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Emmanuel d’Astier journaliste ou le réveil des dispositions politiques latentes

4. Politique intérieure : jugement du Front populaire

Quoique la plus grande part de son activité journalistique soit consacrée à partir de 1936, au traitement de l’actualité internationale, d’Astier n’en continue pas moins de travailler aussi sur la situation intérieure française, marquée alors par l’aggravation de la crise économique et par une radicalisation des affrontements politiques dans le contexte de l’exercice du pouvoir par le Front populaire. D’Astier, on l’a vu, intègre la rédaction de Vu à l’été 1935, c’est-à-dire au moment même où se formalise la coalition de Rassemblement populaire à laquelle l’hebdomadaire allait apporter un franc soutien. Sur le plan des opinions politiques, d’Astier, qui dans 1935 s’est très nettement positionné en opposition au Rassemblement, apparaît alors désajusté par rapport au climat général régnant dans l’équipe rédactionnelle.

« Je dois dire que je n’abordais pas le Front Populaire avec une aise très grande. J’étais encore en état de malaise. Il y avait dans le Front Populaire des personnages qui ne m’étaient pas très sympathiques. Ce n’était pas les communistes qui me gênaient le plus, c’était déjà les socialistes, surtout les radicaux, la République des camarades… Un fumet qui me reste parfois : M. Daladier ne me paraissait pas très intéressant. Je faisais même des réserves sur Léon Blum, bien que j’aie appris à le connaître depuis et qu’il m’apparaît aujourd’hui comme un des plus valables de la troisième République.669 »

Le propos apparaît bien euphémisé quand on songe, par exemple, au ton très sarcastique qu’il emploie pour décrire dans les colonnes de 1935 la manifestation du 14 juillet670. Comme on l’a souligné précédemment, il ne fait aucun doute qu’au seuil de 1936, il est moins mal à l’aise que franchement hostile au Front populaire. La question se pose dès lors de l’évolution, tandis qu’il intègre une rédaction dont les journalistes et la ligne éditoriale sont d’une manière générale acquis à la cause du Rassemblement, de sa perception de la coalition et de son action.

669 Francis Crémieux, Entretiens avec Emmanuel d’Astier, op. cit., p. 66.

4.1. Les législatives de 1936 : d’Astier favorable au Front populaire ?

D’Astier ne participe quasiment pas au traitement de la campagne des législatives de 1936. Le seul article qu’il y consacre, paru dans un numéro spécial dédié de Vu671, porte sur l’Église672 et il est peu révélateur de son propre positionnement par rapport aux forces en présence. Dans ce texte, d’Astier se livre à une analyse longue et fouillée du rapport de l’Église catholique française au pouvoir politique. Le propos se veut neutre et impartial. Seule la conclusion, justement sous-titrée « Conclusion qui n’engage que son auteur », donne lieu à une prise de position explicite dans laquelle le journaliste se déclare favorable à un renoncement de l’Église à intervenir dans les affaires temporelles et en appelle à une stricte séparation du religieux (et plus largement du spirituel) et du politique. En définitive, on ne sait donc pas précisément comment il aborde les élections et la victoire possible du Front populaire673.

On retrouve la signature de d’Astier dans un autre numéro spécial de Vu qui lui, fait suite à la victoire du Front populaire : « Vainqueur, que va faire le Front populaire et que vont faire l’opposition et les Croix de Feu ?674 » Il est dans ce numéro l’auteur de deux articles : une série d’interviews de quelques-unes des principales personnalités de l’opposition de droite675 et une enquête sur la perception du Front populaire par le grand patronat676. Ce dernier est particulièrement intéressant dans la mesure où d’Astier y émet des jugements marqués. En l’occurrence, il se montre très critique envers le grand patronat français. Celui-ci, dit-il dès les premières lignes, se partage en deux groupes : les « tenants d’une économie dirigée, mais dirigée par eux-mêmes, et les tenants d’un libéralisme périmé ». À ces deux groupes correspondent peu ou prou deux types de richesse, dont l’origine et les effets sociaux sont bien différents.

