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Portée de l’étude en termes de problématiques sociales

5. Discussions

5.4 Portée de l’étude en termes de problématiques sociales

La problématique sociale initialement décrite a permis d’orienter les questions de recherche. Les résultats de l’étude contribuent à la comprendre davantage et à cerner d’éventuelles pistes d’actions quant aux organisations concernées par l’école à la maison ainsi que relativement aux ressources éducatives disponibles au Québec à celles qui sont désirées par les parents- éducateurs et celles qui sont utilisées par ces derniers.

5.4.1 Les organisations concernées par l’école à la maison. Bien que l’Association

québécoise pour l'éducation à domicile (AQED), un organisme à but non lucratif qui soutient et défend les droits des parents-éducateurs, ait été nommée par la famille francophone comme étant une ressource leur permettant de les informer de leurs droits, une telle association n’a pas été nommée par la famille anglophone d’autant plus que le site web de l’AQED n’est pas offert en version anglaise.

Cette étude permet de comprendre qu’une famille peut être ouverte à l’idée de recevoir du soutien de la part de leur commission scolaire tandis qu’une autre pourrait le refuser sous prétexte qu’elle ne l’accorde pas pour l’intérêt de leur famille, mais pour répondre à leur agenda. Ainsi, même si on ne peut en conclure que bénéficier de services de la commission scolaire pourrait inciter les familles à faire l’école à la maison, on peut croire que les services offerts ne les freinent pas non plus dans leur choix. En effet, ces ressources s’ajoutent aux ressources humaines et matérielles dont les parents ont besoin afin de s’engager dans le projet d’éduquer leur enfant à la maison, comme le mentionne Baby (2014). Toutefois, l’idée que les TIC permettent de répondre à tous les besoins non comblés se révèle fausse. En effet,

l’absence d’une offre de formation en ligne pour les jeunes de moins de 16 ans semble davantage manquer à la famille francophone puisque la famille anglophone peut accéder à des formations et du contenu anglophones conçus à l’extérieur du Québec.

5.4.2 Les ressources éducatives disponibles au Québec et utilisées. Parmi les

différentes ressources éducatives numériques accessibles au Québec, on retrouve a) les outils collaboratifs basés sur l’utilisation d’Internet dans les écoles et à l’extérieur; b) les formations en ligne; c) le tutorat en ligne; et d) les banques de ressources en ligne). Malgré l’existence de certains outils collaboratifs basés sur l’utilisation d’Internet dans les écoles et à l’extérieur, les parents-éducateurs interrogés n’ont pas exprimé utiliser ceux qui sont gérés par des instances gouvernementales (p. ex., École en réseau, LEARN, etc.). Toutefois, les médias sociaux ont été mentionnés comme étant d’excellents outils afin de réseauter avec d’autres parents-éducateurs ou des personnes ressources, ce qui leur permet notamment d’augmenter en quantité et en qualité les situations d'apprentissage qui sont proposées à leurs enfants et de briser le sentiment d’isolement en leur permettant d’échanger virtuellement ou de planifier des rencontres en personne.

Quant à la formation en ligne, puisque le Québec se distingue du reste du Canada et des États- Unis ne l’offrant qu’aux élèves âgés de plus de 16 ans (SOFAD, 2005), tous les enfants observés âgés de moins de 16 ans n’avaient jamais suivi une formation en ligne. Toutefois, l’intérêt à ce que des formations soient disponibles pour leurs enfants plus jeunes a été souligné par les deux parents-éducateurs principaux, et ce, même par la mère de jumeaux âgés de 9 ans. Cela rejoint Brabant (2015) et le Protecteur du citoyen (2015) qui proposent d’évaluer la possibilité d’élargir l’accès au programme de formation à distance aux jeunes scolarisés à la maison qui sont âgés de moins de 16 ans.

Quant aux services de tutorat, encore une fois, les services tels que ceux offerts par la compagnie Succès scolaire, Allô prof ou SOS LEARN n’ont pas été mentionnés par les parents-éducateurs. Toutefois, il a été dit que des ateliers sont parfois donnés par des parents- éducateurs ou des enseignants pour des domaines d’apprentissage. Par exemple, un parent- éducateur pourrait offrir un atelier d’une journée au sujet de la programmation informatique, et ce, gratuitement ou en échange d’une contribution financière. Cela pourrait servir de béquille essentielle aux parents qui n’ont pas toutes les connaissances scolaires nécessaires

pour aider leur enfant, comme le mentionne Karsenti (2015), et palier à certains inconvénients présents dans des services plus officiels tels que « le « temps d’attente pour l’aide téléphonique », « la difficulté à retrouver certaines ressources spécifiques », ou encore « le nombre important de menus [internet] pour trouver ce que l’on cherche », qui pourraient possiblement être « simplifiés » » (p. 37).

Alors que Apple (2007) mentionne que le marché de la publication de ressources pédagogiques est souvent lucratif et que certaines compagnies veulent répondre aux besoins ou en créer, les parents-éducateurs de la présente étude ont mentionné utiliser des ressources n’ayant pas spécialement été conçues pour faire l’école à la maison, ce qui leur demande parfois de les modifier ou de les utiliser en partie en les combinant à d’autres afin de les compléter. Également, les parents ont dit pouvoir accéder à suffisamment de ressources gratuites pour ne pas avoir à payer pour des ressources qui répondraient à leurs besoins. En effet, selon eux, le Web déborde de sites de diffusion et de partage de ressources pédagogiques et ceux-ci peuvent prendre plusieurs formes : blogues, groupes présents dans les réseaux sociaux, sites internet. Toutefois, selon le parent-éducateur de la famille 2, qui est francophone, il y a beaucoup moins de ressources francophones et québécoises que de ressources anglophones ou franco-européennes. Ainsi, considérant que, selon le Gouvernement du Québec (2003), les responsabilités liées à l’encadrement des enfants scolarisés à la maison sont partagées entre les commissions scolaires et les parents, les parents francophones pourraient avoir de la difficulté à trouver des ressources leur permettant d’encadrer adéquatement leur enfant. Également, bien que les commissions scolaires doivent partager cette responsabilité avec les parents, la crainte que ceux-ci ne le fassent pas dans le seul intérêt des parents peut freiner les parents-éducateurs à y faire appel,comme c’est le cas pour la famille 1.

5.4.3 Limites de l’étude à l’égard de la problématique sociale.

Malgré le fait que les participants aient été choisis notamment parce qu’ils utilisaient quotidiennement les TIC, il est impossible de s’assurer que l’entièreté des ressources disponibles ait été rapportée par eux. Également, bien que le chercheur ait essayé de consulter le plus grand nombre de communautés de parents-éducateurs présentes sur les réseaux sociaux, il s’est vu refuser l’accès à certaines d’entre elles en raison de son rôle de chercheur.

Cela confirme donc que le sujet de l’école à la maison en est un délicat et que l’idée qu’un chercheur analyse et interprète les pratiques éducatives des parents-éducateurs pourrait être perçue par ces derniers comme étant une manière de les surveiller ou de les évaluer.