• Aucun résultat trouvé

2. U NE INTERPRÉTATION DE L ’ ENSEMBLE DES SITUATIONS : QUELQUES CONSTATS EN

2.4 Des apprentissages réalisés dans le jeu

2.4.4 Lorsque les enfants cherchent des solutions, l’adulte leur fait

Les enfants sont parfois confrontés à certains problèmes lorsqu’ils jouent, mais ils sont capables de trouver des solutions pour les résoudre, c’est pourquoi il importe de faire confiance aux enfants. En fait, ceux-ci ont la possibilité de développer des connaissances, des habiletés et des comportements nécessaires afin de résoudre un éventail de problèmes (Ministère de l’Éducation de l’Ontario, 2016). Également, si nous revenons à Piaget (1976), nous pouvons faire le parallèle avec l’un de ses critères du jeu: la libération des conflits. Le jeu amène effectivement les enfants à trouver une solution à travers celui-ci, ce qui permet donc de gérer indirectement des conflits habituels (Ibid.). C’est ce que nous constatons au travers de certaines situations de jeu. Dans la situation #2, une enfant désire avoir des sous pour que le client puisse payer sa commande d’épicerie. Cependant, aucune pièce de monnaie n’est disponible dans le coin épicerie. L’enfant choisit d’utiliser les

25 Ici, dans cette situation de jeu, nous pouvons faire un clin d’œil à une autre compétence, la compétence 4

« Communiquer en utilisant les ressources de la langue », car les enfants relient un livre qui a déjà été lu, en lisant celui-ci à l’aide des images. Donc, ils imitent certains comportements du lecteur et du scripteur. Nous reviendrons également au développement langagier des enfants dans notre prochaine catégorie.

bouchons de plastique pour remédier à son problème, lui permettant ainsi de poursuivre son jeu. Dans ce cas-ci, celle-ci a trouvé elle-même une solution à son problème d’objets manquants, par l’entremise de sa créativité, en utilisant le matériel ouvert que l’enseignante avait préalablement mis à la disposition des enfants. Dans cette situation-ci, l’enfant développe sa capacité d’imaginer et de mettre en œuvre quelque chose de nouveau pour découvrir une solution originale au problème. Dans la situation de jeu #6, un garçon est confronté à un autre problème relié à un objet manquant. Le garçon désire trouver un volant pour son bolide, mais aucun volant ni aucun objet pouvant le remplacer ne se trouve dans le bac de Légos. C’est à ce moment qu’une autre enfant lui suggère de « faire semblant » qu’il y en a déjà un sur son bolide. La solution, aussi simple soit-elle, qui a été suggérée par l’une des partenaires du jeu, permet au garçon de poursuivre son jeu étant donné que son manque est comblé. Donc, il importe de faire confiance aux enfants, car ceux-ci sont en mesure de trouver diverses solutions et de les inventer afin de répondre à leurs besoins de jeu. En réalité, nous constatons que ces enfants sont tous stimulés lorsqu’ils développent leur créativité, leur imaginaire ou encore leur capacité de faire semblant. Plus concrètement, ils développent certaines aptitudes à la résolution de problèmes et de conflits, les amenant à apprendre à s’exprimer, à explorer et à trouver des idées nouvelles. Toutes ces habiletés sont liées au développement cognitif et langagier, touchant aussi le développement social et affectif des enfants. C’est à partir des explorations pratiques et des idées échangées avec les autres enfants et les adultes, que les enfants peuvent développer des stratégies de résolution de problèmes et qu’ils apprennent à voir les choses sous les différents angles possibles (Ministère de l’Éducation de l’Ontario, 2016).

