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Les points clés du P.C.S.

de la ville d’Alès : retours d’expérience

5.2 Les points clés du P.C.S.

Ce projet a été conduit par un binôme composé des membres du consortium et de la direction juridique et prévention de la ville, binôme suivi par un élu référant ayant la délégation gestion des risques. Une démarche classique, en vue de l’élaboration de ce type de document, a été adoptée et déclinée sous forme de groupes de tra- vail. Ces groupes de travail ont été mis en place par type de risque (inondation, incendie de forêt, risque minier, T.M.D.) avec en sus un groupe dédié à la gestion de crise. La composition de ces groupes associait les membres du bi- nôme, au moins un élu, les personnels de la ville intéressés par la thématique et des intervenants extérieurs (représen- tants du Service départemental d’incendie et de secours du Gard (SDIS30), Gendarmerie, Police nationale,…). Enfin des points réguliers permettaient de tenir informé le Maire, ses directeurs de cabinets et le directeur général des ser- vices de l’avancé des travaux et de procéder à la validation de certains points clés.

Pour débuter ce projet un Retour d’expérience (REX) sur les inondations des 8 et 9 septembre 2002 a été organisé. L’objectif de ce REX était bien évidemment de bénéficier des enseignements tirés par les principaux acteurs de la collec- tivité locale de cet événement majeur mais également de mobiliser ces acteurs sur le travail en cours.

5.2.1 Un REX axé sur septembre 2002

Ce retour d’expérience, dont l’analyse est développée dans Ayral et al. (2010), a été réalisé auprès d’une vingtaine de personnes directement impliquées lors de l’événement de septembre 2002. Ces personnes ont été, pour la plupart, rencontrées individuellement en novembre, décembre 2008 et janvier 2009.

Fig. 1. — La ville d’Alès (www.alescevennes.fr).

Risque majeur Description

Inondation Le Gardon d’Alès traverse la commune du nord au sud parcourant près de 8 km. Au cours du temps, la ville d’Alès fut frappée à maintes reprises par les crues de cette rivière appelées Gardonnades (1907, 1958, 2002 pour le xxe siècle). Le Grabieux situé au nord-est, alimenté par le Bruèges, est un affluent important en rive gauche du Gardon qui présente un aléa torrentiel. Il est à noter aussi, à l’ouest, la présence de plusieurs ruisseaux au régime torrentiel.

Incendie de forêt Pour une superficie de 2 300 ha, la ville d’Alès comprend environ 350 ha de superficie boisée (essentiellement des pins maritimes) à l’ouest de la commune.

Risque minier/

Mouvement de terrain Situés au nord-ouest de la commune, les principaux risques de mouvement de terrain résultent des anciennes mines de charbon qui ont été exploitées de 1776 à 1986.

Transport de matières

dangereuses (T.M.D.) À travers les différentes rocades et la voie ferrée traversant la ville, transitent des matières dangereuses qui peuvent être inflammables, toxiques, explosives, corrosives ou radioactives.

Rupture de barrage Le barrage de Sainte-Cécile d’Andorge a été construit suite aux inondations de 1958 dans le cadre d’un vaste plan de régulation de divers cours d’eau en vue d’écrêter les crues. Cet ouvrage d’une hauteur de 40 m et d’une capacité maximale de 16.6 millions de m³ se situe sur la commune du même nom et sur celle de Branoux les Taillades à une vingtaine de km d’Alès.

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Malgré le fait que les souvenirs de ces événements sont fortement ancrés dans les mémoires, il convient de souligner que ces entretiens sont intervenus 6  ans après les faits et peuvent donc être sujet à une incertitude plus importante que s’ils avaient été réalisés dans l’immédiat après crise. De plus, compte tenu de la soudaineté, de la rapidité et de la violence de l’événement, peu d’actions ont pu être entreprises au plus fort de l’événement pluvieux et notamment pendant la phase de montée de crue. Il en résulte que ce retour d’expérience porte presque exclusivement sur des actions réalisées après le passage de la pointe de crue. Ce REX apporte donc moins de renseignements pertinents sur les actions préventives (par exemple informations, alerte et évacuations préventives des populations) et développe davantage de renseignements pour les actions menées lors de la phase de post-urgence (ici la phase de post-urgence représente la période où toute situation dangereuse pour la population a disparu).

