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Les appartements appartiennent à la Obra Social de la PAH, c'est la raison pour laquelle nous serons responsables

de façon collective. Il est donné de fait que les personnes qui

vont vivre dans cet immeuble formeront en elle même une réelle

communauté. Il faudra démontrer qu'elles seront réceptives et

généreuses dans un réseau de soutien qui va dans les deux sens,

à la manière de la PAH. Dans le même temps, ces personnes

devront participer, ou plutôt c'est ce que l'on attend d'elles, aux

activités quotidiennes d'assemblées et d'initiatives de groupe. »

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existence même, dans l’envergure beaucoup plus large et étendue des manières de faire de l’organisation, à l’échelle de la ville, de la région et même du territoire espagnol de manière globale. Nous l’avions vu, cela prend forme notamment par ce fameux manuel ou bien d’autres chartes, mais également par des réunions et des assemblées à toutes les échelles qui permettent de les écrire. Ci-dessous, un passage traduit du manuel qui illustre particulièrement la manière dont doivent s’organiser les habitants et les prérogatives mises en place :

Dans ce passage, il est mis en avant les prérogatives attendues par l’association, qui jouent alors fondamentalement sur la façon de vivre dans un bloc occupé de la PAH. En effet, dans un premier temps, il est induit que tout habitant du bloc fait instantanément partie de la Obra Social. C’est un fait logique puisque cette commission est l’espace dans lequel se discutent les stratégies de négociation, de défense et de communication. Dans un second temps, puisque les habitants font partie de la Obra Social, ils sont aussi naturellement membres de l’association. La limite est donc floue notamment entre vie communautaire et vie associative. C’est de cette manière que vivre dans un bloc de la PAH pour les habitants de la Bordeta a été vécu lors de ma période d’étude comme une frustration, celle de toujours devoir justifier les décisions prises, les événements organisés ou les changements entrepris. Toutes les récupérations collectives de la PAH s’organisent autour d’une assemblée, c’est-à-dire un espace de parole collectif et démocratique qui permet de prendre des décisions en commun. C’est un modèle

12 : Extrait traduit du manuel d’Obra Social

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que Hans Pruijt avait déjà évoqué et qui participe d’un dénominateur commun des occupations. La Bordeta n’échappe pas à ce modèle. Ladite assemblée prend place un mercredi sur deux, les autres mercredis sur deux étant les jours de réunion de la commission Obra Social. Elle regroupe tous les habitants de l’immeuble et doit être régulée par une personne non résidente. Durant ma période d’observation, il s’agissait de Sira, trésorière de l’association et membre active de la Obra Social. Je n’ai jamais pu assister à ces réunions cependant, plusieurs sujets ont souvent débordé. Un premier sujet est celui de l’ouverture au sein du bloc d’un espace public qui serait géré par les habitants. En effet, dans l’immeuble de la Bordeta, une partie n’a encore pas été ouverte. Il s’agit d’un local, qui devait à l’origine accueillir un commerce en rez- de-chaussée. Ce local, largement vitré sur la rue et sur la place de la Bordeta parait être en travaux, lorsqu’on ne s’y attarde pas. Depuis sa construction, des occupations ont déjà eu lieu, mais aussi des pillages en tout genre. On arrive alors à percevoir à travers les vitres cassées et salies que cet espace a servi aux habitants et à d’autres collectifs qui se sont succédés, notamment pour entreposer de nombreux matériaux, des rebus de constructions ou d’autres meubles cassés à réparer. Monica m’a fait part un jour de l’inquiétude qu’elle avait face à cet espace. En effet, selon elle l’enjeu avant tout consiste à s’en emparer avant que d’autres collectifs s’y installent, et par collectifs, elle voulait plutôt parler de ceux qu’elle ne connaît pas, ceux qui pourraient mettre en danger la communauté en général, ceux qui pourraient mettre en péril l’intégrité du bloc. On le comprend, pour les habitants l’enjeu est surtout de se défendre d’une intrusion mal venue. Mais dans un autre sens, ce local représente aussi pour les habitants les plus investis, l’occasion de mener une activité complémentaire au lieu de vie, adressée au public du quartier ou de la zone. Llum et Aida m’ont alors fait part de quelques idées. La première aurait été de créer une cantine populaire, un lieu de restauration où pourrait se transformer des aliments récupérés, notamment par l’église d’à côté ou du collectif du Can Batllo, une Okupa qui s’est approprié une ancienne usine de textile dans le même quartier. Cette idée était très appréciée, mais elle pose des problèmes de logistiques, notamment parce que le local semble

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petit pour y installer une cuisine, ainsi qu’un espace de stockage et un lieu de restauration. La seconde idée serait d’en faire un théâtre, où une troupe associée au Can Batllo pourrait s’organiser. Mais l’idée qui anime le plus les habitants était celle de créer un espace d’aide au devoir pour les enfants de la zone. Un espace où les habitants et les membres de l’association pourraient alterner des temps de cours. C’est un modèle qui existe déjà dans certaines PAH de Madrid et qui permet aussi de générer des espaces dédiés à l’apprentissage de certaines astuces juridiques ou techniques liées à l’occupation. Néanmoins, ce projet qui pourrait articuler la communauté habitante autour d’un lieu public commun n’a jamais été accepté par le reste de l’association qui se refuse à faire des récupérations collectives, autre chose que du logement. En effet, même si cela apporte un argument de plus quant à la légitimité d’une telle action, cela complexifie aussi les lignes de revendications juridiques et politiques. C’est un modèle qui enfin est très peu affirmé dans le reste des PAH du territoire, il n’a donc pas été réellement approuvé et suscite des doutes. Pour pallier cette méfiance, l’astuce envisagée par les habitants aurait été de négocier l’organisation du local par un autre collectif ami, afin de détacher l’association de l’initiative. C’est bien évidemment une ambiguïté que met en valeur Pomares :

« Si, si hace falta un espacio fisico. Es que hay el de