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Philosophie du modèle statique 1. Proximalité des inscriptions

Modèle du savoir linguistique, modèle de la dynamique des actes

3.5. Philosophie du modèle statique 1. Proximalité des inscriptions

A un besoin est liée l'idée de la chose qui est propre à le soulager ; à cette idée est liée celle du lieu où cette chose se rencontre ; à celle-ci, celle des personnes qu'on y a vues ; à cette dernière, les idées des plaisirs ou des chagrins qu'on y a reçus, et plusieurs autres. On peut même remarquer qu'à mesure que la chaîne s'étend, elle se sous-divise en différents chaînons ; en sorte que plus on s'éloigne du premier anneau, plus les chaînons s'y multiplient. Une première idée fondamentale est liée à deux ou trois autres ; chacune de celles-ci à un égal nombre ou même un plus grand et ainsi de suite. Condillac 1973, p. 126.

Le chapitre 1 suggérait que, parmi les inscriptions du savoir linguistique, certaines devaient être proximales et d'autres moins, puis que ceci réagirait sur la dynamique en modulant son coût.

La proximalité donne corps à l'intuition que les deux paires qui constituent une analogie, quand elles sont inscrites dans le plexus le sont de manière proche puisque l'analogie les lie en quelque sorte, le lien paradigmatique étant l'instrument de cette liaison.

Après le caractère concret du modèle (exemplaires et occurrences) la proximalité est le second corollaire de l'absence de règles et de catégories.

Il faut entendre 'proximalité' dans le sens où des éléments du savoir linguistique sont proximaux entre eux quand on peut évoquer facilement les uns à partir des autres. La proximalité est d'abord celle des inscriptions : un enregistrement a des liens avec un nombre limité d'autres enregistrements. Dans le modèle statique, c'est le lien paradigmatique qui donne corps à la notion de proximalité.

Les inscriptions ne valant que lorsque des dynamiques les valorisent, l'exigence de proximalité s'étend à ces dynamiques : il faut que la dynamique elle-même soit proximale, c'est-à-dire myope, même si on attend d'elle des effets d'ensemble qui ne le soient pas. La métaphore est celle des cellules hexagonales d'une ruche ou de la

régularité des cristaux. Il n'y a pas de règles, qui détermineraient globalement le cristal ou le rayon de cire dans la ruche, mais il peut s'observer de la régularisation, alors comme conséquence, non comme cause opérante. La position de la règle dans la théorie change : un statut causal lui est dénié, elle devient un observable, qui plus est contingent.

Une 'philosophie de la proximalité' sera faite p. 225, elle y sera contrastée avec le 'totalisme', défaut des théories catégorielles qu'elle permet d'éviter. On y montrera aussi comment elle échappe à l' 'associationnisme simple' que la citation de Condillac, ci-dessus, peut faire craindre.

La proximalité est un des moyens qui soutiennent la notion de coût dans le modèle (cf. infra le volet dynamique) : passer d'une inscription à une inscription proximale a un coût faible, enchaîner ces passages est plus coûteux.

3.5.2. Déterminisme, idiosyncrasie, normativité

La structure d'un plexus, c'est-à-dire le détail précis des inscriptions qui y sont faites, pose au lecteur – et avant lui aussi au descripteur – la question de l'arbitraire résiduel qui s'y attache. Il ne s'agit pas ici de l'arbitraire du signe (sa conventionalité) mais de questions comme : "Pourquoi inscrire tel terme et non tel autre, pour un terme donné, pourquoi le rendre occurrent dans tel enregistrement et non dans tel autre, pourquoi tels liens paradigmatiques précis". Ces questions peuvent être venues au lecteur lors de la rencontre des paradigmes donnés en exemple ci-dessus. Cet arbitraire n'est pas si résiduel que cela : quand on a tenu compte de certains besoins évidents de description (tel terme s'impose absolument, tel enregistrement est évidemment moins familier que tel autre, etc.) il reste une grande quantité de microdécisions de description qu'il faut prendre sans raison particulière. Le descripteur choisit alors arbitrairement. Ensuite, la mise en œuvre dynamique dans des essais conduit généralement à des mises au point, c'est-à-dire à retoucher certaines zones, ce qui est une manière de passer à un nouvel état du plexus mieux motivé. Toutefois, même après ces mises au point, cette motivation est loin de s'étendre à tout le détail du plexus et un arbitraire important demeure. Il convient de ne pas le laisser sans statut. Pour une part, cet arbitraire peut être mis au compte de l'excès de radicalité que comporte le parti de non-catégoricité qui est celui de cette recherche : pour être trop radicalement pauvre dans son appareil, le modèle est trop sous-spécifié ; un modèle moins radical (cf. p. 283), mais qui reste à trouver, serait moins lâche et son détail inscriptionnel plus contraint.