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« Qui fera les élections ? L’argent, la franc-maçonnerie ou l’Église ? », Vu, Numéro spécial, février 1936.

672 Le choix de ce thème incombait à Lucien Vogel : « Comme j’étais d’un milieu clérical, sensé bien connaître l’Église, Vogel m’a donné à faire l’Église, pendant que des gens comme Drieu, comme Marion, comme Bertrand de Jouvenel écrivaient les autres chapitres du numéro spécial. J’étais encore traumatisé rétroactivement par la condamnation de l’Action Française par Rome. Je me sentais encore un peu du côté de l’Action Française parce que l’Église me paraissait une forme traditionnelle et impérialiste, plus dangereuse que l’Action Française. (Francis Crémieux, Entretiens avec Emmanuel d’Astier, op. cit., p. 65.) »

673

Il semblerait en tout cas, si l’on en croit ce qu’il déclare en 1969 à Jacques Chancel, qu’il n’ait pas voté : « Je n’avais jamais voté jusqu’en 45 (Emmanuel d’Astier interviewé par Jacques Chancel, Radioscopie, France Inter, 28 mai 1969) ».

674 « Vainqueur, que va faire le Front populaire et que vont faire l’opposition et les Croix de Feu ? », Vu, Numéro spécial, 16 mai 1936.

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Emmanuel d’Astier, « Les voix de l’opposition », Vu, Numéro spécial, 16 mai 1936. Sont interviewés les députés Édouard Frédéric-Dupont et Pierre Taittinger de la Fédération républicaine, Jean-Louis Tixier-Vignancour de l’Alliance démocratique et Georges Scapini des Indépendants républicains.

« La première ″richesse-puissance″ est fixe, attachée au sol en quelque sorte, reliée directement aux hommes et au travail parce qu’elle exploite la matière. Elle accumule du capital mais elle donne en contrepartie du travail. Elle n’est pas d’essence spéculative. C’est la moins immorale. L’autre ″richesse-puissance″ est anonyme et vagabonde. Elle est fondée sur deux principes : L’INTERMÉDIAIRE ET LA SPÉCULATION. C’est par exemple la grande banque (type Finaly) qui s’efforce de mettre la main sur les industries les plus diverses pour s’attribuer une partie de leurs bénéfices, sans rien leur donner en échange qu’une extension souvent dangereuse et des possibilités boursières, donc spéculatives. Elles poussent aux prospérités factices qui précèdent les grandes crises. C’est l’immoralité même. »

On retrouve dans ces lignes une distinction somme toute classique entre d’un côté un capitalisme traditionnel, paternaliste, à l’occasion soucieux des intérêts nationaux et donc pour cela possiblement bienfaisant, et de l’autre un grand capital international, apatride, mu seulement par la maximisation financière et, de ce fait, particulièrement néfaste.

« La première [richesse-puissance] peut avoir des soucis sociaux, une conscience professionnelle. Bien menée, elle peut être source de bien-être populaire. Il est relativement aisé de l’atteindre et de la contrôler, puisqu’elle est fixe. La seconde est source de maux et de déséquilibre ; d’autant qu’aucun pouvoir ne peut la maîtriser puisqu’elle est internationale et ″fluide″. Elle n’aime ni le marxisme ni l’économie dirigée : mais elle a appris à se servir aussi bien de l’un que de l’autre. »

Un tel discours visant à distinguer entre un capitalisme acceptable car raisonné et un capitalisme inacceptable car sans limites est assez largement partagé dans le champ politique. On le retrouve aussi bien au sein de l’extrême-droite ligueuse et la droite autoritariste – dont la dénonciation des « 200 familles » est l’un des slogans politiques favoris – que chez les modérés de droite, les radicaux ou les réformistes de la SFIO. S’il est loin d’aller jusque-là, le Parti communiste, dans sa stratégie de conquête des classes moyennes, modère quant à lui son anticapitalisme et son ouvriérisme, son discours s’attachant à dissocier les intérêts du petit patronat qu’il souhaite séduire de ceux de la grande industrie et des banques677. D’une

677 Sur le discours publique du PCF durant la période, voir Denis Peschanski, Et pourtant ils tournent.

manière générale, dans le contexte économique critique qui frappe alors la France, et qui fait particulièrement souffrir les petits entrepreneurs tandis qu’il se révèle bénéfique à la concentration et aux cartels678, il n’est pas en 1936 de formation ou d’acteur politique pour se présenter comme le porte-parole du capitalisme financier et des trusts, ce qui conduirait sans doute celui ou celle qui s’y risquerait à un désastre électoral.

