aborderons.