À partir de ces entretiens, des informations utiles pour l’élaboration du futur P.C.S. ont pu être tirées. Ces informations peuvent concerner des dysfonctionnements, des points critiques, des faiblesses, des facteurs aggravants ou aux contraires des points forts, des facteurs favorables, des procédures qui se sont révélées particulièrement efficaces lors de la gestion de l’événement de septembre 2002. Le tableau suivant propose une synthèse des enseignements à tirer de ces informations.

Les principaux enseignements issus de ce REX ont permis d’établir les grandes lignes du P.C.S. Avec toutefois une volonté affichée de mieux répondre sur les volets anticipation, organisation de la veille et montée en puissance de la cellule de crise.

5.2.2 Une volonté d’anticipation et d’actions

Cette volonté d’anticipation et d’actions à ce niveau de la crise est un élément clé rendu notamment indispensable suite à l’analyse du REX. Cette démarche a donc conduit à la mise en place de plans d’intervention graduées (PIG) et de cartes d’actions support de ces PIG. Les méthodolo- gies pour l’élaboration de ces PIG sont anciennes (Décho- mets et al., 2003 ; Déchomets et al., 2005) et souvent nor- malisées (CG-30, 2004) pour le risque inondation. La mé- thodologie a donc été reprise pour les inondations (grada- tion des actions au regard des niveaux d’aléas) et un effort particulier a été fourni pour développer une méthodologie de ce type pour le risque incendie de forêt, le risque minier et le risque T.M.D.

Ces cartes d’actions sont toutes construites sur le même modèle et intègrent ainsi :

– un zonage du risque associé à la carte sans mention de niveaux d’aléa (des zooms sont proposés par quartier pour certaines phases des PIG) ;

– tout autre élément nécessaire à la gestion de crise et notamment ceux qui font références à d’autres risques majeurs susceptibles de se produire de manière concomitante ;

– un tableau qui vient synthétiser les principales actions du PIG pour les niveaux de vigilance de pré-alerte, et les différents niveaux de crise (de 1 à 3 suivant les risques). Les figures  2 et 3 présentent les deux cartes d’actions réalisées pour le risque incendie de forêt.

Le PIG incendie de forêt s’organise pour le niveau de vi- gilance autour du suivi de l’indice journalier incendie de forêt (Ayral et al., 2010). Le seuil de pré-alerte est franchi

Thème Propositions

Organisation générale Activer la cellule de crise le plus précocement possible

Communication/

information Former les personnes devant communiquer auprès des médiasMettre en place des équipes pour réaliser un relevé des laisses de crues après événement Renforcer les moyens de communication

Fournir des moyens numériques de communication à la Police municipale

Moyens matériels Lancer la réflexion sur la protection de la chaufferie Prévoir du matériel pour équiper les mobil homes Prévoir des produits de nettoyage et des gants

Prévoir des moyens pour décharger des camions (chariots élévateurs, transpalettes)

Gestion des dons Privilégier les dons financiers

Prévoir des couches et du lait pour les bébés

Orienter les dons de matériel de puériculture vers les crèches Prévoir des cartons pour la distribution des colis aux sinistrés

Condition d’action

des agents Définir un cadre administratif pour l’intervention des agentsChoisir les agents travaillant aux postes d’accueil

Apporter un soutien psychologique aux agents communaux (notamment ceux travaillant à l’accueil des sinistrés)

Réaliser un fichier des personnes impliquées dans la gestion de crise, en précisant pour chacun d’entre elles son cadre d’intervention en fonction de critère style (lieu du domicile, situation familiale).

Accueil/hébergement

des sinistrés Proposer des solutions de relogement dès l’évacuation des personnesRecenser au préalable les lieux d’accueil Maintenir des contacts soutenus avec les offices HLM

Visites terrains indispensables pour rassurer les sinistrés

Mettre en place plusieurs cellules d’écoute réparties sur la commune Tabl. 2. — Les enseignements à tirer.

pour les niveaux très sévères et exceptionnels. Le niveau 1 (figure 3) est déclenché dès le départ d’un feu et les princi- pales actions associées consistent en la mise en place d’un plan de circulation et de points de rassemblement et d’infor- mations pour faciliter l’accès des services de secours. Le ni- veau 2 est déclenché si l’événement justifie l’évacuation des populations et donc l’ouverture des lieux d’hébergements d’urgence.