Il est proposé de voir le reste de cet arbitraire comme tenant lieu de l'idiosyncrasie d'un locuteur : un plexus est supposé être le savoir linguistique d'un locuteur et porter la trace de son histoire, de celle de son apprentissage notamment. La figure ci-dessous propose une vue métaphorique de la question. Elle suggère qu'une variation de détail importante chez un locuteur s'amortit et donne des productions linguistiques quasi uniformes (suivant des quasi normes), c'est-à-dire que le savoir linguistique de ce locuteur est le français (par exemple) avec la variation qui s'observe entre les locuteurs. Cet effet d'amortissement serait à mettre au compte en général d'une forme de stabilité dans les systèmes complexes et en particulier des propriétés d'intégrativité du modèle défendu dans cette thèse (infra section 7.4. Intégrativité, p. 220).

Déterminisme des processus élémentaires (les processus neuro-physiologiques sont supposés déterministes)

Grande variation du détail des inscriptions et de la dynamique (idiosyncrasie du locuteur) Deux plexus dont le détail diffère

acceptent ou rejettent à peu près les mêmes formes, pour des raisons de détail qui diffèrent Quasi-uniformité des effets macroscopiques

(jugements de locuteurs quasi-uniformes)

Figure 5 Déterminisme, variation, uniformité Ce schéma réconcilie trois pôles :

a) la grande variation du détail inscriptionnel entre locuteurs (et par conséquent aussi du détail de la dynamique) supposée traduire la grande idiosyncrasie des locuteurs et la grande variation occurrentielle des histoires individuelles,

b) la quasi-uniformité des effets macroscopiques95 et

c) le déterminisme des processus neurophysiologiques qui est supposé. Les processus neurophysiologiques qui soutiennent le fonctionnement linguistique doivent être déterministes si l'on pense qu'ils relèvent de la chimie du vivant et par conséquent ne demandent pas d'en appeler à la mécanique quantique. Ceci est une conjecture.

Ce modèle contredit l'explication de plusieurs effets de variation au moyen de probabilités, cf. section 7.9. Modèle probabiliste ou modèle dynamique (p. 238). Ce modèle à trois pôles affecte aussi le thème de la portabilité et de la séparation. Pour Putnam (1960), qu'un même processus puisse être exécuté sur différents ordinateurs (ou, plus abstraitement, que la machine de Turing soit une description "logique" laissant indéterminée sa forme concrète) conduit à envisager les états mentaux et les processus mentaux comme pouvant être décrits séparément du

95 A propos de ce niveau, Engel (1996) emploie le mot "normatif". Par exemple : Frege reproche aux psychologistes de confondre deux sens du mot "loi" quand ils identifient des lois logiques à des lois psychologiques : le sens "normatif" et le sens "descriptif". Admettons avec lui que les lois logiques sont des lois normatives. Mais Frege confond lui-même deux sens du mot "norme" : le sens où une norme décrit les lois d'un univers intelligible, et le sens où une norme prescrit à des individus de suivre une certaine règle. Engel 1996, p. 120.

système nerveux. Cette remarque importante est présentée comme de nature à résoudre le problème classique de l'esprit et du corps96. Elle légitime un thème central des sciences cognitives : la postulation d'un niveau de représentation indépendant du matériel. Le modèle à trois pôles propose de ceci une vision plus nuancée. D'abord il ne comporte par un objet abstrait (ce serait une langue) qui serait portable : les jugements de locuteurs sont quasi uniformes, ils ne sont pas uniformes. Ensuite la variation qui s'attache au pôle inférieur droit, est à la fois le produit variant d'une histoire individuelle et à la fois une dépendance au "matériel". La séparation ne pourrait donc s'opérer qu'au prix d'une abstraction (postuler une langue) dont nous essayons de nous passer. La possibilité de séparer n'est donc que partielle. Si on la postule entière, on ne peut pas donner une explication de la variation ni une explication opératoire de l'apprentissage car elle coupe le modèle de la dynamique concrète des actes.