Les propos de d’Astier sont donc difficilement classables d’une manière tant soit peu précise sur l’échelle politique. Aussi, on peut penser que des individus issus de milieux politiques forts différents souscriraient à son idée que l’urgence du moment est « de se livrer à la chasse de cette ″richesse-puissance″ vagabonde et anonyme […] qui n’est au fond qu’une forme de cet ″intermédiaire odieux″ dont nous souffrons tant dans toutes les branches du commerce, qui s’accapare et truste des richesses déjà productives sans lui pour engraisser son capital. Une autre tâche urgente serait de mettre fin au scandale de la Bourse où une bande de petits ou gros spécialistes, met au pillage incessant l’épargne des moyens et petits possédants. Ceci fait, on verrait déjà plus clair… pour continuer. »

Pour autant, d’Astier n’en reste pas à ce discours au fond très consensuel. En dénonçant le paternalisme qui caractérise la relation du patron à ses ouvriers dans le régime de la première richesse-puissance, aussi bien que le « goût de la puissance et du développement » qui meut le patron représentatif de la seconde, il esquisse une critique plus radicale et profonde du capitalisme.

« Eh bien, mêmes les meilleures [dynasties industrielles]679 semblent avoir une conception de l’action qui est fausse à la base. Elles font en effet du paternalisme, de la mutualité, de la charité. Elles ont des traditions de despotes éclairés et bons. Mais elles oublient – ou n’ont jamais voulu savoir – que l’ouvrier est un homme comme eux, que la charité et l’action paternelle seules ne peuvent que l’humilier, et qu’elles devraient plutôt les associer à des espérances de progrès social et professionnel. Ces dynasties fournissent d’excellents patrons qui donnent l’exemple du travail, mais qui n’ont pas le sens corporatif et humain qui pourrait les lier à l’ouvrier. Pour la plupart elles ont peur de l’expérience politique actuelle. Elles ont peur de tout ce qui est nouveau. Elles sont prêtes à tous les sacrifices, mais elles ne sont prêtes à aucune audace. »

678

Dominique Borne et Henri Dubief, La Crise des années 1930, op. cit.

679 Dynasties dont d’Astier dit précédemment qu’elles ne sont parfois soucieuses que du bien-être de leur entreprise.

Ici, aucune référence au marxisme – à l’égard duquel d’Astier se révèle par ailleurs plein de défiance. Mais cependant une critique du rapport de domination inhérent à la relation patron/ouvrier qui s’inscrit en rupture avec les idéologies conservatrices et réactionnaires pour lesquelles, à l’inverse, l’idée d’une nécessaire hiérarchisation des hommes et des groupes sociaux constitue un schème de pensée structurant680. Alors certes, le propos de d’Astier n’est pas révolutionnaire. D’Astier ne va pas jusqu’à reprendre à son compte les théories marxistes selon lesquelles la domination est consubstantielle du rapport salarial même. Il n’appelle pas à la subversion de ce dernier. Reste qu’il fait montre sur le plan économique et social d’un progressisme qui traduit un infléchissement sur la gauche de ses représentations politiques. En plaidant pour une plus grande intégration des ouvriers dans l’entreprise, en appelant à l’« audace » et à la « nouveauté », il semble pencher en faveur du Front populaire ou, à tout le moins, ne se montre pas réticent à ce que soit tentée l’« expérience politique » que le Front incarne 681.

