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La Obra Social est un modèle d’occupation bien particulier. Néanmoins, nous allons mettre ici en perspectives les différences et les rapprochements possibles par rapport au mouvement Okupa. Nous allons voir en effet les manières dont la PAH organise une négociation constante. Elle essaye de construire un discours cohérent, acceptable et logique parmi des visions maintenues du droit à la propriété privée. Il s’agit d’une illégitimité des occupations maintenue par des codes et des marques de la lutte pour le droit au logement où occuper est un acte de protestation et de pression. Dans cette partie nous allons donc mettre en perspective cette pratique de l’occupation au regard de certaines okupas. Il s’agira de regarder dans un premier temps si la Obra Social se place en continuité d’un tel mouvement et les rapports qu’ils entretiennent. Dans un deuxième temps nous révèlerons des définitions de la Obra Social en débat, des flous identitaires qui posent question. Enfin, il s’agira de mettre en perspective la Obra Social de la PAH dans son quartier, Sants, afin de mettre en valeur les articulations sociales qu’elle génère.

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d’Okupa ?

Dans les développements précédents nous avons pu présenter ce qui différencie les mouvements d’occupation divers de celui de la PAH afin de développer un second temps dédié à l’aspect anthropologique du logement occupé dont les aspects sont transversaux. La Obra Social de la PAH est donc une forme d’occupation bien particulière, en premier lieu parce qu’elle est rattachée à un mouvement qui est organisé de manière différente du mouvement Okupa. La PAH est un système formalisé et même s’il est difficile pour ces membres de l’admettre, il reste hiérarchisé, notamment entre militants activistes et victimes dans le besoin. Cet aspect est vu négativement par les personnes de l’association et notamment pour les membres de la Obra Social qui tentent perpétuellement de pallier à cette différenciation. On peut dire qu’elle tend à être éliminée, et que la force du mouvement vient aussi d’un empoderamiento constamment mis en avant. D’une certaine manière, cela tend à se rapprocher de l’organisation liée aux mouvements Okupas qui ne fédèrent que des activistes autour d’un système souvent informel, horizontal et assembléiste.

Il s’agit ici de mettre en valeur également la nuance, entre activistes et victimes. Cette distinction place naturellement la raison de l’implication dans un mouvement social ou dans un autre. Les victimes viennent par nécessité, là où les activistes s’impliquent par conviction, par volonté politique de changement et de perturbation du système en place. Ce sont eux qui sont généralement à l’initiative des actions et des manifestations. Mais il s’agit aussi, contrairement aux victimes, de personnes qui possèdent déjà une expérience militante. Organisés dans un réseau, un milieu dont ils connaissent les subtilités, ils savent en utiliser les codes, s’en emparer. Un exemple à la PAH, lors des assemblées, est bien la capacité pour certains à prendre la parole avec aisance, à utiliser un certain vocabulaire, celui de la lutte. Cela place alors l’assemblée de coordination dans un schéma inégal, où certains individus sont plus armés que d’autres à participer au débat. Mais dans un certain sens, la PAH est aussi un modèle différent, qui organise et fédère un large public, notamment des personnes qui n’ont aucune expérience militante antérieure et aucun référentiel contestataires et/ ou politiques.

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Cela nous amène à un deuxième aspect de distinction important à mettre en valeur entre la PAH et les Okupas. En effet, cette différenciation entre militants et personnes affectées en apprentissage, c’est le milieu dans lequel le mouvement social se reflète et trouve ses codes. Il s’agit d’une sorte d’identité

véhiculée ou recherchée. Les activistes okupas sont souvent situés dans le monde de la contre culture comme nous l’avons déjà vu, à la différence de la PAH qui se situe dans une culture beaucoup plus diffusée de la société. Cette distinction découle plus ou moins de la première, dans le sens où une faible expérience ou sensibilisation activiste est aussi le signe d’appartenance à une culture intégrée. Mais cette distinction est peu intéressante si on la regarde essentiellement du point de vue de la définition ou de l’identité interne. En effet, ce qui est plus intéressant selon moi c’est plutôt l’identité fabriquée et véhiculée par l’opinion publique, cette masse informe où se fabriquent les stigmates et les préjugés. En fait, ce retour médiatique est déterminant dans l’évolution du mouvement lui-même. La PAH, par son potentiel à intégrer largement de nouveaux participants, notamment sans expériences, donne à voir médiatiquement un mouvement de personnes dirions nous «normales». Ce phénomène permet de prétendre médiatiquement et publiquement à une légitimité implacable. Cela permet ensuite de faciliter certaines actions, comme occuper des logements vacants. Ceci est beaucoup plus délicat à faire valoir pour des activistes okupas. En effet, l’identité forte et assumée d’une contre culture porte des représentations qui peuvent être divergentes, mais qui ne génèrent pas autant d’acceptation.

Cette légitimité grandissante dans l’opinion que l’on se fait du mouvement est aussi en lien direct avec les moyens d’action. En effet, la PAH est un mouvement qui milite exclusivement pour le droit au logement. Le logement occupé n’est pas forcément une fin en soi, mais un moyen de déclencher une forme de négociation avec les institutions ou les entités financières (des organisations qui elles-mêmes perçoivent le mouvement selon ses répercutions médiatiques, pouvant altérer leur propre image). Les okupas, dans l’univers anticapitaliste

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