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3.3 Politiques de maintenance appliquées à un composant élémentaire

3.3.2 Politiques basées sur l’état courant du composant

Nous allons maintenant nous intéresser aux politiques de maintenance basées sur l’état

courant du composant. Pour le composant dont la défaillance fait suite à une dégradation

graduelle, celui-ci évolue d’un état neuf en passant par différents états intermédiaires avant

de tomber en panne. Dans cette sous-partie, nous supposons que le modèle décrivant sa

dégradation est connu. Nous faisons également l’hypothèse que des informations de

surveillances corrélées à la dégradation du composant sont disponibles.

Il est alors intéressant d’utiliser ces informations pour adapter les décisions de maintenance.

Cela permet de faire évoluer la maintenance systématique, présentée dans la sous-partie

précédente, vers des politiques plus dynamiques. Dans ce cadre, nous présentons une

politique de maintenance conditionnelle et une politique de maintenance prévisionnelle.

Politique de maintenance conditionnelle à la détérioration

Cette politique vise à mieux contrôler le composant en surveillant sa dégradation. Par

conséquent, l’objectif est de pouvoir augmenter sa durée d’utilisation, de réduire son coût

de maintenance et d’améliorer sa sécurité (Boulenger, 1988). Ce type de maintenance est

utilisé de manière préférentielle sur des composants critiques en termes de coût ou de

sécurité.

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Figure 3.7: Schéma d'une politique de maintenance conditionnelle

Le schéma classique de cette politique est présenté dans la figure 3.7. Comme nous l’avons

explicité précédemment, le maintenancier prend sa décision en fonction de la dégradation

observée (Christer & Wang, 1992). Il est donc nécessaire de vérifier, à l’aide d’inspections

régulières (ou plutôt bien choisies), l’état courant du composant, noté 𝑍. Dans la figure 3.7,

le parti pris est de considérer que les inspections (𝐼

1

, 𝐼

2

, 𝐼

3

, etc.) sont réalisées à des

intervalles réguliers notés 𝜏. Dans une politique de maintenance conditionnelle, une

inspection est perçue comme une opportunité de maintenance. En effet, à chaque

inspection, une action de maintenance est effectuée si le niveau de dégradation 𝑍 dépasse

un seuil préventif fixé, noté 𝑍

𝑝𝑟𝑒𝑣

. Le coût lié à ce remplacement préventif vaut 𝑐 auquel on

ajoute le coût 𝑐

𝑖𝑛𝑠𝑝

pour l’inspection. A l’inverse, si 𝑍 < 𝑍

𝑝𝑟𝑒𝑣

, le composant fonctionne

normalement et nous ajoutons uniquement le coût 𝑐

𝑖𝑛𝑠𝑝

. Enfin nous considérons que le

composant est en panne dès lors que 𝑍 dépasse la limite 𝐿, déterminée initialement. Dans ce

cas, un coût correctif 𝑐 + 𝑘 est imputé.

En s’appuyant sur ces diverses informations, le coût de maintenance à un instant 𝑡, est

donné par:

𝐶(𝑡) = 𝑁

𝑖𝑛𝑠𝑝

(𝑡). 𝑐

𝑖𝑛𝑠𝑝

+ 𝑁

𝑐𝑜𝑟

(𝑡). (𝑐 + 𝑘) + 𝑁

𝑝𝑟𝑒𝑣

(𝑡). 𝑐 (3.7)

avec 𝑁

𝑖𝑛𝑠𝑝

(𝑡), 𝑁

𝑐𝑜𝑟

(𝑡), 𝑁

𝑝𝑟𝑒𝑣

(𝑡) respectivement le nombre d’inspections, de remplacement

correctifs et de remplacement préventifs à l’instant 𝑡. De façon similaire aux politiques

mentionnées précédemment, le coût moyen de maintenance par unité de temps sur un

horizon infini peut être calculé à l’aide de la théorie du renouvellement. L’utilisation d’un

modèle de maintenance permettra dans ce cas d’optimiser le réglage des variables de

décisions à savoir 𝑍

𝑝𝑟𝑒𝑣

et 𝜏.

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Inspections

Remplacement préventif

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Politique de maintenance prévisionnelle basée sur la durée de vie résiduelle

Comme nous avons pu le voir précédemment, l’approche de la maintenance prévisionnelle

permet de prendre en compte une prédiction sur les indicateurs de santé ou une

caractéristique du système dans la prise de décision.

La durée de vie résiduelle peut intégrer différentes informations telles que le niveau de

dégradation ou l’état futur de l’environnement s’il est connu. Dans ce qui suit, nous allons

détailler une politique de maintenance prévisionnelle qui consiste à prendre en compte la

durée de vie résiduelle du composant dans le processus de décision. Cette politique, basée

sur le risque (Khoury, 2012), vise à utiliser le pronostic d’une manière directe pour la prise de

décision de maintenance.

Le fonctionnement général de cette politique vise à assurer que le risque de défaillance du

composant ne soit jamais supérieur à un seuil fixé (risque) 𝑟. Cela signifie que la fiabilité

conditionnelle du composant doit, à chaque instant, dépasser la valeur 1 − 𝑟. Cette valeur

de risque doit être optimisée à l’aide du modèle de maintenance utilisé ou donnée par les

contraintes de l’application.

Figure 3.8: Schéma d'une politique de maintenance prévisionnelle basée sur le risque

Considérons maintenant que l’on connaisse pour un composant donné, ses deux prochaines

opportunités de maintenance 𝑡

𝑂1

et 𝑡

𝑂2

. Si l’évaluation de la durée de vie résiduelle à 𝑡

𝑂1

indique que la contrainte de risque n’est pas respectée pour la seconde opportunité, nous

optons alors pour un remplacement préventif. Sinon, le remplacement préventif n’est pas

planifié. En pratique, il s’agit d’ajouter la durée de vie résiduelle du composant pour un

risque donné 𝑅𝑈𝐿

𝑟

avec 𝑡

𝑂1

et de comparer la date obtenue avec 𝑡

𝑂2

(cf. figure 3.8).

Si 𝑡

𝑂1

+ 𝑅𝑈𝐿

𝑟

< 𝑡

𝑂2

, la durée de vie résiduelle du composant est insuffisante pour

t F ia b ili té co n d itio n n e lle t F ia b ili té co n d itio n n e lle

Cas 1 Cas 2

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atteindre 𝑡

𝑂2

(Cas 2). Un remplacement préventif est donc planifié en 𝑡

𝑂1

. Dans le cas

contraire, le risque de défaillance du composant est inférieur à 𝑟 jusqu’à la prochaine

opportunité (Cas 1). Notons qu’une politique de maintenance prédictive non plus basée sur

le risque mais sur les coûts peut également être envisagée. Dans ce cas, le choix de

l’opportunité de maintenance se porte sur celle qui engendre un coût moindre.

A priori, les politiques de maintenance dynamiques présentées dans cette sous-partie sont

plus efficaces que la politique basée sur l’âge ou de remplacement par bloc car elles

décident des actions de maintenance à mener en fonction de la dégradation réelle du

composant. Cependant, la maintenance conditionnelle et la maintenance prévisionnelle

supposent un coût supplémentaire pour accéder à l’information de surveillance. La

rentabilité de ces politiques doit donc être évaluée en utilisant un modèle de maintenance.