4.2. L’échec du Front populaire : effondrement de l’économie, lutte des classes et désunion nationale

Entre juin 1936 et janvier 1938, Emmanuel d’Astier traite peu de l’actualité politique intérieure française. Les rares articles qu’il y consacre ne dérogent pas, du reste, à la posture de neutralité du journalisme d’information682. C’est pourquoi ils ne présentent pour nous qu’un intérêt limité. Cela change en revanche en 1938. La grande instabilité politique, amorcée en janvier par une crise ministérielle qui constitue une étape importante du processus

680 La croyance en l’ordonnancement hiérarchisé de la société comme une condition de son harmonie et de sa pérennité est par exemple un élément fondamental de la pensée de Charles Maurras. Pour le doctrinaire de l’Action Française, l’« ordre, la hiérarchie et les inégalités nécessaires permettent de l’emporter sur le néant et les grandes civilisations découlent toujours de l’accomplissement, de la réalisation parfaite et achevée de ces lois naturelles, qui toutes concourent à faire que l’unité l’emporte sur la diversité (Colette Capitan Peter, Charles

Maurras et l’idéologie d’Action française, op. cit. p. 19) ». Plus largement, les mouvements conservateurs et

réactionnaires qui, en 1936, s’opposent aux conquêtes sociales du Front populaire, se nourrissent des « théories naturalistes de la domination – primat de la naissance ou de l’intelligence – […] en vertu desquelles chacun est tenu d’accepter la position sociale qui lui a été donnée en nature et, d’une certaine manière, par la nature (Laurent Kestel, La Conversion politique, op. cit., p. 110) ».

681

Précisons qu’au moment où l’article paraît, le Front populaire vient de remporter les élections mais n’est pas encore au pouvoir. Le gouvernement Blum n’entrera en fonction que le 5 juin 1936. Rappelons également que la plate-forme électorale de la coalition était très modérée et en réalité assez proche du programme classique du Parti radical (cf. Georges Lefranc, Histoire du Front populaire, op. cit.).

682 L’un de ces articles – consacré au procès intenté par le colonel de La Rocque à un ancien dirigeant des Croix-de-Feu, le duc Joseph Pozzo di Borgo – est d’ailleurs précédé de l’avertissement : « Le journal Vu et Lu, qui suivant la règle de son impartialité s’abstiendra de toute polémique, de tout jugement personnel et même de tout commentaire, a voulu présenter à ses lecteurs le débat dans toute son ampleur. (Emmanuel d’Astier, « Lyon, le débat Pozzo-La Rocque. De quoi s’agit-il ? », Vu et Lu, 27 octobre 1937) »

aboutissant quelques mois plus tard à l’éclatement définitif du Front populaire683, donne lieu à une série d’articles dans lesquelles d’Astier livre des analyses très engagées de la situation intérieure. En l’occurrence, il dresse un bilan sévère de l’action du Front populaire, dont il juge que l’expérience est en définitive un échec. Selon lui, la coalition au pouvoir n’a pas su relever économiquement la France (détérioration des finances publiques, fuite à l’étranger des capitaux français), a aggravé les antagonismes sociaux et fragilisé intérieurement comme diplomatiquement le pays. La raison première en est que, pour satisfaire sa base électorale et sous la pression d’une CGT combative et puissante, le ministère Blum s’est contenté d’une politique à courte vue, délaissant toute réforme sérieuse de l’infrastructure économique au profit de lois sociales justes mais inassimilables par un pays en crise. D’Astier ne jugent pas les lois sociales illégitimes en elles-mêmes. Mais il estime qu’il aurait fallu pour être efficaces qu’elles soient conditionnées à une reprise de l’économie ou, à tout le moins, couplées à une véritable politique de réforme économique, ce qui n’a pas été le cas. Seules, elles n’ont fait qu’aggraver la crise. Ainsi, quoique justes dans leur principe, elles se sont révélées en pratique désastreuses.