En ce sens, deux situations de jeu démontrent que les problèmes survenant dans le jeu des enfants sont perçus comme étant une étape dans le déroulement de celui-ci et non comme étant un obstacle au jeu. En d’autres termes, la résolution de problèmes fait partie du jeu des enfants et ces derniers ne s’arrêtent pas aux problèmes qu’ils rencontrent. Dans la situation #9, une enfant est confrontée à un problème en lien avec des blocs de bois. En fait, lorsqu’elle place des blocs de bois par-dessus des contenants en plastique, elle réalise que sa construction n’est pas très solide puisque l’un des murs de l’igloo s’effondre. C’est en faisant quelques essais et erreurs, qu’elle choisit finalement de placer ces blocs de bois

sur d’autres blocs en bois au lieu de les placer sur des contenants en plastique. Ici, c’est la compétence 5 du programme « Construire sa compréhension du monde » qui est sollicitée étant donné que l’enfant est amenée à réfléchir, à raisonner et à anticiper dans son jeu. Ce sont d’autres habiletés liées au développement cognitif de tous les enfants. En confirmant le choix de l’enfant, dans cette situation, l’adulte a approuvé sa solution tout en lui faisant confiance. Dans la situation de jeu #10, il y a l’écroulement de l’un des murs de l’igloo. Il y a un trop grand nombre de personnes qui s’y promènent à l’intérieur. C’est en vivant cet inconvénient qu’un des partenaires du jeu lance spontanément une suggestion aux enfants pour remédier au problème d’espace. Sa solution consiste à déterminer une limite quant à la quantité d’amis admis en même temps dans l’igloo afin d’éviter que celui-ci s’écroule à nouveau. Dans ce cas-ci, ce sont plutôt les sphères cognitive et sociale qui sont travaillées chez les enfants. En étant amenés à résoudre ce problème dans le jeu, les enfants viennent à développer leur raisonnement logique. En interagissant dans leur milieu environnant, ils développent leur côté réflexif et leur capacité d’émettre des hypothèses, pour élaborer des stratégies. Aussi, en trouvant des solutions, les enfants cherchent à les mettre en pratique, et ainsi, en vérifier la qualité, en interagissant avec les autres (Gouvernement du Québec, 2006). Donc, les enfants développent les compétences 3 « Interagir de façon harmonieuse avec les autres » et 5 « Construire sa compréhension du monde » du programme, et ce, de manière parallèle. Dans cette situation, il faut préciser que l’adulte a cru en la solution qui a été proposée par l’enfant et qu’elle a mis l’accent sur celle-ci, permettant aux enfants de résoudre ce problème rencontré dans le jeu. Autrement dit, en leur faisant confiance, dans une démarche de résolution de problèmes, les enfants apprennent et développent plusieurs sphères de leur développement global.

Bref, nous constatons qu’en jouant, les enfants font de multiples apprentissages. Il s’avère que les apprentissages rejoignent les fondements du programme préscolaire, et ce, en touchant diverses compétences et des sphères du développement global des enfants. En ce sens,

il est essentiel que l’enfant puisse développer ses habiletés de résolution de problèmes, sa pensée créative et critique et sa capacité à innover, mais aussi sa confiance, sa curiosité, sa volonté de prendre des risques et de tirer des leçons

de ses erreurs, de même que sa capacité à collaborer avec les autres, à établir des relations et à les maintenir (Ministère de l’Éducation de l’Ontario, 2016, n.p.).

C’est ainsi, dans ce contexte d’approche développementale, que nous découvrons à quel point le jeu est bénéfique aux apprentissages et au développement de tous les enfants d’âge préscolaire. À cet égard, nous venons principalement de faire ressortir de nombreux apprentissages touchant la sphère cognitive des enfants. Il va sans dire qu’ils développent, en parallèle, d’autres habiletés reliées aux sphères motrice, affective, langagière et surtout sociale. Puisque nous observons que les apprentissages sociaux des enfants sont multiples et que les interactions sociales sont omniprésentes dans leur jeu, nous avons décidé de les aborder, en les regroupant dans une cinquième catégorie conceptualisante, et ce, toujours en tentant de faire ressortir le rôle d’une enseignante qui comprend les apprentissages des enfants et qui les soutient au travers du jeu. C’est ce qui sera traité dans la prochaine section.