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2. U NE INTERPRÉTATION DE L ’ ENSEMBLE DES SITUATIONS : QUELQUES CONSTATS EN

2.2 Un horaire prédéterminé et un laps de temps suffisant pour jouer

Comme il a été énoncé dans le cadre conceptuel, le temps est l’une des conditions favorables au jeu. En réalité, l’horaire et le temps consacré au jeu sont des éléments qui se doivent d’être considérés par l’enseignante, car elle a un contrôle sur ceux-ci (Thériault et Doucet, 2010; Raby et Charron, 2010). Dans sa classe de maternelle, l’enseignante décide quelle place elle fait au jeu, et ce, en laissant aux enfants du temps pour jouer. D’après les propos de Baillargeon (2005), un minimum de 30 minutes seraient nécessaires pour qu’ils puissent avoir le temps de jouer, une fois qu’ils ont choisi où ils voulaient jouer et à quoi. Également, pour les enfants qui veulent jouer avec les blocs, le temps consacré au jeu doit être plus élevé étant donné qu’ils doivent d’abord construire quelque chose avant de jouer avec leur construction (Thériault et Doucet, 2010). Au fil des prochains paragraphes, nous allons parler d’un déclencheur ayant permis aux enfants de jouer rapidement, d’un laps de temps nécessaire pour se mettre en mode de jeu, de la durée du jeu en soi de même qu’un signal annonçant la fin de la période de jeu.

2.2.1 Proposer un déclencheur au jeu des enfants

Ici, le terme déclencheur fait référence à un jeu ayant été initié par l’enseignante. Il est possible de retrouver ce déclencheur dans la situation de jeu #1. En analysant celle-ci, nous avons été surpris de constater que la période de jeu a débuté très rapidement. En fait, après quelques minutes seulement, les enfants étaient déjà en train de jouer dans leur coin choisi. Le fait de jouer aux espions secrets au tout début de la période pour découvrir les nouveaux coins a permis aux enfants de s’installer dans leur jeu plus rapidement par la suite. Cette mise en scène proposée par l’enseignante a été un déclencheur stimulant, car les enfants se sont mis rapidement en mode jeu au retour des vacances.

2.2.2 Planifier un temps pour se mettre en mode jeu

Comme nous l’avons mentionné un peu plus tôt, il est important de laisser un laps de temps suffisant aux enfants pour que ceux-ci puissent jouer. À partir de la situation #2, un tableau d’inscription a été intégré au début de la période de jeu afin d’aider les enfants à visualiser où ils voulaient aller jouer et à mieux planifier leur début de jeu. Cette idée de l’enseignante a permis aux enfants de choisir dans quel coin ils voulaient s’installer, donc de se donner une première intention de jeu et ensuite les enfants pouvaient élaborer un jeu de leur choix. Ainsi, ils arrivaient à se mettre en mode jeu.

Dans la situation de jeu #4, où trois enfants jouent individuellement avec des blocs différents, nous constatons que la période de jeu était assez longue, offrant aux enfants un temps suffisant pour l’exploration des blocs, la manipulation de ceux-ci et l’émergence de leur jeu respectif qui petit à petit s’associeront pour créer un scénario de jeu commun, qui se déroulera autour d’un château. Aussi, dans la situation de jeu #6, nous pouvons réaliser l’impact du temps sur le jeu de construction. Pour commencer, les enfants vont construire leur matériel, soit leur personnage, leur véhicule ou leur château, afin de scénariser le jeu, pour ensuite jouer avec celui-ci et ensemble, créer leur scénario de jeu. Cela requiert donc plus de temps et plus d’entraide aussi d’où l’importance de laisser le temps aux enfants de jouer.

2.2.3 Prévoir suffisamment de temps pour jouer

À partir de la situation de jeu #4 et les suivantes, de plus longues périodes de jeux ont été mises à l’horaire pour que les enfants aient suffisamment de temps pour jouer. Les périodes plus longues duraient 75 minutes, donnant le temps d’utiliser le tableau au début de la période, pour que les enfants s’inscrivent et visualisent leur éventuel jeu, qu’ils aient suffisamment de temps pour jouer et que nous prenions le temps de bien ranger à la fin de la période. Avant de prévoir ces plus longues périodes de jeu, nous avons remarqué que le rangement était plus difficile pour les enfants. Ils avaient plus ou moins le goût de ranger, possiblement parce que les périodes de jeu étaient trop courtes et ils continuaient de jouer au lieu de ranger. Avec une période plus longue, les enfants avaient plus de temps pour le jeu et donc, le rangement se faisait plus facilement. Aussi, toujours à partir de la situation #4, l’enseignante donnait un signal aux enfants pour annoncer la fin de la période. Dans le paragraphe suivant, nous verrons comment ce signal favorise le jeu des enfants.

2.2.4 Signaler à l’avance la fin du temps de jeu

Lorsque la période de jeu tirait à sa fin, l’enseignante prenait le temps d’aviser les enfants qu’il ne restait que quelques minutes (d’une à cinq minutes) pour jouer. Dans la situation de jeu #3, l’enseignante a annoncé aux enfants qu’il leur restait cinq minutes à la période de jeu, ce qui leur a permis de terminer le jeu entrepris dans le coin médecin en prévoyant une fin de scénario dans la salle d’attente. Dans la situation #6, l’enseignante a décidé de fermer les lumières en signalant aux enfants qu’il ne restait plus qu’une minute pour jouer. Certains enfants ont alors demandé à l’enseignante s’ils pouvaient garder leur construction, soit trois bolides de course et un château, pour rejouer une prochaine fois. Dans la situation de jeu #10, c’est un peu la même chose que nous observons. Le signal donné par l’enseignante donne l’idée à quelques enfants de conserver leur igloo afin de le poursuivre le lendemain. Le fait de vouloir conserver leur construction permet au scénario de jeu de se poursuivre sur plusieurs jours.

Bref, ce facteur temps s’avère une condition favorable au jeu et l’enseignante doit le considérer lorsqu’elle planifie son horaire de jeu en classe. En effet, l’organisation et le respect du temps sont des variables importantes qui doivent préoccuper autant que l’espace et l’environnement dans le cheminement de l’enfant (Thériault et Doucet, 2010). Le temps qu’elle laisse au jeu lui permet également d’observer comment les enfants jouent et ainsi, mieux intervenir dans leur jeu. Dans les prochains paragraphes, nous allons voir comment l’adulte intervient pour soutenir et enrichir le jeu des enfants. Ses interventions font partie de la troisième catégorie conceptualisante.