5.2.3 Organiser la veille et la montée en puissance

L’organisation de gestion de crise qui a été retenue pour mettre en œuvre le P.C.S. est très clairement orientée vers les opérationnels en s’appuyant sur l’organisation munici- pale. Une cellule coordination est ainsi placée au centre du dispositif (figure 4) et organise la veille et la montée en puissance.

Cette cellule de coordination s’appuie sur la direction juridique et prévention de la ville et organise la veille face aux risques majeurs. Elle tient informé le cabinet du Maire (DOS — Directeur des opérations de secours) et organise la montée en puissance en mobilisant selon les besoins les différentes cellules de crise. Cette cellule de crise est également susceptible de mobiliser des experts pour chaque type de risque (experts identifiés) et une cellule SIG

dans le cas de crise (et plutôt de post-crise) importante. Cette cellule de crise regroupe dans le cas d’un événement majeur l’ensemble des responsables de chacune des cellules et accueille des cadres de services extérieurs notamment dans le cas d’un événement inondation (cadre du SDIS 30). Cette cellule dispose de deux lieux identifiés qui permettent d’accueillir un nombre d’intervenants variables en fonction de la situation. Cette stratégie d’évolution des locaux est planifiée dans le P.C.S.

5.2.4 Structure du P.C.S.

Le P.C.S. adopte un format classique sous la forme d’un classeur (et d’un équivalent numérique) qui comprend : la description de l’organisation de gestion de crise, les PIG déclinés pour chacun des risques, les autres risques (grand froid, canicule…), les procédures de gestion de crise, un recensement des enjeux et des personnes vulnérables, les annuaires, les cartes d’actions et les retours d’expérience (réalisés suite à chaque déclenchement du P.C.S.).

Deux classeurs sont confiés au DOS et à la cellule de coordi- nation. Des déclinaisons spécifiques, et donc allégées, sont diffusées pour chaque cellule de crise. La cellule coordina- tion a la charge de la mise à jour et de la diffusion de ce document.

Une première version opérationnelle du P.C.S. a été mise en place en juin 2010. Depuis cette date le P.C.S. a été déclenché quatre fois. Deux fois au mois de juillet en lien avec deux départs de feu, une fois pour l’événement mé- téorologique des 6 et 7 septembre 2010 (vigilance météo- rologique rouge pour le département du Gard) et pour un effondrement d’immeuble dans le centre ville en février 2012. Lors de ce dernier événement, initialement non prévu dans le cadre du P.C.S., c’est le PIG risque minier qui a été utilisé (le risque péril immeuble menaçant ruine est depuis intégré dans le P.C.S. et associé au risque minier). Les trois premiers événements, de peu d’ampleur, ont per- mis de tester le document et de valider certains aspects techniques (groupes électrogènes, gestion des clés des bâtiments municipaux…). Ces événements ont également permis l’appropriation du document par les agents de la collectivité locale mais également par les acteurs de la cellule du DOS (directeurs de cabinet, directeur général des services…). Suite à ces événements plusieurs axes d’amé- liorations ont été proposés et intégrés dans le document opérationnel.

Fig. 2. — Carte d’actions risque incendie de forêt — Niveaux vigilance et pré-alerte.

Fig. 3. — Carte d’actions risque incendie de forêt — Niveau 1.

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Ces axes d’amélioration ont notamment porté sur le volet enfance jeunesse avec : la réalisation d’un classeur de ges- tion de crise dédié à cette population, l’accompagnement des établissements scolaires dans la mise à jour des plans particuliers de mise en sécurité (P.P.M.S.) et la mise en place de documents similaires pour le temps périscolaire (cantine, garderie), les centres de loisir et l’école de musique.

D’autres exercices seront toutefois nécessaires pour par- faire ce P.C.S. et poursuivre l’appropriation du document et son optimisation, notamment sur des scénarios de plus grandes ampleurs qui pourront mobiliser un plus grand nombre de personnes ressources. Le consortium s’est égale- ment engagé à poursuivre le suivi de l’utilisation du P.C.S. Ce suivi a pour objectif d’aider la collectivité à organiser les REX et des exercices réguliers (une fois par an) mais permet également de développer des travaux de recherche sur cette thématique pour les deux laboratoires.