3.5.3. Contextualité et contingence mutuelle Contextualité

Les inscriptions du plexus sont d'emblée contextuelles : il n'est pas possible d'y exprimer des inscriptions décontextualisées comme elles le sont par exemple dans un lexique.

Les inscriptions sont constitutionnellement interdépendantes, les conséquences sont tirées de la lecture de Saussure : si les signes ne valent que les uns par rapport aux autres, on se garde d'inscriptions autonomes et juxtaposables (entre lesquelles on aurait ensuite à établir des "relations") ou d'entrées lexicales (auxquelles il faudrait ensuite attribuer des propriétés). Ceci nous met en meilleure posture pour que les termes ne vaillent que par "leurs mutuelles différences".

Les inscriptions doivent être contextuelles parce que a) la décontextualisation crée l'ambiguïté97 et b) la décontextualisation pousse à la partonomie (cf. p. 95) : elle pousse à attribuer des propriétés à des objets. Le modèle comporte donc la contextualité par construction : il fait que ses fondements mêmes forcent la contextualité des inscriptions.

Il le fait d'abord en plaçant les termes dans des enregistrements constructeurs, c'est-à-dire dans des contextes structuraux, des 'cotextes', des énoncés ou segments d'énoncés. C'est une vue conventionnelle, bien comprise et bonne en elle-même de la contextualité, mais elle n'en est qu'un aspect.

Il le fait ensuite dans les analogies systémiques inscrites en enregistrements de type A. Ceci est plus nouveau et demande d'étendre la notion conventionnelle de contexte. La petite partie d'un système que constituent les quatre termes d'une analogie systémique – c'est-à-dire, dans un plexus, les quatre termes copositionnés en deux enregistrements de type A, ces derniers liés par un lien paradigmatique – a un caractère de 'contexte' dans la mesure où cette inscription profile chacun des quatre termes d'une manière déterminée. Soit par exemple, l'analogie systémique suivante :

96 Ce raisonnement est rappelé et résumé dans Gardner 1987/1993, p. 45. 97 Ricœur 1969, p. 94 ; Rastier 1998a, etc.

(a) femme : homme :: vache : taureau

On se souvient que la définition de l'analogie systémique (cf. supra) comporte une similitude de rapports de sens. Si l'on s'introspecte sur le mode de présence du sens dans l'analogie systémique (a) ci-dessus, on perçoit que les sens qui seraient pris par ces termes dans "ah la vache !", "sang de taureau", "le taureau par les cornes", "tente mille hommes", "t'es pas un homme", "l'homme est un loup pour l'homme", "cherchez la femme", "ce type c'est une femme"98, ne laissent pas s'établir ou difficilement, pris à quatre, de similitude de différences. Par conséquent, l'analogie (a) profile nécessairement chacun des ses quatre termes vers le sexe biologique et le caractère humain ou bovin et le sens, dans cette inscription, est donc tiré vers la taxonomie zoologique. C'est en quoi cette inscription est contextuelle, le contexte de

femme y est

X : homme :: vache : taureau

La contextualité comporte un troisième aspect, qui est le plus important et le plus difficile et n'est pas traité dans ce travail. Il s'agit du contexte situationnel. Il est regardé ultimement comme la condition d'un traitement radical du sens.

La contextualité est ainsi constitutionnelle dans le plexus. Elle l'est aussi dans les dynamiques, nous y reviendrons.

