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Justification de la méthodologie envisagée, critères de sélection des sujets et choix des outils.

4.3. Justification du choix des outils d’investigation.

4.3.1. Les entretiens cliniques menés auprès des enfants et des parents.

Pour un psychologue clinicien et chercheur, l’entretien est un outil incontournable et

unique pour le recueil des faits anamnestiques des sujets. Il sera donc utilisé auprès des

enfants et des parents dans ce but premier. De plus, les angoisses conscientes de chacun des protagonistes seront appréhendées et il sera possible d’apprécier le jugement porté sur l’existence et les conséquences du symptôme. L’environnement éducatif, familial et social sera découvert à partir des propos des enfants et de leurs parents. Enfin, ce temps de l’entretien clinique offrira l’opportunité d’entreprendre une observation du comportement non-verbal.

Deux types d’entretien seront menés au cours de cette recherche, dans la mesure où il sera matériellement possible de les réaliser : l’entretien libre et l’entretien semi-directif.

- L’entretien libre instaure la relation et favorise la mise en confiance des sujets en respectant leur liberté d’expression et l’orientation naturelle de la conversation. Il établit une relation subjective propre à l’instauration du transfert et du contre-transfert, ce qui explique son influence sur la qualité des rencontres ultérieures. La présence simultanée de l’enfant et de ses parents offrira l’occasion de les observer en interaction. Chacun développera consciemment ou inconsciemment, et malgré ses mécanismes de défense, ses préoccupations principales et ses allégations.

- L’entretien semi-directif sera mené ultérieurement avec les parents, puis avec l’enfant. La volonté de s’adresser à l’enfant dans une relation de face à face provient de deux raisons : l’observer dans une relation sociale et lui donner la possibilité de s’exprimer en dehors de l’influence parentale et dans le respect de son intimité. De même, les parents profiteront de l’absence de leur enfant pour expliciter leurs angoisses conscientes et raconter des événements de vie qui leur appartiennent et qu’ils jugent eux-mêmes irrecevables pour leur enfant. Ces entretiens ont pour but de recueillir les données qui nous intéressent pour la validation des hypothèses théoriques. L’utilisation d’un canevas d’entretien (à consulter dans les annexes) suivi avec souplesse s’avèrera nécessaire : les interrogations doivent être posées aux moments opportuns dans le hic et nunc, c’est-à-dire en respectant au maximum le cours naturel de la conversation et en permettant au sujet d’approfondir les thèmes qu’il juge fondamentaux.

4.3.2. L’Echelle des Peurs pour Enfants (E. P. E.) de S. Rusinek (1998)

Afin de procéder à une évaluation quantitative de l’anxiété des enfants, des outils tels que les échelles peuvent être utilisés. Mais, et nous l’avons précisé par ailleurs, ils doivent remplir les conditions d’acceptabilité et de faisabilité.

Nous avons donc opté pour l’utilisation de l’Echelle des Peurs pour Enfants (E. P. E.) de S. Rusinek (1998) (à consulter dans les annexes). Cette échelle est issue d’un instrument souvent utilisé en psychiatrie, appelée la F. S. S. C. - R (Fear Survey Schedule for Children Revised) de Ollendick (1983), qui fut traduite en français par Bourgault et coll. (1991) et enfin adaptée par S. Rusinek (1998) sous le nom actuel d’E. P. E.. Cet instrument validé possède des caractéristiques psychométriques propres à discriminer finement les enfants anxieux des enfants non anxieux. En effet, il mesure un champ de peurs généralisé, ce qui le rend opérationnel pour une mesure fine de l’anxiété. Les items proposés semblent adaptés et compréhensibles pour des enfants âgés de 6 à 11 ans.

4.3.3. Les tests projectifs

A la suite des entretiens, il sera proposé aux sujets la passation de tests projectifs. Par l’intermédiaire du mécanisme projectif auquel le sujet est soumis, nous allons entrevoir les facettes dissimulées de sa personnalité. Grâce à la méthodologie projective, « ce qui est caché

est ainsi mis en lumière ; le latent devient manifeste ; l’intérieur est amené à la surface ; ce qu’il y a de stable et aussi de noué en nous se trouve dévoilé »1. L’analyse des protocoles s’effectuera d’une manière classique mais nous insisterons davantage sur les dimensions qui nous concernent et que nous avons décrites précédemment.

Dans le cadre de cette étude, les parents ne seront concernés que par la passation du test de Rorschach tandis que les enfants se verront administrer ce même test ainsi que le test des contes de J. Royer (1978).

A – Le test de Rorschach

Cette épreuve projective représente une source essentielle de données pour cette recherche car elle va nous permettre de valider ou d’infirmer plusieurs hypothèses théoriques concernant les sujets.

L’analyse classique et globale des protocoles devrait nous permettre d’apprécier des facettes du fonctionnement psychique des parents : les mécanismes de défense privilégiés ou encore la capacité de symbolisation. Ce même test procure également divers indicateurs susceptibles de révéler les angoisses dominantes de l’ensemble des sujets (D. Anzieu - C. Chabert, 1961).

Le repérage de la nature des angoisses constitue une analyse difficile mais essentielle pour cette recherche qui tente d’établir des liens entre les angoisses des parents et celles de leur enfant. Concernant les enfants, l’identification de leur structure de personnalité paraît difficile à établir car cette dernière est en devenir. S’il demeure possible de la supposer dans notre analyse, nous nous attacherons principalement à repérer l’angoisse dominante et l’anxiété latente.

B – Le test des contes

L’utilisation du test des contes de J. Royer (1978), administré spécifiquement aux enfants et particulièrement adapté à ceux situés dans la période de latence, devrait trouver un

double intérêt.

D’une part, certaines des réponses formulées par les enfants serviront d’indicateurs

de l’anxiété générale et latente. La passation des histoires suivantes semble nécessaire à

l’atteinte de cet objectif : « le poussin », « les renards », « le petit chien Tom », « l’oisillon », « le poulain ». Une analyse plus fine des réponses nous révèlera la nature des angoisses ingérables pour l’enfant car chacun des contes en réactive une principalement, et de manière spécifique.

Deuxièmement, et C. de Tychey (1993) l’avait déjà souligné, le test des contes

représente « la seule épreuve projective disponible actuellement à même de couvrir

l’ensemble des stades de construction de la personnalité (…) »1. L’étude de cet auteur, par sa prise en considération de l’âge réel de l’enfant dans l’analyse des productions, a d’ailleurs

1 de TYCHEY Claude, La personnalité de l’enfant normal et dysharmonique, Issy-les-Moulineaux :

contribué à la validation de ce test. Le repérage des fixations et régressions aux différents stades du développement libidinal nous informera sur le caractère symboligène ou non des castrations que l’enfant a reçues. Par conséquent, nous apprécierons par exemple l’existence d’une liquidation adéquate du conflit œdipien en nous référant aux contes explorant le stade phallique-oedipien. Ces derniers sont « les cerfs », « le sexe préféré », « les métamorphoses »

et « les lions ». L’accession au stade génital demande aussi une élaboration réussie des

angoisses archaïques telles que l’angoisse de séparation et de mort.

Afin de limiter la durée de passation et dans l’objectif de réduire le nombre des données en ne retenant que les plus pertinentes pour cette étude, nous ne conserverons que les contes nommés précédemment soit neuf au total.

Chapitre 5.