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d’inondation ou de submersion majeure

d’évacuation à partir de scénarios dont la gravité devrait être revue à la hausse, l’événement de référence centen- nale actuel utilisé au niveau national pour dimensionner les ouvrages de protection s’avérant clairement insuffisant dans le contexte du changement climatique.

D’autres pays, de par une exposition plus importante aux risques naturels, disposent d’une culture du risque plus dé- veloppée et possèdent déjà une expérience de l’évacuation massive des populations. C’est notamment le cas des Pays- Bas où les fortes submersions de l’hiver 1953 ont conduit à une évacuation de 72 000 personnes, des États-Unis qui ont été confrontés à l’urgence de l’évacuation de la Nouvelle- Orléans lors du cyclone Katrina, ou encore plus récemment du Japon après le séisme de la côte pacifique du Tohoku occasionnant le déplacement record de 215 000 personnes. Au niveau de la communauté scientifique internationale, cette question des évacuations a peu été jusqu’ici abor- dée dans sa globalité, de par son caractère extrêmement pluridisciplinaire et non académique. La majorité des tra- vaux menés depuis les années  1970 ont été suscités par le contexte national et à l’initiative des pouvoirs publics, d’abord aux États-Unis avec les cyclones (Kirlik, 2007), les ouragans (Lindell et Prater, 2007) et accidents nucléaires, ou plus récemment aux Pays-Bas avec le risque inondation et de rupture de digue (Deltares, 2008). Les travaux de re- cherche identifiés portent souvent sur une partie spécifique de la problématique de l’évacuation comme la simulation du trafic (Cova et Johnson, 2003 ; Deltares, 2008), ou plus récemment la modélisation du comportement des habitants confrontés à une consigne d’évacuation (Church et Cova 2000 ; Simonovic et Ahmad, 2005 ; Nagarajan et al., 2010). Du point de vue de l’aide à la décision, la conclusion de l’état de l’art est qu’aucun de ces travaux n’est en mesure de fournir une aide opérationnelle aux gestionnaires locaux pour la conception des plans d’évacuation.

Dans cet article, nous présentons des travaux visant à construire une méthode globale d’aide à l’élaboration et la gestion des plans d’évacuation en cas de crise majeure touchant un vaste territoire urbanisé, en particulier dans le cas de submersion par inondation côtière, estuarienne ou fluviale. Il nous paraît pour cela utile, avant de présenter une démarche, une méthode et un modèle (§ 2) puis des premiers éléments d’application et de réponses technolo- giques (§ 3), de commencer par préciser le contexte, les objectifs et à expliciter la problématique de l’évacuation de masse (§ 1).

9.1 La problématique évacuation

9.1.1 Contexte et objectifs des travaux de recherche

Notre réflexion sur les évacuations fait référence à des catastrophes pouvant être anticipées de 24 h environ (ou plus) et menaçant par leur ampleur et leur intensité de vastes zones urbanisées et donc la vie de centaines ou de milliers de personnes dont il convient d’assurer la sécurité. Les types d’aléa concernés sont essentiellement ceux qui peuvent être anticipés grâce à des mesures physiques, des observations et/ou des modèles de prévision. On pense d’abord aux tempêtes, cyclones et inondations qui peuvent

généralement être anticipés de quelques jours ou quelques heures grâce aux prévisions météorologiques, mais il ne faut pas exclure d’autres phénomènes dont les impacts dis- tants dans l’espace et/ou dans le temps peuvent être antici- pés dans une moindre mesure comme les tsunamis, les feux de forêt, les accidents nucléaires...

La méthode développée et présentée ici s’intéresse en priorité à un aléa inondation pouvant être causé soit par une crue fluviale classique (débordement), une rupture de digue plus ou moins prévisible, ou une submersion cô- tière due à une conjonction marée-tempête de type Xyn- thia (côte atlantique, 2010). La question centrale est de savoir quelle est la meilleure stratégie de gestion de crise à mettre en place préalablement à l’occurrence de l’événe- ment pour assurer la sauvegarde des personnes situées en zone à risque et minimiser le nombre de victimes, compte tenu des données et des moyens dont on dispose en phase de vigilance et de pré-alerte. La décision d’évacuer n’est jamais évidente quelle que soit la situation et les données dont on dispose, car il est souvent difficile d’évaluer les conséquences d’un tel choix sur le plan humain, organisa- tionnel et économique. D’où l’intérêt pour les responsables de disposer d’indicateurs clairs et d’un cadre de référence pour se préparer à la prise de décision.

9.1.2 L’aide aux évacuations : pour qui, pour quoi ?

Dans le cas de catastrophes et de crises de grandes am- pleur, un large territoire géographique est généralement impacté dont l’emprise dépasse les frontières administra- tives de la commune, du département ou de la région. La gestion de crise implique alors de nombreux acteurs terri- toriaux à différents niveaux d’échelle et de responsabilité qui doivent collaborer, coordonner les actions et optimiser les ressources. L’organisation structurelle et politique de la gestion des risques et des crises dans chaque pays constitue par conséquent une dimension importante de la méthode préconisée, aussi bien dans le processus d’élaboration des plans que dans leur gestion en temps-réel. Dans ces deux situations, le processus collaboratif doit logiquement faire intervenir les principaux acteurs de la gestion du territoire et de la sécurité : élus locaux et leurs services techniques, services de l’État (sécurité civile, services de prévision), représentant de l’État (préfet en France), gestionnaires des réseaux publics et privés, sans oublier le citoyen qui peut avoir son mot à dire, voire contribuer à l’effort de solidarité et aux réseaux d’information.

Notre méthode vise en premier lieu l’aide à l’élaboration des plans d’évacuation, cette phase de préparation étant primordiale pour l’éventuelle future bonne gestion d’un événement grave qui reste heureusement exceptionnel. Toutefois, si l’on veut que les préconisations et les scé- narios proposés soit crédibles, il convient d’y intégrer un maximum de connaissances liées à la mise en œuvre de ces plans en phase de crise réelle. Comme il est généralement difficile de valider des scénarios de crise et de plans de secours « à chaud » et pendant une crise, on peut pour cela recourir soit à des exercices de simulation ou de terrain (difficile pour des évacuations de masse), soit à un retour d’expérience réalisé après le retour à la normale (Litman, 2006 ; Kirlik, 2007).

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