Dispersion

La dispersion des termes dans les enregistrements – et par eux dans divers paradigmes – importe car elle constitue une sorte de 'connectivité potentielle' qui se réalise lors de la mise en œuvre par la dynamique et qui est complémentaire de la connectivité statique des liens paradigmatiques. Quand la dispersion est élevée dans une zone, elle accroît ce qui sera nommé ci-dessous le 'transfert de constructibilité'. Dans le vocabulaire catégoriel, on dirait qu'une dispersion élevée suscite de 'bonnes' catégories c'est-à-dire des ensembles de termes qui partagent de nombreuses propriétés et de nombreux comportements. On verra ci-dessous (p. 115) la dispersion contribuer à rendre les systématicités dont le générativisme rend compte au moyen des transformations.

Quand la dispersion est faible au contraire, le partage de comportements entre termes est moindre. Dans le vocabulaire catégoriel, on décrirait ceci comme de la sous-catégorisation, laquelle peut aller jusqu'à des catégories communiquant peu entre elles ou pas du tout. On verra un exemple de ce second effet p. 120. Entre cet effet et le précédent son contraire, il n'y a bien sûr que des gradients et jamais de rupture puisqu'il n'y a pas de catégories réifiées.

3.5.4. Une analogie s'établit entre des termes

Tous les segments de forme linguistique mis en analogies dans des enregistrements tant de type C que de type A sont, par définition, des termes. La question des termes sera reprise en détail p. 204.

98 La technique d'exposition consiste à énumérer ces exemplaires pour éviter "sens propre", "extension de sens", "sens dérivé", "sens figuratif" qui ne sont pas postulés.

'Terme' a souvent été employé en linguistique ; la définition proposée est en première approche compatible avec celle-ci : Un terme est un mot ou un groupe de mots

constituant une unité syntaxique99, mais elle est ensuite précisée ainsi : le seul critère qui commande la confection des termes est celui de leur mise en analogie, c'est-à-dire que les termes résultent d'une (au moins) mise en correspondance de structures et n'ont pas d'autre raison d'être, ils résultent de la segmentation qui est nécessaire pour opérer la mise en correspondance de structures. Un terme a ainsi une pertinence morphosyntaxique. Dire ceci n'est que paraphraser la clause qui veut que la confection des termes soit commandée par la mise en correspondance de structures : on se souvient de Saussure : "L'analogie est d'ordre grammatical".

Cette clause constitutive du terme le fait tendre à s'aligner sur les constituants classiques de l'analyse (morphème, syntagme) sans que cet alignement soit toujours vérifié : certaines mises en correspondance de structure exemplaristes peuvent ne pas suivre les cadres classiques. Nous en verrons plusieurs exemples dans les Chap. 4 et 5 et une typologie de ces cas sera faite p. 205.

La demande, forte mais unique, qui est faite pour le terme est qu'il soit réidentifiable : en chacune de ses récurrences, il est identifiable comme "le même terme".

3.5.5. Vacuité des termes

SUBSTANCE LINGUISTIQUE – Il n'y a point à admettre de substance fondamentale recevant ensuite des attributs. Saussure100

Il y a défaut d'analogie entre la langue et toute autre chose humaine pour deux raisons : 1° la nullité interne des signes ; 2° la faculté de notre esprit de s'attacher à un terme en soi nul. (Mais ce n'était pas ce que je voulais dire d'abord. J'ai dévié) 101.

Si l'on considère que toute sémiotique n'est qu'un réseau de relations (ou qu'une langue naturelle, par exemple, n'est faite que de différences), les termes ne peuvent être définis que comme des points d'intersection de différentes relations. Ainsi l'examen de la structure élémentaire de la signification montre bien que tout terme du carré sémiotique est un point d'intersection de relations de contrariété, de contradiction et de complémentarité102.

Après le principe ci-dessus qui les gouverne, les termes n'ont pas de propriétés qui en seraient les attributs. Un peu comme a été refusé le schéma emplacement-occupant au Chap. 1, c'est une sorte de schéma objet-propriété qu'il s'agirait maintenant de critiquer.

