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L’utilisation des réseaux de communication

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L’occupation, comme nous l’avons vu, est une pratique qui touche fondamentalement à la sphère intime et privée. Il s’agit en effet, d’une forme de lutte totalement incorporée dans les rituels du quotidien, qui soutient et permet des nécessités primaires comme dormir, manger, se reposer, se laver, aimer. Néanmoins, on peut dire malgré tout que l’occupation ne peut rester cachée dans la sphère intime. D’une certaine manière, l’occupation soutient toujours des formes d’améliorations de la qualité de vie, que ce soit matériellement ou idéologiquement. Néanmoins, cette notion est subjective et varie. C’est ainsi que cette pratique se qualifie de désobéissance civile subversive puisqu’elle se confronte sans cesse au travers de la société qu’elle décline. Ainsi, cette pratique à la marge, de la légalité ou de la normalité, doit toujours entretenir un lien avec le public, le normal ou le légal afin de se justifier. En effet, l’occupation ne peut se passer d’une forme de discours public qui permet d’expliquer et d’expliciter les raisons d’une action si controversée. Selon les cas, l’occupation même est un moyen de communication qui attire les caméras et les journalistes. La PAH est loin d’échapper à cet état de fait. Au contraire, elle est même très douée en la matière. Nous allons voir dans cette partie la manière dont la communication est toujours un enjeu prépondérant, un outil ou une action activiste et militante en soit. Néanmoins, c’est aussi l’externalisation de l’action qui nous intéresse, la manière dont une action de ce type influe à l’échelle du quartier, de la zone ou de la ville sur le long terme et les moyens mis en oeuvre pour tisser un réseau. C’est dans le chapitre de sa vie publique que l’occupation est aussi une forme nouvelle d’investir la ville et de tisser des liens.

« La lluita ens dóna el que el poder ens pren Digues a la gent que ens veiem pel carrer La lluita ens dóna el que el poder ens pren I Can Vies resisteix

La lluita ens dóna el que el poder ens pren Ja n'estem ben fartes que ens preguin el pèl La lluita ens dóna el que el poder ens pren Sortim al carrer »

Pirat sound sistema, 2005

« La lutte nous donne ce que le pouvoir nous prend. Dis aux gens qu’on se voit dans la rue. La lutte nous donne ce que le pouvoir nous prend. Et Can Vies résiste. La lutte nous donne ce que le pouvoir nous prend. Puisque nous sommes très fatigués qu’ils nous prennent les cheveux. La lutte nous donne ce que le pouvoir nous prend. Sortons dans la rue »

Pirat sound sistema, 2005

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La nécessité d’occuper des espaces est le propre de toutes les occupations et de toutes les alternatives possibles au sein du mouvement. Mais en plus de l’occupation, le mouvement en règle général s’approprie et s’auto-définit au travers d’un répertoire d’actions en commun. Nous le savons, la finalité des mouvements d’occupations est, tout du moins initialement, la réappropriation d’espaces qu’il s’agisse de logements vacants, de la rue ou de l’expression d’une contre-culture. La manifestation est l’action la plus simple et accessible de constituer une force et de saisir l’espace du public. L’action utilise alors la scène urbaine et les acteurs des mouvements d’occupations revendiquent physiquement et publiquement les espaces urbains comme les rues et les places. Lors d’une manifestation, la souveraineté

populaire s’exprime temporairement et symboliquement. De cette

manière elle peut s’approprier le lieu même du pouvoir lorsqu’elle réinvestit les places, qu’elle maquille les statues et qu’elle fracture les portes des bâtiments symboliques. Dans cette pièce de théâtre, la rue et l’espace urbain offrent une scène qui permet une mise en représentation. Mais il s’agit bien de cet espace où circule et transite le public, c’est la large étendue de tous les usagers confondus, c’est l’espace primaire de la citoyenneté, limité à la fois par des barrières physiques et symboliques. La manifestation c’est bien la façon première de mener une action commune. Elle appelle tout un chacun à participer en s’attachant aux éléments du pouvoir ou de la contestation dans l’espace de la ville. Enfin, elle déploie tout un réseau et donc fabrique une communication à part entière.

Le terme Mani-fiesta-acción, est utilisé par Ramon Adell Argiles2, ce terme est pour lui une manière de définir ce qui se joue

1 : «La manifestation est une pratique culturelle codifiée en rapport avec l’histoire, l’espace, les manifestations passées et tisse tout un réseau de signifiants polysémiques, dû à sa complexité. C’est une théâtralisation en lien avec l’histoire (et donc la politique) où l’espace public est une scène. Elle constitue une voie d’accès au politique et, à la fois, une forme d’intronisation, lorsque l’on parle de certaines manifestations, qui marquent toute une génération et son entrée en politique» (Tartakowsky, 1998)

2 : Alcalde Villacampa J, Adell Argilés R, et Martínez López M. Dónde están las llaves?: el movimiento okupa : prácticas y contextos sociales. ed Los Libros de la Catarata, Madrid, 2004, 347 p.

« La manifestación es una práctica