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Pierrehumbert (1992) souligne la stabilité des styles d’attachement Relevés à un an, ils demeurent inchangés si l’environnement de l’enfant est identique A cet égard, il

à l’apparition de l’anxiété et des troubles du sommeil associés.

B. Pierrehumbert (1992) souligne la stabilité des styles d’attachement Relevés à un an, ils demeurent inchangés si l’environnement de l’enfant est identique A cet égard, il

rappelle les résultats d’une étude de Main qui montre que 84 % des enfants évalués à 1 an se retrouvent 5 ans plus tard dans la même catégorie d’attachement. Ces travaux montrent que « l’ambiance dans laquelle vit l’enfant, le modèle fourni par les parents, sont les

supports initiaux des identifications »1.

Toutefois, on peut critiquer ces résultats en relevant l’absence d’études longitudinales évaluant le devenir des enfants et on remarquera que les enquêtes ascendantes n’apportent pas toujours des résultats concordants avec les études descendantes (Marcelli, 1995).

Pour J. Bergeret (1996), l’angoisse de perte d’objet caractérise l’organisation limite. Son origine serait un traumatisme précoce et désorganisateur situé chronologiquement entre la « divided-line », pendant le stade anal, et le début de l’Œdipe. S’en suivrait une « pseudo-

latence » correspondant à un « état prolongé et figé comportant à la fois un silence

évolutif tout autant qu’une intense rumination »2. D’un point de vue génétique, sa théorie convient aux critères fixés plus avant puisque la « divided-line » apparaît entre les âges de 2 et 4 ans environ. A partir de cette période, l’angoisse de séparation dite pathologique possèdera un impact puissant sur le développement de la personnalité de l’enfant.

Pour les besoins de notre approche génétique et en accord avec la plupart des auteurs, nous pouvons estimer que l’angoisse de séparation normale débute habituellement vers

huit mois, pendant le stade oral du développement libidinal, pour finir vers trois ans, à l’entrée du stade oedipien. De même, l’angoisse de séparation pathologique ne surviendrait

préférentiellement qu’à cette même période. Mais, et ceci constitue un de ses critères diagnostiques, elle peut perdurer bien au-delà de cette limite chronologique. De même, elle peut ne plus se manifester puis ressurgir à l’occasion d’événements de vie insurmontables et se traduire par des troubles du sommeil. Par conséquent, nous pourrons observer une angoisse de séparation pathologique, c’est-à-dire non élaborée, chez des enfants en période de latence atteints de troubles du sommeil.

1 MARCELLI D. – GAL J.-M. (1995). « Du lien à la pensée : entre l’angoisse de séparation et l’angoisse de

castration chez l’enfant ». Confrontations psychiatriques. 36. p. 182.

2.3.3. Le sommeil : une séparation réelle et symbolique.

« C’est la signification symbolique du sommeil qui explique souvent le « choix » de ce

trouble du sommeil pour exprimer un conflit : le sommeil est séparation, solitude, destruction, mort.

(…) Plus profondément encore, chez l’enfant anxieux, le sommeil est symbole de destruction. Il demande la lumière pour être sûr de vivre »1

L’intrication symbolique de la séparation et de la mort dans le sommeil est une spécificité essentielle de ce dernier. Il demeure par conséquent susceptible de réactiver dans

un même temps des angoisses de mort et de séparation.

L’endormissement demande, ainsi que nous l’avons précisé antérieurement, une inhibition motrice et un repli de la libido, c’est-à-dire une suspension de l’ensemble des liens physiques, affectifs et émotionnels qui unit l’enfant à ses proches durant la période de veille (Fain, 1998). De plus, et ainsi que nous l’avons rappelé, le sommeil enclenche un processus de régression dans lequel l’enfant abandonne l’exercice de la logique et de la raison. Il retourne à un stade de développement précoce pendant lequel sa mère comblait tous ses besoins. Cette régression favorise la reviviscence des angoisses archaïques non élaborées.