Pour aborder les fonctionnements linguistiques de manière appropriée, on est conduit à envisager que les termes soient sans contenu, c'est-à-dire sans propriétés. En effet, si l'on confère une propriété à un terme, on sanctionne ce qui a été observé des comportements passés et présents sans construire une base assez ouverte et assez souple pour les comportements futurs. Généralement, l'attribution à des termes de

99 Pei 1969.

100 Saussure 2002, p. 81. 101 Saussure 2002, p. 109. 102 Greimas 1993, p. 388.

propriétés susceptibles de prendre des valeurs est une attitude renonciatrice car elle renonce à développer un discours sur les dynamiques abductivement productrices pour leur substituer l'entérinement appauvri d'une collection de faits observés. D'ailleurs, ces démarches butent invariablement sur l'acquisition : elles ne savent pas dire dans quelles conditions la succession des actes fait changer les valeurs de ces propriétés. Conférer à ces propriétés le caractère du continu ou adjoindre à la théorie un complément probabiliste ne résout pas non plus la question, comme on le verra. Les termes étant exempts de contenu, c'est leur connectivité – c'est-à-dire leurs différentes occurrences dans des inscriptions du plexus et, en ces occurrences, les copositionnements de ces termes avec d'autres – qui répond de leurs comportements dynamiques et des possibilités productives.

Dans cette ligne d'idées, l'analogie porte une promesse (dont ce modèle s'assigne de montrer le bien fondé) : que le prédicat soit "élidé" est un progrès important vers ce vidage de contenu. Rien n'oblige qu'elle soit la seule en ceci mais il ne s'est pas présenté d'autre dispositif jusqu'ici. Afin de ménager la possibilité que d'autres dispositifs aient cette même qualité, en plusieurs points de ce travail, l'accent est déplacé de l'analogie vers le "copositionnement", c'est-à-dire vers l'établissement de rapports mutuels entre termes : tout dispositif capable de copositionnement serait recevable. L'analogie en est le premier, le principal et le mieux étudié. D'autres sont possibles, mais en principe seulement pour l'instant.

Or on a de la peine à envisager et à manipuler des unités privées de contenu. Il est difficile de construire solidement sans "un fondement stable". Il est difficile de faire des modèles ou des théories qui ne soient pas empreints d'essences. L' "édifice" de la science demande des "fondations" et il n'est pas vu comme très compatible avec cette absence de contenu. C'est pourtant à quoi il faut s'efforcer. Classiquement, on reconnaît aux termes des propriétés de trois ordres : a) syntaxiques, b) sémantiques et c) phonologiques. Voyons comment le vidage est effectivement accompli ou non, pour chacun.

a) Dans l'état actuel de ce modèle, les propriétés à caractère syntaxique (catégories, traits, etc.) sont refusées et le modèle ne les comporte pas en effet. On verra ci-dessous comment le modèle est cependant capable de syntaxe et dans quelle mesure. b) Les propriétés sémantiques habituelles (sens lexical ou sens linguistique) elles non plus ne sont pas postulées. Toutefois, en l'absence pour le moment d'un volet sémantique, cette non-postulation reste une pétition de principe et la démonstration qu'il est possible d'évacuer les propriétés sémantiques n'est pas acquise. Cette possibilité reste comme la conjecture favorite, mais encore à prouver.

c) Les termes, tels qu'ils se présentent jusqu'ici dans le modèle, conservent une forme (orthographique en pratique, elle pourrait être phonologique) ce qui semble contredire le principe de leur vacuité. Il faut voir ceci comme un écart, accepté à défaut de mieux, entre un but souhaité et ce qui en est réalisé. Cette région du modèle pose d'ailleurs une question constitutionnelle, cf., p. 314, une discussion sur les accès et, p. 312, une autre sur le point auquel il est possible de mener la rétrogradation du lexique.

A cette dernière réserve près, le principe de la vacuité des termes est affirmé et la démonstration de sa validité sera faite ci-dessous pour la morphologie et la syntaxe. Ce principe sera présenté p. 95 comme la condition d'une qualité que doit avoir le modèle : l'isonomie.

3.5.6. Suspension de la minimalité des termes

Un terme n'est pas contraint à être élémentaire.

En établissant des catégories de l'analyse comme morphème, sème, phonème, etc. on s'efforce habituellement à la minimalité et à l'élémentarité, dans chaque cas selon une des dimensions de l'analyse. Ceci vise à disposer d'un outillage réduit pour ensuite,