veulent rassurantes et généreuses, incroyablement battantes !
L’assemblée se termine 2h40 plus tard et moi j’y retournerai le
lendemain.
« Bienvenue à tous ! Ici vous êtes à l’assemblée de la PAH,
l’assemblée de bienvenue. La PAH est un mouvement construit
entre toutes et tous, si vous êtes ici aujourd’hui sachez déjà que
vous avez fait le bon choix, désormais vous n’êtes plus seul et je
vous assure que vous trouverez du soutien. À la PAH, personne
ne reste dans la rue ! Ici nous allons vous donner des conseils
et répondre à vos questions autant que possible. Comme il
y a beaucoup de monde, on prendra 10 tours de paroles pour
commencer. Surtout, soyez attentif ! Vous ne prendrez peut être
pas la parole au vu du nombre de personnes, mais un compah
est peut être dans la même situation que vous, en s’écoutant
activement toutes et tous, en prenant des notes, peut être que
vous allez déjà avoir une partie de la réponse à votre question.
Pour commencer, on va récapituler les mécanismes que l’on
décompose en étapes. Selon les étapes, on va déjà donner des
pistes de ce qu’il y a à faire ! En premier lieu, et pour tout le
monde sans exception, peu importe à quel stade vous en êtes, si
vous savez que vous ne pouvez plus payer, que vous ne pourrez
plus payer dans un futur proche : Arrêtez de payer tout de suite !!
Le principal, c’est que nous puissions manger, nous et surtout nos
enfants, on est d’accord ? Bien ! Parce que lorsqu’on se dit j’ai pas
assez d’argent, mais je vais quand même donner 400€ ce mois-ci
pour montrer que je suis de bonne foi, le banquier lui, il s’en fout,
c’est comme si vous n’aviez rien donné ! »
11 : Assemblée de bienvenue du 11 avril 2016
ECOLE
NATIONALE
SUPERIEURE
D'ARCHITECTURE
DE NANTES
DOCUMENT
SOUMIS
AU DROIT
D'AUTEUR
La PAH est donc une plateforme de lutte pour le droit au logement, une association qui a été créée en 2009 spécifiquement à Barcelone, notamment par une figure particulièrement médiatique, Ada Colau, actuelle maire de la ville. Le mouvement, comme son nom l’indique, est un lieu de lutte pour pallier aux conséquences désastreuses du système immobilier espagnol et notamment l’exécution des hypothèques particulières. Le mouvement se consolide en Catalogne, mais c’est en 2011, après le mouvement des indignés, que la contagion s’étend à toute l’Espagne. Face à l’urgence de la situation, il s’agit d’une initiative prise par la société civile pour s’organiser, s’informer, lutter et exiger l’exécution de réelles mesures de droit au logement. Mais même si le mouvement est foncièrement politique, il n’appartient à aucun parti, il est «apartidiste»,
comme le dira Carlos lors d’une assemblée de coordination. Soucieux de penser la politique sans penser politiquement, sa pratique au sein du mouvement est prépondérante. En effet, c’est un mouvement qui s’est construit et se poursuit grâce à des espaces de débats, d’assemblées ouvertes et horizontales à tous les niveaux. C’est le commun de toutes les PAH, plus ou moins grandes. Celle de Barcelone a la particularité d’être une des plus grande et influente, il n’y a qu’un seul local pour toute la ville alors elle concentre à elle seule beaucoup de demandes et de sollicitations. C’est ainsi que par rapport à beaucoup d’autres, elle décompose son organisation interne en
deux temps hebdomadaires fédérateurs. Il s’agit de l’assemblée de bienvenue du lundi, qui reçoit les personnes dans le besoin afin de répondre essentiellement à leurs questions et de les conseiller. Il s’agit aussi pour l’association de s’informer d’une expulsion annoncée afin de convoquer le maximum de personne pour agir dans l’urgence. Le mardi soir, c’est l’assemblée de coordination, l’assemblée où se prennent les décisions en interne sur les dates clefs, les manières de réaliser une
« No somos apoliticos,
hacemos política cada día,
cada vez que paramos
un desahucio ! Somos
apartidistas, no vamos con
ningun partido de la mano,
con ninguno ! Somos libres e
independientes de todos ellos.
Eso nos permite poder poner
propuestas en la mesa de
cualquier gobierno, colaborar
si hay voluntad y presionar
cuando no la hay. »
22 : Extrait de note de carnet des paroles de Carlos Macias, porte-parole de la PAH, lors d’une assemblée de coordination : « Nous ne sommes pas apolitiques, nous faisons de la politique tous les jours, chaque fois que nous empêchons une expulsion ! Nous sommes apartidistes, nous n’allons de pair avec aucun parti, aucun ! Nous sommes libres et indépendants de tous. Ca, ça nous permet de pouvoir mettre des propositions sur la table de n’importe quel gouvernement, collaborer s’il y a de la volonté, et de faire pression s’il n’y en a pas. »
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campagne, les rendez-vous auxquels l’association participe. Mais finalement, comme l’association est un organe qui déborde d’activités, de membres, de sollicitations, de personnes dans le besoin, c’est plus un lieu d’information et de mise en commun de toutes les commissions et décisions prises de manière plus informelle. En effet, la PAH est composée d’énormément de commissions, petites ou grandes. Finalement, ce sont des initiatives groupées, plus individualisées qui permettent à chacun selon sa sensibilité de s’investir de façon plus efficace dans des groupes plus réduits. Ainsi, parmi les plus actives on compte : la commission communication, la commission stop desahucios4, la commission d’actions collectives, la commission ILP (Iniciative Législative Populaire), la commission juridique, la commission de presse, la commission Obra Social, la commission marketing et produits dérivés, la commission pour peindre la façade du local5, la commission des commissions... La liste n’est sûrement pas exhaustive, mais elle nous montre l’étendue du champ d’action et surtout, laisse imaginer la difficulté de construire une cohérence de l’ensemble. Lors des réunions de coordination, le temps n’est jamais suffisant pour que toutes puissent prendre la parole et les interventions vont à l’essentiel, l’espace de débat est souvent mis à mal par un calendrier déjà surchargé. Néanmoins, cette structure démocratique se retrouve à toutes les échelles. Au sein des commissions, dans les assemblées d’organisations de chaque bureau, dans les assemblées régionales, assemblées régionales de commissions spécifiques et il en va de même à l’échelle nationale. Je n’aurai jamais vécu telle expérience politique. Une expérience à la fois structurée, par des documents écrits et actés conjointement à l’échelle nationale, par des conventions mises en place collectivement depuis sa création, mais aussi accessible, ouverte et fondamentalement humaine.