« Cette solitude forcée fait ressurgir les craintes du bébé et les désirs d’union avec la mère protectrice (…). Le sommeil porte en lui le symbole d’une résurgence de l’état de dépendance infantile. »2

Cette assertion permet de saisir une fois de plus l’importance des relations précoces mère - enfant. Les réveils nocturnes seraient la conséquence d’images terrifiantes engendrées par les angoisses de séparation et la haine à l’encontre de parents ayant abandonné leur enfant pour la nuit (Dollander et de Tychey, 2002).

A travers les éléments de définition et l’approche génétique, nous avons pu mettre en évidence qu’un enfant en période de latence peut souffrir d’une angoisse de séparation

non élaborée, et ce, depuis un âge situé entre huit mois et trois ans environ. Si une telle

angoisse développementale peut parfois s’avérer « normale » à cette période, son intensité et sa pérennité trahissent son caractère pathologique. Pour tous les auteurs cités, la qualité de la

1 DEBRE R. - DOUMIC A. (1969). Le sommeil de l’enfant. Paris. PUF. p. 174. 2 CRAMER B. (1996). Secrets de femmes. Paris. Calmann-Lévy. p. 71.

relation mère-enfant est au centre de la problématique, l’angoisse de séparation ne

devenant pathologique qu’à l’occasion d’interactions prolongées néfastes et distribuées par une mère ambivalente, anxieuse ou psychiquement et/ou physiquement indisponible.

2.4. L’angoisse de castration.

2.4.1. Eléments définitoires et psychanalytiques.

A. S. Freud : au cœur du complexe oedipien.

Dans la théorie freudienne, l’angoisse de castration possède une relation étroite avec le complexe oedipien et plus spécialement avec sa fonction interdictrice et normative. Ce complexe universel et imposé à tous les êtres humains renvoie à un ensemble organisé de désirs amoureux et hostiles que l’enfant éprouve à l’égard de ses parents, par rapport auxquels il se situe dans une relation de type triangulaire (Freud, 1905). Dans sa forme positive, l’enfant souhaite évincer le parent de même sexe que lui afin de pouvoir satisfaire ses désirs sexuels auprès du parent de sexe opposé. Sous sa forme négative, on observe le souhait inverse. Ces deux formes se retrouvent à des degrés divers dans la forme dite « complète » du complexe d’Œdipe. Ce complexe survient entre 3 et 5 ans, lors du stade phallique-

oedipien du développement libidinal, et il décline à l’entrée de la période de latence

(Laplanche et Pontalis, 1967).

L’angoisse de castration apporte une réponse à l’énigme que l’enfant se pose concernant la différence des sexes. Les garçons et les filles constatent l’absence ou la présence de pénis et l’expliquent par un retranchement du pénis, autrement dit par une castration. Mais les effets de l’angoisse de castration divergent en fonction du sexe de

l’enfant.

Selon S. Freud (1926), le garçon découvre ses penchants agressifs pour le père et redoute la castration en tant que punition infligée par ce dernier en réponse à ses activités sexuelles. Il éprouve une angoisse névrotique devant une revendication de sa libido, devant l’amour pour sa mère. Cet état amoureux lui apparaît comme un danger pulsionnel interne auquel il doit se soustraire en renonçant à cet objet qui évoque un danger externe. Ce danger est celui de la castration, de la perte du membre viril. En conséquence, il renoncera à ses désirs oedipiens et ainsi prendra fin son complexe.

Chez la fille, l’absence de pénis est perçue comme un préjudice subi qu’elle va chercher à nier, compenser ou réparer. Elle va donc désirer le pénis paternel (Laplanche et Pontalis, 1967). Pour elle, le conflit oedipien débute avec la constatation de sa castration. Selon S. Freud (1933), les filles ne connaissent donc pas l’angoisse de castration mais celle de la perte de l’objet d’amour.

L’angoisse de castration se développe, selon S. Freud (1926), en angoisse de conscience, dite également « sociale ». Cette dernière correspond à l’angoisse d’être exclu de

la horde. Mais elle ne survient que tardivement car elle provient d’un Sur-moi fondé sur les modèles sociaux et non exclusivement sur l’instance parentale introjectée. Par exemple, les enfants ne connaissent véritablement le « trac » qu’à partir de leur entrée en période de latence.

B. Les positions kleinienne et contemporaine.