« Les dirigeants ne songeaient pas à réaliser quelque chose en dehors de l’utilité immédiate et du programme alimentaire : ils ne pouvaient donc insuffler à leurs hommes cet esprit d’abnégation qui permet de supporter les épreuves pour atteindre au but dans des conditions raisonnables.684 »

« On ne se préoccupait plus des réformes de structure économique, mais seulement des réformes sociales et ″alimentaires″… aliments donnés à l’ouvrier pour son apaisement et pour la plus grande gloire de la CGT. Cela sans souci des répercussions économiques qu’elles auraient sur la santé du pays. […] Le résultat pratique de cette bataille confuse a été un lot de lois sociales, dont le principe était excellent mais dont l’application était une défaite économique parce que le pays ne les digérait pas, et une défaite sociale parce que les bénéficiaires ne les respectaient pas.685 »

683 En juin 1937, le radical Camille Chautemps a remplacé Léon Blum à la présidence du Conseil. Son gouvernement, s’il demeure dans le cadre du Front populaire, s’est cependant recentré politiquement. Des ministères majeurs comme celui des Finances, autrefois détenus par des socialistes, sont désormais dirigés par des radicaux. La crise de janvier 1938 est provoquée par une importante vague de grèves contre la politique économique libérale menée par le ministre des Finances Georges Bonnet, qui paralyse depuis l’automne 1937 la vie économique du pays. L’appui des communistes au mouvement social ainsi que leurs attaques répétées contre le gouvernement conduisent Camille Chautemps à demander leur départ de la majorité, ce qui se traduit en fait par une démission des ministres socialistes. Ces derniers refusant de participer au prochain gouvernement, Chautemps est alors contraint de former un nouveau ministère dont le centre de gravité se déplace à droite. Cf. Jean-Marie Mayeur, La Vie politique sous la IIIe République, op. cit., pp. 357-359.

684

Emmanuel d’Astier, « Ni fascisme ni communisme », Vu et Lu, 19 janvier 1938.

685 Emmanuel d’Astier, « Trêve des classes ou démission de la France, qu’est-ce que la Charte du travail ? », Vu

L’économie s’effondrant, il ne fait d’ailleurs pas de doute aux yeux de d’Astier que la classe ouvrière elle-même doive dans un futur proche pâtir sérieusement des effets d’une politique qui lui a été d’abord bénéfique.

« L’expérience sévère d’abord pour les classes possédantes, les classes moyennes, la classe paysanne, le deviendra bientôt pour la majorité de la classe ouvrière. Seule une minorité des cellules et des bureaucrates aura la vie vraiment belle.686 »

Dans ces lignes, d’Astier fait en quelque sorte primer un principe de réalité sur l’idéalisme implicitement prêté aux dirigeants du Front populaire. S’il fallait suspendre, différer, modérer les lois sociales, c’est parce que les conditions économiques de leur efficience n’étaient pas réunies et rendaient même leur application néfaste. Cela étant, il manifeste une véritable défiance à l’égard de la contestation ouvrière et, plus largement, à l’égard de la conflictualité sociale, perçue comme un instrument de désintégration du corps social et d’éclatement de la cohésion nationale. L’un des torts fondamentaux du Front populaire est pour lui d’avoir, en voulant organiser un « petit paradis intérieur et ouvrier (Loi des 40 heures, congés payés, loisirs, conventions collectives)687 », encouragé la « lutte des classes », voire la « guerre civile », et in fine affaibli dangereusement le pays :

« Malheureusement ce paradis, sous un gouvernement sans autorité suffisante, tourne vite à la guerre civile, ou plutôt au combat singulier émaillé de grèves et d’occupations d’usines, entre la CGT et le patronat. Finalement, c’est la France qui en fait les frais, ses finances et ses économies ne résistent pas à l’expérience.688 »

« Les dernières années l’idée de ″lutte des classes″ a effacé l’idée plus saine d’organisation du travail.689 »

Les « dirigeants socialo-communistes de la CGT » portent dans cette situation une responsabilité très lourde car ils n’ont cessé de se servir de « tous les litiges nés de la nouvelle législation pour exaspérer la lutte des classes690 ».

686 Emmanuel d’Astier, « Ni communisme ni fascisme », art. cit.

687 Emmanuel d’Astier, « 1918-1938 : La défaite des 1 500 000 morts… », Vu et Lu, 9 novembre 1938.

688 Ibid.

689

Emmanuel d’Astier, « Trêve des classes ou démission de la France, qu’est-ce que la Charte du travail ? », art. cit.